jusqu'au 8 oct | until Oct 8
vernissage 8 sept 17h00 | Sept 8 ~ 5:00PM
dazibao-photo.org
ALI EL-DARSA
« THE COLOR REMAINS THE SAME »
© Ali El-Darsa, The Color Remains the Same, 2015
Ses œuvres s’articulent autour de questions d’identité, de conception de soi et d’histoires personnelles examinées dans des contextes tant publics que privés. La parole joue un rôle important dans son travail comme outil d’examen, de réflexion et de médiation pour souvent questionner la spécificité des médias et leur rôle crucial dans la création de souvenirs et de récits mis en réseau.
El-Darsa’s work deals with issues of identity, concepts of the self and personal histories—examined within the margins of public and private structures. Language plays an important part in his work as a medium of examination, mediation and reflection and often questions specificity of media and their crucial part in creating networked, mediated memories and narratives.
GABRIELA GOLDER
« CONVERSATION PIECE »
© Gabriela Golder, Conversation Piece, 2012
Le terme anglais « conversation piece » désigne un genre pictural entre le portrait, la scène domestique et le paysage. Typiques de la bourgeoisie anglaise du XVIIIe siècle, ces tableaux mettent en scène une activité familiale à laquelle le spectateur, souvent, se sent convié.
The term “conversation piece” refers to a pictorial genre located part-way between a portrait, a domestic scene and a landscape. Depicting the well-off English classes of the eighteenth century, these paintings featured a family activity of which the viewer often felt a part.
ROBERTO SANTAGUIDA
« PERIPHERAL ISLAND »
© Roberto Santaguida, Peripheral Island, 2016
Dans son travail, Roberto Santaguida cherche à réévaluer les traditions et les codes de la forme documentaire en faisant des films expérimentaux hors des balises convenues de l’objectivité ou de la subjectivité. Alors que le spectateur est normalement plongé dans un sentiment d’attente ou d’anticipation, Santaguida cherche à mettre de l’avant un sentiment d’immédiateté et d’intimité. Sentiment particulièrement renforcé par le dispositif de présentation qui brise une large projection en mosaïque afin de découper la narrativité en de multiples moments ou facettes.
In his work, Santaguida attempts to re-evaluate the traditions and codes of the documentary by making experimental films outside the accepted demarcations of objectivity and subjectivity. Whereas the viewer is normally immersed in a sense of expectation or anticipation, Santaguida seeks to bring to the forefront a sense of immediacy and intimacy. This feeling is especially reinforced by the mode of presenting his work, which breaks a wide screen down into a mosaic in order to cut up the narrative into multiple moments or parts.
SANDRA VOLNY
« WHERE DOES SOUND GO, WHERE DOES IT COME FROM »
© Sandra Volny, Where does sound go, where does it come from, 2016
Where does sound go, where does it come from est une installation vidéo et sonore qui explore la frontière – voire le point de tension – entre le son et la vision, entre ce qui est vu et ce qui ne peut être vu mais entendu seulement. L’installation alterne entre voir/entendre et écouter/visualiser en s’appuyant sur le bruit blanc de l’océan comme espace auditif d’où émergent des récits appartenant tantôt à l’imaginaire individuel et parfois à l’histoire collective.
Where does sound go, where does it come from is a video and sound installation which explores the boundary—one might even say the point of tension—between sound and sight, between what is seen and what cannot be seen but only heard. The installation alternates between see/hear and listen/visualise, using the white noise of the ocean as a listening space from which emerge stories pertaining at times to the individual imagination and at other times to collective history.
