9 mars au 15 avril | March 9 to April 15
vernissage 9 mars 20h00 | March 9 ~ 8:00PM
centreclark.com
ANNIE HÉMOND HOTTE
« PANIC MYTH »
Choosing Heads / La Table des Décisions, 2017, oil paint and sticks and vinyl colors on canvas, 202 x 173 cm
Le titre choisi par Annie Hémond Hotte, Panic Myth, convient tout à fait à ce qui est représenté dans les toiles de l’artiste. S’y trouvent à la fois des récits qui mettent en scène des êtres surnaturels dont les traits représentent une certaine idéalisation d’une identité et d’une individualité par un assemblage de plusieurs types ou modèles. Le mythe prend alors forme à travers une galerie de personnages qui se construisent à partir d’une série de codes liés à la peinture, la société et l’actualité. Chaque toile devient un témoin de notre époque qui fait craindre le pire (montée de la droite, recul des acquis pour les femmes, démonisation de l’Autre, etc.).
Annie Hémond Hotte’s exhibiton title, Panic Myth, perfectly embodies her paintings’ subject matter. These contain narratives that depict supernatural beings with features that represent a certain idealisation of identity and individuality through the combination of several archetypes or models. The myth in question takes shape through a collection of characters made up from a series of codes linked to painting, society and current events. Each painting is a reference to our era’s deepening fears (the rise of the right, the loss of women’s rights, fear of the Other, etc.).
LOUIS BOUVIER
« TOUJOURS EN QUÊTE DE LA COMPRÉHENSION TOTALE ET ABSOLUE »
Vers une compréhension totale et absolue # 1, 2016, plomb, et crayon de bois sur papier 130 x 106 cm
Depuis quelques années, Louis Bouvier développe un langage à partir de codes et d’images qui proviennent autant de l’histoire que de la culture populaire. En continuité avec ce qu’il a présenté à la Galerie de l’UQAM (2013) ou plus récemment à L’Écart (2016), Bouvier crée une installation flirtant avec l’in situ dans la plus petite salle de CLARK sur laquelle il intervient en disposant objets, dessins, moulage. L’artiste utilise différentes échelles tant dimensionnelles que spatiales qui offrent de multiples points d’accès à l’installation.
For the past few years, Louis Bouvier has developed a visual language based on codes and images from such diverse sources as history and popular culture. In keeping with the work he presented at Galerie de l’UQAM (2013), and more recently at L’Écart (2016), Bouvier presents an installation of displayed objects, drawings, and castings that act as a kind of in situ intervention in CLARK’s Salle 2. The artist uses the effects of scale – both dimensional and spatial – to offer multiple points of entry into the installation.
ANNIE HÉMOND HOTTE
À titre d’exemple, The War of the Gods/La guerre des capitaux met en perspective le parallèle entre la perpétuelle guerre des religions – encore aujourd’hui – et le fait que l’argent mène le monde. Le tableau sous-entend que, dans l’ombre de ces conflits de valeurs, s’y trouve une soif d’or – et de pétrole – qui occulte le droit de l’homme à plusieurs égards. Dans la même ligne de pensée, The Lunatic Astronaut montre un personnage qui tente de fuir sa situation quotidienne vers un ailleurs meilleur en déménageant sur une autre planète.
Les œuvres évoquent aussi un questionnement sur ce que représente la peinture en 2017. Quels sont les sujets à traiter? Quelles références mettre de l’avant? Comment aborder ce médium qui persiste et signe en cette ère du numérique et de l’internet? Ces quelques questions sont au cœur du travail d’Annie Hémond Hotte. Pour ce faire, elle cherche les symboles qui promeuvent tous les clichés de la peinture pour les utiliser comme un vaste catalogue de signes à reproduire. En fait, l’artiste fixe ce qui caractérise un mouvement pictural et joue sur ces références (constructivisme/Bauhaus, modernisme et expressionnisme avec une touche d’ironie) non pour en faire une critique, mais bien pour en extraire les éléments les plus emblématiques. Dans certaines toiles, les personnages possèdent leur propre identité et présentent des événements ou phénomènes actuels qui réfèrent à l’histoire de la peinture. C’est le cas de Shaman Selfie, Les constructivistes qui est un clin d’œil autant au phénomène des égoportraits qu’à la recherche du motif le plus représentatif de ce mouvement artistique.
L’artiste qualifie son travail pictural de slapstick-ism en ce sens qu’elle représente avec humour des situations de manière exagérée autant dans ses sujets que dans sa façon de les rendre. Son traitement parfois – ou quasi – caricatural entraîne la peinture du côté du grotesque. Avec Choosing Heads/La table des décisions, l’artiste questionne l’idée de construction identitaire par la création d’avatars, phénomène actuel qui existe dans les réseaux sociaux. Elle met aussi en lumière les récentes élections américaines – divisées – laissant le monde entier anxieux des répercussions à venir. Par exemple, comment un individu peut-il agir ou comprendre ses propres droits alors qu’il doit vivre avec des décisions politiques qui vont à l’encontre de ses propres valeurs? Ainsi, si l’artiste se questionne sur le rôle de la peinture aujourd’hui, il semble évident que le médium peut encore saisir dans la matière ce qui préoccupe une bonne partie de la société actuelle.
