jusqu'au 23 juin | until June 23
centreclark.com
NICOLAS GRENIER
« VERTICALLY INTEGRATED SOCIALISM »
Nicolas Grenier, Vertically Integrated Socialism
La genèse du projet Vertically Integrated Socialism prend sa source dans les rues du quartier Skid Row, à Los Angeles, où se retrouvent chaque soir entre 10 000 et 20 000 sans-abris. Son atelier étant situé à cet endroit, Nicolas Grenier s’y rendait quotidiennement, le forçant ainsi à développer une vision de Los Angeles qui implique la coexistence journalière de deux mondes diamétralement opposés. D’un côté, on retrouve la réalité du monde des arts avec ses galeries, musées et autres lieux culturels, alimentée par les fortunes personnelles et corporatives, et occupée par différents enjeux artistiques, philosophiques et esthétiques. De l’autre, on découvre la réalité de la misère extrême se déployant dans la rue et régie par une économie basée sur les besoins primaires, dont l’assouvissement difficile et répétitif accapare les sans-abris jour après jour. Deux mondes dichotomiques qui ne se côtoient pas, parmi les dizaines d’autres mondes isolés les uns des autres qui constituent Los Angeles. Dans ce contexte social qui ne cache pas ses iniquités, comment réfléchir à la place des classes au sein de la société?
The genesis for Vertically Integrated Socialism can be traced back to the streets of Los Angeles’ Skid Row neighbourhood, where each night, between 10 000 and 20 000 homeless people converge. Nicolas Grenier’s studio was in that neighbourhood, and his regular presence there forced him to develop an understanding of LA that includes the daily coexistence of two diametrically opposed worlds. On one hand is the art world, with its galleries, museums and other cultural sites, fuelled by private and corporate wealth, and driven by a range of artistic, philosophical and aesthetic concerns. On the other, the harsh reality of extreme poverty on display in the streets, ruled by an economy of basic needs that can never be fully met, and which monopolize the homeless day after day. These two conflicting worlds – and dozens more – can be found in Los Angeles, each one existing in isolation from the other. In light of such blatant disparity, how can the ongoing issue of classes be reconsidered?
SUNITA PRASAD
« STRANGERS AND STAND-INS »
À travers le film, la vidéo et la performance, Sunita Prasad s’intéresse à différentes méthodes de recherche qui lui permettent de traiter des questions de genre et d’identité. Ses œuvres sont des hybrides entre le documentaire et la fiction, tournant souvent autour du concept de re-enactment par lequel l’artiste rejoue ou fait rejouer des scènes afin de remettre en question tout ce qui touche aux comportements attendus dans la société. L’œuvre Presumptuous, que le visiteur pourra voir à l’entrée de la salle, est d’ailleurs réalisée à partir de ce concept. Munie d’une caméra cachée, Prasad filme des individus qui agissent de manière incongrue dans l’espace public. À titre d’exemple, dans le métro de Paris, un homme s’assoit à côté d’un autre homme et place sa main sur son genou. L’individu répond en prenant la main de l’inconnu et en la caressant. Ce bref moment d’intimité révèle à la fois quelque chose d’inattendu et de fortement sensuel, suscitant potentiellement de l’embarras chez certains passagers. Là réside l’intérêt de cette vidéo : créer des moments d’inconfort dans des lieux fréquentés par tout le monde (terrasse d’un restaurant, guichet automatique, parc, etc.). Et si cette expérience devait nous arriver, comment réagirions-nous?
Through her film, video and performance work, Sunita Prasad examines how different research methods allow her to address issues of gender and identity. In the hybrid genre of docu-fiction, she uses re-enactment as a way to play or replay scenes that question certain expected behavioural conventions within our society. In her video titled Presumptuous, presented at the gallery’s entrance, Prasad uses a hidden camera to film individuals acting in strange ways within public space. For example, a man sits next to another man on the Paris metro, and places his hand on the other’s knee. The latter responds by taking the stranger’s hand in his and caressing it. This brief moment of intimacy reveals something both unexpected and very sensual, but could also provoke unease among other riders. Herein lies the work’s main objective: to create moments of discomfort and uncertainty in highly public contexts such as a restaurant patio, an ATM machine, a park, etc. The work seems to ask, if this were to happen to me, how would I react?
NICOLAS GRENIER
À cette question, Nicolas Grenier répond par une fiction architecturale qui rend tangible cette disparité entre les individus. Pour connaître le projet, il faut prendre part à une lecture-performance de l’artiste, livrée dans un format qui mélange la présentation Keynote, l’animation 3D et le livre audio. Il est alors possible de suivre l’histoire d’une personne en quête d’élévation sociale dans un nouveau concept d’habitation expérimental et radical. Ce concept, Vertically Integrated Socialism, imagine l’intégration de toutes les couches de la société dans un seul et même bâtiment, en faisant miroiter la possibilité d’un avenir meilleur grâce à une improbable ascension vers le luxe disponible uniquement au sommet de l’immeuble. Un système économique permet d’intégrer les plus démunis à la base de l’édifice, où ils devront se faire compétition pour s’élever socialement. Ce système est à la fois utopique et pervers. D’une part, il permet d’envisager une situation préférable à celle que l’on retrouve actuellement dans plusieurs grandes villes du monde, mais, d’autre part, il est conçu pour offrir aux gens se trouvant en bas de l’échelle sociale juste assez d’espoir pour leur faire accepter un système économique fondamentalement injuste, les assimiler, et ainsi éradiquer la menace d’un réel changement d’ordre social.
