navette : 17 sept 12h00 | Sept 17 ~ 12:00PM
museejoliette.org
ISABELLE HAYEUR
« DÉPAYSER »
Que reflètent les paysages qui nous entourent? Par qui sont-ils façonnés? Que révèlent-ils de nos modes de vie? Autant de questions que l’exposition de l’artiste photographe et vidéaste Isabelle Hayeur soulève en tentant de dresser un état des lieux. Reflet d’un monde globalisé, la sélection d’images et de vidéos, issues de trois différentes séries réalisées au Québec et en Europe, donne au spectateur l’occasion de saisir les enjeux propres à l’aménagement des territoires et s’intéresse au devenir des lieux et des communautés concernées. Les œuvres présentées illustrent des transformations qui remodèlent les territoires et le quotidien, tant à l’échelle locale, provinciale, qu’internationale. Elles soulignent les mutations récentes de nos habitats et de nos sociétés et soulèvent des préoccupations et des questions communes concernant l’écologie, l’urbanisme et l’aménagement.
« LABORATOIRE DE L'INTIME »
Commissaire : Laurier Lacroix
Ozias Leduc, Nature morte, oignons, 1892, huile sur toile, 36,5 x 45,7 cm. Don des Clercs de Saint-Viateur
Sans palier à une relecture de l’ensemble de l’œuvre d’Ozias Leduc (1864-1955), le Musée d’art de Joliette (MAJ) souhaite jeter un nouveau regard sur un aspect de sa production qui est en lien avec d’autres aspects de son travail. Dans ce but, le MAJ se penche sur un aspect significatif de son travail en réunissant ses natures mortes autour de l’une des œuvres maîtresses de sa propre collection, Nature morte, oignons (1892). En début de carrière, Leduc s’intéresse particulièrement à ce genre pictural réalisant treize natures mortes entre 1887 et 1899. Il revient ultérieurement à deux reprises sur ce sujet et intègre à de multiples occasions des natures mortes dans des compositions religieuses et des scènes de genre. Il prend comme sujet des objets familiers qui se trouvent dans son atelier.
DEAN BALDWIN
« PERFORMANCE »
À travers des installations artisanales originales, l’artiste s’intéresse aux habitudes de consommation des Nord-Américains. Il met ainsi en scène des univers propices aux rencontres et à la convivialité dans lesquelles il propose habituellement aux participants de consommer de la nourriture ou des boissons. Il étudie et documente les interactions provoquées par la consommation et le partage et invite, par la même occasion, les spectateurs à s’interroger sur leurs comportements et habitudes de vie.
OLIVER LARIC
« TOUS DROITS RÉSERVÉS »
La démocratisation d’Internet et l’apogée des réseaux sociaux ces dernières années ont ouvert un accès illimité à la connaissance et favorisé la circulation en libre accès de données de toutes sortes. Outil propice à la création, Internet est devenu une source d’inspiration esthétique sans limites et autosuffisante, permettant à plusieurs artistes de développer de nouvelles pratiques. S’inscrivant dans cette voie, la recherche artistique d’Oliver Laric questionne le devenir des droits d’auteurs et de la propriété intellectuelle dans un contexte dominé par les principes du partage et de l’appropriation.
ISABELLE HAYEUR
Dans les sociétés occidentales modernes, l’environnement et les paysages sont aménagés au profit de l’économie sans que les impacts de ces décisions sur les populations et l’écologie soient toujours pris en compte. Ces bouleversements, souvent brutaux, déstabilisent les communautés locales et occasionnent des ruptures qui bousculent l’équilibre des milieux de vie. « Troubler quelqu’un, le désorienter en le changeant de milieu et en le mettant dans une situation qui lui donne un sentiment d’étrangeté », voilà en quelques mots la définition du mot Dépayser. Cette notion, au cœur de l’exposition, est importante pour l’artiste, car elle souligne la perte de repères occasionnée à la suite de développements et d’aménagements des espaces. La question de l’organisation du territoire se confronte aujourd’hui à des enjeux multiples, souvent opposés. C’est pourquoi de grands projets de construction d’infrastructures se heurtent régulièrement à des populations inquiètes et préoccupées.
