Commissaire : Nathalie Bachand
14 juin au 26 août | June 14 to Aug 26
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PATRICK BÉRUBÉ & JONATHAN PLANTE
« LONGER LE RÉCIT »
Patrick Bérubé, Flots (détails), 2016. Photo : Patrick Bérubé
Réunissant les œuvres de deux artistes, l’exposition Longer le récit nous parle de la notion de récit visuel et de ses conditions de lecture. Si « lire » une œuvre peut signifier la mise en lien des éléments qui la constitue, rien n’en garantit une lecture linéaire. D’autant plus si celle-ci nécessite un traitement elliptique de la mémoire. Lire et longer sont ici deux mouvements simultanés – de l’esprit et du corps – par lesquels appréhender les œuvres.
« POINTS DE VUE ET PERSPECTIVES SEMI-AÉRIENNES »
Laurent Lévesque, Axe 6, 29/03/2006 08:29:12, Rio de Janeiro, Brésil, 2012, photographie numérique, épreuve au jet d'encre, 60 x 120 cm, édition 1 de 2. Collection Musée des beaux-arts de Sherbrooke.
MATHIEU CARDIN - NATACHA CLITANDRE - CLAUDETTE LEMAY - LAURENT LÉVESQUE
Réunissant les œuvres de quatre artistes, l’exposition Points de vue et perspectives semi-aériennes se déploie le long d’un fil conducteur qui lie la notion de paysage à divers croisements le long d’un axe nature-urbanité. Sans s’inscrire dans une logique d’opposition, cette rencontre relève plutôt d’une forme de complémentarité en quatre temps, avec le ciel comme aire commune.
LONGER LE RÉCIT
Flots de Patrick Bérubé est une installation sculpturale qui se présente comme un monolithe fragmenté. Sorte de module dont les unités dévoilent tour à tour une série d’indices qui font récit alors que le visiteur en fait le tour. Avec pour point de départ L’Art de la Fugue de Bach, Flots est une réflexion sur l’idée de fuite et de faille. Énigme compartimentée, l’installation ne peut se lire qu’en espace-temps distincts : ayant accès à l’une des faces du monolithe, les autres nous restent cachées. Il faut nécessairement rassembler les fragments par un travail de mémoire et d’association d’idées qui permette de faire récit. Dans ces compartiments, de petits drames se jouent : un plafond fuit dans une collection de contenants ; ces fuites d’eau sont rythmées par le contrepoint – écriture musicale à la base de L’Art de la Fugue de Bach ; ailleurs, une éclipse lunaire est aussi une bulle de savon fugace ; plus loin, brûlent les partitions de L’Art de la Fugue, mais c’est une illusion numérique ; dans un autre compartiment, elles ont été épargnées mais deviennent des vagues que chantent un coquillage ; plus loin encore, un disque vinyle peine à rendre audible la Fugue. De partout, la fugue fuit, mais dans sa fuite elle raconte son histoire, le récit de cycles infinis.
Patrick Bérubé a obtenu une Maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal en 2005. Finaliste pour le prix Pierre Ayot en 2010 et 2011, son travail a été remarqué sur la scène nationale et internationale par ses participations à de nombreuses expositions et événements majeurs. Notamment, en 2010, lors de l’exposition «Ceci n’est pas un Casino» au Casino Luxembourg, au Luxembourg et à la Villa Merkel en Allemagne. En 2005, il obtenait le prix du jury dans le contexte de la 3e Manifestation internationale d’art de Québec. Il compte également plusieurs séjours en résidence d’artiste dont la résidence du Conseil des arts et des lettres du Québec à Barcelone en Espagne, en 2009, à la Cité internationale des Arts à Paris, en 2007 et à Buy-Sellf, à Bordeaux, en 2011. Depuis 2010, il a réalisé trois œuvres d’intégration à l’architecture.
patrickberube.com
Invariants et Mobile cinéplastique de Jonathan Plante sont deux œuvres réalisées sur supports lenticulaires, une picturale et une autre sculpturale. Elles invitent le visiteur à y poser un regard dynamisé par le déplacement qu’il doit effectuer pour en faire une lecture complète. Évoquant le mécanisme cinématique de l’image en mouvement, ces œuvres aménagent une rencontre entre art optique et peinture abstraite. Le terme « cinéplastique » est une clé de lecture du travail de l’artiste. Employé tout d’abord par l’historien de l’art et essayiste Élie Faure en 1922, dans le texte « De la cinéplastique », il s’agissait pour l’auteur d’envisager « un art où le temps devient réellement une dimension de l’espace ». Jonathan Plante revisite cette idée à travers un corpus d’œuvres qui répond à l’impératif d’un monde en perpétuel mouvement. Une image demande généralement une forme fixe de l’attention. Ici l’image est ambivalente : elle devient ambulante devant le visiteur qui la parcours et expérientielle sous sa réception perceptuelle. La mobilité de l’attention devient la condition de lecture par laquelle s’articule une forme de récit non-linéaire.
