19 nov au 30 jan | Nov 19 to Jan 30
vernissage 19 nov 19h00 | Nov 19 ~ 7:00PM
dazibao-photo.org
GABRIELA LÖFFEL
« EMBEDDED LANGUAGE »
© Gabriela Löffel, Embedded Language, 2013
Dans son travail, Gabriela Löffel s’intéresse tout particulièrement à ces zones liminales où s’opèrent des glissements de sens. Elle questionne les structures qui régissent la représentation ou l’interprétation de la réalité, ce qui pourrait être nommé l’espace de médiation. La fragmentation, la traduction, le passage du direct à l’interprétation sont des stratégies qu’elle développe pour créer un champ dialectique de questionnement, de doute raisonnable. Deux œuvres sont ici réunies : Embedded Language et The Case.
Gabriela Löffel’s work explores the liminal zones where slippages of meaning take place. She examines the structures that regulate the representation or interpretation of reality, which we might call the space of mediation. Fragmenting, translating and shifting from live to interpretation are strategies she develops to create a dialectical field of questioning, of reasonable doubt. Here, two works are shown: Embedded Language and The Case.
LÉNA MILL-REUILLARD
« MACHINARI »
© Léna Mill-Reuillard, Machinari, 2015
Récipiendaire de la bourse de production-diffusion PRIM-Dazibao, Léna Mill-Reuillard a réalisé l’installation Machinari. Par diverses manipulations, l’œuvre propose un jeu perceptif où alternent images fixes et images en mouvement, espaces fictifs et espaces réels. Dans une succession de plans-tableaux, se déploie ainsi une série de leurres spatiotemporels qui déjouent le regard du spectateur pour mieux le prendre au jeu de l’image. Des horizons bucoliques aux scènes domestiques en passant par des cadrages formalistes, l’œuvre navigue finement entre images, lieux et temporalités.
The recipient of this year’s PRIM-Dazibao production-dissemination Léna Mill-Reuillard created the installation Machinari. Through a variety of manipulations, the work plays on perception by alternating still and moving images and real and fictional spaces. In a sequence of tableau shots, a series of spatial and temporal illusions thwarts the viewer’s gaze in order to better catch them in the play of the image. From bucolic horizons to domestic scenes by way of formalist compositions, the work steers a fine course between images, places and temporalities.
NADIA SEBOUSSI
« HIDAD »
© Nadia Seboussi, 2015
Le travail de Nadia Seboussi se penche sur le conflit armé et ce qu’il engendre : violence, migration, perte et exil. Les œuvres rassemblées pour cette exposition se développent en deux axes qui, quoique fort différents dans leur démarche et leur approche formelle, se rejoignent sur la question de l’héritage et de la représentation du drame algérien.
Nadia Seboussi’s work takes up the question of armed conflict and what it gives rise to: violence, migration and exile. The works assembled for this exhibition take two paths that differ in their methods and formal approach but meet on the question of the legacy and the representation of the Algerian tragedy.
GABRIELA LÖFFEL
Pour Embedded Language, Gabriela Löffel réalise une entrevue avec un responsable d’une entreprise d’armement lors de la « 20th International Defence Industry Exhibition MSPO » de 2012 en Pologne. Capté sur vidéo, l’entretien est par la suite traduit et doublé par un acteur professionnel. La transition du documentaire vers un lieu de production de fiction, le studio de doublage, permet à l’artiste de déconstruire le discours du marchand d’armes et d’ainsi soulever de nombreuses questions quant aux intérêts politiques et économiques liés à la fabrication et à la vente d’armement.
The Case s’intéresse au moment précis où le langage devient rhétorique. Pendant trois jours, l’artiste filme les débats organisés par le ELSA International Moot Court Competition à Genève. Pour cette compétition de plaidoirie en droit du commerce international, des étudiants débattent de cas fictifs devant jury. Les équipes usent de nombreuses stratégies rhétoriques et passent allègrement de la position d’accusé à celle de la défense. Inévitablement, ces débats génèrent une réflexion sur les liens entre le langage, son usage juridique et son influence sur les pouvoirs étatiques.
Dans le contexte de cette exposition, l’œuvre de Gabriela Löffel jouxte celles de Léna Mill-Reuillard et de Nadia Seboussi. Quoique déployant chacune des enjeux thématiques singuliers, les trois artistes se penchent sur la méthodologie de la représentation, sur ce qui se pose dans cet interstice entre notre vision du monde et l’image, tant sur le plan perceptuel que sociopolitique ou sémantique. Les trois propositions réunies offrent un regard sur cette traduction que nous faisons du monde par le biais des images et soulèvent par extension toute la question de l’influence, de la transmission et de la réécriture de l’histoire.
