commissaire : Emmanuel Galland
jusqu'au 8 avril | until April 8
galerieb312.ca
VALÉRIE BLASS
Mon bâton préféré tenu par l’homme ciment, 2008, ciment, bois, métal, 127 x 61 x 46 cm. Photo : D.R. Collection Ville de Montréal
MATHIEU CARDIN
Il n'en est rien (paysage), 2016-2017, extrait de l’installation, Galerie B-312, matériaux divers, 35,55 x 182,90 x 35,55 cm. Photo : Mathieu Cardin
CHLOÉ DESJARDINS
Réserve, 2011, bois, plâtre et feuille d’acrylique, 165 x 50 x 50 cm, extrait de l’exposition Quelque chose, Galerie B-312 (2012). Photo : Guy L’Heureux
GUILLAUME LA BRIE
Regard de proximité, photographie, action de 2012 réalisée avec Constance La Brie au Musée de Toulon (France), tirage numérique 1/5 de 2017, 40 x 40 cm. Photo : Guillaume La Brie
ADAM BASANTA - JACINTHE LORANGER - GABRIEL MORES
La Partie I de STATUER. Les figures du socle était présentée récemment au centre d’artistes Action Art Actuel (Saint-Jean-sur-Richelieu). Avec de nouveaux artistes et strictement des œuvres préexistantes, la Partie II prend place à la Galerie B-312. Ce n’est donc pas un projet en circulation mais plutôt un questionnement en plusieurs étapes à propos des pouvoirs du piédestal en sculpture (base, buste, statuaire, colonne et autres volumétries 3D) au cours de ce siècle naissant. L’art public, la monumentalité et la commémoration rattachés au socle sont toujours à l’ordre du jour en art actuel; la question du verticalisme n’en est pas exclu.
SOCLE COMMUN. Les sept artistes invités à partager leur travail ici-même abordent la figure du socle dans leur démarche; mais pas simplement. Au fil de la recherche menant à cette exposition et des nombreuses œuvres rencontrées sur le chemin, il est apparu que ces praticiens ont figuré en solo à la Galerie B-312 dans les dernières années : la première étant Valérie Blass en 2005 et la plus récemment diffusée étant Jacinthe Loranger début 2017.
REVISITER. Ainsi, l’angle de cette exposition offre une formulation de type redux et mashup avec un environnement aménagé à partir d’œuvres majoritairement déjà vu dans ce même espace. Recomposition, évocation, repiquage, écho, extraction, sections de solo, copie, réédition : ce corpus apporte également une réflexion sur la nécessité ou pas de la pérennité des œuvres, de leur conservation en l’état ou d’une réinterprétation continue, et, en creux, de la transformation des ateliers des artistes en lieux d‘entreposage.
Le geste du commissaire est celui d’une actualisation d’un passé récent et d’un jeu de quilles entre celui de l’archiviste-historien pur et dur et celui du traducteur par associations plus ou moins libres dans un cadre non muséifié : le centre d’artistes. Incidemment, certains visiteurs assidus de l’édifice Belgo pourront faire l’exercice de la remembrance de telle(s) ou telle(s) pièce(s).
HISTOIRES. La Galerie B-312 a été fondée en 1991, cela marque donc un quart de siècle. Sous forme de commande, cette exposition aurait pu célébrer « l’institution B-312 » mais elle n’en est pas l’objet. Elle opère ainsi par défaut.
2017 marque également le centenaire de la pièce polémique Fontaine de Marcel Duchamp dévoilée en 1917. Mais que fait œuvre d’art dans cet assemblage ? le détournement d’un objet-urinoir connoté ? la signature R. Mutt 1917 directement sur la porcelaine ? Fontaine, son titre ? son repos sur un socle ? le support de monstration est capital en effet, car ici comme ailleurs, le socle érige, rehausse, met en valeur/en lumière. Indissociables, l’œuvre et le socle sont consubstantiels.
RÉPONSES à la pensée unique du piédestal, les « œuvres-socles » valorisent l’intégration, la fusion, l’hybridation dans une esthétique plurielle qui s’est émancipée de la sculpture classique et de son support depuis plus d’un siècle. Contesté, écarté ou écartelé voire réduit ou débauché par les artistes de la modernité et par leurs héritiers, l’emploi du socle a connu moultes turbulences, mais une présence continue. Divers courants en art, mais aussi l’art de l’installation ont fait déchoir la sculpture de son perchoir. Sans que le socle, dé-figuré, ne succombe.
— Emmanuel Galland
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