Si vous avez envie de pénétrer l’architecture pyramidale du concept d’habitation élaboré par Grenier, vous devrez impérativement réserver votre place pour assister à une lecture-performance. Trois fois par semaine, tout au long de l’exposition, l’artiste présentera le projet en une séance de 50 minutes dans laquelle vous pourrez l’écouter exposer les tenants et aboutissants de Vertically Integrated Socialism. Lorsque vous arriverez au Centre CLARK, n’hésitez pas à prendre le couloir puis à passer les arches pour entrer dans la salle de présentation. Vous y découvrirez un environnement immersif avec miroirs, colonnes et plantes. Prenez place parmi l’alignement de chaises avec les quelques autres personnes présentes, et vous serez initié(e) au socialisme à intégration verticale.
- Manon Tourigny (en collaboration avec Nicolas Grenier)
N.B. : 3 représentations par semaine, alternant entre le français et l'anglais. Pour l'horaire détaillé et pour réserver votre place (sans frais) : ICI
Nicolas Grenier est un artiste visuel. Il utilise le langage de l'architecture pour imaginer des structures complexes qui donnent corps aux paradoxes moraux du néolibéralisme occidental. Né en 1982, Grenier détient un baccalauréat de l'université Concordia et une maîtrise du California Institute of the Arts. Il réside et travaille en alternance à Montréal et à Los Angeles. Son travail a été exposé internationalement à différents lieux notoires incluant la foire NADA (New York), Gagosian Gallery (Athènes), la Triennale d'art et d'architecture de Bruges (Bruges, Belgique), le Musée d'art contemporain de Montréal, Commonwealth & Council (Los Angeles) et Union Gallery (Londres). Nicolas Grenier est le récipiendaire du Prix Pierre-Ayot 2016. nicolasgrenier.com
L'artiste aimerait remercier la galerie Antoine Ertaskiran, la galerie Luis De Jesus Los Angeles, l'équipe du Centre CLARK et de l'Atelier CLARK.
Nicolas Grenier attempts to address this question through a fictional architecture that renders the discrepancy between these classes tangible. To be introduced to the project, viewers are invited to attend the artist’s lecture-performance, delivered in a format that combines Keynote presentation, 3D animation and audio book. Here, viewers can discover the story of an individual on a quest for greater social status within an experimental and radical new housing concept called Vertically Integrated Socialism. The project imagines the entire social pyramid living under a single roof, and offers the tantalizing potential of a brighter future through an improbable ascent towards the luxurious lifestyle of the higher levels. This economic system invites the poorest citizens to inhabit the base of the building, where they then strive to rise within society’s ranks. As a model, it is both utopian and perverse. On one hand, it envisions a way out of the problematic social conditions found in many of the world’s big cities, but on the other, the structure gives people at the bottom of the ladder just enough hope to buy into an economic system that is fundamentally unjust, that assimilates them, and in turn, eradicates the threat of any real change to the social order.
To fully appreciate the ins and outs of Nicolas Grenier’s conceptual architecture, please reserve your spot to attend one of his 50-minute lecture-performances, presented three times a week for the duration of the exhibition. Upon your arrival at CLARK, go down the hallway and through the arches to the presentation room, where an immersive environment adorned with mirrors, columns and plants awaits you. Have a seat among the other audience members, and enter the world of Vertically Integrated Socialism.
- Manon Tourigny (in collaboration with Nicolas Grenier) / translation : Jo-Anne Balcaen
N.B. : 3 representations by week, alternatley in french and in english. For a detailed schedule and to reserve your place (free of charge) : HERE
Nicolas Grenier is a visual artist. He uses the language of architecture to imagine sophisticated structures that embody the moral paradoxes of our Western neo-liberal system. Grenier (b. 1982) has a BFA from Concordia University and an MFA from the California Institute of the Arts, and lives and works between Montreal and Los Angeles. His work has been exhibited internationally in well-known locations such as NADA Art Fair (New York), Gagosian Gallery (Athens), the Bruges Triennial of Art and Architecture (Bruges, Belgium), the Musée d'art contemporain de Montréal, Commonwealth & Council (Los Angeles) and Union Gallery (London). Nicolas Grenier is the recipient of the 2016 Prix Pierre-Ayot. nicolasgrenier.com
The artist would like to thank galerie Antoine Ertaskiran, Luis De Jesus Los Angeles gallery and the Centre CLARK and Atelier CLARK teams.