Gabriela Löffel vit et travaille entre Genève et Berne. Diplômée de l’École supérieure des beaux-arts de Genève en 2005, elle a présenté son travail dans de nombreuses institutions et festivals en Amérique du Nord et en Europe. Elle a notamment participé à la Biennale de l’image en mouvement de Genève (2003), au 700IS Experimental Film and Video Festival (Islande, 2007) ainsi que, plus récemment, à l’exposition collective Twisting C®ash au Bâtiment d’art contemporain « Le Commun » (Genève, 2015).
For Embedded Language, Löffel interviewed the manager of a defense industry company during the 20th International Defence Industry Exhibition MSPO in Poland in 2012. Recorded on video, the interview was then translated and dubbed by a professional actor. The transition from the documentary to a production space for fiction, the dubbing studio, enabled her to deconstruct the arms merchant’s discourse and thus to raise numerous questions around the political and economic interests tied up with weapons manufacture and sales.
The Case examines the precise moment when language becomes rhetorical. For three days, Löffel filmed the debates organised by the ELSA International Moot Court Competition in Geneva. For this competition in pleading in international trade law, students argued fictitious cases before a jury. The teams used numerous rhetorical strategies and moved blithely between the role of the accused and that of the defence. These debates inevitably make us think about the connections between language, its judicial use and its influence on state powers.
In this exhibition, Gabriela Löffel’s work is seen alongside that of Léna Mill-Reuillard and Nadia Seboussi. Although each has a singular theme, the three artists examine the methodology of representation and what lies in the interstice between our vision of the world and the image, on the perceptual, socio-political and semantic levels alike. The three projects brought together here offer a gaze on the way we convey the world through images, thereby raising the entire question of the influence, transmission and rewriting of history.
Gabriela Löffel lives and works in Geneva and Bern. She graduated from the École supérieure des beaux-arts in Geneva in 2005. Her work has been shown in numerous institutions and festivals in North America and Europe. She has participated in the Biennale of Moving Images (Geneva, 2003), the 700IS Experimental Film and Video Festival (Iceland, 2007) and more recently the group show Twisting C®ash at Bâtiment d’art contemporain « Le Commun » (Genève, 2015).
LÉNA MILL-REUILLARD
En se mettant en scène dans l’œuvre et en manipulant sous nos yeux les images, Léna Mill-Reuillard donne présence, matérialité et corporéité à la représentation. Ces gestes performés, qui ne sont pas sans rappeler ceux associés au métier de photographe, suggèrent un questionnement plus large de notre rapport aux images, un questionnement que soulèveraient la construction, la transmission et l’interprétation même de celles-ci.
Dans le contexte de cette exposition, l’œuvre de Léna Mill-Reuillard jouxte celles de Gabriela Löffel et de Nadia Seboussi. Quoique déployant chacune des enjeux thématiques singuliers, les trois artistes se penchent sur la méthodologie de la représentation, sur ce qui se pose dans cet interstice entre notre vision du monde et l’image, tant sur le plan perceptuel que sociopolitique ou sémantique. Les trois propositions réunies offrent un regard sur cette traduction que nous faisons du monde par le biais des images et soulèvent par extension toute la question de l’influence, de la transmission et de la réécriture de l’histoire.
Léna Mill-Reuillard travaille l’image, qu’elle soit photographique, vidéographique, ou cinématographique. Elle détient un baccalauréat en cinéma ainsi qu’une maitrise en arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal. Son travail a été présenté à la Galerie de l’UQAM, à la galerie Les Territoires et au centre VU. Plusieurs films auxquels elle a participé à titre de directrice photo ont voyagé dans de nombreux festivals. L’un d’eux, La coupe, s’est mérité, entre autres, le Short Film Jury Award: International Fiction au Sundance Film Festival 2014.
L’artiste remercie le Conseil des arts du Canada, Dazibao, PRIM, Le Cabinet et Post-Moderne pour leur soutien et tous ceux qui ont participé à la réalisation de ce projet.
By taking the stage in the work and manipulating the images before our eyes, Léna Mill-Reuillard gives presence, materiality and corporeality to the representation. These performed gestures, not unlike those associated with a photographer, suggest a broader enquiry into our relation to the image, one that raises the issue of the construction, transmission and interpretation itself of the image.
In this exhibition, Léna Mill-Reuillard’s work is seen alongside that of Gabriela Löffel and Nadia Seboussi. Although each has a singular theme, the three artists examine the methodology of representation and what lies in the interstice between our vision of the world and the image, on the perceptual, socio-political and semantic levels alike. The three projects brought together here offer a gaze on the way we convey the world through images, thereby raising the entire question of the influence, transmission and rewriting of history.
