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jusqu'au 11 mars | until March 11
graff.ca/galerie
26 mai 2010, Dalian (Chine), 2016, acrylique sur toile, 99 x 129,5 cm
Prenant pour modèles tantôt des photographies prises par l’artiste, tantôt des images glanées sur le web, les peintures des trois séries réunies dans cette exposition – Tableaux photographiques (2016), Passions (2014-2016) et Collections (2015-2016) – se construisent toutes en stratifications complexes de fines touches de couleur. Ainsi, si le regard fugace du spectateur recompose facilement tel visage ou telle scène, celui qui s’y attarde davantage voit ces images lumineuses s’écailler. Comme si ces toiles, bien qu’elles s’inspirent de photographies, y imprimaient une vibrance, un effet de décollement temporel qui, par accumulation ou grattage, condenserait en une seule image la constellation d’instants entourant la prise de vue.
Inspired by photographs taken by the artist or images found online, the paintings from the three series comprised in this exhibition – Tableaux photographiques (2016), Passions (2014-2016) and Collections (2015-2016) – are all made up of a complex layering of minute daubs of color. Although a quick glance allows spectators to reconstruct a landscape or face, upon closer inspection these shimmering images gradually break down, splintering as though the canvases imparted a slight vibrancy to the photographs they are based on. Time appears to come unstuck through a phenomenon of accretion and flaking as the constellation of moments before and after the picture was taken suddenly condense in a single image.
L’effet inattendu de ce traitement de l’espace pictural est renforcé dans les Collections, petits tableaux où s’entassent, comme un motif, objets semblables et contenants anonymes. À travers ces images intrigantes, ces réalités classées de façon artificielle et boulimique, l’artiste nous montre qu’il n’a pas à choisir entre la représentation et l’abstraction. En effet, qu’elles s’inspirent d’objets, de paysages, de réalités humaines ou de souvenirs, les œuvres de Thomas Corriveau établissent un point de contact entre la liberté du peintre, du sujet et du spectateur de ne pas figer le sens d’un moment ou d’une chose, afin de rester un peu plus longtemps en suspension dans son image.
Dans la salle de projection, le film d’animation La bêtise reprend ces idées de multiplicité et de suspension en mettant en scène des personnages désincarnés aux actions mécaniques et répétées. Présenté l’année dernière aux Sommets du cinéma d’animation, ce court-métrage relate la violente confrontation entre deux hommes défendant un territoire anonyme, une forêt qu’ils peuplent graduellement de copies d’eux-mêmes.
Thomas Corriveau est un artiste visuel qui travaille principalement dans les domaines du dessin, de la peinture et du film d’animation. Ses œuvres font partie de diverses collections privées et publiques et sont exposées de façon régulière depuis le début des années 1980 tant au Québec (Canada) qu'à l’étranger. Il est professeur à l’École des arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal et co-fondateur de Grupmuv, un laboratoire de recherche-création dédié au dessin et à l'image en mouvement dans les pratiques artistiques contemporaines.
Les recherches picturales de Thomas Corriveau portent en grande partie sur la constitution d’images par multiplication d’éléments semblables, que ce soit dans des œuvres en dessin, peinture ou des animations projetées en boucle. Il s’intéresse à leur mise en espace et participe à des projets de spectacles multidisciplinaires alliant le dessin animé à la danse ou au théâtre. Explorant les multiples possibilités de la représentation de la figure humaine, il déconstruit l’image, multiplie les points de vue et bouscule nos habitudes perceptuelles, inscrivant la vision comme une activité liée à la temporalité et au mouvement.
The surprising effect intensifies in Corriveau’s Collections, a series of small paintings in which identical objects and nameless containers gather in pattern-like accumulations. Through these intriguing tableaus depicting various compulsively or artificially organized realities, the artist shows us how the figurative and the abstract may coexist. Indeed, whether it is inspired by objects, landscapes, the human condition or personal memories, the work of Thomas Corriveau creates a focal point between the inherent freedom shared by the artist, its subject, and the spectator; namely to forego fixed meanings, and linger a while, as if suspended in a moment’s image.
In the projection room, the ghostly characters of the animated short La bêtise (Folly) revisit this idea of multiplicity and timelessness through their obsessive, clockwork behavior. Showcased at last year’s Sommets du cinéma d’animation, the film narrates a violent showdown between two men fighting for dominance of a strange territory that is gradually overrun by copies of themselves.
Thomas Corriveau is a visual artist who works mainly in the fields of drawing, painting, and animation film. His works are part of various private and public collections and he has exhibited on a regular basis in Quebec (Canada) and abroad since the early 80s. He is a professor at UQAM’s École des arts visuels et médiatiques and co-founder of Grupmuv, a research-creation laboratory focusing on drawing and the moving image in contemporary art practices.
Thomas Corriveau’s pictorial research is primarily concerned with the creation of images through the multiplication of similar elements, whether in drawn, painted, or looped animations. He is interested in their presentation in physical space and participates in multidisciplinary performances that fuse the moving drawing with dance or theatre. Exploring the many ways of representing the human figure, he deconstructs the image, multiplies points of view, and upsets our perceptual habits to present vision as an activity linked to temporality and movement.
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