SUNITA PRASAD
En entrant dans la salle, le visiteur pourra aussi voir cinq mini-projections. Agni Agonies prend sa source dans les films bollywoodiens que l’artiste archive et qui présentent des femmes entourées par le feu. À l’origine de ces scènes, selon Prasad, il y a l’histoire de Ramayana et la figure de Sita, une femme qui a prouvé sa chasteté à son mari en sortant indemne de son passage à travers les flammes. Dans chaque vidéo, Prasad fait une apparition presque fantomatique en reproduisant la gestuelle et les mimiques des comédiennes, rendant l’effet dramatique souhaité presque ridicule. En jouant avec les codes cinématographiques du genre, l’artiste se moque de ce type d’héroïne perçue comme un archétype idéal de la femme.
Le parcours de l’œuvre de Prasad présenté à CLARK se conclue par la projection de Recitations not from memory. Dans cette vidéo tournée au Bangalore, l’artiste s’intéresse à la question de genre en Inde et particulièrement de la condition des femmes afin de remettre en question le côté patriarcal toujours en force dans le pays. Il faut dire qu’il subsiste toujours de la discrimination envers les femmes, que ce soit en Inde ou ici en occident, bien que celle-ci revête différentes formes selon la société dans laquelle elle s’inscrit. Prasad a mené des entrevues auprès de femmes ayant le même statut socio-économique qu’elle afin de savoir comment le seul fait d’être une femme a pu teinter leurs expériences personnelles. Afin d’opérer un glissement dans la présentation de leurs récits, Prasad a demandé à des hommes, sans aucune expérience d’acteur, d’employer le discours de ces femmes dans des contextes de la vie quotidienne (espace de bureau, café, etc.). Ces mises en situation deviennent bouleversantes, car, à travers ces performances, les hommes incarnent la vulnérabilité des femmes face au statut qui leur est imposé par la société.
En définitive, la démarche de Sunita Prasad permet de remettre en question la normativité imposée dans nos sociétés par des œuvres qui en révèlent les codes tout en les faisant éclater.
- Manon Tourigny
Sunita Prasad est une artiste et réalisatrice basée à New York. Ses projets emploient des techniques d'hybridation entre le documentaire, la fiction et la performance afin de soulever des questions liées au genre, à l'espace public et à l'histoire des mouvements sociaux. Son travail a été présenté internationalement au sein d'institutions telles que le Palais de Tokyo à Paris, Homesession à Barcelone, Torino Performance Art à Turin, Momenta Art à New York et Vox Populi Gallery en Philadelphie. Elle a reçu des prix du Art Matters Foundation, du New York City Department of Cultural Affairs et du Warner Bros. Production Fund. Elle a fait des résidences à TAJ & SKE Projects au Bangalore, au Contemporary Artists Center à Troy (NY) et au Lower Manhattan Cultural Council. sunitaprasad.net
Les oeuvres dans cette exposition ont été produites avec le soutien du Art Matters Foundation, de T.A.J. & SKE Projects, du Brooklyn Arts Council et du Lower Manhattan Cultural Council's Process Space Residency.
Inside the gallery are five mini-projections, comprising Agni Agonies, which is based on the artist’s own archive of Bollywood films that feature scenes of women surrounded by flames. Prasad traces this cinematic trope to the story of the Ramayana and the mythological character of Sita, who proves her purity to her husband by walking through fire, unscathed. In each video, Prasad makes a phantom-like appearance by mimicking the actress’s gestures, with overly dramatic and comical effect. By playing with these cinematic gender codes, the artist lampoons this heroine as an archetype of the ideal woman.
Prasad’s exhibition at CLARK concludes with a projection titled Recitations not from memory. Shot in Bangalore, the video addresses gender issues in India, in particular the status of women, and questions the country’s patriarchal society. Discrimination against women still exists, whether in India or throughout Western society, although the type of discrimination depends on which cultural or social group one belongs to. In an effort to understand how the mere fact of being female has tainted women’s personal histories, Prasad interviewed Indian women of the same socio-economic status as her own and asked them about their experiences. Then, as a way of shifting how these stories would be presented, Prasad asked several men – all non-actors – to recite the women’s accounts in settings that represent their everyday lives (an office, a café, etc.). This re-contextualization is further destabilized by the men’s performances, which succeed in embodying the women’s vulnerability under the status imposed on them by society.
Ultimately, Sunita Prasad’s work allows us to question societal norms, revealing its behavioural codes in the act of subverting them.
- Manon Tourigny (translated by Jo-Anne Balcaen)
Sunita Prasad is a New York City based artist and filmmaker. Her projects employ techniques of hybridization between documentary, fiction, and performance to address issues of gender, public space, and the history of social movements. Her work has been exhibited internationally at venues and institutions including the Palais de Tokyo in Paris, Homesession in Barcelona, Torino Performance Art in Turin, Momenta Art in New York City, and Vox Populi Gallery in Philadelphia. She has received awards from the Art Matters Foundation, the New York City Department of Cultural Affairs, and the Warner Bros. Production Fund, as well as residencies at TAJ & SKE Projects in Bangalore, the Contemporary Artists Center in Troy NY, and the Lower Manhattan Cultural Council. sunitaprasad.net
The works in this show are made possible through the support of the Art Matters Foundation, T.A.J. & SKE Projects, the Brooklyn Arts Council, and the Lower Manhattan Cultural Council's Process Space Residency.
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