« VARIATION SUR UNE LUMIÈRE »
10 mai au 4 juin | May 10 to June 4
vernissage 10 mai 17h00 | May 10 ~ 5:00PM
galeriedeste.com
Pierre-Yves Girard, Trame en parcimonie, 2017, huile sur toile, 77 x 84 cm
Ma recherche artistique évolue comme un arbre phylogénétique (système de classement génétique du vivant). Chacune de mes techniques/méthodes d'application en peinture est recensée comme autant de branches distinctes appartenant au même grand ensemble où le « tronc commun génétique » est la peinture à l'huile liquide. Schématiser ma pratique par ce système de classement m'aide à visualiser les liens de parenté entre les « branches » de cette étourdissante diversité picturale qui s'offre à moi. Cela me permet aussi de saisir plus facilement les attributs exclusifs de chacune.
My artistic research evolves as a phylogenetic tree (genetic classification system of living organisms). Each of my techniques / methods in painting is classified as a distinct branch belonging to the same great ensemble, in which the "common genetic denominator" is liquid oil painting. Categorizing my practice through this system helps me visualize the ties between the "branches" of this stunning pictorial diversity that is offered to me. It also allows me to easily grasp the unique attributes of each branch.
Tableau après tableau, les choix que je porte lors du processus créatif s'apparentent à un combat dans une arène mentale. La toile blanche devient alors l'espace vital pour lequel les « branches » se disputent pour exister et prendre de l'expansion. Ce combat pour l'existence est brut et sans morale, plusieurs stratégies du vivant semblent d'ailleurs y trouver leur résonance : compétitivité, symbiose, mutation, parasitage, coopération...
Je vous invite à appréhender ce nouveau corpus de 2017 dans cette perspective.
Si vous êtes d'accord pour vous prêter au jeu, permettez moi de vous partager un petit récapitulatif. Ma première exposition solo à la galerie d'Este, en 2013, était une sorte d'éloge à la diversité. Chaque toile se devait de représenter une branche différente de l'arbre phylogénétique. Je tenais à présenter ce corpus comme tolérant et vaste, où l'ensemble pictural permet la différence dans l'approche technique.
Sans tout d'abord que je ne m'en aperçoive, est survenu de ce terreau mixte un super-prédateur. Une des branches de l'arbre a commencé à s'octroyer toute mon attention en raison de ses impressionnantes propriétés. Elle a progressivement pris tout l'espace vital disponible, dévorant les autres branches de son caractère capricieux. C'est ainsi que pendant les cinq dernières années, je me suis plongé dans une phase de spécialisation vouée à l'exploration et au raffinement de cette seule branche technique, au détriment d'une vision plus exhaustive et diversifiée.
Mais voilà qu'arrive aujourd'hui le tsunami, la météorite, car j'ai choisi d'anéantir cette ère de suprématie.
Vous pourrez observer que le but ici n'est cependant pas d'opérer une rupture totale avec cette dernière période. Cela reste une recherche sur une lumière particulière, propre à une matière translucide travaillée en soustraction, où la gamme des possibles se situe entre un blanc qui est absence de matière et un noir qui en est une saturation totale. L'essence et les apprentissages demeurent. Toutefois, ce corpus est un retour à une exploration qui se revendique du « terreau mixte » de 2013.
Pour cette série, j'ai utilisé le jet d'air à haute pression d'un compresseur comme outil principal. Ce sont d'ailleurs ses propriétés intrinsèques qui définissent la majorité des formes présentes dans les tableaux. Ici, c'est l'omniprésence des cercles, imprimés par l'air sur la matière liquide. Ils s'accumulent, se tordent et s'effacent pour générer une matière foisonnante qui m'apparaît, entre autres, comme possédant une étonnante propension à la figuration des corps. Une panoplie de visages, de têtes, de jambes et de muscles n'ont cessé de tirailler les tableaux abstraits tout au long de la création de cette série. L'intention assumée de figuration est venue en un deuxième temps et j'ai choisi de l'affirmer, car je crois que c'est aussi cela se permettre une diversité en création.
Né en 1982 à Chicoutimi, Pierre-Yves Girard vit et travaille à Montréal. Diplômé de l’Université du Québec à Montréal en arts visuels, il est membre du Centre Clark depuis 2006. Il a obtenu une résidence de production au Centre Sagamie en 2013 et il a participé à l’exposition collective Projet Homa II - Les espaces réciproques à la maison de la culture Maisonneuve en 2014. Il a présenté une exposition solo à la maison de la culture Frontenac en octobre 2015. Son travail se retrouve dans plusieurs collections privées et corporatives.
Painting after painting, the choices I make during the creative process are similar to a fight in a mental arena. The white canvas becomes the living space for which the "branches" compete to exist and expand. This struggle for existence is raw and immoral, putting into play many strategies associated with the evolution theory: competition, symbiosis, mutation, interference, cooperation, etc.
I invite you to interpret this new 2017 series through this evolutionary lens.
If you are willing to lend yourself to this exercise, let me share with you a brief recap. My first solo exhibition at Galerie D’Este, in 2013, was a sort of praise of diversity. Each painting represented a different branch of the phylogenetic tree. I wanted to present this series as inclusive and all-encompassing, where the imagery allows for differences in the technical approach.
Suddenly, without my notice, a super-predator arose from this mixed soil. One of the branches of the tree started grabbing my attention due to its impressive properties. Gradually, it took over all the available living space, devouring the other branches with its temperamental character. I have since, for the last five years, been devoted to the exploration and refinement of this single technical branch, setting aside a more exhaustive and diversified vision.
But here it is, the tsunami, the meteorite, because I finally chose to end this era of supremacy.
You may, however, observe that the aim here is not to completely break with this last period. This new body of works remains a search for a particular light, achieved through subtraction of a translucent material, where the range of possibilities lies between white, the absence of matter, and black, total saturation. This series is a return to an exploration that emerged from the "mixed soil" of 2013, while the essence and the learning process of the last five years have remained.
For this new series, I used the high-pressure air jet of a compressor as my main tool, its intrinsic properties defining most of the forms in the paintings. The omnipresence of the circles is imprinted by the air on the liquid matter. The circles accumulate, twist and fade to generate an abundant substance that seems to have an astonishing propensity for the representation of bodies. A multitude of faces, heads, legs and muscles have constantly emerged from the abstract paintings throughout the creation of this series. Creating figurative elements intentionally only came later, because I believe I must allow my creations to be free and diverse.
Born in 1982 in Chicoutimi, Pierre-Yves Girard lives and works in Montreal. Graduated from Université du Quebec à Montréal with a degree in visual arts, he has been a member of Centre Clark since 2006. He obtained a production residency at the Centre Sagamie in 2013 and he participated in the collective exhibition Projet Homa II – Les espaces reciproques at the maison de la culture Maisonneuve in 2014. He presented a solo exhibition at the maison de la culture Frontenac in October 2015. His work can be found in several private and corporate collections.
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