Jonathan Plante vit et travaille à Montréal, dans un travail qu’il qualifie de cinéplastique, il explore les conditions d’apparition du mouvement de l’image. Il s’intéresse notamment à l’image fixe mise en mouvement par le déplacement du regardeur. Ses expositions, présentées au Canada et à l’étranger, sont un terrain de recherche sur la perception visuelle faisant écho à l’art optique et au cinéma structuraliste. Depuis deux ans, il est membre du groupe de recherche sur le dessin et l’image en mouvement (GRUPMUV). En 2017, il présentera une exposition solo à la Galerie de l’UQAM ainsi qu’au centre de diffusion L’œil de poisson à Québec. Il est représenté par la galerie Hugues Charbonneau. Ses œuvres font partie de collections privées et publiques, dont celles du Musée d’art contemporain de Montréal et du Musée national des beaux-arts du Québec.
huguescharbonneau.com
POINTS DE VUE ET PERSPECTIVES SEMI-AÉRIENNES
Le Qualità Segrete Del Verde de Mathieu Cardin est une installation sculpturale qui dévoile une nature « fictive », revisitant la notion classique de représentation comme fenêtre sur le monde. Se révélant à travers un jeu d’illusion et de trompe-l’œil, le paysage – tout d’abord convaincant dans son cadrage idéal, à une certaine distance – se présente ensuite pour ce qu’il est en tant que sculpture constituée de matériaux. Et pourtant, la terre au-dehors n’est-elle pas la même terre à l’intérieur?
Time Capsules Montréal — Aperçus d'hétérotopies urbaines de Natacha Clitandre est une installation vidéo-photo présentant des fragments urbains qui nous révèlent des angles atypiques de la ville. Collectionnant depuis plusieurs années ces images de non-lieu, l’artiste nous les livre sous forme de lente boucle contemplative. Ce faisant, elle induit une durée du regard qui – suivant le rythme de la ville – souvent nous fait défaut.
Ascenseurs avec vue de Claudette Lemay est une installation vidéo sous forme de diptyque qui propose au visiteur un double travelling simultané, à la fois vertical et horizontal. Le monde extérieur nous y apparaît comme une fiction sous filature, cadrée à même différents dispositifs mobiles, en suspension entre ciel et terre. Suivant cet axe aérien, l’horizon est habité d’un mouvement qui dirige et déroute le regard tout à la fois.
Axes de Laurent Lévesque est une série photographique qui sublime le banal et révèle la fulgurance du moment où l’image fut captée : en cette fraction de seconde très précise, un élément très haut dans le ciel nous évite l’aveuglement – parallèlement, Friendly Floatees est une installation numérique interactive qui invite le visiteur à une improbable traversée aérienne. Se déplaçant à travers une centaine de ciels bleus sans horizon, il suit le vol d’autant de sacs de plastique. Objet banal par excellence, emblème de la surconsommation, il porte pourtant en lui une beauté étrange qu’accentue sa légèreté.
Préalablement intéressé par le cinéma et la photographie, c’est suite à une discussion bien arrosée avec un pilote d’avion et un garde forestier que Mathieu Cardin se consacra à la sculpture d’installation. Il entreprend aussitôt un Master of Fine Arts en sculpture à NSCAD, après s’être fait accepter, en présentant un portfolio d’images volées en ligne. Son œuvre oscille entre le vrai et le faux, l’illusion et la réalité tout en manipulant une imagerie qui mélange la propreté de produits Johnson et Johnson™ avec la fragmentation des meubles IKEA©.
mathieucardin.com
Natacha Clitandre détient un B.A. en arts visuels de l’UQAM (2000). Elle a également obtenu un Master en Théorie et pratique de l’art contemporain et des nouveaux médias à l’Université Paris 8 et l’ENSAD (2007). Dans le cadre de ce cycle d’études, elle a séjourné à Brown University et RISD à Providence, Rhode Island. Son travail a été présenté dans différentes villes nord-américaines et européennes. À l’été 2017, elle sera en résidence au Musée de la civilisation de Québec, dans le cadre du programme Interface du CALQ. Elle vit à Montréal.
natachaclitandre.net
Depuis la fin des années 1990, Claudette Lemay développe un corpus d’œuvres vidéo et d’installations sonores. Son travail a fait l’objet d’expositions collectives et personnelles aux niveaux national et international (Mexique, France, Finlande) et a été présenté dans plusieurs événements à travers le monde, dont le Festival international du film sur l’art (Montréal), les Instants vidéo (Marseille), WRO, Biennale internationale des arts médiatiques (Wroclaw). Elle a complété en 2011 une maîtrise en arts visuels et médiatiques à l’UQAM, elle est membre de l’organisme en arts médiatiques Perte de Signal, de la Chaufferie / Coopérative Lezarts. Originaire de Québec, elle vit et travaille à Montréal.
claudettelemay.com
Les œuvres de Laurent Lévesque ont fait l’objet d’expositions solos et collectives autant au Québec qu’à l’étranger notamment au Musée régional de Rimouski, à Verticale - centre d'artistes, à Oudeis, au Musée des beaux-arts de Sherbrooke, à Regart - centre d'artistes en art actuel et à Art Gallery of Peterborough. En 2017, en plus de participer à plusieurs programmes de résidences, Laurent Lévesque exposera son travail à e4c (Seattle, WA), au Centre d’art actuel Bang (Chicoutimi, QC), à Flux Media Gallery (Victoria, BC) ainsi qu'à Caravansérail (Rimouski, QC).
llevesque.net
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