« UNCHAINED MELODY »
19 oct au 18 nov | Oct 19 to Nov 18
vernissage 19 oct 19h00 | Oct 19 ~ 7:00PM
dazibao.art
HUBERT CARON-GUAY
« ARROYOS »
© Hubert Caron-Guay, Arroyos, 2017
Nourri du rapport de proximité, voire de l’intimité, qu’il développe avec ses protagonistes, le travail d’Hubert Caron-Guay s’intéresse d’abord à la condition humaine, bien que forcément les politiques qui la gouverne s’y trouvent questionnées. L’œuvre présentée ici, Arroyos ― qui se traduit par flux ― offre un portrait troublant tant du corridor emprunté par de nombreux migrants à la frontière entre le Mexique et les États-Unis que de ceux qui y circulent ou s’y trouvent confinés. Une projection grand écran donne à voir des paysages qui traduisent la perte de repères, l’étendue de la traversée, de même que l’insécurité inhérente au parcours des migrants. S’ajoutent à ces images, une série de portraits intimistes rendus accessibles sur des téléphones portables. À la démesure de la traversée se confronte le détail des drames individuels où clairement les barrières, les frontières opèrent une forme de répression qui dépasse celle de leurs limites physiques.
The work of Hubert Caron-Guay, which grows out of the proximity, one might even say the intimacy, he develops with his protagonists, explores first and foremost the human condition, even as the policies governing this condition are interrogated. The work presented here, Arroyos ― which translates to “flows” ― offers a disquieting portrait of the corridor taken by many migrants at the border of Mexico and the United States and the people who find themselves confined there. The work’s large-screen projection shows landscapes that convey the loss of bearings, the scale of the crossing and the inherent insecurity of the migrants’ journey. Adjacent to the projection is a series of intimate portraits for view on mobile telephones. The vastness of the crossing is confronted with the details of individual dramas in which barriers and borders carry out a form of repression that goes beyond the confinement of their physical demarcations.
HILLSIDE PROJECTS (EMILY MENNERDAHL & JONAS BÖTTERN)
« SEARCHING FOR THE EUROPEAN ROLLER »
Performance : 19 oct 18h30 | Oct 19 ~ 6:30
© Hillside Projects, Searching for the European Roller, 2016, performance/installation, Westergasfabriek. Photo: Iris Duvekot
Searching for the European Roller, un projet en évolution depuis 2011, propose ici une performance/lecture, une vidéo et une installation composée de divers artefacts retraçant l’histoire d’un oiseau. Il y a longtemps, l’espèce du Rollier d’Europe vivait et se reproduisait librement au nord de l'Europe. Sans raisons apparentes, l’espèce s’est lentement décimée et sa dernière nidification connue en Suède remontait à 1967. Récemment, toutefois, en redécoupant le paysage et en concevant des environnements spécifiques pour attirer l’oiseau, des scientifiques tentent de réintégrer l’espèce sur le territoire suédois. Une étude approfondie de la cartographie et des modèles migratoires de cet oiseau a mené Hillside Projects à analyser ce désir de réintroduire une espèce et à se demander pourquoi certaines espèces seraient plus souhaitables que d’autres ou bénéficieraient d’une légitimité irrévocable sur un territoire donné? L’histoire du Rollier d’Europe est ainsi devenu un point de départ métaphorique pour une plus vaste enquête sur l’idée de frontière, de limite et de migration ainsi que sur les notions d’appartenance, d’acceptation et de partialité.
Searching for the European Roller, a project in evolution since 2011, takes the form here of a performance/reading, a video and an installation made up of various artefacts tracing the history of a specific species of bird. Long ago, the European Roller lived and reproduced freely in northern Europe. For no apparent reason, the species slowly went into steep decline and its last known nesting in Sweden dates from 1967. Recently, however, by breaking up the landscape and designing specific environments to attract the bird, scientists are attempting to reintegrate the species in Sweden. An in-depth study of cartography and of this bird’s migratory models has led Hillside Projects to analyse this desire to reintroduce a species, and to wonder why some species are more desirable than others, or have irrevocable legitimacy in a given territory. The history of the European Roller thus became a metaphorical starting point for a broader investigation into the notions of borders, limits and migration, as well as the notions of belonging, acceptance, and partiality.
