« FOCUS : PERFECTION »
jusqu'au 22 jan | until Jan 22
mbam.qc.ca
Robert Mapplethorpe (1946-1989), Melody (Shoe) [Melody (Chaussure)], 1987, épreuve gélatino-argentique, 48,9 × 49,2 cm. Don de la Robert Mapplethorpe Foundation au J. Paul Getty Trust et au Los Angeles County Museum of Art. © Robert Mapplethorpe Foundation. Used by permission.
Robert Mapplethorpe (1946-1989) est l’un des photographes les plus influents du XXe siècle, reconnu pour ses compositions maîtrisées et ses sujets ayant suscité des réflexions nouvelles sur les questions de genre, de race et de sexualité. Le MBAM présente, en exclusivité canadienne, la première grande rétrospective de ce photographe en Amérique depuis l’exposition emblématique The Perfect Moment, montée en 1988 par l’Institute of Contemporary Art de Philadelphie, et la controverse nationale qu’elle a suscitée, dans le contexte des « Culture Wars » aux États-Unis. Organisée par le Los Angeles County Museum of Art (LACMA) et le J. Paul Getty Museum en collaboration avec la Robert Mapplethorpe Foundation et le MBAM, cette exposition a déjà attiré plus de 500 000 visiteurs à Los Angeles et continuera sa tournée vers Sidney, en Australie, après sa présentation montréalaise.
One of the most influential photographers of the twentieth century, Robert Mapplethorpe (1946-1989) gained renown for his masterful compositions and subjects that have compelled new reflection on questions of gender, race and sexuality. The MMFA is presenting the first major North American retrospective on Robert Mapplethorpe’s œuvre since the landmark exhibition The Perfect Moment, organized in 1988 by the Institute of Contemporary Art in Philadelphia, and the national controversy that it provoked during the US Culture Wars of the 1980s and 1990s. It is the only Canadian venue for the exhibition. Organized by the Los Angeles County Museum of Art (LACMA) and the J. Paul Getty Museum in collaboration with The Robert Mapplethorpe Foundation and the MMFA, this exhibition has already drawn over 500,000 visitors in Los Angeles and will continue its tour to Sydney, Australia, after its presentation in Montreal.
Couvrant toute la carrière de Mapplethorpe, depuis ses premières productions de la fin des années 1960 jusqu’à sa mort prématurée en 1989, près de 300 œuvres jettent un nouvel éclairage sur ses genres stylistiques de prédilection : le portrait, le nu et la nature morte. Elles dévoilent les méthodes de travail et les techniques préférées du photographe ainsi que le caractère spontané et expérimental de sa pratique, tout en mettant l’accent sur la perfection esthétique de ses tirages.
« Mapplethorpe est un artiste puissant : peu d’œuvres ont connu un tel retentissement au-delà de la sphère artistique, car il a décadenassé des interdits sociaux. Armé d’un œil esthétique au scalpel et d’une grande culture visuelle, il a révélé trois tabous de la société américaine : la violence, l’homosexualité et les relations interraciales… dont les stigmates demeurent. Mapplethorpe a forcé un débat, historique et toujours contemporain, contre la censure artistique, bien sûr, mais surtout sociale. Son œuvre, si actuelle dans son propos engagé, ne pouvait que profondément renforcer les valeurs de tolérance et d’ouverture que je souhaite véhiculer avec le Musée. » – Nathalie Bondil, directrice et conservatrice en chef du MBAM
Robert Mapplethorpe naît dans le Queens en 1946, au sein d’une famille catholique de la classe moyenne. En 1967, il s’inscrit en graphisme publicitaire au Pratt Institute, puis opte pour les arts graphiques. Il se conforme d’abord aux normes imposées, mais comme beaucoup de membres de sa génération séduits par les modes de vie alternatifs, il est attiré par la contre-culture. Avant même d’aborder la photographie, il compose des collages à partir d’images de magazines ou de publicités qu’il s’approprie, manipule et peint à la bombe aérosol. Ces premières pièces révèlent déjà un penchant iconoclaste, mais aussi une réelle détermination à s’exprimer par l’art malgré ses moyens limités pour acheter du matériel. Patti Smith – son amie intime – reconnaît tout de suite son talent et son ambition. En 1970, il commence à manier un appareil (un polaroïd qu’il a emprunté) : la photo devient son mode d’expression idéal, autant pour lui que pour la capture d’un moment qu’il qualifiera de parfait.