Annie Hémond Hotte, née à Montréal en 1980, vit et travaille actuellement à Brooklyn, New York. Elle a obtenu un baccalauréat en beaux-arts de l’Université de Londres en 2009 et a également participé à une résidence tenue par Dana Schutz à l’Atlantic Center for the Arts en 2014. Plus récemment, elle a été sélectionnée pour le volume numéro 125 du New American Paintings sur lequel elle figure en page couverture. L’œuvre d’Hémond Hotte a été présentée lors de nombreuses expositions solos ou de groupe au Canada, aux États-Unis, en Asie, en Europe et partout au Royaume-Uni. Parmi celles-ci, on retrouve Young Frankesteins (Lesley Heller Gallery, New York, 2016), Spirit of The Dead Watching (Dan Devening Projects + Editions, Chicago, 2015), Prototypes (Centre d’art contemporain de Vilnius, Lithuanie, 2014), I’m a Painting (Kumu Art Museum of Estonia, Tallinn, 2014), Creative London (Spaces K à Gwacheon, Séoul, Gwangiu, Corée du Sud, 2012) et Two Positions (Thomas Rehbein Gallery, Cologne, Allemagne, 2009).
Je voudrais remercier Roger Rabbit, Phil Guston, tous mes collègues de l’Avant-Garde et mes amis qui sont encore vivants, ma famille qui croit toujours, toute l’équipe du Centre CLARK, David Bowie, Patti Smith et un merci spécial à Bradley Biancardi, mon complice qui est toujours prêt à collaborer à mes projets de fou et qui m’inspire tous les jours.
For example, The War of the Gods/La guerre des capitaux draws a parallel between the perpetuity of religious wars (to this day) and the fact that money is the world’s main driving force. It implies that the true motivation behind these moral conflicts is a thirst for gold – and oil – that overshadows human rights in countless ways. In this same line of thought, The Lunatic Astronaut shows a figure attempting to escape his daily reality by moving to a better place: another planet.
The works also evoke the question of what painting represents in 2017. What subjects should be addressed? Which references should be made? How should one approach a medium that so firmly persists through the digital and Internet age? These questions are at the core of Annie Hémond Hotte’s work. Her method involves collecting symbols that reinforce a clichéd view of painting, which she then uses as part of a vast catalogue of reproducible signs. The artist homes in on what characterizes a pictorial movement (constructivism/Bauhaus, Modernism and Expressionism, with a touch of irony) not to criticize them, but to extract their most emblematic elements. In some of her paintings, the characters have their own identity and represent actual events or phenomenon that relate to the history of painting. For example, Shaman Selfie, Les constructivistes is as much a nod to the selfie craze as it is a quest for the most representative motif of the constructivist movement.
Hémond Hotte describes her image-based work as slapstick-ism, in the sense that it represents situations in a humorous and exaggerated manner, both in her choice of subjects and in her painting technique. Her sometimes – or quasi – cartoonish style gives her paintings a grotesque quality. With Choosing Heads/La table des decisions, the artist questions how identity is constructed through the use of avatars, a current phenomenon in the world of social networks. She also turns her attention to the recent and highly divisive American election, which has left the world in a state of anxiety over what’s to come. For example, how can individuals behave or understand their rights when they must contend with political decisions that go against their own values? If the artist seeks to question the role of painting today, it seems clear that the medium is still quite capable of expressing what preoccupies such a large part of society today.
Annie Hémond Hotte (b.1980, Montreal) lives and works in Brooklyn, NY. She received an MFA from Goldsmiths University of London in 2009. She also attended the Atlantic Center for the Arts Residency in 2014 (hosted by Dana Schutz). Recently, she was selected for the New American Paintings vol. #125 and was featured as the cover artist. She has exhibited her work in several solo and group exhibitions in Canada, the United States, Asia, Europe and around the UK, including Young Frankensteins (Lesley Heller Gallery, New York, NY, 2016), Spirit of The Dead Watching, (Devening Projects + Editions, Chicago, IL, 2015), Prototypes (Contemporary Art Center of Vilnius, Lithuania, 2014), I’m a Painting (Kumu Art Museum of Estonia, Tallinn, 2014), Creative London (Spaces K in Gwacheon, Seoul, Gwangju, Korea, 2012), and Two Positions (Thomas Rehbein Galerie, Cologne, Germany, 2009).
I would like to say thank you to Roger Rabbit, Phil Guston, all my fellows from the Avant-Garde and my friends who still live, my family who always believes, all the staff at the Centre Clark, David Bowie, Patti Smith, and a special thanks to Bradley Biancardi , my partner in crime, who is an inspiration to make art alongside, and always helps to make my crazy projects a reality.