Léna Mill-Reuillard works with images, whether photographic, videographic or cinematic. She holds a bachelor’s degree in cinema and a master’s degree in visual and media arts from the Université du Québec à Montréal. Her work has been shown at the Galerie de l’UQAM, the gallery Les Territoires and at Centre VU. Several films on which she has worked as director of photography have travelled to numerous festivals. One of them, La coupe (The Cut), won the Short Film Jury Award: International Fiction at the 2014 Sundance Film Festival.
The artist thanks the Canada Council for the Arts, Dazibao, PRIM, Le Cabinet and Post-Moderne for their support as well as everyone who contributed to the project.
NADIA SEBOUSSI
Le témoignage et la documentation de ces femmes algériennes qui durant la guerre civile ont pris les armes posent l’amorce du projet et exposent l’ampleur de la tragédie, mais parle aussi de la connaissance intime qu’a l’artiste de son propos. Au-delà des femmes retracées sur toute l’Algérie, il y a ses références récurrentes à une filiation féminine douloureusement marquée par l’histoire du pays.
Vient ensuite la reconstitution en tableaux vidéographiques de représentations désormais mythiques du drame algérien. Puisant à même l’iconographie pathétique véhiculée par les différents organes de presse mondiaux – avec plus d’insistance ceux d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient – ainsi que dans une tradition picturale propre aux scènes de lamentations (aussi reprise par Bill Viola), Nadia Seboussi développe de somptueuses fresques en clair- obscur proposant une nouvelle chorégraphie du deuil. Dans le mouvement lent des corps, dans les visages tantôt absorbés, tantôt meurtris, dans la décomposition des gestes incarnant la souffrance, Nadia Seboussi propose un moratoire, le temps du deuil : Hidad.
Dans le contexte de cette exposition, l’œuvre de Nadia Seboussi jouxte celles de Gabriela Löffel et de Léna Mill-Reuillard. Quoique déployant chacune des enjeux thématiques singuliers, les trois artistes se penchent sur la méthodologie de la représentation, sur ce qui se pose dans cet interstice entre notre vision du monde et l’image, tant sur le plan perceptuel que sociopolitique ou sémantique. Les trois propositions réunies offrent un regard sur cette traduction que nous faisons du monde par le biais des images et soulèvent par extension toute la question de l’influence, de la transmission et de la réécriture de l’histoire.
Originaire d’Algérie, Nadia Seboussi est aujourd’hui établie à Montréal où elle a complété une maitrise en arts visuels et médiatiques à l’Université du Québec à Montréal. Récipiendaire de la Bourse Claudine et Stephen Bronfman en art contemporain en 2013, la présente exposition ainsi que la publication qui l’accompagnera constituent le point culminant du projet réalisé dans ce contexte. Son travail a été exposé en France, en Espagne, au Mexique, à Cuba et au Canada. En 2014, elle participait à la deuxième édition de la Bienal de la Imagen en Movimiento en Argentine.
The testimony and documentation of the Algerian women who took up arms during the civil war are the starting point of the project and demonstrate the extent of the tragedy. They also speak, however, to the artist’s intimate familiarity with her topic. In addition to the women, tracked down all over Algeria, there are recurring references to the way in which relations between women have been painfully marked by the country’s history.
There follows the recreation in video tableaux of now-mythical depictions of the Algerian tragedy. Drawing on the iconography, full of pathos, transmitted by the world’s media outlets – with an emphasis on those of North Africa and the Middle East – and on a pictorial tradition depicting scenes of lamentation (also employed by Bill Viola), Seboussi creates sumptuous chiaroscuro frescos which propose a new choreography of grief. In the slow movement of the bodies, in the alternately consumed and ravaged faces, in the breaking down of the gestures that embody suffering, Seboussi proposes a moratorium for a period of mourning: Hidad.
In this exhibition, Nadia Seboussi’s work is seen alongside that of Gabriela Löffel and Léna Mill-Reuillard. Although each has a singular theme, the three artists examine the methodology of representation and what lies in the interstice between our vision of the world and the image, on the perceptual, socio-political and semantic levels alike. The three projects brought together here offer a gaze on the way we convey the world through images, thereby raising the entire question of the influence, transmission and rewriting of history.
Nadia Seboussi was born in Algeria and today lives in Montreal, where she completed a master’s degree in visual and media arts at the Université du Québec à Montréal. She was the recipient of the Claudine and Stephen Bronfman Fellowship in Contemporary Art in 2013. The present exhibition and the publication that will accompany it are the culmination of the project carried out under the fellowship. Her work has been shown in France, Spain, Mexico, Cuba and Canada. In 2014, she participated in the second edition of the Bienal de la Imagen en Movimiento in Argentina.
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