L’instantanéité du polaroïd et les possibilités qu’il ouvre sur le plan de l’observation stimulent à fond sa créativité mais, bientôt, le jeune photographe rêve d’images de qualité supérieure, plus sophistiquées. Pour réaliser les clichés artistiques qu’il a en tête, il lui faut un équipement haut de gamme, un studio professionnel, la totale maîtrise de l’impression en termes de qualité et de quantité, de même que l’accès aux galeries et aux grands musées et, bien sûr, la possibilité de gagner de l’argent. Grâce à des mécènes comme Samuel J. Wagstaff, Jr., mais aussi grâce à son charisme et à son dynamisme innés, Mapplethorpe commence à cultiver des liens à New York avec les mondains et les artistes d’Uptown comme de Downtown. En moins d’une quinzaine d’années, il accumule une œuvre impressionnante et multiplie les expositions, depuis son premier solo en 1973 jusqu’aux grandes rétrospectives de 1989, année où il s’éteint à l’âge de quarante-deux ans.
L’annonce de sa fin imminente – il est diagnostiqué séropositif en 1986 – joue un rôle décisif dans la fabrication de son style personnel. Avant de mourir, Mapplethorpe entend établir de manière définitive le fil conducteur stylistique qui relie entre eux tous ses genres photographiques de prédilection : portraits, images à caractère sexuel et natures mortes florales. Il a le désir de léguer à la postérité un authentique héritage artistique, par l’entremise d’une « marque de fabrique » originale, synonyme de succès. Il met sur pied en mai 1988 une fondation dont la mission, en plus de préserver son patrimoine, est de contribuer à la recherche sur le sida et de soutenir des publications et des expositions consacrées à la photographie.
Tracing the artist’s entire career, from his early production in the late 1960s to his untimely death in 1989, the exhibition features close to 250 works that shed new light on the key genres that Mapplethorpe pursued: portraiture, the nude and the still life. It reveals the photographer’s working methods and techniques, presenting the improvisational, experimental aspects of his practice alongside the aesthetic perfection of his prints.
“Mapplethorpe was a powerful artist: few bodies of work have created such a stir beyond the art world, for he brought social taboos out into the open. Armed with a razor-sharp aesthetic sense and a vast visual culture, he put on display three taboos of American society — violence, homosexuality and interracial relationships — whose scars remain, even today. Mapplethorpe forced a debate, one that has a long history and still goes on, about artistic, but especially social, censorship. His work, so current in its commitment, could only reinforce the values of tolerance and openness that I want the Museum to convey.” – Nathalie Bondil, Director and Chief Curator of the MMFA
Robert Mapplethorpe was born in Queens in 1946 and grew up in a middle-class Catholic household. In 1967, he enrolled at the Pratt Institute, where he majored in advertising before switching to graphic design. At first, he conformed to masculine norms, but like many young people of his generation, he gravitated toward the counterculture, attracted by a glimpse of alternative lifestyles. Not yet a photographer himself, he appropriated photographic imagery from publications and advertisements, manipulating them, spray-painting over them, and incorporating them in collages. Already he was revealing both his iconoclastic tendencies and his pragmatic determination to make art despite having little money to spend on supplies. Patti Smith – his close friend – immediately recognized his talent and ambition. When Mapplethorpe took up the camera (a borrowed Polaroid) in 1970, he realized that photography was the perfect medium for him and, as he put it, for the moment.
The observational potential and instantaneity of the Polaroid triggered his full creative powers. But ultimately, Mapplethorpe was after a more refined, upscale product. He wanted to make art, and this meant using high-end equipment, establishing a professional studio, controlling print quality and quantity, showing in respected galleries and museums, and making money. Thanks to supporters like Samuel J. Wagstaff, Jr. and to his own charisma and drive, Mapplethorpe became adept at moving between uptown and downtown circles, both socially and artistically. In less than fifteen years, he built an impressive body of work and exhibition history, starting with his first solo show in 1973 and concluding with major retrospectives in 1989, the year he died at the age of forty-two.
Awareness of his mortality – he had been diagnosed HIV positive in 1986 – was a strong factor in the creation of his personal style. Before he died, Mapplethorpe wanted to establish once and for all the continuity of vision uniting all his photographs: portraits, sexual images and floral still lifes. This was both a personal credo and, he must have felt, a successful and original “brand” that constituted his artistic legacy. In 1988, Mapplethorpe established a foundation to conserve his legacy and determined the manifold mission it upholds to this day: supporting AIDS research and photography publications and exhibitions.
Commentaires