ALI EL-DARSA
Dans The Color Remains the Same, l’artiste prend ses distances face à la réalité par l’utilisation d’un téléphone portable comme témoin, quoique peu fiable, d’une tranche de son expérience à Beyrouth. Le montage chaotique de la vidéo, tant au niveau du son que de l’image, s’inscrit complètement dans le ton de ce dont elle témoigne, mettant en relief la confusion. Des prises de vue du haut d’un balcon donnent à voir toute l’effervescence euphorique engendrée par la victoire de l’Allemagne en finale de foot, rythmée par les pétarades de feux d’artifice. Puis, à des captures d’écran d’un bulletin de nouvelles télévisées documentant en direct une explosion sur une place publique, se superpose la conversation d’un couple qui ironise sur leur sortie potentielle en de telles circonstances. Des images d’une remise de diplômes dont la bande sonore est un hymne à la terre de liberté qu’est le Liban précèdent d’autres images particulièrement « instables » provenant d’un enregistrement involontaire de la même explosion préalablement vue au bulletin de nouvelles. Dépourvu d’objectifs formalistes, l’œuvre atteint pourtant une forme qui correspond en tout point au tumulte ambiant et, surtout, peut-être, qui symbolise cette difficulté pour l’individu d’y trouver sa place. Tout autant le son (particulièrement la parole) que le visuel dans cette vidéo entretiennent une confusion qui permet d’alimenter des interprétations multiples. Ali El-Darsa propose, dans ce désordre organisé, un intéressant questionnement sur les liens entre la perception individuelle et la mémoire collective alors qu’une grande part de notre « réalité » est préalablement médiatisée.
The Document Remains the Same se pose presque en écho à The Color Remains the Same. Encore une fois, l’artiste use de cet outil populaire – vraiment low-tech – qu’est le téléphone cellulaire pour réaliser l’œuvre. Cette fois-ci toutefois, non pas tourné vers son sujet, mais plutôt comme une extension du corps du protagoniste, produisant donc des images très parcellaires et agitées. The Document Remains the Same prend ancrage dans l’attentat suicide d’un membre de l’État Islamique dans un hôtel de Beyrouth alors que les forces de sécurité intérieure libanaise allaient procéder à son arrestation. Attentat prématuré puisqu’à l’origine le kamikaze devait se faire exploser dans une banlieue sud de Beyrouth, pendant le Ramadan. Aucune image à ce sujet, ou de ces lieux, ne nous est montrée puisque la vidéo est constituée d’un seul long plan séquence cadrant essentiellement le sol foulé par deux personnes parcourant fébrilement la ville. Une conversation en laisse filtrer quelques détails dans un échange verbal entrecoupé, parfois nerveux, où il est question de se rendre le plus rapidement possible sur les lieux de l’explosion. Présentée sur un écran divisé en deux, l’œuvre montre d’abord à gauche une version non sous-titrée de la vidéo, donc essentiellement en arabe, puis dans un second temps à droite une version sous-titrée. Pourtant, le document reste le même, toujours avare de précisions, davantage modulé par la bande sonore, par son rythme, ses tensions et par notre sentiment de faire corps avec le protagoniste dans ses efforts pour se retrouver dans une ville qu’il redécouvre 14 ans plus tard.
Né au Liban, Ali El-Darsa vit et travaille maintenant entre Berlin, Montréal et Toronto. Il détient une maitrise en Visual Studies de la John H. Daniels Faculty of Architecture, Landscape and Design de l’Université de Toronto et un baccalauréat de l’Université Concordia (Fine Arts, Intermedia/Cyberarts). Son travail en vidéo, en performance ainsi que ses œuvres sonores et installatives ont été présentées tant au Canada que sur la scène internationale.
In The Color Remains the Same, Ali El-Darsa puts reality at a distance by using the video camera of a mobile phone as a witness, albeit a not very reliable one, to a portion of his experience in Beirut. The chaotic editing of the video’s sound and image is fully in keeping with the tone of what they are recording, casting the city’s confusion into relief. Shots from a balcony show the full euphoric ferment brought on by Germany’s victory in a FIFA final, punctuated by the crackling of fireworks. Then, over screen shots of a live television bulletin on an explosion in a public space, a couple ironically discusses the likelihood of their going out in such circumstances. Images of diplomas being granted, with a soundtrack of a patriotic song about Lebanon as a land of freedom, precede other particularly “jumpy” images from an unintentional recording of the explosion we have just seen on the news bulletin. Although the work lacks any formalist objective, it nevertheless achieves a form which matches the surrounding tumult in every respect and, perhaps especially, stands for the difficulty individuals have in finding their role in it. Just as much as the visuals, the sound in this video (and especially the spoken word) maintains a degree of confusion which makes numerous interpretations possible. In this organised disorder, Ali El-Darsa intriguingly questions the links between individual perception and collective memory at a time when a large part of our “reality” is filtered through the media.