LISL PONGER
« PASSAGES »
© Lisl Ponger, Passages, 1996
Pour Passages (1996), Lisl Ponger récupère des films amateurs consacrés au voyage. D’abords destinés à un usage familial, ces images touristiques paraissent a priori gaies et bienveillantes, une sorte d’idéal d’album postcolonial. Lentement toutefois, l’éclat et l’exotisme des images contrastent avec le propos. L’apparente légèreté des souvenirs de voyage prend une autre dimension. À l’évasion suggérée par le voyage s’oppose des récits sans issus, des récits sans répit d’histoires individuelles de réfugiés fuyant la terreur nazie, de juifs forcés à quitter Vienne qui s’entremêlent à d’autres relatant les tortures et les prisons subies en tentant de se réfugier à Vienne. Par une sorte de cartographie imaginaire du monde postcolonial du 20e siècle et de ses migrations Passages semble annoncer les déplacements du siècle suivant.
For Passages (1996), Lisl Ponger salvaged amateur films devoted to travelling. Initially intended for home use, these touristic images seem at first merry and good-hearted, an album of post-colonial idealism. Slowly, however, the dazzle and exoticism of the images contrast with the discourse. The seemingly light tone of the travel memories takes on another dimension. The sense of escape suggested by travel is contrasted by stories with no conclusion, no respite; individual accounts of refugees fleeing Nazi terror and Jews forced to leave Vienna, voices recounting the torture and imprisonment of people trying to take refuge in Vienna. Through a kind of imaginary cartography of the twentieth-century post-colonial world, Passages foreshadows the displacements of the following century.
Les trois œuvres misent en parallèle ici soulèvent des enjeux de migration, de territoires, de frontières et posent nombre de questions quant à la validité des politiques d’intégration de plusieurs pays. Devant les difficultés éprouvées à rejoindre un lieu d’accueil, face à des conditions de migration dont la précarité persiste, devant la multiplication des zones de transit et la suite des antichambres à traverser, il est permis de se demander si nos sociétés livrent la « terre promise » et à quel coût pour les migrants. Dans un contexte comme celui de Dazibao, il est impossible d’ignorer comment les images informent ce phénomène, influent sur les perceptions tant de l’asile convoité que des nouveaux venus et creusent ainsi un profond écart entre l’anticipation et la réalité. Paradoxalement, l’image et la circulation désormais si aisée de celle-ci s’avèrent un outil de première ligne pour une majorité de migrants.
L’exposition propose des œuvres dont les rythmes et les modes de diffusion diffèrent des images médiatiques généralement mises en circulation afin de reconnaitre des récits souvent passés sous silence ou évincés de la sphère publique. S’inscrivant dans le sillage d’autres projets présentés par Dazibao qui abordent des enjeux de société très actuels, le travail de Hubert Caron-Guay, Hillside Projects (Emily Mennerdahl et Jonas Böttern) et Lisl Ponger invitent à analyser autrement les systèmes narratifs et images qui informent notre compréhension du monde. ― F.C.
HUBERT CARON-GUAY
Hubert Caron-Guay vit à Montréal où il travaille comme artiste, réalisateur, scénariste et producteur. Après des études en cinéma à l’UQAM, il participe activement, de 2010 à 2015, au collectif Épopée au sein duquel il développe plusieurs projets de documentaire et de fiction qui ont largement été diffusés au Canada et à l’étranger. C’est dans le cadre de la résidence Recherche et création expérimentale de PRIM, dont il est récipiendaire en 2016, qu’Hubert Caron-Guay développe en parallèle le long métrage documentaire Destierros (présenté en collaboration avec les RIDM) et l’installation Arroyos.
