11 nov au 16 déc | Nov 11 to Dec 16
vernissage 11 nov 15h00 | Nov 11 ~ 3:00PM
optica.ca
CAROLINE MAUXION
« UNE ENVELOPPE SANS CONTOURS »
Caroline Mauxion, Une enveloppe sans contours, 2017, impression sur verre trempé, 76, 2 x 152, 4 cm, 76,2 x 152,4 cm
Le corpus présenté ici s'inspire des conditions originelles de la photographie. Par le procédé photographique, qui imprime toute intensité de lumière sur une surface photosensible, des matériaux distincts deviennent proches parents. La plaque de verre fêlée et la flaque d’eau sont des géographies imaginées, des retours constants à l’écriture de Virginia Woolf. La description des espaces entre le tangible et l’intangible dans ses nouvelles et ses romans a guidé le processus créatif de l’artiste. Les œuvres présentées deviennent une réinterprétation d'images récurrentes dans l’écriture woolfienne, s’attardant à rendre visible derrière la « ouate de la vie quotidienne ».
The work presented here is inspired by the originating conditions of photography. Through photographic procedures, which imprint intensities of light onto photosensitive surfaces, distinct materials become closely related. The sheet of cracked glass and the water puddle are imagined geographies, constant returns to writings of Virginia Woolf. The description of spaces between the tangible and the intangible in Woolf’s novels and short stories serve as a guide in the artist’s creative process. The presented works become reinterpretations of recurring motifs in Woolfian imagery, endeavouring to make visible that which is hidden in the “cotton wool of daily life.”
TEJA GAVANKAR
« OTHER'S SPACES »
Teja Gavankar, other’s spaces 002, 2016, dessin, 21,59 x 27,94 cm
S’immiscer dans le quotidien et transformer l’espace dans ses traits les plus banals compose le terrain d’action et d’investigation de l’artiste indienne Teja Gavankar. Par la pratique du dessin et de l’intervention in situ, elle négocie les modes d’apparition du territoire afin d’en extraire l’identité et d’en extirper les spécificités. Puisant à même les éléments du paysage construit, devenus communs en raison de leur expérience répétée, elle y fait émerger de nouvelles configurations. Alors que l’artiste a principalement développé des projets in situ dans l’espace urbain, celui présenté au centre OPTICA incarne une première intervention en galerie.
Indian artist Teja Gavankar’s field of investigation and action is the everyday and the transformation of space in its most mundane attributes. Her drawings and in situ interventions negotiate the territory’s modes of appearance, distilling its identity and extracting its specificities. She draws from constructed surroundings, made familiar through repeated experience, and teases out new configurations. While the artist has mainly produced site-specific projects in urban spaces, the work presented at OPTICA represents a first gallery production.
CAROLINE MAUXION
Voici la flaque, dit Rhoda, et je ne peux pas la franchir. J'entends la grande meule qui tourne à toute vitesse à moins d'un pouce de ma tête. L'air qu'elle déplace rugit sur mon visage. Toutes les formes de vie tangibles se sont évanouies pour moi. Si je ne tends pas les bras pour toucher quelque chose de dur, le vent m'emportera dans les couloirs de l'éternité pour toujours. Mais alors, qu'est-ce que je peux toucher? Quelle brique, quelle pierre? Et ainsi traverser en me traînant l'immense gouffre pour réintégrer mon corps saine et sauve?
– Virginia Woolf, Les Vagues
Plutôt qu'une pratique de l’image photographique, Caroline Mauxion précise que son travail consiste à pratiquer l’image photographique. Cette nuance est fondamentale, car elle réintègre dans la photographie la notion d’acte et insiste sur la performativité mais aussi la matérialité de l’image, pour laquelle les notions de contact et de déplacement sont primordiales. Les images de Mauxion s’envisagent ainsi comme autant d’essais sur les limites du visible et de l’invisible, de la transparence et de l’opacité, de l’abstraction et de la figuration, de l’ombre et de la lumière.
Si Mauxion pratique la photographie, ajoutons également qu’elle l’installe. La plaque de verre, devenue support de l’image photographique, dépend de son installation dans l'espace pour révéler l’image ; au blanc du papier sur lequel viendrait habituellement s’imprimer la photographie se substitue le blanc du mur. Les images deviennent quasi-invisibles pour certaines et se lisent à plusieurs sens pour d'autres, invitant au déplacement du corps. Toutes se forment là où il y a contact.
– Daniel Fiset
Originaire de France, Caroline Mauxion vit et travaille à Montréal depuis 2010. Elle fut récipiendaire de la bourse de la Fondation Sylvie et Simon Blais pour la relève en arts visuels (2015). Son travail a fait l'objet de plusieurs expositions individuelles à Montréal, à la galerie Les Territoires (2014), à la galerie Simon Blais, à la Galerie de l'UQAM et à Rimouski, au centre d'artistes Caravansérail. Elle effectuera une résidence à Banff en 2018 soutenue par le CALQ.
