jusqu'au 4 mars | until March 4
galerietroispoints.com
« FILIGRANES EN MILLE TEMPS »
En collaboration avec Jan Johnson, Old Master & Modern Prints
Olivia McGilchrist, From many sides (video still 3972), 2016, impression jet d'encre sur papier Moab, 69 cm x 119 cm
ALBERT BESNARD - WILLIAM BLAKE - OLGA CHAGAOUTDINOVA CORNELIS CORT - CLINT GRIFFIN - MILUTIN GUBASH - ANNE-RENÉE HOTTE - CARL WILHELM KOLBE - WILHELM LAAGE - MAX KLINGER - OLIVIA MC GILCHRIST GIOVANNI BATTISTA PIRANESI - MARCO RICCI - JOHN RAPHAEL SMITH
Deux femmes, deux générations, deux parcours, l’une très attachée au passé, l’autre résolument ancrée dans le présent, mais une même passion : l’art. Émilie Grandmont-Bérubé, directrice de la Galerie Trois Points, croise le regard aiguisé de Jan Johnson, passionnée d’estampes de maîtres anciens. Au fil de leurs discussions émergent des sensibilités, des réflexions et des questionnements communs qui, visiblement, transcendent les époques. De cette découverte jaillit alors le projet audacieux de présenter en parallèle des œuvres d’artistes de la galerie et des gravures de grands maîtres européens, produites entre les 15e et 20e siècles.
Two women, different generations, different paths: one passionate about the past as the other is strongly anchored in the present. Both share a similar passion for art. Director of Galerie Trois Points Émilie Grandmont-Bérubé meets the keen eye of Jan Johnson, an expert and highly reputed dealer in Modern and Old Masters prints for nearly forty years who is now located in Chambly (QC) when not travelling around the world to find new works and meet clients. Over the course of their discussions there have emerged common sensitivities, reflections and questions transcending eras. They started elaborating an audacious project: to produce a group exhibition featuring works by gallery artists alongside Modern and Old Master prints created between the 15th and 20th centuries.
ANNE-RENÉE HOTTE
« LA LAISSE »
Cette nouvelle proposition de l’artiste allie œuvres vidéo et photographiques dans un fort rapport à la sculpture et à l’installation, prenant pleinement possession du second espace d’exposition de la galerie. Réalisée lors d’une résidence d’artiste en Gaspésie, La laisse explore les notions de temps et d’espace en combinant une documentation des vagues et des résidus laissés par les marées : la laisse. En suivant ces lignes dans une quête quotidienne, Anne-Renée Hotte poursuit un désir de capturer les marqueurs temporels de ces traces visibles sur le rivage.
Combining video and photographic works whit a strong relationship to sculpture and installation, Hotte fully inhabits our second exhibition space. Conducted during an artist's residence in Gaspésie, La laisse explores the notions of time and space by combining a documentation of the waves and residues left by the tides: la laisse. Following these lines in a daily quest, Anne-Renée Hotte pursues her work created with a desire to capture the temporal markers of these visible traces on the shore.
« FILIGRANES EN MILLE TEMPS »
Le rapport à l’art se conçoit dans le dialogue : celui, parfois très intime, entre notre regard et l’œuvre d’art, mais aussi entre les œuvres elles-mêmes ou encore entre les artistes. L’art contemporain permet de confronter notre interprétation personnelle des œuvres avec celle que leur prêtent leurs auteurs. Pouvoir ainsi échanger directement avec les artistes est un grand privilège.
Peu importe les siècles, l’artiste – comme tout humain - est porté par la même quête de sens : l’amour, la perte, le vide, la solitude, la conscience aigüe que le temps qui passe est à jamais perdu… C’est dans cette quête essentiellement humaine que se rejoignent les œuvres que nous avons ici réunies, dans ce désir de se mesurer à l’espace qui nous entoure, à la société dans laquelle on s’inscrit et qui évolue à coup de transformations et de mutilations, dans ce désir de défier la mort et de rendre vibrant l’héritage qui nous a été laissé.
Devant des œuvres créées des siècles plus tôt, notre regard change : il faut nous projeter dans un autre espace-temps, quand les heures coulaient plus lentement, que les rencontres pouvaient s’étirer, quand l’idée même de voir nos vies entières régies par de minuscules petites boites électroniques tenait d’une science-fiction... qui n’existait pas encore. L’exposition Filigranes en mille temps offre à des œuvres du passé l’occasion de dialoguer librement avec des œuvres d’aujourd’hui. La rêverie dans le regard de l’enfant chez Besnard faisant écho à un désir de créer et mesurer l’espace chez Clint Griffin, alors que les caractères laissés sur un drap par la grand-mère mourante d’Olga Chagaoutdinova jettent une nouvelle lumière sur l’ossuaire de Piranesi.