The Document Remains the Same is almost an echo of The Color Remains the Same. Once again, the artist has used that popular, truly low-tech device, the cellular phone, to create the work. This time, however, it is not turned on his subject, but is instead an extension of the protagonist’s body, thereby producing quite broken up and jumpy images. The Document Remains the Same derives from a suicide bombing by a member of Islamic State in a Beirut hotel as the Lebanese security forces moved to arrest him. The bombing was premature, as the suicide bomber intended to blow himself up in Beirut’s southern suburbs during Ramadan. No image of this subject or of these places is shown to us, because the video is made up of a single long take showing the ground being tread by two people feverishly criss-crossing the city. A conversation lets slip a few details in a broken and sometimes terse exchange about getting to the site of the explosion as quickly as possible. Projected a screen divided in two, the work first shows, on the left, a version of the video without subtitles, and then on the right a subtitled version. And yet the document is the same, in each case lacking in precise indications, modulated more by the soundtrack, its rhythms and tensions, and our sense of being one with the protagonist as he tries to resituate himself in a city he is rediscovering fourteen years later.
Ali El-Darsa, born in Beirut, Lebanon, works and lives between Berlin, Montréal and Toronto. He holds a Master of Visual Studies from John H. Daniels Faculty of Architecture, Landscape and Design at the University of Toronto and a Bachelor of Fine Arts in Intermedia/Cyberarts from Concordia University, Montréal. His work in video, performance, sound and installation has been extensively presented across Canada and internationally.
GABRIELA GOLDER
L’œuvre de Golder intitulée Conversation Piece emprunte à ce genre pictural tout en faisant de la bourgeoisie même un sujet de discussion. Dans ce tryptique vidéo, l’artiste met en scène sa mère, militante au Parti communiste argentin, et deux fillettes qui non sans heurts lisent à voix haute le Manifeste du Parti communiste rédigé par Marx et Engels en 1848. La présentation sous trois différents cadrages de cette scène procurent au spectateur l’impression d’être de cette conversation où une femme plus âgée commente et explique des concepts dont la complexité échappe en grande partie aux fillettes. Au fil de la lecture de ce texte emblématique, elles plongent toutes trois dans l’histoire de la lutte des classes, de la rébellion sociale provoquée par l’industrialisation du 20e siècle puis dans ce qui seraient les principes fondateurs de la société moderne. Toutes ces oscillations entre lectures, questions et explications, mutent lentement vers une métaphore sur le cours de la vie, figurant ses difficultés, ses doutes, ses erreurs, ses défis et surtout cette nécessaire résilience à la survie.
Pour Tierra Quemada (Terre brûlée), Gabriela Golder réfère à une catastrophe ayant marqué récemment le Chili : un feu rasant les collines surpeuplées de Valparaíso, a fait plus de 12 000 victimes et détruit près de 3 000 maisons. L’incendie a été qualifié de catastrophe naturelle par les autorités qui ont accusé divers facteurs climatiques comme la sècheresse, la direction du vent, d’avoir attisé le brasier. On ne peut toutefois nier que les piètres conditions de vie des habitants — les amoncellements de matières inflammables, une alimentation en eau restreinte en plus d’un accès des secours rendu difficile par des rues très étroites — se sont avérées être déterminantes dans l’étendue du désastre.
