8 mars au 15 avril | March 8 to April 15
facebook.com/McFrontenac
POL TURGEON
« TRANSFIGURATIONS »
Monsieur de Bionval, 2013-2014, graphite, huile, gouache et vernis sur papier Stonehenge, 28 x 38 cm
Cette exposition se présente comme une suite de tableaux de personnages chevauchant les époques et les dimensions. On se trouve ici face à une galerie d’êtres chimériques dont l’identité semble toujours fluide, échappant constamment à une définition claire, ni tout à fait humaine ni tout à fait animale, souvent à la fois mâle et femelle, contemporaine mais avec un relent d’une autre époque. Cette impression de nostalgie d’un autre siècle provient, entre autres, d’une des sources d’inspiration de Pol Turgeon, soit les sublimes croquis que Jean-Auguste-Dominique Ingres a faits de certains de ses modèles.
MARTIN BUREAU
« LES FABLES DE L’EMPIRE »
Anthropocène 2, 2016, graphite et acrylique sur bois, 60 x 90 cm
Monster Trucks, plateformes pétrolières et icebergs composent Les fables de l’Empire, auxquelles prennent notamment part les grandes religions, une catastrophe ferroviaire, un parcours de golf apocalyptique, une usine pétrochimique et un océan déchaîné touché par Dieu. Qu’on y voie la représentation de fables que se racontent l’humanité et ses empires, ou des histoires que nous raconte l’artiste sous cette forme inventive, la tension entre le sourire incrédule et la leçon de prudence est bien présente, au détour de chaque tableau. Les empires de toutes sortes - étatiques, commerciaux et idéologiques - n’ont pas fini de nous surprendre et Martin Bureau de nous rappeler que la fable n’est jamais bien loin de la tragédie.
POL TURGEON
Les visages sont donc ceux d’individus bien réels qui vécurent tous au 19e siècle, d’où cette aura d’une époque révolue qui enveloppe la série. Ces visages ont inspiré Turgeon et cette aventure s’est rapidement transformée en un voyage dans les sombres tréfonds de l’inconscient de l’artiste, un monde où d’innombrables personnages mijotaient en attendant la lumière. Turgeon n’invente pas ces personnages mais les révèle, et ces apparitions, à leur tour, le transforment.
L’exposition comprend 27 portraits (graphite, gouache avec monotype à l’huile et/ou à la gouache) reproduits et montés sur panneaux sintra 28 x 36 pouces. Une vidéo se greffe à l’exposition nous dévoilant des personnes bien réelles qui, par le recours au body painting ou autres techniques, se transfigurent sous nous yeux, en stop motion, vers des tableaux vivants ou vers d’autres créatures fantasmagoriques.
Muni d’un baccalauréat en design graphique (Université Concordia, 1981), Pol Turgeon fait de l’illustration dès le début des années ‘80; en résulte une multitude de publications pour une production reconnue à travers le monde par plus de 200 prix; notamment deux prix LUX dont un Grand Prix dans la catégorie recherche personnelle. Son travail a été reproduit régulièrement dans les magazines spécialisés que sont Communication Arts, 3X3, Applied Arts, et le livre publié annuellement American Illustrations.
Sa production en arts visuels commence à la fin des années ‘90. Ses œuvres sont présentées au Canada aussi bien qu’aux États-Unis, aussi bien dans des expositions de groupe (Laluzapalooza, La Luz de Jesus Gallery, Los Angeles, 2015; Monsters, galerie Abyss, Montréal, 2015; Retour en images, galerie Art mûr, Montréal, 2015) que dans des expositions individuelles (Transfigurations, galerie Charlotte Hale & Associates, Toronto, 2014; Curiûs Végétatus, maison de la culture Ahuntsic-Cartierville, Montréal, 2014). Son travail a fait l’objet de deux expositions rétrospectives, l’une au Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul en 2009 et l’autre à la Society of Illustrators de New York en 2008. S’ajoute à son c.v. le rôle de concepteur visuel pour des spectacles de danse–théâtre au sein de la compagnie Red Rabbit Project. Pol Turgeon est également enseignant à l’UQÀM (Université du Québec à Montréal) depuis 20 ans.
polturgeon.com
MARTIN BUREAU
WALL and Co. sera montré sous sa forme installative, soit celle d'un mur avec d’un côté un tableau des plus évocateurs et de l’autre, Ils n’ont demandé à personne (2014), un court métrage tourné par Martin Bureau le long du mur de séparation israélo-palestinien.
Plusieurs des tableaux exposés font en effet partie du grand projet interdisciplinaire et multimédia intitulé Les Murs du désordre. Concentré sur trois cas de figure de murs étatiques, soient Israël, Belfast et États-Unis/Mexique, ce projet en cours de réalisation profite de l’apport scientifique de deux chercheurs en études stratégiques et diplomatiques (Josselyn Guillarmou et Zoé Barry), sous la supervision d’Élisabeth Vallet, directrice de l’observatoire en géopolitique de la Chaire Raoul-Dandurand et spécialiste des murs de séparation.
