jusqu'au 24 oct | until Oct 24
vernissage 2 oct 18h00 | Oct 2 ~ 6:00PM
lesterritoires.org
Lisandre St-Cyr Lamothe, La fin du romantisme, 2015
ZOE KOKE - JAKE MOORE - CAROLYNE SCENNA - LISANDRE ST-CYR LAMOTHE
Les artistes de forced air rassemblent des objets et des images dont le statut de document ou de preuve recèle également un potentiel narratif. Une certaine latence se dégage de ces projets – quelque chose de caché, pas encore manifeste, un bourgeonnement, un délai entre l’origine d’un signal et sa réception différée – qui met en jeu la notion de temporalité linéaire. Le présent, ce que nous voyons ici et maintenant, articule des référents sociaux, immédiats et distants, comme la musique populaire, les gestes quotidiens et les incontournables femmes phares.
The artists of forced air gather together objects and images that slide between the roles of document or evidence and their potential as narrative triggers. There is a latency to the projects - something concealed, not yet manifest, a budding, a delay between signals sent and their ultimate desired reception - that toys with ideas of linear time. The present, what we are seeing together now, is entangled with social referents both immediate and distant like popular music, quotidian gestures, and touchstone heroines.
Le mot d’ordre « Fuck the clock » de Patti Smith surgit des images diaphanes de Carolyne Scenna tandis que la tension de Babelogue s’affirme : « I don’t fuck much with the past but I fuck plenty with the future ». L’urgence de ces énoncés résonne par-delà la répétition et l’excès de leur diffusion. La réaffirmation du post punk et no wave de Carolyne Scenna est adoucie par le baume cinématographique de Zoe Koke, mais elles partagent toutes deux une aversion et une conscience vive des pièges du capitalisme. Les choix, les biens et les choses qui nous (re)présentent, aussi inadéquats soient-ils, une fois agencés, projettent l’apparence d’une synthèse unifiée. Lisandre St-Cyr Lamothe travaille plus explicitement ce genre de construction, en faisant défiler des images fixes trafiquées de couleurs et de texte à travers le dispositif d’un diaporama archaïque. Ce dernier ne relève pas de la métaphore numérique du Powerpoint; il s’agit d’images capturées sur une pellicule diapositive et actualisées par le procédé de défilement. Ce type d’actualisation est un élément déterminant dans les oeuvres de forced air : les ventilateurs. On y retrouve un traitement de la matière sonore et spatiale qui ralentit et renforce la perception des images, suture le présent au passé, de manière à rendre manifeste les effets réels des relations de pouvoir qui traversent une matérialité toujours déjà sociale, c’est-à-dire façonnée par la classe, la race, le genre. Cette matérialité atteste d’une esthétique ancrée dans une corporéité où la perception sensible porte au-delà du champ visuel.
Ainsi, la banlieue verdoyante et les forêts urbaines dans les images en mouvement de Koke sont présentées de concert avec les images fixes, méticuleusement composées, des paysages de la Nouvelles-Écosse de St-Cyr Lamothe. L’intervention de jake moore déploie une tension dialectique où la captation d’un chant d’oiseau soutient et nie les sites utopiques en créant un jeu de renvois et d’échos avec les trames sonores environnantes, à la fois réelles (Koke) et suggérées (Scenna). C’est cette attention portée vers l’extérieur qui met à nu la sincérité d’une introspection, ce geste qui amène les œuvres à osciller entre le passé et le présent. Il s’agit d’un air de détachement engagé, de désengagement peut-être, pris en flagrant délit. Cet air est en partage. D’ailleurs, l’air que j’imagine en train de ventiler mon environnement, de disperser les bribes de papier accumulées ou de balayer nonchalamment les rideaux pour révéler le jour, n’est-ce pas l’air que je sens traverser la glotte et qui incite à la parole, l’air auquel on peut accorder une voix ?
Patti Smith’s dictum “Fuck the clock” leaks through the milky images of Carolyne Scenna and the tension of Babelogue asserts itself, “I don’t fuck much with the past but I fuck plenty with the future”. The urgency of the statements cannot be diluted by repetition or the excess that surrounds them, they pulse through. The reassertion of post punk and no wave of Carolyne Scenna is softened in the cinematic gauze of Zoe Koke but each hold a conscious aversion and hyper awareness of capitalist trappings. Things, stuff, consumables, choices to be made to (re)present ourselves that always prove inadequate though when sequenced effectively project a semblance of a whole. Lisandre St-Cyr Lamothe works most overtly with this kind of construction, placing still image after still image, intermixed with text and colour in the antiquated narrative of a slide show. Here it is not the digital metaphor of PowerPoint, but actual images shot on slide film following one after the other. This type of actualization is key to each of the artists works in forced air : les ventilateurs, there is a materiality that slows and thickens the perception of the images and sutures the present to the past both in modes of production and kinds of engagement. The images are held with the sonic and the spatial to present a social materiality, one that is understood as the real effects of class, race, gender, and social organization. This asserts aesthetics as being of the body, sensorial, and moving beyond the eye.
Thus, the verdant suburban sites and urban forests in Koke’s moving pictures are in concert with the carefully composed stills of Nova Scotia landscape from St-Cyr Lamothe. The canned bird song emerging from jake moore’s intervention both supports and denies the utopic sites while playing call and response with the distant soundtracks both actual, (Koke) and suggested, (Scenna). It is this gesturing outward while laying bare sincere introspection that causes the works to oscillate between then and now. It is an air of engaged detachment, or perhaps detaching, caught in the act of. This air is shared and when one imagines the pushing of air to cool one’s environment, to scatter collected pieces of paper, or languidly shift curtains to reveal the day, one can also feel the air pushed up through the glottis that urges forth speech and can be determined as voice.
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