« LES GLACIERS »
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« La masse de neige transformée en glace qui constitue un glacier, quasi immobilisée au revers des sommets couverts de neiges éternelles, n'est immobile qu'en apparence. En vérité, elle se meut avec une lenteur qui se mesure par des années. »
- Amédée Guillemin, La neige, la glace et les glaciers, x.
Inspirée du tome XVII - La neige, la glace et les glaciers de la Petite encyclopédie populaire (1878-1891), ouvrage de vulgarisation de l'auteur scientifique Amédée Guillemin, Les glaciers est la pointe apparente d'une exploration beaucoup plus vaste dont maints aspects demeurent submergés. Si l'ouvrage détaille rigoureusement chacune des conditions physiques et atmosphériques nécessaires à la formation de phénomènes météorologiques tel la neige, le grésil, la glace et les glaciers, cette proposition de l'artiste évoque plutôt la propriété-tant intrinsèque que métaphorique-de ces derniers à dérober, occulter, cacher.
"The heap of snow transformed into ice constitutes an iceberg. Almost immobile at the bottom of summits covered in eternal snows, it is still only in appearance. In truth, it moves with a slowness that is measured in years."
- Amédée Guillemin, La neige, la glace et les glaciers, x.
Inspired by Volume XVII- La neige, la glace et les glaciers from the Petite encyclopédie populaire (1878-1891), a work of popular science literature by French author and journalist Amédée Guillemin, Les glaciers is the visible tip of a vast exploration of which many aspects remain submerged. If the book rigorously details each of the physical and atmospheric conditions necessary to the formation of meteorological phenomena such as snow, hail, ice and icebergs, this proposal by the artist rather evokes the latter's property - intrinsic and metaphoric - to hide, to conceal, to obscure.
Élément récurrent du langage visuel de Patrick Bernatchez, les glaciers et ce qu'ils camouflent se posent ici comme une référence aux méandres de l'inconscient. Longtemps perçus comme éternels, les icebergs amorcent leur fonte, et libèrent du même coup instincts dormants, songes engloutis, passés cristallisés.
Investissant cet espace symbolique, un miroir gravé, un cyanotype et des dessins à l'encre et au plomb, dont l'exécution minutieuse trace les contours de scènes oniriques, révèlent, lors d'une observation indulgente, la présence en filigrane de memento mori non moins saisissants. Dans l'image et dans son déploiement, la notion de dualité qu'exhibent ces dessins funestes s'étend bien au-delà de ceux-ci, puisqu'elle imprègne l'ensemble de la production exposée. Des objets trouvés, soigneusement choisis, découvrent une double nature qui détrompe leur simple apparence. Le détournement de leur usage prescrit et la dissimulation d'histoires codées sont autant de méthodes qui mettent en exergue la pertinence allégorique des écrits de Guillemin dans la cadre de ce projet ; Ceux-ci précisent le désir latent, dans la composition laborieuse d'œuvres gigognes, de transcender le passage du temps et de voir dans son apparente fatalité une occasion de se pencher sur ce qu'il expose de la nature humaine. Imprégnant l'ensemble de la pratique de l'artiste, ces idées esquissées dans des ensembles tels que Chrysalides et Lost in Time reviennent hanter Les glaciers, qui se dévoilent dans une lenteur romantique.
Patrick Bernatchez (1972-) a participé, entre autres, à des expositions à la galerie West (La Haye, Hollande), au Fresnoy Studio National des Arts Contemporains (Tourcoing, France) au Mass MOCA (Massachussetts, États-Unis) et au Musée national des beaux-arts du Québec (Québec, Canada). En 2014, son travail faisait l'objet d'une exposition majeure, Les temps inachevés, au Casino Luxembourg (Luxembourg) puis au Centre Argos (Bruxelles, Belgique), au Musée d'art contemporain de Montréal (Montréal, Canada) et à The Power Plant (Toronto, Canada). Ses oeuvres font partie, notamment, de la collection du Musée des beaux-arts du Canada et du Musée d'art contemporain de Montréal. Bernatchez travaille et vit à Montréal.
A recurring element in the visual language of Patrick Bernatchez, icebergs and what they mask are positioned here as a reference to the meanders of the unconscious. Long perceived as eternal, glaciers here start to melt and liberate dormant instincts, engulfed dreams, crystallized pasts.
Investing this symbolic space, an engraved mirror, a cyanotype and ink and graphite drawings, whose meticulous execution traces the contours of oneiric scenes, reveal striking filigreed memento mori. The notion of duality exhibited by these sinister drawings extends beyond the paper; it imbues the entirety of the production presented here. Found objects, carefully selected, expose a double nature that subverts their simple appearance. The détournement of their prescribed use and dissimulation of coded histories act here to emphasize the allegorical pertinence of Guillemin's writings for this project. They refer to a latent desire, in the laborious composition of works unfolding like Russian dolls, to transcend the passage of time and see in its apparent fatality an occasion to contemplate what it discloses about human nature. Pervading the Bernatchez's practice, these ideas already outlined in bodies of work such as Chrysalides and Lost in Time return to haunt Les glaciers, which reveal themselves with romantic languidness.
The work of Patrick Bernatchez (b.1972) has been shown at Galerie West, (The Hague, Holland), Le Fresnoy Studio National des Arts Contemporains (Tourcoing, France), Mass MOCA (Massachussetts, United States) and at Musée national des beaux-arts du Québec (Québec, Canada). In 2014 and 2015, his work was the subject of a major exhibition, Les temps inachevés, presented at Casino Luxembourg (Luxembourg, Luxembourg), Argos Centre for Art and Media (Brussels, Belgium), the Musée d'art contemporain de Montréal (Montréal, Canada) and The Power Plant (Toronto, Canada) in 2016. His work is part of the collection of the National Gallery of Canada and the Musée d'art contemporain de Montréal. Bernatchez lives and works in Montreal.
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