« NOTMAN, PHOTOGRAPHE VISIONNAIRE »
Comissaire : Hélène Samson
jusqu'au 26 mars | until March 26
musee-mccord.qc.ca
Wm Notman & Son, Mlle Evans et des amies, 1887, négatif sur verre inversé © Musée Mccord
Grande exposition thématique sur la vie et l’œuvre de ce Montréalais, le premier photographe canadien à atteindre une réputation internationale et pionnier de la photographie au Canada au 19e siècle. L’ensemble de son œuvre, avec ses paysages d’est en ouest et ses portraits, a contribué à construire l’identité nationale canadienne. L’exposition réunit quelque 300 photographies et objets puisés essentiellement dans la collection du Musée McCord. Proposant un point de vue renouvelé sur la carrière de William Notman (1826-1891), cette présentation s’articule autour des aspects de la personnalité de l’artiste qui ont contribué à son immense succès. Elle met en lumière son approche moderne de la photographie, fondée sur les principes de la communication, de la gestion et de l’innovation. Si les épreuves d’époque sont au cœur de l’exposition, des installations multimédias et des dispositifs interactifs s’y greffent pour offrir à un public contemporain une information dynamique permettant de mieux saisir la notion de modernité au 19e siècle.
L’exposition Notman, photographe visionnaire a été organisée et mise en circulation par le Musée McCord, dans le cadre des festivités entourant le 375e anniversaire de Montréal et le 150e anniversaire de la Confédération canadienne. Hélène Samson, conservatrice des Archives Notman au Musée McCord, assure le commissariat de l’exposition, qui sera présentée ultérieurement au Musée canadien de l’histoire, à Gatineau, et au Glenbow Museum, à Calgary.
« C’est en 1956 que le Musée McCord recevait les Archives photographiques Notman, devenues l’une des collections emblématiques de notre institution, déclare Suzanne Sauvage, présidente et chef de la direction du Musée. Soixante ans plus tard, son travail est plus pertinent que jamais. Cet artiste talentueux et avant-gardiste a documenté, mieux que quiconque, la naissance de la nation canadienne et l’histoire de Montréal, alors ville pivot du développement du pays. Nous avons souhaité lui rendre un juste hommage en cette période de célébrations en lui consacrant une exposition et en publiant un livre sur son œuvre. »
L’exposition se divise selon quatre thèmes inspirés de l’audace de Notman, en tant qu’homme d’affaires, homme de réseaux, artiste et bâtisseur.
Né en Écosse, William Notman quitte, à l’âge de 30 ans, la mercerie familiale alors en difficultés financières et émigre vers le Canada en 1856, accompagné de sa femme et de ses enfants. Confiant dans l’avenir, il arrive à Montréal, une ville en pleine effervescence. Notman comprend très vite qu’il doit intégrer un réseau d’hommes influents. Il y parvient rapidement, s’adressant à une élite qui assure sa prospérité. Grâce à ses relations, il décroche le contrat de photographie des travaux de construction du pont Victoria, un véritable exploit d’ingénierie pour l’époque, qui joue un rôle stratégique pour l’essor économique de Montréal. Une sélection de ces images, réunies dans un coffret d’érable, sera offerte en souvenir au Prince de Galles venu inaugurer le pont en 1860. Notman peut désormais se dire Photographe de la reine. Il produit également un album offert par la Ville de Montréal à la Ville de Paris en 1878 dans le cadre d’échanges diplomatiques, que les visiteurs pourront parcourir de façon virtuelle dans l’exposition.
Artiste dans l’âme – il sera à l’origine, avec un groupe d’hommes d’affaires, de la création de l’Art Association of Montreal – il sait voir dans la photographie un art à part entière, un concept bien peu répandu à son époque et qui ne sera accepté qu’au vingtième siècle. Il abolit la frontière entre la photographie et la peinture en produisant des photographies peintes, des photos composites et en élaborant des mises en scène étudiées. À sa manière, il ouvre la voie à la manipulation créative de l’image photographique, préfigurant les idées et les usages de la photographie au 20e siècle. Pour Notman, la photographie est un nouveau mode d’affirmation identitaire et collective. Ainsi contribue-t-il à la démocratisation du portrait, photographiant aussi bien des anonymes que des notables, des membres des Premières Nations, des trappeurs et des voyageurs.
Notman n’hésite pas à faire appel à des procédés photographiques de pointe dont la stéréographie qui permet de voir, en 1860, les photographies en trois dimensions, et le composite, ancêtre de Photoshop, qui témoignent de son flair quant à l’avenir de la photographie. Il ne cesse d’innover et contribue activement à la naissance de technologies qui permettent à la fois la multiplication et une large circulation de l’image. Grâce à l’édition, Notman fait figure de pionnier dans le domaine de la publication d’ouvrages illustrés de photographies. Il promeut la photographie en tant que beaux-arts et fait ainsi circuler ses idées. Ses efforts soutenus dans cette voie annoncent la diffusion massive de l’image et concourent à l’alliance moderne entre le monde de l’imprimé et la culture visuelle. William Notman participe assidûment aux concours internationaux et aux expositions universelles où il remporte plusieurs prix au cours de sa carrière.
Sa gestion très moderne et son sens aigu des communications le font connaître partout. Véritable entrepreneur, il gère ses affaires de main de maître et son réseau compte, en 1872, jusqu’à vingt-six studios franchisés au Canada et aux États-Unis. Après la disparition de l’artiste, les activités du Studio Notman, devenu le studio Wm Notman & Son en 1882, se poursuivront, jusqu’en 1935, sous la direction de ses fils William McFarlane Notman et Charles Frederick Notman.
Un livre sur William Notman et son œuvre, Notman, un photographe visionnaire, a été publié à l’occasion de l’exposition, grâce à la générosité de Power Corporation du Canada. Véritable ouvrage de référence sur l’artiste, doté d’une couverture rigide, il comprend 240 pages, 150 illustrations et sept essais rédigés par des historiens de la photographie et des archivistes spécialistes de Notman, sous la direction d’Hélène Samson. Le graphisme a été conçu par l’agence montréalaise Paprika. Publié par les Éditions Hazan, Paris, en coédition avec le Musée McCord, en versions distinctes française (distribution : Hachette) et anglaise (distribution : Yale University Press), il est vendu au coût de 59,99 $, à la Boutique du Musée McCord et à sa nouvelle boutique en ligne, où il est aussi possible de commander des objets personnalisables de l’exposition. boutiquemccord.com
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