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Mercredi, 23 octobre, premier jour de l’aventure annuelle d’Art Toronto. Bien que ce soit ma cinquième participation, je suis un peu tendu. Au boulot, je n’ai eu que deux jours pour m’occuper de mes tâches habituelles et des derniers préparatifs avant mon départ. Il y a toujours plusieurs trucs à coordonner au dernier moment, comme l’envoi par courrier des boites de magazines et l’horaire d’une petite armée de bénévoles qui nous aident à promouvoir le magazine (Ciel variable) tout au long de la foire. Nous venons de lancer une promotion d’abonnement, une campagne publicitaire pour le prochain no. et quoi encore ?
Sauf exception, toutes les photos : Éric Bolduc
À bord du train, j’apprivoise une tablette Android. La connexion Wi-Fi est intermittente et je ne m’habitue pas au clavier qui persiste à substituer les mots que je tente d’écrire avec peine. Je chope le laptop de mon amie et publie sur la page Facebook de ratsdeville un statut qui fait des vagues : « en route pour Toronto, j'apprends que certaines galeries clef de l'AGAC ne participent pas à la Toronto International Art Fair - Galerie Trois Points - Art Mûr - Galerie Joyce Yahouda - Galerie Simon Blais ».
En quelques minutes, plusieurs centaines de personnes voient la publication et ce n’est pas très long avant qu’on m’invite dans un message privé à nuancer mon propos pour ne pas froisser les galeries qui participent elles à l’évènement. Je corrige le tir avec un nouveau statut : « tout au long de la foire, j'irai à la rencontre de la quinzaine de galeries membres de l'AGAC qui participent cette année à la Toronto International Art Fair afin de connaitre leurs motivations et leurs impressions sur l'évolution de cet évènement majeur du marché de l'art au Canada ».
Arrivé à Toronto, notre hôte « airbnb » nous montre la chambre que nous occuperons pendant deux jours. Son logement est occupé présentement et nous devons utiliser son « guest room » entre temps. Une amie qui m’accompagne avait trouvé la perle rare au dernier moment, qui se trouve à 20 minutes à pied du Metro Toronto Convention Centre où se tient la foire.
Sitôt arrivé, sitôt reparti. Mon amie a aussi déniché un contrat pour travailler avec une galerie de Londres et elle doit se rendre sur les lieux pour prêter main forte. J’en profite pour récupérer mon badge d’exposant et faire un tour de l’énorme espace pris d’assaut par les galeries, affairées à déballer et installer les œuvres qu’elles présenteront aux visiteurs de la TIAF jusqu’à lundi prochain.
Je croise déjà quelques galeristes participants, Dominique Bouffard, Antoine Ertaskiran et Pierre-François Ouellette. Dans le lobby du Convention Centre, me débattant à nouveau avec la tablette du boulot, je salue Madeleine de Graff qui s’assoit avec moi un instant. On discute. Elle m’explique qu’elle était réticente au début, il y a plusieurs années ; qu’elle entretenait quelques préjugés sur Toronto, comme plusieurs québécois, mais qu’elle a appris à l’aimer. Madeleine mentionne la dualité économique et artistique qu’on n’aime pas nécessairement admettre. L’art relève d’un luxe d’un certain point de vue. Nous avons instinctivement des réticences à considérer le ménage que font l’art et l’argent, mais l’un ne va pas sans l’autre. Surtout dans un contexte de foire. Elle mentionne l’article paru récemment dans Le Devoir qui portait sur la qualité discutable de certaines œuvres présentées à Art Toronto. Elle me rappelle qu’il ne s’agit pas d’une biennale mais bien d’une foire commerciale justement, une initiative de mise en marché. Aussi, la foire fonctionne pour la galerie, elle vend à chaque année et fait des contacts avec des collectionneurs, commissaires et autres personnes influentes du milieu de l’art contemporain à un niveau national. Ce n’est pas rien. Elle pense aussi que si la foire québécoise PAPIER fonctionne bien, c’est en partie parce que nos galeries se montrent à Toronto.
Je suis bien content de cet entretien. Pour une première journée, c’est pas mal. Ma mission maintenant consiste à trouver un resto beau - bon - pas trop cher - et pas trop loin. Ce sera le Sneaky Dee’s bariolé de graffitis et de dessins qui me rappellent Guy Boutin de la galerie Espace Robert Poulin.