Si Isabelle Hayeur est reconnue pour ses paysages modifiés et recomposés, grâce à d’habiles recombinaisons numériques, elle s’intéresse parallèlement à une approche plus documentaire, dénonçant et mettant en valeur des revendications citoyennes. Pour sa première exposition individuelle au Musée d’art de Joliette, l’artiste introduit ainsi une réflexion sur des problématiques universelles. L’aspect réaliste des images et des paysages exposés traduit un discours engagé, renvoyant le spectateur à sa propre réalité, suscitant une prise de conscience face à des pratiques urbanistiques arbitraires et une exploitation effrénée des ressources naturelles.
Isabelle Hayeur (1969 – ) est une artiste québécoise connue pour ses photographies et ses vidéos expérimentales. Elle vit et travaille à Rawdon, Québec. Elle détient un baccalauréat (1996) et une maîtrise (2002) en arts visuels de l’Université du Québec à Montréal.
L’artiste compte à son actif plusieurs expositions individuelles et collectives, présentées principalement au Canada, mais aussi en Europe, au Mexique et aux États-Unis. Parmi celles-ci, mentionnons ses récentes expositions individuelles, au Centre Expression de Saint-Hyacinthe, en collaboration avec le Musée régional de Rimouski (2013), au Musée national des beaux-arts de Québec, qui a circulé à travers le Canada (2006-2007) et au Massachusett Museum of Contemporary Arts (2004). Elle a également participé à de nombreuses expositions collectives, entre autres, au Ryerson Image Center de Toronto (2016), au Museo Cultural à Santa Fe, États-Unis (2016), au Today Art Museum à Beijing (2015), et au Centre culturel canadien à Paris (2012). Ses œuvres font partie de plusieurs collections au Canada et à l’étranger, dont celles du Musée des beaux-arts du Canada, de l’Art Gallery of Ontario, de la Vancouver Art Gallery, du Musée de la photographie canadienne, du Musée d’art contemporain de Montréal et du Fonds national d’art contemporain à Paris. Isabelle Hayeur est représentée par la Galerie Hugues Charbonneau à Montréal.
OZIAS LEDUC
Le genre pictural de la nature morte, traité en début de parcours, permet à Leduc de réfléchir sur ce qu’est l’art pour lui et d’énoncer certains de ses principaux centres d’intérêt à savoir, comment reconnaître le beau dans la nature, comment l’art se nourrit-il de l’art ? En explorant ce microcosme personnel, l’artiste porte sa réflexion sur les conditions de leur production (tradition, cadre matériel, source d’inspiration) et sur les manières par lesquelles advient une œuvre d’art picturale.
L’objectif de cette exposition centrée qui réunit une dizaine d’œuvres, vise à bien les mettre en valeur afin de souligner les relations qui s’établissent entre elles. L’exposition permet de faire valoir l’univers pictural qui nourrissait l’artiste, d’explorer les structures formelles de ses compositions et de présenter la fortune critique de ses tableaux. - Laurier Lacroix
Né à Saint-Hilaire de Rouville en 1864, Ozias Leduc a réalisé le décor de plus d’une vingtaine d’églises, mais il est également l’auteur d’un important corpus d’œuvres profanes. Il s’adonne à la peinture de chevalet tout au long de sa carrière réalisant des portraits, des natures mortes et des paysages. Cet artiste, poète et intellectuel exerça une influence considérable auprès de plusieurs générations d’artistes d’avant garde, que ce soit les membres du Nigog (1918) ou des automatistes, tels que Paul-Émile Borduas, dont il fut le maître et Jean Paul Riopelle. En 1938, l’Université de Montréal lui décerne un doctorat honorifique. Il décède à Saint-Hyacinthe en 1955.
