jusqu'au 9 déc | until Dec 9
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GUY BOUTIN
« PEINTURE ULTRA MERDE »
Associé au monde effervescent et bigarré des années 1980, Guy Boutin est issu de la culture underground gravitant autour d’une faune montréalaise qui s’abreuvait tant à la source de la poésie, de la bande dessinée que de la peinture en direct. Il a depuis poursuivi un parcours atypique au sein de lieux et soirées cultes montréalais1 toujours dans l’urgence de faire et de produire du sens en laissant des traces marquantes de gestes indomptables et d’émotions exacerbées de l’instant présent. Au début de son parcours, c’est à l’intérieur de ce fief urbain d’abord en tant qu'artiste autodidacte acharné que Guy Boutin s’adonne aux graffitis et à la bd pour en venir à un langage pictural plus près du tag brut que du dessin, amalgamé à des formes et des traits colorés rythmés que l’on retrouve toujours aujourd’hui dans ses tableaux.
Guy Boutin has long been associated with the effervescent, multi-coloured universe of the 1980s. Emerging from the Montreal underground scene that gravitated around poetry, comic books and live painting, his atypical path led him through Montreal's cult venues and events,1 where his urgent need to create meaning was expressed through the indomitable spirit of his gestures and the intensity of the present moment. It is within this urban setting that, early on in his career as a restless, self-taught artist, Guy Boutin discovered graffiti and comic books and began developing a pictorial language that was more akin to tagging than to drawing, with the rhythmic coloured lines and forms that are still present in his work today.
RAÚL AGUILAR CANELA
« I’LL TEACH MY KIDS HOW TO BE AESTHETICALLY CORRECT »
Que peint un peintre, arrivé à la fin du monde? Cette question semble animer la pratique de Raúl Aguilar, qui crée des tableaux délicieusement colorés et kaléidoscopiques, mais empreints d’appréhension. Face à ce défi, l’artiste offre des directives précises : « Élevez-vous au-delà du présent et observez d’en haut, comme une mouche à 6000 yeux. Faites dissoudre votre égo pour atteindre un état de conscience puisé aux archives de l’humanité. Effacez votre anxiété personnelle. Bref, soyez zen ». Donc, ce qu’il faut c’est de l’ouverture, du détachement et de la discipline. Devenir un yogi, un voyant.
What does a painter paint at the end of the world? This seems to be a central question for Raúl Aguilar, who makes paintings that are deliciously coloured and kaleidoscopic, but full of foreboding. In the face of this challenge, the artist offers explicit instructions. “Elevate away from the present and see from above, as a fly, with 6000 eyes. Dissolve the ego into an archival consciousness and fade away personal anxiety. Just be Zen.” So, what is required is openness, detachment and discipline. You have to become a yogi, a seer.
GUY BOUTIN
À coup de larges traits, il esquisse des figures récurrentes, notamment celles de la figure du peintre, du monstre ou d’un portrait de femme dans une composition qui, au premier coup d’œil, semble chaotique et aléatoire, mais d’où se révèle un effet d’équilibre entre le fond et la forme. Les qualificatifs «brut» et «tribal» nous viennent aisément à l’esprit pour définir la force vibrante de cette écriture visuelle.
L’artiste se lance sans préméditation sur ses surfaces comme s’il fusionnait avec cet espace-lieu. Il inscrit des couleurs pures sur des supports pour leur donner vie en jouant à la limite de l’impulsion et de la sensation, qu’il s’agisse d’un mur ou d’un tableau. À ce titre, la gestualité de ses constructions formelles nous montre davantage à voir un plan expressif que celui d’un contenu figuratif. Pour cet artiste la peinture est fondamentalement le moyen le plus direct pour se dépasser et se connaître. De plus, il privilégie les matériaux pauvres comme support qui sont pour lui les plus nobles, dont le carton récupéré et les murs de la ville.
On reconnaît certes plusieurs influences picturales pour la couleur ou la schématisation, mais pour l'artiste ce sont plus précisément des coups de cœur et des références inspirantes. On peut y voir autant celles de l’art populaire asiatique, de la BD japonaise, de l’expressionnisme allemand ou encore Joan Miro, Keith Haring, Luciano Castelli, les frères Di Rosa, François Boisrond, André Butzer ou Jonathan Meese.
Le projet retenu par Clark permettra au visiteur de s’immiscer dans un environnement où son univers plastique incluant tableaux existants, ainsi que peintures et sculpture en matériaux récupérés réalisées sur place sera déployé à la manière d’un « all over ».
Bien que l’œuvre de Guy Boutin fasse maintenant partie de collections privées et soit présentée en galerie, sa notoriété dans le système plus institué du monde de l’art contemporain n’a pas encore d’égal à son abondante production qui en fait pourtant l’un des peintres les plus prolifiques de sa génération à Montréal.
- Sonia Pelletier
- Parmi ceux-ci mentionnons Les Foufounes électriques, la galerie Dépanneur, les soirées Hiboux du bar le Hasard, le Café Campus et la Casa Obscura.