LOUIS BOUVIER
Dans cette exposition, le visiteur retrouvera des composantes récurrentes, dont notamment des corniches qui servent de socles pour divers objets, des dessins présentés dans des cadres non standards, la présence de faux fini, des objets trouvés ou modifiés, etc. Bouvier procède par échantillonnage et assemblage de ces éléments afin de créer de nouveaux récits.
À la manière d’un collage ou d’un cadavre exquis visuel, Bouvier compose ses œuvres par amalgame. L’imposante sculpture de plâtre d’un personnage dont le buste est tronqué en est un bel exemple. Reprenant le drapé de la statuaire grecque, le personnage est assis sur un siège du métro de Montréal. Il tient une sphère miroir — en clin d’œil à Anish Kapoor —, dont la surface déforme tout ce qui s’y réfléchit, telle une anamorphose qui permet d’avoir une vue d’ensemble de la salle.
Bouvier présente aussi des dessins aux traitements réalistes qui se distinguent dans leur imagerie. Dans une première série, il procède selon un mode de collection de type herbier. Alors que le fond présente une figure de l’histoire de l’art, des éléments disposés par-dessus sont tirés d’études de phénomènes culturels ou naturels, que ce soit des signes de gangs de rue ou des espèces de papillons. Explorant une autre approche du dessin, l’artiste met également en relation des images fortes de l’histoire de l’art où apparaissent des acronymes issus de la culture moderne. Ainsi, sur la Vénus de la fécondité est inscrit MVP ou Most Valuable Player, expression du moment signifiant qu’un joueur, par ses habiletés, contribue au succès de son équipe. On peut s’étonner de ce rapprochement, mais dans ce cas-ci, le visiteur pourrait interpréter le choix de Bouvier comme une façon actuelle de reconnaitre la valeur iconique de la Vénus et sa qualité de référent historique précis.
Dans le travail de Bouvier, la présence d’Internet est manifeste. Dans sa quête de révéler de nouveaux paradigmes, l’artiste présente une certaine forme de savoir encyclopédique qui lui permet de recadrer et de détourner des références classiques. En mettant tout sur une même ligne temporelle, il crée une certaine forme d’aplanissement des connaissances. À travers ses compositions, plusieurs références dialoguent et se confrontent, créant une atmosphère pseudo-ethnographique. Toujours vers une compréhension totale et absolue constitue donc une approche de remixage historique aux possibilités infinies et aux interprétations tout aussi multiples.
Louis Bouvier vit et travaille à Montréal, d’où il est originaire. Connu pour ses dessins photoréalistes de grand format, il intègre maintenant sculptures issues de moulages et objets trouvés à ses œuvres. Bouvier a présenté en novembre 2015 deux expositions solos, une à la Maison des artistes visuels francophones de Winnipeg et l’autre à la Galerie de l’UQAM. Avec un appui financier du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), il présente un projet de recherche en deux volets – le premier présenté au centre L’Écart (novembre 2016) à Rouyn-Noranda et le deuxième ici au Centre CLARK. À l’automne 2017, il effectuera une résidence de recherche au Banff Centre chapeautée par le CALQ. Louis Bouvier détient un baccalauréat et une maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’UQAM.
J’aimerais remercier Laura, Véronique, Geneviève, Guillaume, Félix, Ricardo (pas le gars des recettes, un autre), le CALQ et surtout, l’équipe de l’atelier et du Centre CLARK.
Here, the viewer will find certain recurring themes in his work, such as cornices or ledges used as plinths for various objects, drawings presented in non-standard frames, the use of faux-fini, and found or modified objects. Through sampling and assemblage, the artist creates new narratives for each of these elements.
As with collage or a visual exquisite corpse, Bouvier creates his pieces through amalgamation. The imposing plaster figure with a truncated torso is a good example. Recalling the draped figures of Greek statuary, the figure is posed on a seat from the Montreal metro. In a cheeky reference to Anish Kapoor, it holds a spherical mirror whose surface distorts everything it reflects, like an anamorphosis that allows an entire room to be seen at once.
Bouvier also presents drawings made in a realistic style, which stand out through their imagery. In one such series, the artist’s collection process is reminiscent of a herbarium. While the background shows a figure from art history, the foreground elements are culled from natural or cultural phenomena, from street gang signals to butterfly specimens. In another approach to drawing, the artist juxtaposes acronyms from contemporary culture. For example, the letters MVP (Most Valuable Player) are inscribed onto the Venus of fertility, like an honour bestowed upon a player who has significantly contributed to the success of their team. While this pairing may seem odd at first, Bouvier’s choice may be interpreted as a modern way of recognizing the iconic value of the Venus figure and its quality as a precise historical referent.
The Internet has an undeniable presence in Bouvier’s work. In his quest to reveal new paradigms, the artist demonstrates a kind of encyclopaedic knowledge that allows him to reframe and subvert classic references. By placing everything on the same time line, Bouvier creates a kind of levelling of knowledge. Through his compositions, many references enter into dialogue with one another, creating a pseudo-ethnographic environment. Toujours vers une comprehension totale et absolue (Always toward a total and absolute understanding) is a form of historical remixing of infinite possibility and multiple interpretation.
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