jusqu'au 17 oct | until Oct 17
lacastiglione.ca
NOÉMIE DA SILVA
Noémie Da Silva, Décharge – Tableau no4, 40x40 pouces, Edition 1/5, 2015
DANI HAUSMANN
Dani Hausmann, Malting Dream No 5, 50x54 pouces, Édition 1/4, 2004
ARNAUD LESAGE
Arnaud Lesage, série Windroses, 40x40 pouces, Édition 1/8, 2013
ALAIN PRATTE
Alain Pratte, On a marché sur la Lune, 32x39 pouces, Édition 1/8, 2015
MARIE-JOSEÉ ROUSSEAU
Marie-Joseé Rousseau, Chien, 27x18 pouces, Édition 1/7, 2015
PIERRE TOUSIGNANT
Pierre Tousignant, série Pays miens, 22x17, Édition 1/5, 2009
Dans le cadre du « Mois de la photo Off », La Castiglione propose une exposition collective, entre quêtes du médium et quêtes de sens. Une photographie qui vient décloisonner le champ des pratiques de la production artistique actuelle.
Noémie Da Silva, Arnaud Lesage, Marie-Josée Rousseau et Pierre Tousignant explorent l’élément physique de la photo et les différentes matérialités qu’elle peut prendre. Tenir compte des transformations du médium, c’est aussi se pencher sur le potentiel infini du format numérique ; son accessibilité, sa capacité de transformation dans le but de créer un nouveau sujet. Alain Pratte nous amène à voir le monde différemment. Il joue d’associations qui tissent les identités territoriales et les changements inhérents à ces constructions visuelles ; une manière de réfléchir la société autrement. Dani Hausmann nous entraîne dans une expérience onirique au travers de décombres, de ruines et de présences fantomatiques. C’est par la juxtaposition d’images qu’il réussit à former un tout. Cette idée de fragmenter l’espace afin de mieux le restituer. Ils ont en commun un contexte social et technologique où il est de mise d’explorer les dimensions expressives et conceptuelles du médium.
NOÉMIE DA SILVA
Noémie da Silva photographie non seulement le monde, mais s'intéresse également aux photographies déjà existantes, délaissées trop souvent par les familles ou la société. Elle s’intéresse aux technologies de pointe, à la tradition analogique, ainsi qu’aux hybridations entre média. Son travail artistique sonde le médium photographique et ses produits pour traiter de la surconsommation et de la surproduction d’images dans la vie quotidienne.
À première vue, la série Décharge de Noémie da Silva semble être une immense carte postale. Elle possède pourtant la particularité d’exclure toute présence humaine ou animale. Maisons, arbres, statues pétrifiées, terrains vagues sont autant de sphères formant monticules, buttes, élévations, dont certaines s’échappent dans les airs telles des bulles de savon. À partir de photographies amateurs – il y en a plus de mille-six-cents, numérisées et retravaillées à l’aide de différents logiciels – Noémie da Silva cherche à nous faire réfléchir sur le trop plein d’images dans nos sociétés.
Titulaire d’une Maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’UQÀM (2008) et d’un Baccalauréat en beaux-arts, majeur en photographie, de l’Université Concordia (2005), elle a également reçu plusieurs distinctions (bourses du FQRSC et du CIAM; Prix Gabor Szilasi). Son travail a été présenté au Canada et fait parti de collections privées et publiques, dont celle de la Ville de Montréal. Elle est aussi cofondatrice et coordonnatrice du centre d'artiste Le Cabinet, un espace de production photographique basé à Montréal.
DANI HAUSMANN
Fermée au tournant des années 1980, la Redpath Sugar s’enrobe de graffitis qui lui donnent l’aspect d’une grotte de Lascaux contemporaine. Dani Hausmann s’inspire des images du Quattrocento – Bellini, Fra Angelico, Véronèse – pour plonger dans les ténèbres de Redpath Sugar ; il s’ensuit une série de photomontages – version actuelle d’une Annonciation qui s’éternise.