Dans la version officielle de la police chilienne, le samedi 12 avril 2014, en fin d’après-midi, deux oiseaux posés sur un fil électrique, secoués par des vents violents se sont électrocutés. Portées par les forts vents, quelques étincelles auraient démarré le brasier. Dans une œuvre éloquente de sobriété, un plan fixe en noir et blanc du paysage dévasté où ne persistent que quelques silhouettes d’arbres accompagnées du pépiement insouciant des oiseaux, Golder atteste du tragique évènement, tout en laissant planer le doute sur la nature accidentelle de la chose. Les chants d’oiseaux omniprésents sur la bande sonore semblent défier la version émise par les autorités chiliennes.
Gabriela Golder est née à Buenos Aires. Artiste, professeure et commissaire indépendante, elle est directrice de CONTINENTE, un centre de recherche en art audiovisuel de la Universidad Nacional de Tres de Febrero ainsi que de La Bienal de la Imagen en Movimiento (BIM). Depuis 2013, elle est commissaire invitée du programme de vidéo et de cinéma expérimental du Museo de Arte Moderno de Buenos Aires. Ses vidéos, films et installations ont été présentés dans de nombreux lieux d’exposition et festivals à travers le monde et récompensés par plusieurs prix et bourses. Témoin scrupuleux des mouvances politiques, sociales et économiques de l’Argentine contemporaine, l’œuvre de Gabriela Golder explore métaphoriquement les notions de mémoire collective, d’identités et de droits.
Gabriela Golder’s Conversation Piece borrows from this genre of painting while making the bourgeoisie itself a topic of discussion. In this video triptych, the artist depicts her mother, a member of the Communist Party of Argentina, and two little girls who, not without difficulty, read out loud Marx and Engels’ Manifesto of the Communist Party of 1848. This scene, framed from three different angles, gives the viewer the impression of being a part of the conversation, in which an elderly woman comments on and explains concepts whose complexity largely escapes the little girls. As they read this emblematic text, all three plunge into the history of class struggle and the twentieth-century social rebellion brought on by industrialisation and into what became the founding principles of modern society. All of this back and forth between readings, questions and explanations is gradually transformed into a metaphor for the course of life, showing its difficulties, doubts, mistakes, challenges and, especially, the resilience necessary for survival.
In Tierra Quemada (Burnt Land), Golder refers to a recent disaster in Chile: a fire that razed the overpopulated hills of Valparaíso, displacing more than 12,000 people and destroying nearly 3,000 homes. The fire was declared a natural disaster by the authorities, who blamed a variety of climatic factors such as dryness and the direction of the wind for fanning the flames. Nevertheless, it is undeniable that the wretched living conditions of the city’s residents—living amongst piles of inflammable objects and having a poor water supply system, in addition to the difficulty for relief efforts posed by the very narrow streets—had a decisive impact on the scale of the disaster.
In the official version put out by the Chilean police, on Saturday 12 April 2014, in the late afternoon, two birds perched on an electrical wire battered by violent winds were electrocuted. A few sparks, carried along by the strong winds, set off the blaze. In a work of eloquent sobriety, a fixed black-and-white image of the devastated landscape where there remains only a few silhouettes of trees accompanied by the carefree chirping of birds, Golder bears witness to the tragic event, even as she casts the accidental nature of the fire into doubt. The omnipresent birdsong on the soundtrack appears to challenge the version put out by the Chilean authorities.
Gabriel Golder was born in Buenos Aires in 1971. An artist, teacher and independent curator, she is director of CONTINENTE, a research centre in audiovisual art at the Universidad Nacional de Tres de Febrero, and of the Bienal de la Imagen en Movimiento (BIM). She has been guest video and experimental film programmer at the Buenos Aires Museo de Arte Moderno since 2013. Her videos, films and installations, for which she has won several awards and grants, have been presented at numerous exhibition venues and festivals around the world. Golder’s work, a scrupulous witness to political, social and economic developments in contemporary Argentina, explores metaphorically the concepts of collective memory, identity and rights.