Les fables de L’Empire inclut le dernier tableau de la trilogie Flying Heroes, où des parachutistes survolent des zones catastrophées, en (faux) sauveurs inconscients du danger. Il sera accompagné de quelques tableaux faisant partie d’une série en développement sur l’anthropocène, une ère où la trace de l’homme se serait imposée sur le cours naturel des choses de manière permanente, de telle sorte à former une nouvelle strate géologique constituée de plastique, de béton et de gaz. La nature transformatrice de ce phénomène est ce qui retient l’attention de l’artiste, qui réussit à en faire la synthèse dans Anthropocène, notamment, qui montre le lent dévoilement d’une plateforme pétrolière sous un ciel étoilé.
La fable étant aussi une forme d’allégorie, on devine sous le sens apparent, qui se dégage de ces images puissantes et figuratives portées par des objets et des personnages typés, un sens caché, aux effluves apocalyptiques.
Martin Bureau considère sa pratique comme une forme hybride où se rencontrent le dessinateur, l'artiste en art visuel, le théoricien, le journaliste, le documentariste et le caricaturiste. Depuis ses premiers tableaux en 1996, Martin Bureau explore la ruine, l’entropie et la dualité dans l’image. Avec le temps, cette dualité, au lieu de s’estomper, s’est renouvelée, jusqu’à soutenir le propos social et géopolitique qui constituer le corps structurant de sa pratique actuelle.
« Je ne suis pas un artiste touche-à-tout. Je suis un peintre et un cinéaste. »
Le travail pictural de ce « metteur en scène des enjeux du monde » s’appuie sur des images fortes issues de ses multiples voyages. Dans ses compositions alliant peinture, dessin et transparence, les oppositions se rencontrent et provoquent un sentiment de tension à la fois familier et intrigant. Le peintre privilégie une facture visuelle à la fois rugueuse et lisse, faite de traits fins et précis. Ces contrastes, et l’ambiguïté qui s’installe entre attirance et répulsion, sont pour lui une ligne d’équilibre qui lui permet d’accrocher l’oeil et les capacités réflexives du regardeur.
Dans son travail vidéographique, Martin Bureau cherche de manière similaire à explorer les formes narratives de l’image et du son, inspiré par la vidéo d’art et la peinture, mais aussi par le cinéma-direct. « J’agis, avec les pinceaux, la caméra et lors du montage vidéo, dit-il, par instinct », piqué par les grands enjeux du monde contemporain.
Martin Bureau est né à St-Ubalde et il vit et travaille à Québec. Il détient une maîtrise interdisciplinaire en art avec essai de l’Université Laval et a reçu de nombreux prix et bourses de création et de reconnaissance, tant pour son travail pictural que cinématographique. Ses oeuvres ont été diffusées autant dans les institutions publiques que privées, notamment au Musée national des beaux-arts du Québec, au Musée d’art contemporain Quinta Normal de Santiago (Chili), à l’Exposition universelle de Shanghai (Chine), et dans plusieurs galeries. Prisés par les collectionneurs privés, ses tableaux ont été acquis par plusieurs musées au Québec ainsi que par la Fédération des Caisses Populaires Desjardins, Loto-Québec, l’Assemblée nationale du Québec, SSQ Groupe financier, et les villes de Montréal et de Québec, entre autres.
Ses films documentaires ont considérablement rayonné à l’international et ont été primés dans de nombreux festivals : Hot Docs (Toronto), Regard sur le court (Saguenay), Festival de cinéma de la ville de Québec, Rendez-vous du cinéma québécois, Raindance Film Festival de Londres, Vancouver Latin American Film Festival, Chicago International Film Festival, Cinema on the Bayou, en Louisiane, et Shorts on Corner, à Cannes. En 2016, lors du Gala Prends ça court à Montréal en 2016, Martin Bureau a reçu trois prix, dont ceux du meilleur montage et de la meilleure conception sonore. La même année, il remportait le Prix Création Videre, pour l’exposition de l’année (Check Engine à la Galerie 3) à Québec.
Outre son travail de peintre et de cinéaste, Martin Bureau a réalisé les pochettes de plusieurs disques, dont ceux de Fred Fortin. Après son exposition à la Maison de la culture Frontenac, Martin Bureau est attendu en France, d’abord au Musée d’art contemporain du Val-de-Marne, pour une exposition collective qui réunira une soixantaine d’artistes internationaux, ainsi qu'aux festivals Pico y Pala, à Paris, et 48 images seconde, à Florac. Martin Bureau est représenté par la Galerie 3.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.