Né à Montréal, Guy Boutin y vit et travaille toujours. Tout d'abord attiré par la bande dessinée, c'est en autodidacte qu'il aborde la peinture, avant d'étudier en arts visuels à l'UQÀM de 1985 à 1990. Durant la même période, il s'adonne au tag et au graffiti, il réalise aussi des murales sous forme de performances en direct. Au courant des années 1990, il prend part à la scène de bande dessinée alternative, entre autres en publiant le zine WAHCOMIX, reconnu autant ici qu'à l'étranger, et en contribuant au zine Steak Haché pour lequel il reçoit le prix Langue de Feu. Lié au monde de la musique et à celui de la littérature, il réalise notamment des images pour des groupes comme Overbass, Les Chiens et morceaux_de_machine. Il a collaboré à plusieurs reprises avec le poète Denis Vanier et à deux publications littéraires dirigées par Jonathan Lamy.
Son travail a été présenté par plusieurs galeristes privés, dont Riverin-Arlogos, Robert Poulin et Yves Laroche, et fait aujourd'hui partie de plusieurs collections privées. Guy Boutin a réalisé plusieurs expositions individuelles au Québec ainsi que de nombreuses expositions collectives au Canada, aux États-Unis et en France.
His broad-stroked sketches depict a series of recurring figures such as painters, monsters or women, in compositions that seem chaotic and random at first, but gradually reveal a balanced effect between foreground and background. “Raw” and “tribal” easily come to mind when describing the vibrant strength of his visual language.
Boutin attacks his surfaces spontaneously, fully immersing himself with the pictorial space. Whether on a wall or a canvas, Boutin makes his surfaces come to life through his use of pure colour and by working at the edge of impulse and sensation. As such, the gestural nature of his compositions tends more toward the expressive and the abstract than the figurative. For Boutin, painting is essentially the most direct way of surpassing and knowing oneself. Moreover, he gravitates toward cheap or found materials, such as used cardboard or the city’s walls; for him, these raw elements make the worthiest surfaces.
While several artistic influences can be identified in his work, especially in terms of colour and composition, these are primarily inspirational. They include Asian pop art, Japanese comics, German Expressionism, Joan Miro, Keith Haring, Luciano Castelli, the Di Rosa brothers, François Boisrond, André Butzer and Jonathan Meese.
The works presented at CLARK will allow viewers to immerse themselves into Boutin’s visual universe. Some of his previous works will be shown alongside a series of new paintings and sculptures made of found materials, created on site and displayed “salon-style” in the gallery.
While Guy Boutin’s art is now shown in galleries and owned by private collectors, his notoriety within the more established system of contemporary art has not yet matched the abundance of his production. He remains one of the most prolific painters of his generation in Montreal.
- Sonia Pelletier (translated by Jo-Anne Balcaen)
- Among these, Foufounes électriques, the galerie Dépanneur, the Soirées Hiboux at Bar le Hasard, Café Campus, and Casa Obscura
Guy Boutin was born in Montreal, where he currently lives and works. Initially drawn to the world of comic books, he made art as a self-taught painter before studying visual arts at UQAM between 1985 and 1990. During this same period, he discovered tagging and graffiti, and painted murals as live performances. Boutin was part of the alternative comics scene in the 1990s, and published the zine WAHCOMIX, which became widely known both locally and abroad. He also contributed to the zine Steak Haché, for which he received the Langue de Feu prize. Long associated with the city’s music and literary scenes, he created images for bands such as Overbass, Les Chiens, and morceaux_de_machine. He has frequently collaborated with poet Denis Vanier, and contributed to two literary publications edited by Jonathan Lamy.
Boutin’s work has been presented by several private galleries, including Riverin-Arlogos, Robert Poulin, and Yves Laroche, and his work is included in many private collections. He has also held numerous solo exhibitions throughout Québec, as well as group exhibitions in Canada, the US and in France.
RAÚL AGUILAR CANELA
Songez à la chance inouïe de la génération qui disposerait de la fin du monde. C'est aussi merveilleux que d'assister au début.
- Jean Baudrillard, Fragments: Cool Memories III, 1990-1995
On m’appelle Le Gardien. J’ai prêté serment d’observer et d’enregistrer les grands événements qui ont lieu dans ce secteur de l’univers. Ma malédiction est de devoir toujours témoigner sans jamais participer. Je dois respecter cet engagement, même à la veille de l’Armageddon.
- Uatu, Le Gardien, Marvel Comics
Maître de plusieurs styles, Aguilar conçoit d’amusantes enveloppes d’espace pictural qui lui permettent de jouer à cache-cache en utilisant un lexique idiosyncratique. Le symbolisme patent du cadavre pulvérisé de Mussolini, des chaînes, des canons de fusils, des globes oculaires qui transpirent se mêlent aux moulinets, aux perspectives topologiques, à l’héraldique, à l’architecture, et aux organigrammes psychédéliques. Dans un mélange très libre de grandeurs d’échelle et de spectaculaire juxtaposé à un mode mineur, les images d’Aguilar – lorsque stratégiquement regroupées sur un mur – savent s’insinuer dans notre espace psychique et nous transporter.