À un certain moment, Dani Hausmann a voulu faire grand. Capter l’immensité du lieu en balayant de sa caméra tous les éléments visuels logés à gauche, à droite, en haut et en bas. Du ciel au sol. Une façon de donner une certaine épaisseur à l’image. Une quête d’absolu où l’espace se retrouve fracturé pour mieux en rendre compte. Pour en accumuler les défauts. Dani Hausmann, comme l’archéologue, nous dévoile ce qui se cache derrière ces ténèbres. C’est peut-être une mémoire archaïque reliée à l’enfance, ou à un temps plus lointain encore, la mémoire d’un désert, non pas physique, mais psychique. Des espaces à la fois hostiles et grandioses, entourés de silence où restent perceptibles les lamentations des pierres.
Dani Hausmann détient un diplôme en architecture (Université Mc Gill) et a œuvré dans le milieu du cinéma pendant près de vingt ans. Il a à son actif plusieurs expositions collectives et individuelles. Ses œuvres sont dans des collections privées au Canada et aux États-Unis.
ARNAUD LESAGE
Dans la série Windroses d'Arnaud Lesage, l’image photographique se voit reproduite et présentée dans des inclinaisons différentes. Ainsi désorientée et agencée auprès de ses semblables, l'image clonée se dissout tout en formant un nouvel objet photographique dont la construction est déterminée par la mécanique de ses lignes propres. Les clichés d'Oxoscapes subissent, eux aussi, un traitement rudimentaire. Une double inversion, calquée sur ce qui se produit dans la chambre noire, est opérée : l'image est présentée non seulement en négatif, mais aussi retournée de haut en bas. La lecture du paysage ainsi induit s'en trouve radicalement altérée, puisque ce qui est perçu comme un ciel étrange s'avère être le sol, et vice-versa. Le spectateur se trouve ainsi confronté à des paysages qui, bien qu'en adéquation avec la réalité historique de la photographie, n'en sont pas moins devenus des représentations aux frontières du vraisemblable, des paysages immatériels, littéralement extraterrestres. Des paysages contemplés depuis l'intimité de la chambre noire.
Arnaud Lesage accumule les images d'archives qui, au fil de sa quête, trouvent leur utilité en se confrontant à de plus récents clichés qui en constituent tant la mémoire que les prolongements actualisés. Les archives deviennent ainsi des prémonitions d'œuvres futures — des esquisses en quelque sorte —, cela dans un perpétuel va-et-vient entre terrain et atelier, entre passé et présent, jusqu'à se concrétiser comme à rebours. Arnaud Lesage a été remarqué en 2005, lorsqu’il a remporté le Prix Fnac européen de la photographie grâce à une série assemblant des formes verticales observées dans différents pays en réponse à son projet provocateur de « faire la même image n'importe où dans le monde ». Cette série intitulée Anatopées, bien que toujours en cours d'élaboration, a notamment été exposée à Art Souterrain en 2012 et publiée aux Éditions Gang en 2013. Entretemps, il a été lauréat du programme Villa Médicis-Hors les Murs de l'Institut français ; ses œuvres ont fait l'objet d'acquisitions par la Bibliothèque Nationale de France et furent sélectionnées ou exposées dans le cadre de plusieurs prix et festivals internationaux de photographie ou d'art contemporain.
ALAIN PRATTE
La Ville autour est une série qui propose une sorte de voyage en images dans un lieu a priori familier, mais rendu insolite par l’association d’éléments visuels qui, pris isolément, pourraient s’avérer sans signification particulière. La Ville autour, c’est aussi le constat apparemment banal que tout lieu porte en lui une infinité d’images latentes qui ne renvoient pas nécessairement au lieu dit mais à l’idée qu’on peut s’en faire et à la manière de l’appréhender. Bref, le but de ce projet ne consiste pas à documenter une ville parmi d’autres (Montréal, en l’occurrence), mais à faire exister cette ville autrement. Ces images forment un peu le contrepoint d’une représentation habituelle de la ville, réduite la plupart du temps à ses attractions les plus rebattues et à ses monuments les plus emblématiques. Dans ce projet, Alain Pratte cherche plutôt à composer avec l’anodin, le périphérique, le trivial, et ce, en vue de produire une série photographique qui serait à la fois un paysage imaginé et une traversée de ce paysage. Il s’agit en définitive d’une invitation au voyage dans un espace indéfini à la frontière du réel.