ROBERTO SANTAGUIDA
Dans Peripheral Island, l’artiste pose son regard sur le monde mais surtout offre une belle part à la parole des autres. Une parole dont les voix sont laissées à l’état brute mais orchestrées entre elles et combinées à une trame musicale, elle, très sophistiquée – Bach, Beethoven, Vivaldi. Quoiqu’ayant une présence physique marquée, de par son dispositif de présentation morcelé qui par moment ressemble à un tableau clignotant, l’œuvre de Santaguida captive particulièrement par les propos tenus, par l’intimité qui s’en dégage. C’est à un sentiment de proximité à la fois physique et affectif que le spectateur est convié. Pour réaliser Peripheral Island, Roberto Santaguida a réuni quelques-uns de ses amis proches mais surtout des inconnus, recrutés pour leur expérience de vie et la diversité des points de vue qu’ils pouvaient offrir. À tous, l’artiste a posé les cinq mêmes questions. Une de ces questions a eu plus d’impact que les autres, a suscité les réactions les plus vives : « Quand avez-vous réalisé que vous alliez un jour mourir ? »
Roberto Santaguida est né à Montréal. Depuis la fin de ses études en Cinéma à l’Université Concordia, ses films et vidéos ont été présentés dans plus de 250 festivals à travers le monde, mentionnons entre autres : CPH: DOX, Copenhagen International Documentary Film Festival (Danemark), Contemporary Art Festival Sesc_Videobrasil (Brésil), transmediale (Allemagne) et Festival international du film Entrevues Belfort (France). Il a également été accueilli comme artiste en résidence dans de nombreux pays dont les États-Unis, la Roumanie, l’Allemagne, la Norvège et l’Australie. Il est le récipiendaire du K.M. Hunter Artist Award, d’une bourse offerte par la Akademie Schloss Solitude en Allemagne, de même que de la bourse PRIM/DAZIBAO lui ayant permis de réaliser le projet présenté dans le contexte de cette exposition.
In Peripheral Island, Santaguida examines the world but, in particular, gives prominence to the speech of others. These voices are left unaltered, but are orchestrated and combined with a very sophisticated musical score of the work of Bach, Beethoven and Vivaldi. Although it has a marked physical presence, his piece, which by virtue of its broken-up mode of presentation at times resembles a flashing light board, is especially captivating because of the thoughts expressed and the intimacy that arises as a result. The viewer feels him or herself in a state of physical and affective proximity to the work. To create Peripheral Island, Santaguida gathered a few of his close friends, but also strangers recruited because of their life experience and the diversity of points of view they could provide. He then asked all of them the same five questions. One of these questions had a greater impact than the others and gave rise to the liveliest responses: “When did you realise that one day you will die?”
Roberto Santaguida was born in Montreal. Since completing his studies in Cinema at Concordia University, his films and videos have been shown at more than 250 festivals around the world, including CPH: DOX, Copenhagen International Documentary Film Festival (Denmark), Contemporary Art Festival Sesc_Videobrasil (Brazil), transmediale (Germany) and the Festival international du film Entrevues Belfort (France). He has also taken up artist residencies in numerous countries, including the United States, Romania, Germany, Norway and Australia. He is a recipient of the K.M. Hunter Artist Award, of a grant offered by the Akademie Schloss Solitude in Germany, and of the PRIM/DAZIBAO grant, which enabled him to create the project being presented in this exhibition.
SANDRA VOLNY
Artiste sonore, Sandra Volny travaille également la vidéo, l’installation et la performance. Les espaces sonores – la spatialisation du son, la création de paysages sonores – sont au centre de ses recherches. Souvent Volny utilise le son comme élément déclencheur permettant à l’imaginaire collectif et individuel de se manifester. Ses projets examinent la dualité inhérente au son. Une dualité qui positionne le son à cette intersection entre l’acoustique et le visuel, entre ce que l’on entend et l’image que l’on s’en fait. Dans son travail, elle s’intéresse tout particulièrement à ces occurrences où la conscience qu’a un individu de son environnement se construit par le biais du son.
