« PURPLE HAZE »
jusqu'au 13 fév | until Feb 13
galerienicolasrobert.com
Blue Marble, 2015, plâtre et acrylique sur panneau de bois, 122 x 122 cm
Un véritable magnétisme se dégage des œuvres de Pierre Julien. Une fois le regard saisi par l’une d’elles, il devient difficile de le déloger. Cet effet d’attraction visuelle est produit par une sensation de mouvement et de brouillage chromatique donnant l’illusion d’un espace animé et vivant. Abstraite et minimale, parfois installative et monumentale, sa peinture tend ici à explorer les multiples potentialités de la couleur et de la perception. Oscillant entre évanescence et tangibilité, les œuvres rassemblées dans cette proposition picturale reposent essentiellement sur les effets de gradation, de répétitions et de dérivations.
A genuine magnetism radiates from the works of Pierre Julien. Once we begin to look carefully, it becomes hard to turn away. This visual attraction is the optical product of color radiations that give a sense of animated movement to the pictorial space. Abstract and economical, and sometimes installation-based and monumental, his painting explores the broad potentiality of our perception of color. Oscillating between evanescence and tangibility, the works deriving from this artistic proposition essentially dwell on the effects of gradation, repetition and derivation.
D’une teinte claire et douce comme celle du pastel, les couleurs se confondent les unes aux autres. La surface lisse, sans aspérités, est parsemée de formes aux reflets tendres et chatoyants qui hypnotisent l’attention du spectateur. La subtilité des variations chromatiques et le recours à des couleurs pâles confèrent aux œuvres un caractère lumineux et diffus renforçant l’effet de relief. Cette densité visuelle tend à créer des relations dynamiques dans lesquelles des formes ambiguës et instables semblent s’approcher, s’éloigner ou simplement vibrer à la rencontre d’une autre. Ce mouvement factice de vagues et de pulsations peut être changeant d’une personne à l’autre et se déclenche lorsque le cerveau éprouve de la difficulté à déchiffrer ce que l’œil voit. Les mouvements vibratoires et réversibles du fond et de la forme se produisent notamment par la modulation visuelle de couleurs complémentaires et analogues.
Cette impression d’absorption et de vertige se trouve amplifiée par les tableaux de plus grande dimension. Le spectateur est au centre de la représentation et est appelé à se déplacer dans l’espace pour expérimenter activement ce phénomène d’apparition et de disparition de l’image. Malgré le fait qu’il s’agisse de constructions bidimensionnelles, l’espace tout entier semble bouger, grandir, se rétrécir et se tordre.
Cet attrait pour les jeux optiques s’observe dans plusieurs séries antérieures de l’artiste, ces illusions reviennent comme des leitmotivs dans sa peinture. Sa démarche s’inscrit dans la trajectoire de l’Op Art tout en adhérant à une mouvance beaucoup plus actuelle et urbaine influencée par le design, la publicité, la mode et la culture populaire. Le titre de l’exposition, Purple Haze, prend comme référence une chanson de Jimi Hendrix et renvoie au caractère psychédélique et surréaliste des œuvres picturales présentées. L’ambiance dans laquelle le spectateur est plongé se rapproche d’un état hallucinatoire et onirique où les surfaces planes et statiques se transforment par moments en motifs de camouflage, en paysage pastoral ou rappellent à la mémoire les traces laissées dans le ciel par les aurores boréales. Pierre Julien nous invite à travers cette proposition à nous engager visuellement et physiquement dans un espace fictif en mutation situé en dehors de la suractivité et de l’agitation humaines. Il offre une autre perception du réel, un endroit où l’œil peut se perdre et contempler une matérialité impalpable. - Anne Philippon
Pastel and clear in hue, these colors mix and merge one into another. The smooth, unblemished surfaces are covered with lyrical forms that hypnotize the spectator’s attention, while the subtlety and pallor of the color variations confer a luminosity that adds to our perception of three-dimensional relief in the surface. This visual density creates dynamic relationships within which ambiguous forms vibrate strongly off of one another. The illusory, pulsating movement we see may in fact be perceived differently from person to person as a result of the numerous ways that different people’s brains will interpret the signals each eye sees. Oscillating movement achieved by simultaneous color contrast turns figure into ground and vice versa as we look.
These vertiginous impressions are even stronger in the large paintings. The viewer becomes immersed in the representation and will tend to feel a strong desire to move around the gallery space in order to fully experience the effects of the work. Even though what we perceive is in fact two-dimensional, these pictorial spaces seem to move, to grow and then narrow, twist and then retreat.
This tendency towards playing with optical effects has long interested Julien and can be found in work from previous series. His practice grows out of and attempts to contemporize Op Art, incorporating cosmopolitan influences from the worlds of design, advertising, fashion and pop culture in general. The exhibition title, Purple Haze, is borrowed from a song by Jimmy Hendrix and immediately brings to mind the surreal psychedelic language of the exhibited works. The ambiance that the spectator is plunged into approaches a hallucinatory, oneiric state where the paintings’ imagery transforms into camouflage motifs, pastoral landscapes, even recalling the Aurora Borealis. Pierre Julien’s work invites us to enter this world of mutating visual and physical experience, which exists in a different realm to that of everyday life. He offers us another kind of perception of the real, a space where the eye can lose itself in the contemplation of an impalpable materiality. - Translated by Benjamin Klein
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.