La peinture, la vidéo, la photographie et la gravure s’entremêlent dans une quête artistique particulièrement actuelle. Les œuvres de Olga Chagaoutdinova, Clint Griffin, Milutin Gubash, Anne-Renée Hotte et Olivia Mc Gilchrist côtoient avec bonheur les Albert Besnard (1849-1934), William Blake (1757-1827), Cornelis Cort (c.1533-1578), Max Klinger (1857-1920), Carl Wilhelm Kolbe (1759-1835), Wilhelm Laage (1868-1930), Giovanni Battista Piranesi (1720-1778), Marco Ricci (1676-1729) et John Raphael Smith (1752-1812). Leurs œuvres se déploient, s’associent en de nouveaux arcs narratifs et nous offrent une autre lecture, jamais figée, continuellement en mouvance.
Art is a dialogue. Sometimes a quite intimate one, captured between our gaze and the artwork, at other times it is a dialogue between the works or between artists. Contemporary art sometimes gives us that great privilege of actually exchanging with artists, allowing us to compare interpretations or understandings of what we are experiencing.
Regardless of the century in which he lives, the artist - like every human being - is pulled by the same search for meaning in the face of love, loss, emptiness, loneliness, acute awareness of time passing by and lost forever. It is within that essential human quest that the works gathered here find a common place, commenting upon their social context and its transformations, by their record defying obscurity and celebrating lasting values.
When facing art created centuries before, our gaze changes: we must project ourselves into another space and time, when hours flowed much more slowly, when encounters lasted longer and when the very idea of seeing our whole lives dictated by tiny little electronic devices would have been pure science fiction... Filigranes en mille temps offers to works from the past an opportunity to interact freely with works of today. The reverie in the child’s eyes’ in the Besnard print echoes a desire to create and measure space with Clint Griffin, while the written characters on Olga Chagaoutdinova’s grandmother’s deathbed brings a new light to Piranesi’s ossuary.
Painting, video, photography and prints intermingle in a particularly current artistic quest. The works of Olga Chagaoutdinova, Clint Griffin, Milutin Gubash, Anne-Renée Hotte and Olivia Mc Gilchrist come together beautifully with those of Albert Besnard (1849-1934), William Blake (1757-1827), Cornelis Cort (c.1533-1578), Max Klinger (1857-1920), Carl Wilhelm Kolbe (1759-1835), Wilhelm Laage (1868-1930), Giovanni Battista Piranesi (1720-1778), Marco Ricci (1676-1729) and John Raphael Smith (1752-1812). Their works unfurl, creating new narrative arcs as they offer a new never fixed and continuously moving reading.
ANNE-RENÉE HOTTE
Elle parcourt de longues distances en bord de mer, documentant le phénomène par des centaines d’images prises à intervalles irréguliers, puis assemblées pour composer de très longues photographies faisant écho à une ligne de temps se prolongeant à l’infini. Impossible à saisir dans leur entièreté, les tirages mesurant jusqu’à près de quarante-cinq mètres sont présentés partiellement déroulés, la photographie se muant en objet sculptural dont seules quelques fragments sont perceptibles. L’œuvre demeure essentiellement dissimulée à notre regard, la photographie devient ainsi un objet où les marques du temps forment l’empreinte visuelle d’un moment précis, témoin de ce qui est caché au regard, entrelaçant subtilement images, lieux et temporalités.
Présentée en boucle, l’œuvre vidéo révèle une superposition d’images de vagues en mouvement capturées quotidiennement durant la résidence de l’artiste. L’accumulation d’images aux variations subtiles crée une abstraction, tel un palimpseste qui questionne notre perception du temps.
Oscillant entre mouvance et fixité, notre regard est continuellement déjoué par les différentes stratégies visuelles et spatiotemporelles mises en place par l’artiste, mobilisant la perception du spectateur dans un univers de transparences et de lenteur.
She travels long distances along the sea, documenting the phenomenon by hundreds of images taken at irregular intervals. She then assembles them, creating extremely lengthy photographs echoing a timeline infinitely extended. Impossible to grasp in their entirety, the prints measure up to150 feet and are presented partially unrolled, letting the photography become a sculptural object, only fragmentally visible. The work remains essentially concealed to our eyes, thus the photograph becomes an object where the marks of time form the visual imprint of a very precise moment, a witness to what is hidden from view, subtly intertwining images, places and temporalities.
Presented in loop, the video piece reveals a superposition of images of waves in motion captured daily during the artist's residence. As the subtle variations in the images accumulates, the work becomes abstract, like a palimpsest questioning our perception of time.
Oscillating between movement and fixity, our gaze is continually thwarted by the different visual and spatiotemporal strategies the artist implemented, mobilizing the viewer’s perception in a universe of transparencies and slowness.
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