Samedi dernier, je suis allé voir les expositions chez Art Mûr. J'avoue que j'étais surtout curieux de la nouvelle production de Karine Payette, dont je suis la progression depuis quelques années. Je vous invite à me suivre pour voir aussi les installations, photos et vidéos de Patrick Beaulieu, les peintures de Judith Berry, les dessins et objets de Colleen Wolstenholme, ainsi que quelques surprises en fin de parcours.
Karine Payette, De part et d'autre (détail), 2016, fourrure, silicone, pigment à silicone, polystyrène, 57 x 129,6 x 63,5 cm
PATRICK BEAULIEU
Les œuvres de Patrick nous accueillent tout de suite en entrant dans la galerie. Il occupe d'ailleurs la vitrine du rez-de-chaussée avec un sac de couchage avec moustiquaire suspendu tel un hamac. Je me dis « encore un artiste conceptuel qui fait dans le détournement d'objets usuels », d'accord. Puis, quelque chose retient mon attention, le son produit par le mouvement de la fermeture éclair. Il s'agit d'un enregistrement d'un bruit anodin, qui me ramène en un instant des souvenirs de camping plus ou moins sauvage. Déjà, je baisse ma garde.
Patrick Beaulieu, Eaux troubles, 2015, réchaud de camping à gaz, chaudron, encre de seiche, pétrole, 74,5 x 43 x 43 cm
L’œuvre suivante, Eaux troubles, fait dans le même registre. On dirait un simple arrangement « faisant image ». En s'approchant, on voit que l'eau tourbillonne, on pourrait croire qu'elle est près du point d’ébullition. Le liquide est particulièrement sombre et je ne vois pas de mécanisme agitant l'eau et me demande honnêtement si l'eau est muée par la chaleur. Alors que personne ne regarde, je n'y peux rien et trempe furtivement le doigt dedans. L'eau est froide et le mystère demeure.
Patrick Beaulieu, Chatoiements, 2015, coquille d'huitre, sable, dispositif d'éclairage animé et support, 24 x 23 x 19 cm
L’œuvre Chatoiements a quelque chose de magique. Le jeu de lumière projette de subtiles lueurs informes et changeantes, qui renvoient au feu de camp, aux reflets du soleil à travers l'eau d'un lac, aux aurores boréales ...
Patrick Beaulieu, Points de confluence, 2015, série de quatre vidéos, édition de 5
Avec la vidéo Points de confluence, je comprends que l'artiste fait plus que documenter un voyage, mais qu'il en a enregistré un motif. C'est ce motif - de l'eau trouble, du chatoiement - qui pour moi a toute la force d'évoquer la liberté de l'errance, de la dérive.
Patrick Beaulieu, Chavirement des marées, 2015, kayak et dispositif rotatif, dimensions variables
JUDITH BERRY
Dans Excursion, les tableaux de Judith Berry nous transportent dans un monde d'une autre échelle. On se croirait dans de grande arénas créées par et pour des insectes. Les textures organiques créer un mouvement et nos yeux peuvent se promener à loisir comme dans des jardins bien taillés, mais où la nature persiste à faire comme bon lui semble. Nous sommes ici en présence d'un jeu tendu entre le chaos et l'ordre.
KARINE PAYETTE
KARINE PAYETTE
Me voici au plat de résistance, ce pourquoi je me suis déplacé jusqu'ici. Je suis un fan fini du travail de Karine, depuis le virage ludique qu'elle a pris avec le (faux) pipi dans la (fausse) neige et les bols de céréales se renversant. Il y a quelque chose de carrément jouissif et coupable dans l'expérience de ces œuvres qui donnent à voir un genre de tour de magie. C'est plus fort que moi, je trouve ça bien efficace.
Ici, Karine nous offre un nouveau corpus pour lequel elle puise dans son amour des animaux de compagnie. On y trouve des images et objets où se fondent maitres et bêtes. Ces rencontres des plus charnelles produisent des figures hybrides et constituant une mythologie candide.
Karine Payette, Entre nous I, 2016, impression numérique, 61 x 91,5 cm, édition de 4
Karine Payette, Entre nous IV, 2016, impression numérique, 61 x 91,5 cm, édition de 4
Karine Payette, Canevas, 2016, fourure synthétique, silicone, acrylique, 11,5 x 51 x 34,3 cm
Karine Payette, Pavlov, 2016, fourure, silicone, pigment à silicone, 40,7 x 48 x 127 cm
Karine Payette, De part et d'autre, 2016, fourure, silicone, pigment à silicone, polystyrène, 57 x 129,6 x 63,5 cm
COLLEEN WOLSTENHOLME
Les dessins et sculptures au mur de Colleen Wolstenholme renvoient à des systèmes complexes. On pense à l'imagerie climatique où tellement de facteurs sont en jeu que la complexité et le chaos apparent donne lieu à une symphonie visuelle qui rappelle l'univers des fractales. Ici, l'artiste nous offre des œuvres issues d'une pratique obsessionnelle et nous fait entrer dans un ordre à la fois organique et mathématique.
Colleen Wolstenholme, 72.68°S, 99.13°W; 55° @ 55km/h; 16.7°C 09/08/15, 2015, encre sur papier, 84 x 112 cm
Colleen Wolstenholme, 79.54°S, 29.01°E; 140° @ 23 km/h; 46.0°C 08/11/15 14:00 Local, 2015, encre sur papier, 33 x 44 cm
Colleen Wolstenholme, Topology I, 2015, encre sur six feuilles de papier, 223,5 x 228,6 cm
Colleen Wolstenholme, Multiply Connected Triangle I, 2015, acier soudé, 96,5 x 106,65 cm
Colleen Wolstenholme, Deviant Grid, 2015, acier soudé, 180,35 x 221 cm
DERNIER TOUR DE PISTE
Pour finir, j'arrache au passage des clichés de quelques œuvres se trouvant au dernier étage de la galerie.
Jean-Robert Drouillard, Jeune poète aux bidons, 2013, tilleul, 66 x 19 x 15 in
IvanovStoeva, zone frontière, 2015, DEL lentille linéaire de Fresnel, écrant de projection arrière, Plexiglas, couverture de secours, 72,4 x 60 cm
Erika Dueck, Sans-titre de la série The Ephemeral Mind, 2015, papier, carton, techniques mixtes, 91 x 91 x 71 cm
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