Je me suis entretenu avec Marc-Antoine Longpré, fondateur d'Art-shift pour mieux comprendre cette initiative de vente d’œuvres d'art en ligne.
Éric : Qui es-tu ? D’où viens-tu ?
Marc-Antoine : Je suis issu du monde de la finance, j’ai passé les six dernières années à évoluer en tant que Conseiller en placement au sein BMO Nesbitt Burns. C’est d’ailleurs à ce moment que je me suis mis à m’intéresser au monde des arts visuels. J’échangeais avec clients et collaborateurs sur les artistes, mais aussi sur leur marché et sur l’art comme véhicule d’investissement. J’ai vite réalisé le manque de liquidité (ou facilité à revendre) de ce marché et c’est à ce moment que l’idée d’Artshift a commencé à prendre place dans mon esprit.
É : Quelle est l'occasion d'affaires derrière Artshift ?
MA : L’idée est d’offrir aux collectionneurs et aux marchands une plateforme en ligne de diffusion afin de revendre leurs œuvres.
É : Quel est l'état du marché de l'art au Québec ?
MA : Le marché québecois (et canadien) est très restreint, non seulement il représente l’équivalent de seulement la Californie si on se compare à nos voisins du sud, mais il est divisé entre le Québec, Toronto et l’Ouest canadien. Cela n’aide en rien les artistes et le marché primaire.
É : Qu'est-ce que la marché secondaire vs primaire ?
MA : Le marché primaire c'est l’artiste qui vend une œuvre, par exemple par l’entremise d’une galerie, et le marché secondaire c'est lorsque celle-ci est revendue. Artshift se spécialise dans le marché secondaire.
É : Peux-tu nous expliquer la « niche » exploitée par Artshift ?
MA : Nous sommes les premiers à offrir un service de la sorte aux Canadiens alors que des plateformes similaires existent déjà depuis 3-4 ans aux États-Unis et en Europe.
Claude Tousignant, Triptyque I, 1970. Estimation: $3,700 - 4,000 CAD
É : Comment ça fonctionne au juste ?
MA : Nous avons opté pour un service clé en main, plutôt qu’un système « libre service » à la Kijiji puisque nous savons comment il est complexe de vendre une œuvre. Artshift s’occupe de tout du début à la fin : évaluation de l’œuvre, prise de photo professionnelle, mise en ligne et diffusion, gestion des offres, transport, assurances et installation.
É : Quels sont les avantages pour les usagers ?
MA : Il s’agit d’un service anonyme, facile à utiliser qui est à l’ère de son temps. Nos clients sont des collectionneurs, des héritiers et des marchands un peu partout au Canada.
É : Quelles seraient les similitudes et divergences vis-à-vis l'AGAC, les galeries ou encore les encans ?
MA : Il existe plusieurs façons de revendre ses œuvres, beaucoup de gens s’adresseront à une galerie qui pourra voir l’intérêt pour leurs clientèles ou iront vers une maison d’encan qui leur permettront d’avoir accès au capital rapidement. Chacun a ses avantages et inconvénients et je crois fortement qu’il existe aussi une place pour le web.
Marc Seguin, Fuite arrière, 1998. Estimation: $20,000 - 23,000 CAD
É : Que veux/vois-tu pour le futur ?
MA : J’aimerais que l’initiative soit en mesure de devenir une alternative viable et efficace pour les Canadiens en matière de revente d’œuvre d’art, mais aussi d’éduquer et conserver le patrimoine d’artistes importants au moyen d’une division média en ligne.
É : Quelles sont tes stratégies pour rejoindre les publics ?
MA : Nous venons de lancer une section blog qui aura comme mission d’éduquer et d’aider les gens sur différents sujets liés au marché de l’art.
É : Est-ce que le modèle de la vente en ligne fonctionne ?
MA : Malgré le fait qu’il sera toujours plus difficile de voir une œuvre en ligne plutôt qu’en personne. Je crois qu’il existe plusieurs raisons pour lesquelles les gens achètent une œuvre. D’ailleurs, la démarche artistique, l’histoire ou l’anecdote derrière une œuvre sont probablement des facteurs plus importants et ce sont des choses que nous pouvons très bien faire sur le web. Par exemple, nous venons de lancer une capsule vidéo où François Rochon, collectionneur, qui explique ce qui l’attire dans le travail de l’artiste et dans une pièce en vente sur notre site.
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