Sandra Volny poursuit actuellement des études à l’École doctorale Arts Plastiques, Esthétique et Sciences de l’Art à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Son travail a été présenté, entre autres, au raumLABOR – 267 Quartiere für zeitgenössische Kunst und Fotografie à Braunschweig (Allemagne), à la Galerie Leonard-et-Bina-Ellen (Montréal), à la Fonderie Darling (Montréal) et à la Galerie Michel Journiac (Paris). Elle est cofondatrice de Triangular Project, un collectif itinérant, avec les artistes Florine Leoni et Macarena Ruiz-Tagle.
Alors qu’elle était en résidence à la baie de Coliumo, Chili, Volny s’est intéressée aux différents modes d’orientation des pêcheurs locaux. Elle constate que ces derniers sont capables de naviguer dans les conditions hasardeuses, sombres et brumeuses de la côte du Pacifique en se fiant à peu près exclusivement au son. Intriguée par cette découverte, Volny réalise une série d’entrevues dans lesquelles elle fait écouter aux participants des enregistrements réalisés sur la côte. Les pêcheurs locaux y dévoilent la capacité de géolocaliser avec précision les baies, côtes et péninsules en écoutant l’écho des vagues contre les rochers. Au-delà du travail très sophistiqué autour du son, c’est aussi par le contexte social et politique dont elle dresse le portrait que l’œuvre de Volny intéresse. Ces pêcheurs qui travaillent dans des conditions extrêmement rudimentaires ont su développer des habiletés si fines, ajoutées à la mémoire des lieux, qu’elles rivalisent en acuité avec les technologies de la pêche industrielle. Une équation troublante dans la mesure où ces pêcheurs artisanaux sont menacés tant par les impératifs économiques des grands chalutiers que par les impératifs écologiques visant la conservation du littoral. L’œuvre de Volny, au-delà de l’imaginaire que déploie le son, témoigne aussi d’une identité culturelle et d’un mode de vie que l’on devine fragiles.
The sound artist Sandra Volny also works in video, installation and performance. Sound spaces—the spatialisation of sound, the creation of aural landscapes—are at the heart of her artistic enquiries. Often, Volny uses sound as a catalyst making it possible for the collective and individual imaginary realm to be apparent. Her projects examine the duality inherent in sound. This duality locates sound at the intersection of the acoustic and the visual, of what we hear and the image we make of it. She is especially interested in situations in which an individual’s awareness of his or her surroundings arises through sound.
Currently, Sandra Volny is a Ph.D. student in the École doctorale Arts Plastiques, Esthétique et Sciences de l’Art at Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Her work has been shown at venues such as raumLABOR—267 Quartiere für zeitgenössische Kunst und Fotografie in Braunschweig, Germany; the Leonard & Bina Ellen Art Gallery in Montreal; the Darling Foundry in Montreal; and Galerie Michel Journiac in Paris. She is co-founder of Triangular Project, a traveling collective, with the artists Florine Leoni and Macarena Ruiz-Tagle.
When she was in residence in Coliumo Bay, Chile, Volny explored the various ways in which local fishers orient themselves. She remarked that they are able to navigate in the hazardous, gloomy and foggy conditions of the Pacific coast by relying almost exclusively on sound. Intrigued by this discovery, she conducted a series of interviews in which she had participants listen to recordings made on the shore. The local fishers displayed their ability to locate precisely the coastline’s bays, shores and peninsulas by listening to the echoes of the waves hitting the rocks. In addition to this highly sophisticated work on sound, what is interesting about Volny’s work is the way she creates a portrait of the social and political context. These fishers, working in extremely rudimentary conditions, have developed abilities so fine, adapted to their memory of the sites, that they rival industrial fishing technology in their perspicacity. This is a disturbing equation in that these artisanal fishers are threatened by both the economic imperatives of the great trawlers and the ecological imperative of preserving the shoreline. Beyond the imaginary realm made apparent through sound, Volny’s work also documents a cultural identity and a way of life which we can sense are fragile.
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