Remplis d’indices et d’allusions, ses tableaux m’ont amené à retracer le portrait d’un gentilhomme au Prado, à googler un postimpressionniste hollandais ésotérique, à mettre à jour mes connaissances sur Marvel Comics. Ils m’ont également renvoyé aux écrits de Carlos Castañeda. Est-ce à cause de l’héritage mexicain d’Aguilar lui-même, ou de l’impression d’un imaginaire infusé de désert et de mystère qui se dégage de ses toiles, du visuel augmenté et des réseaux entrelacés dans son œuvre, ou de ma propre obsession avec les livres de Don Juan et le réalisme magique sud-américain en général?
Par-dessus tout, c’est la profondeur de l’intention d’un artiste qui m’interpelle. Comme je suis de nature romantique, cela correspond à l’intensité de cœur, d’âme et de vision (appelons ça comme on voudra) présente chez un peintre ou dans ses tableaux. La phrase la plus souvent citée de Don Juan de Castañeda est la suivante : « Avant de s’aventurer sur un chemin, quel qu’il soit, il est impératif de se demander si ce chemin a du cœur.. »
Enfin, Raúl Aguilar est-il un jeune peintre branché qui joue avec l’imagerie tous azimuts de notre culture en déclin, ou est-il plutôt un chaman yaqui du 21e siècle qui nous fournit des cartes pour guider un voyage intérieur? La réponse à cela dépend-elle peut-être autant du chemin sur lequel on se trouve que de celui qu’Aguilar a choisi de suivre.
- David Elliott (traduit par Susanne de Lotbinière-Harwood)
Raúl Aguilar est un artiste mexicain basé à Montréal dont la démarche explore principalement la peinture comme une pratique post-médium. Il a obtenu un baccalauréat en Relations Internationales de l'Universidad de las Américas Puebla (2011), ainsi qu'un baccalauréat en Studio Art de l'Université Concordia (2014). Son travail a été exposé à Montréal, ainsi qu'au Mexique. Pour sa première exposition individuelle au Centre CLARK, I’ll Teach My Kids How To Be Aesthetically Correct, Raúl continue son exploration de la discipline picturale à travers un large éventail de styles et de genres.
L'artiste aimerait remercier Marcela Borquez, David Bellemare, Marcelino Barsi, Marx Ruiz Wilson, Matthieu Bouchard, Pier-Anne Mercier, Oswaldo Salazar, David Jaime, Abraham Mercado, Alina Canela et Juan Antonio Aguilar.
Imagine the amazing good fortune of the generation that gets to see the end of the world. This is as marvelous as being there at the beginning.
- Jean Baudrillard, Fragments: Cool Memories III, 1990-1995
I am known as the Watcher. My sworn task is to observe and chronicle great events within this sector of the universe. My curse is to always witness and never participate. I must be true to this duty even on the brink of Armageddon.
- Uatu, the Watcher, Marvel Comics
A master of many styles, Aguilar creates funny envelopes of pictorial space that allow him to play hide and seek with an idiosyncratic lexicon. The overt symbolism of Mussolini’s pulverized corpse, chains, gun barrels and perspiring eyeballs mingle with pinwheels, topological views, heraldry, architecture and psychedelic flow charts. Freely mixing scale and the spectacular with the minor key, Aguilar’s images strategically grouped together on a wall have a way of worming into your psyche and transporting you.
Full of embedded clues and allusions, the paintings have compelled me to track down a nobleman’s portrait in the Prado, Google an esoteric Dutch Post-Impressionist, brush up on Marvel Comics. Interestingly, they have also sent me back to the writings of Carlos Castañeda. Is this due to Aguilar’s own Mexican heritage, a sense of mystical, desert imagery in some canvases, the heightened visuality and interconnected webs in the work or my own obsession with the Don Juan books and Latin American Magic Realism in general?
More than anything else, I am interested in an artist’s depth of purpose. A romantic by nature, it has to do with how much a painter or painting possesses heart, soul, vision, whatever you want to call it. The most oft-quoted line from Castañeda’s Don Juan is “Before you embark on any path ask the question: Does this path have a heart?”
So, is Raúl Aguilar a hip, young painter dealing in scatter-shot imagery of our culture in decline or is he closer to a 21st Century Yaqui shaman providing us with maps into ourselves? Perhaps the answer to that depends as much on what path you are on, as on what path Aguilar is on.
- David Elliott
Raúl Aguilar is a Mexican born artist based in Montreal whose main work explores painting as a post-medium practice. He holds a Bachelor in International Relations from Universidad de las Américas, Puebla (2011) as well as a Bachelor in Studio Art from Concordia University (2014). His work has been exhibited in Montreal, Puebla, and Cuernavaca (Mexico). In his first solo show presented at Centre CLARK, I’ll Teach My Kids How To Be Aesthetically Correct, Raúl continues his examination of the discipline of painting through a wide range of styles and genres.
The artist would like to thank Marcela Borquez, David Bellemare, Marcelino Barsi, Marx Ruiz Wilson, Matthieu Bouchard, Pier-Anne Mercier, Oswaldo Salazar, David Jaime, Abraham Mercado, Alina Canela, and Juan Antonio Aguilar.
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