HILLSIDE PROJECTS
Hillside Projects est un collectif de recherche et de production réunissant Emily Mennerdahl et Jonas Böttern. Installés à Stockholm, les deux artistes développent des projets interdisciplinaires ayant pour focus les changements naturels qui souvent dans leurs travaux deviennent une métaphore pour toucher à des questions socio-politiques sensibles. S’intéressant tout particulièrement à la notion du savoir et aux autorités de ce savoir, Hillside Projects s’associe régulièrement à des penseurs ou chercheurs d’autres champs de connaissance afin d’élargir le spectre de leurs investigations.
LISL PONGER
L’artiste autrichienne Lisl Ponger, établie à Vienne, utilise la photographie, le film et l’installation pour examiner et questionner nos conceptions de l’ « autre » et ses représentations trop souvent archétypales. Son travail a été largement présenté sur la scène internationale dans le cadre d’expositions individuelles et collectives ainsi que dans de nombreux festivals et biennales. Depuis les années 1990, elle traite de questions politiques qui demeurent encore aujourd’hui d’une grande actualité. Son œuvre s’articule autour de problématiques propres au colonialisme, à l’ethnologie et à la construction de l’identité. ― F.C.
Three works placed alongside one another raise issues around migration, territory and borders, and pose a number of questions with respect to the validity of the integration policies of several countries. In the face of the difficulties experienced by countless individuals in reaching a welcoming place and of migration conditions of continuing precariousness, and in light of the increasing number of transit areas and the series of antechambers to be crossed, one is entitled to ask if our societies are delivering a “promised land” and at what cost to those who come in search of it. In a context such as Dazibao, it is impossible to ignore how images inform these phenomena both through their forging of bias towards newcomers and their perpetuation of an ever-increasing gap between the reality of migration and the expectations of displaced individuals. Paradoxically, images and their now greatly unfettered circulation have become a primary tool for a majority of migrants.
The exhibition consists of works whose rhythms and modes of dissemination differ from the media images generally in circulation as a means to acknowledge the stories that often remain muted or are pushed out of the public sphere. Following a number of projects presented by Dazibao that address current social issues, the work of Hubert Caron-Guay, Hillside Projects (Emily Mennerdahl & Jonas Böttern) and Lisl Ponger invites us to analyse the narrative systems and images that inform our understanding of the world. ― F.C.
HUBERT CARON-GUAY
Hubert Caron-Guay lives in Montreal, where he works as an artist, filmmaker, scriptwriter and producer. After studying film at UQAM, he was an active participant in the collective Épopée from 2010 to 2015, during which time he developed several documentary and fiction-based projects that have been exhibited widely in Canada and abroad. Through a “Recherche et création expérimentale” residency with PRIM in 2016, Caron-Guay developed the feature-length documentary Destierros (presented in collaboration with RIDM) and the installation Arroyos.
HILLSIDE PROJECTS
Hillside Projects is a research and production collective made up of Emily Mennerdahl and Jonas Böttern. Working in Stockholm, the two artists develop interdisciplinary projects whose focus is natural changes, which in their work become a metaphor for sensitive socio-political questions. Hillside Projects is particularly interested in the concept of knowledge and in authorities of this knowledge. They work regularly with thinkers and researchers in other fields in order to broaden the spectrum of their investigations.
LISL PONGER
The Austrian artist Lisl Ponger, working in Vienna, uses photography, film and installation to examine and explore our conceptions of the “Other” and its too-often archetypal representations. Her work has been exhibited widely in international solo and group exhibitions, as well as in numerous festivals and biennials. Since the 1990s, she has been addressing political questions that remain equally relevant today. Her work takes up issues around colonialism, ethnology and the construction of identity. ― F.C.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.