Hier en fin de journée, je suis allé me promener à la Foire d'art contemporain de Saint-Lambert. Depuis quelques années, je voyais que plusieurs artistes dont la pratique m'intéresse y participaient. J'avoue y avoir trouvé de bien belles choses. C'est fort agréable aussi de rencontrer pour la première fois (ou retrouver) les artistes en chair et en os. Ça donne lieu à des échanges vifs sur les démarches et la réalité de chacun. Je vous rapporte ici quelques images de l'évènement, qui se poursuit jusqu'au dimanche 18 octobre. Bonne visite !
P.S. : le bulletin fait relâche la semaine prochaine, à l'occasion d'Art Toronto, là encore je rapporterai des images et partagerez mes péripéties live que vous pourrez suivre sur la page Facebook de ratsdeville
PIERRE-YVES GIRARD
Pierre-Yves Girard, Le Nibiru oscillatoire, 2015, huile sur toile, 94 x 84 cm
Les peintures de Pierre-Yves me laissent pantois : je ne saisie pas vraiment comment elles sont produites, ce qui fait travailler ma tête. Ses œuvres parlent aussi directement à mes viscères, évoquant des grottes semi-translucides et visqueuses.
Simon assume sa double identité d'artiste contemporain et de communicateur œuvrant dans le domaine de la publicité. Son travail fonctionne souvent sur le mode de l'ironie en jouant avec les paradoxes.
KARINE PAYETTE
Karine Payette, L'autre dimanche matin I, 2015, résine plastique, silicone, foam, bol, boîtier en plexiglass, 25 cm x 35 cm x 20 cm
Les sculptures de Karine me remplissent de joie, littéralement. Celles-ci font office de véritables « trompes-cerveaux » : un bol de céréales déversant son contenu, figé dans le temps. En faisant le tour de l’œuvre, une magie ludique opère, ça me fait l'effet d'un film high-tech où on arrête l'action pour l'observer de plusieurs angles, comme dans la Matrice :D
CATHERINE TREMBLAY
Cette série de Catherine Tremblay m'interpelle à plusieurs niveaux. Au premier regard, on dirait des images anodines, avec quelque chose de la photographie de mode, version catalogue Sears. Et puis, on remarque qu'il s'agit d'un composite, les sujets sont « plaqués » sur un fond autre. L'artiste m'a ensuite expliqué sa démarche, qu'elle prenait en photo des inconnus et leur demandait de lui parler d'un lieu, qu'elle allait ensuite retrouvé et prenait en photo. Pour finalement ajouter la photo de l'individu par dessus le « fond » du lieu en question. Il en résulte une série d'image où l'anonymat et la présence des personnes irradie d'une façon presque ésotérique.
VINCENT LONDON
Vincent London, Volleyball Skeleton, 2015, huile sur lin montée sur bois, 28 x 35,5 cm
J'ai découvert la pratique de Vincent London avec une exposition chez Dominique Bouffard, en tant qu'artiste invité. J'ai été étonné par l'échelle des peintures qui sont toutes petites mais semblent très grandes à l'écran. Ce qui retient mon attention chez lui c'est le travail minutieux et garage à la fois. Les sujets touchent une corde sensible, comme une réflexion sur notre conception des corps (humain-animal) sur un plan politique. Dans cette nouvelles série, les corps évoluent dans un environnement militarisé quelque part au Moyen-Orient. Il se dégage des personnages une aura fort convaincante, dû à la vibration des couleurs choisies. La composition m'interpelle aussi, on dirait un arrêt sur image, lui donnant un effet quasi-cinématographique.
YANIK POTVIN
Yanik Potvin, Les juifs et les italiens, 2015, encre, crayola
J'avoue avoir éprouvé un vrai plaisir mélangé de malaise face aux œuvres politiquement incorrectes mélangeant pornographie et iconographie d'émissions jeunesse. L'exécution au crayola renforce l'étrangeté qui se dégage de cet amalgame à peine forcé.
LES MÊMES-CACAÏSTES
Je crois qu'on peut parler d'enfant de Dada. Les images et vidéos complètement déjantées des Mêmes-Cacaïstes sont une joie pour les yeux comme pour l'esprit. Du grand n'importe quoi fait dans les règles de l'art post-surréaliste. Un régal débridant. Il ont d'ailleurs remporté le prix du jury au vernissage hier. Bien mérité.
FRED LAFORGE
La pratique de Fred Laforge évolue depuis ces dernières années dans un sens qui ne cesse de me surprendre. J'ai toujours apprécié la dextérité extraordinaire avec laquelle il dessine. C'est une sorte de tabou en art contemporain ce talent et cette application hors norme. Depuis les années 80, l'art et le beau, le « bien fait » ne sont plus en très bon terme. Au delà de cette force naturelle et de cet « effort », l'imagerie de Laforge a souvent tourné autour des corps atypiques, qui ne correspondent pas aux cannons de beauté, qui dérangent. On pense aux dessins de trisomiques et de personnes à taille forte. Ici, Laforge troque le crayon pour le drawing pad et créer donc des images numériques. Je ne comprends même pas comment il peut y arriver de cette façon. Cette nouvelle méthode lui permet aussi de superposer les dessins pour en faire des images monstrueuses et hypnotisantes à la fois.
CARA DÉRY
Les paysages éthérés et doublés de Cara Déry produise chez moi calme et sérénité. Les œuvres qui au départ me semblaient très cérébrales et méthodiques se trouvent maintenant arborée de couleurs chatoyantes. Les compositions aussi semblent trouver une plus grande harmonie qu'auparavant. C'est sur cette grande montagne que je vous dit au revoir. Vous pouvez poursuivre votre visite sur Facebook, en suivant le lien ci-dessous.
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