19 et 20 nov 11h00 | Nov 19 & 20 ~ 11:00AM
scvlptvre.com/rencontres
André Fournelle, L’attente, 1986, colonne en bronze, patinée bleu, chaise en tube néon, bleu de cobalt, cristaux de sel, 180 x 150 x 80 cm
Dans le cadre de l'événement Scvlptvre, exploration créative de l'art d'Andre Fournelle par la méthode « dialogique » du Professeur Norman Cornett.
« Pour moi, la colonne suggère une aventure référentielle au culte de la mémoire comme mythologie et non comme élément d’architecture.
La colonne nous oblige à parler « d’humanitude », terme défini par Albert Jacquard
comme « l’apport de tous les hommes d’autrefois
et d’aujourd’hui à chaque homme ».
La colonne est le support de la connaissance.
La colonne relie l’homme au divin.
La colonne est un élément d’équilibre,
de spiritualité et de conscience. » Tiré du livre André Fournelle, page 123
Comment, à travers les traces du passé, dire la grandeur et la misère de l’humanité ? Est-il possible de rappeler, en même temps, l’horreur de la guerre et les grandes réalisations de l’esprit de l’humanité ? Le mal et le bien peuvent-ils ainsi cohabiter aussi fortement dans une représentation unique ? André Fournelle est partagé entre le constat de la guerre permanente et le besoin de paix. Depuis quelques années, son travail tend, à travers l’utilisation de témoins de destructions physiques, à susciter une conscience pour la liberté, pour le respect des œuvres de l’esprit. L’installation qu’il présente au musée, Passage, témoigne de cette juxtaposition difficile de la guerre et de la culture.[...]
Ainsi, la présence de la guerre se trouve-t-elle rappelée par le fil barbelé, les colonnes brisées derrière lesquelles se cachent des visages de soldats, la barricade des sacs de sable. Pour sa part, la composition architecturale rappelle la Grèce classique, les sources de la culture occidentale contemporaine. André Fournelle, dans les notes qu’il nous a fournies, relie sa narration à l’attaque allemande de 1687 pour déloger les Turcs du Parthénon, où ils avaient installé une poudrière. Tous ceux qui aimaient la beauté de ce chef-d’œuvre antique haïrent Konibsmarck. Le monde entier se soulèverait aujourd’hui si le Parthénon se trouvait de nouveau pris en otage.
Le Parthénon est devenu un symbole. Il n’est plus le temple d’Athéna, ni l’église chrétienne, ni la mosquée arabe. Il est un signe culturel, une abstraction de l’esprit malgré son état de ruines. Et la force de sa permanence dans notre culture nous oblige à le sauver.
Le Parthénon réfère aux traces que laisse le passage de l’homme. En lui, il porte les hauts et les bas d’une civilisation, les viols des conquérants étrangers, les restaurations calculées et, de façon constante, les marques naturelles du temps.
Sauver le concept de ce monument gigantesque : reprendre l’étude sophistiquée de la perspective et de la lumière ; rappeler l’apport indéniable de cette architecture mathématique à la fois musique et poésie ; rendre soutenable au regard, mais sans les dissimuler, les méfaits de la guerre et du temps comme pour sauver la Beauté.
André Fournelle suggère une éthique universelle vis-à-vis des réalisations intellectuelles de l’humanité. Il ne nie pas l’horreur et la destruction, mais à travers elles, il rappelle ceux et celles qui meurent innocemment, ceux et celles qui construisent un savoir plus grand. Et ces réalisations, il voudrait les voir appréciées.
- Claude Gosselin Commissaire de l’exposition : Détours, voire ailleurs 1983 Musée d’art contemporain de Montréal
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