There is the puddle,’ said Rhoda, ‘and I cannot cross it. I hear the rush of the great grindstone within an inch of my head. Its wind roars in my face. All palpable forms of life have failed me. Unless I can stretch and touch something hard, I shall be blown down the eternal corridors for ever. What, then, can I touch? What brick, what stone? and so draw myself across the enormous gulf into my body safely?
– Virginia Woolf, The Waves
Rather than engaging in the practice of the photographic image, Caroline Mauxion explains that her work consists of practising the photographic image. The nuance is critical, as it reassociates photography with the idea of action and it emphasizes both the performativity of the image and its materiality, for which notions of contact and movement are essential. Mauxion’s images are thus to be seen as testing the limits of the visible and invisible, of transparency and opacity, of abstraction and figuration, of shadow and light.
If Mauxion practises photography, she also installs it. The glass plate, become photographic support, depends on its installation in the space to reveal the image; the white page on which the photograph would normally be printed is replaced by the white wall. Some images become nearly invisible. Many can be read in different ways. They invite physical movement. All are created upon contact.
– Daniel Fiset
Originally from France, Caroline Mauxion has been living in Montreal since 2010. She is the recipient of the Sylvie et Simon Blais Foundation’s Award for Emerging Visual Artists (2015). Her work has been shown in solo exhibitions in Montreal, at Galerie Les Territoires (2014) and Galerie Simon Blais (2015), and in Rimouski, at Centre d’artistes Caravansérail (2016). She will be undertaking a residency in Banff in 2018, under the auspices of the CALQ’s residency program.
TEJA GAVANKAR
Intéressée par la géométrie et la topologie, Gavankar revisite les éléments architecturaux - les murs, les chaussées, les escaliers et plus récemment le motif du coin - pour en faire les conditions d’émergence d’une expérience, cherchant à rompre la quiétude de leur fonctionnalité, de leur structure et de leurs caractéristiques propres. Très minimales, ces interventions artistiques, tant graphiques que physiques, mettent pourtant en œuvre une force certaine. Elles trafiquent les petites choses, la banalité, afin d’engendrer des subtilités porteuses de grandes ambiguïtés perceptives.
La pratique du dessin de l’artiste prend d’assaut la grille, cet outil-support papier, qui oriente et guide le trait dans un esprit cartésien. De nombreux artistes indiens ont repensé et critiqué les moyens de décrire, de calculer et de mesurer les multiples manifestations qui composent le monde. Associées notamment à la modernité et au colonialisme, ces balises, déployées en Inde lors de l’occupation britannique, ont permis de catégoriser et de créer des topologies des diverses ressources, tant naturelles qu’humaines, retrouvées sur le territoire. Même si Gavankar, tout comme d’autres artistes de la nouvelle génération créative de l’Inde, ne fait pas directement intervenir ces références historiques, son usage de la grille demeure toutefois critique. Il s’agit de s’attaquer aux structures contraignantes et à la rigueur qu’elles imposent. Par endroit, elle fera en sorte de la faire voler en éclat, de privilégier les lignes courbes ainsi que les traits décalés et obliques, en dehors des zones rectilignes, ou d’en radier certains carreaux. Tant de façons de laisser le trait réinventer la ligne et introduire la souplesse dans la rigidité.
– Julie Alary Lavallée
Titulaire d’une maîtrise en arts visuels de la Maharaja Sayajirao University, Baroda (Inde), Teja Gavankar compte un parcours ponctué de nombreuses résidences, dont l’une réalisée en 2014 à la Fonderie Darling (Montréal) grâce au concours de la Inlaks Shivdasani Foundation. En 2016, elle prenait part à l’exposition Young Subcontinent (Serendipity Art Festival, Inde). Elle vit et travaille à Bombay.
Interested in geometry and topologies, Gavankar revisits architectural elements—walls, floors, stairs, and recently, the corner motif—turning them into conditions for the emergence of an experience, seeking to break the tranquil poise of their functionality, structure, and particular characteristics. Yet, these very minimal artistic interventions, whether in two or three dimensions, generate an undeniable force. They manipulate little things, trivialities, in order to produce subtleties that bear great perceptual ambiguities.
The artist’s drawing practice challenges the ruled grid, the paper support-tool that gives one’s stroke a Cartesian guidance and orientation. Many Indian artists have given critical attention to the means of describing, calculating, and measuring various manifestations of the world. Deployed in India during British occupation and associated with modernity and colonialism, these markers have enabled the classification and topology of both the natural and human resources found on the territory. Even if Gavantar, like other artists of India’s new creative generation, does not make direct historical references, her use of the grid remains critical nonetheless. It is a question of tackling restrictive structures and their demands. At times, she will blow the grid apart, favouring curved lines and offset, oblique strokes that run outside the rectilinear compartments or erasing some of the squares. Reinventing the line through such gestures, she brings suppleness to structural rigidity.
– Julie Alary Lavallée
With an MFA from the Maharaja Sayajirao University of Baroda (India), Teja Gavankar has completed a number of residencies, including one in 2014 at Darling Foundry, Montreal (with the support of the Inlaks Shivdasani Foundation). In 2016, she took part in the Young Subcontinent exhibition (Serendipity Art Festival, India). She lives and works in Bombay.
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