On a marché sur la Lune montre une autre facette de la réalité visible. Il s’agit cette fois de faire comme si la ville avait cessé d’exister, qu’elle n’était plus qu’un amas de décombres, de traces, de vestiges, de stigmates d’une époque antérieure et révolue. Ne reste plus alors qu’un paysage lunaire aux airs de fin du monde et des éléments épars d’une société disparue à partir desquels on peut se livrer à diverses conjectures sur la réalité sociale de cette humanité éteinte quitte à s’interroger au passage sur les fondements de l’existence à une époque où la fameuse question « Qu’est-ce qui fait courir les hommes ? » se pose à chaque instant. Depuis 1973, Alain Pratte a réalisé de nombreux projets photographiques parmi lesquels plusieurs ont fait l’objet de publications et d’expositions au Canada et à l’étranger. Son travail témoigne du temps qui passe, de la pérennité ou de la fugacité des choses, des destins prévisibles et des ambitions illusoires…
MARIE-JOSÉE ROUSSEAU
Dans cette série photographique, Marie-Josée Rousseau joue avec les perceptions de ce qui est réel et de ce qui ne l’est pas. Grâce à sa vision singulière, de nouveaux agencements prennent forme. Les sujets sont transformés de façon étrange, côtoyant un certain surréalisme. Marie-Josée Rousseau cherche à révéler le dialogue qui s’établit dans ces non-lieux entre les territoires altérés par l'Homme et la résilience de la nature. Elle s’intéresse aux motifs et aux textures du paysage en tant que surfaces en transformation, mais également comme concepts créés par et pour l’Homme. Elle cherche le sublime là où la nature est entachée, manipulée ou carrément détruite.
Née à Chicoutimi, elle vit et travaille à Montréal. Titulaire d’un baccalauréat (UQTR) et d’une maîtrise en psychologie (Université Paul Valéry en France), elle détient également un diplôme en histoire de l’art (UQAM). Photographe autodidacte, ayant œuvrée dans le monde de l’édition et des communications, elle fonde en 2014 la Galerie La Castiglione. Commissaire invitée, volet Photographie, au festival Art Souterrain 2016.
PIERRE TOUSIGNANT
Pierre Tousignant nous présente des images issues des procédés de détournement et d'appropriation, concept répandu dans les arts visuels depuis les années 1970.
Détournement en effet, car la destination d'images à vocation scientifique a ici été changée radicalement. Appropriation aussi, car non seulement les images ont-elles changé de finalité, mais elles ont aussi été altérées dans leur corps, leur matière, de manière à leur conférer le maximum d'efficacité sur le plan de la communication visuelle. Les images proviennent de la caméra HIRISE (High Resolution Imaging Science Experiment) qui se trouve à bord d’un orbiteur évoluant autour de la planète Mars. Pierre Tousignant explore patiemment ces images haute résolution, il les scrute en tous sens et à différentes altitudes afin d’en extraire des fragments qu’il recadre et recontextualise. En somme, il les détourne de leur destination première, d’ordre strictement scientifique, pour leur conférer sens et émotion et, ce faisant, les propulser dans le champ de l’art. Dans le cadre de cette exposition, deux séries nous sont présentées : Apologie du corps et Pays miens.
Pierre Tousignant détient une license (Le cinéma ou la présence imaginaire) en philosophie de l'Université de Montréal, ainsi qu'une scolarité de doctorat en philosophie (Sémiologie de l’image, corpus photographie), Université de Paris-Nanterre, France. Depuis 2008, il participe à des expositions solos et collectives.
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