Laurier Lacroix, C.M., est professeur émérite de l’Université du Québec à Montréal où il a enseigné l’histoire de l’art et la muséologie. Il est reconnu comme un spécialiste de l’œuvre d’Ozias Leduc auquel il a consacré son mémoire de maîtrise (1973), une douzaine d’articles et quatre expositions, dont la rétrospective de 1996, Ozias Leduc une œuvre d’amour et de rêve qui a été présentée à Montréal, Québec et Toronto. Il est membre de l’Académie des lettres du Québec et de la Société des Dix.
DEAN BALDWIN
Dean Baldwin, né en 1973 à Toronto (ON), vit et travaille à Montréal. Il a étudié les beaux-arts à l’Université de York (Toronto) et détient depuis 2003 une maîtrise en arts appliqués (MFA) de l’Université de Concordia (Montréal). Lauréat du prix de résidence internationale du Conseil des arts du Canada, en 2009, il a participé à de nombreuses résidences au Canada et à l’international, notamment à Venise (Italie), Dublin (Irlande) et Mumbay (Inde). Il a réalisé plusieurs projets individuels, au MOCCA (Toronto), au Musée des beaux-arts de l’Ontario (Toronto), au Musée d’art contemporain de Montréal et à Volta 5 (Bâle, Suisse). On note aussi sa participation à des expositions de groupe au MASS MoCA (en circulation en 2013-2014), à la Biennale de sculpture de Saint-Jean-Port-Joli (2014), au Junction Arts Festival (2014, Tasmania, Australie) et enfin, à la Triennale de Québec en 2011.
OLIVER LARIC
Que penser du concept d’originalité? Sur quoi repose la valeur d’un objet à partir du moment où sa rareté est remise en question? À qui appartient l’information dès lors qu’elle circule librement? Laric joue avec ces questions en s’immisçant dans une zone « grise » où il exploite les failles de la légalité. En effet, ses œuvres reprennent, détournent et reproduisent des images, associées aussi bien à la culture pop qu’à l’histoire de l’art, qu’il tire d’Internet et qu’il recopie grâce à des procédés numériques. En explorant le piratage et la réinterprétation, l’artiste rend les concepts d’authenticité et de valeur obsolètes, soulignant au passage la façon dont les nouvelles technologies modifient notre rapport à ces derniers.
Ses sculptures, des reproductions de statues grecques et romaines classiques dans des matériaux modernes tels que le polyuréthane, sont réalisées grâce à des imprimantes 3D. Il peut ainsi copier une œuvre à l’origine unique, mais aussi archiver les informations nécessaires à leur reproduction, pour reprendre ce même processus indéfiniment. Il s’intéresse également à l’économie de la contrefaçon en composant des images à partir d’hologrammes qu’il a fait produire en Chine et qui servent habituellement à authentifier les documents officiels. Finalement, sa vidéo présente un univers où l’hybridité est la règle : des extraits de dessins animés et des images de jouets trouvés sur YouTube subissent d’étranges mutations, croisant les règnes animal, végétal, humain et technologique sans égard pour les théories de l’évolution. Ce corpus d’œuvres, présenté pour la première fois au Québec, témoigne ainsi de la diversité des médiums utilisés par Laric pour alimenter sa recherche.
Oliver Laric, né en 1981 à Innsbruck en Autriche, vit et travaille à Berlin, en Allemagne. Diplômé de l’Université des Arts appliqués de Vienne en 2007, il se situe dans le courant artistique post-internet. Ses travaux interrogent les concepts d’auteur, d’authenticité et d’appropriation. Il a déjà participé à de nombreuses expositions individuelles et de groupe en Europe, aux États-Unis et au Canada. Ses œuvres ont notamment été exposées à la Sécession viennoise et à la Biennale de Liverpool en 2016. Il est représenté par la Galerie Tanya Leighton, à Berlin.
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