« ÉQUILIBRE »
jusqu'au 3 oct | until Oct 3
beauxartsdesameriques.com
Lorraine Pritchard, Literal Space #1, 2012, encre sur washi, 62,23x45,72 cm
Cette exposition des œuvres sur papier de Lorraine Pritchard traduit sa relation unique et assidue avec le washi, un papier japonais à longues fibres, l'un des objets figurant dans la liste du patrimoine culturel de l'UNESCO. Au XIIIe siècle, lorsque les Européens découvrent le processus de fabrication du papier, les Japonais en connaissaient tous les secrets depuis plus de 600 ans. Ne dit-on pas que Rembrandt en son temps déjà utilisait un papier japonais pour ses gravures ?
This exhibition highlights Lorraine Pritchard’s works on paper and her unique and enduring relationship to washi, the long-fiber Japanese tissue, one of UNESCO’s intangible cultural heritage objects. When the Europeans discovered paper-making in the 13th century, the Japanese had been making paper for 600 years. Rembrandt is said to have used Japanese paper for his fine etchings.
Lors de la visite du studio de Lorraine Pritchard afin d'y effectuer la sélection des œuvres devant constituer l'exposition, la multitude d’œuvres magnifiques nous plaçaient devant un choix difficile. Toutefois, lorsque l'artiste nous a présenté les grands dessins qu'elle avait réalisés au cours des mois précédents, nous avons été conquises. Ces œuvres témoignent de changements non négligeables par rapport aux travaux précédents, dont les marges constituaient un élément déterminant de la composition. Dans les œuvres récentes, la structure rythmique, libérée des contraintes des marges, occupe toute la surface et cette transition revêt une grande importance.
Tout en faisant appel à un vocabulaire modeste de lignes et de courbes, la capacité de l'artiste à élaborer des solutions semble ne connaitre aucune limite. Chaque séquence nouvellement créée suscite une nouvelle perspective faisant surgir une série d'inscriptions abstraites, dont tous les horizons sont explorés jusqu'à épuisement de leur potentiel. Chaque série est le fruit d'une séance quotidienne d'une heure chaque matin. Cette pratique dans le calme s'apparente ainsi à une forme de méditation, qui confère à l’œuvre un aspect intimiste, une sérénité qui interpellent le spectateur. Selon les propres mots de l'artiste au sujet de sa pratique :
« Il arrive fréquemment que le geste créateur n'ait rien de linéaire. D'une certaine façon, pour moi, toute action est simultanée. Si le geste pouvait intervenir plus rapidement, l'idéal serait qu'il soit solidaire de la pensée. Cela est malheureusement impossible. Il s'agit néanmoins d'une aspiration qui anime ces tableaux. Les œuvres de cette série reflètent l'immédiateté de la pensée spontanée et le lien intime qu'elle entretient avec l'action. Selon moi, faire de l'art relève d'une confiance inébranlable en l'intuition et de l'abandon de la rationalité. Je n'irais pas jusqu'à prétendre que la « pensée » n'intervient aucunement, puisqu'une multitude de décisions doivent continuellement être prises, mais elles s'appuient sur un processus intuitif qui se passe de l'intervention de la pensée. »
Cet état d'esprit « ancré dans le moment présent » instaure une qualité Zen à la fois limpide et satisfaisante au sein de l'environnement actuel où tout est numérique et se déroule en accéléré. Cette situation nous rappelle que nous devons, de temps en temps, nous en abstraire et écouter notre voie intérieure.
The visit to Pritchard’s studio to select the work for this exhibition could have been a daunting task because there is so much to choose from. When Pritchard rolled out these large-format drawings, which she has produced over the last few months, we were done. They revealed a significant change from previous works where margins have been a traditional compositional element. In these late works, the rhythmic structure has broken free of the bounds of the margins to occupy the entire surface of the paper and this transition is an important one.
Pritchard’s ability to discover seemingly limitless possibilities for a modest vocabulary of lines and curves is remarkable. Each new sequence creates an avenue to the next series of abstract scripts, which is explored until its potential is exhausted. Each series is often inspired by her daily practice of drawing for an hour each morning. It is reasonable to assume that this quiet time is a form of meditation, which gives the work its intimate, peaceful and appealing countenance. About her practice, let us allow Pritchard to speak for herself:
“Often, the act of creation is not a linear one. More often, as it is for me, all action is in a sense simultaneous. If physical action could be made to happen more quickly, it would operate at the same rate as thought. Alas, this is not possible, but the desire for it to be animates these paintings. The works in this series reflect the immediacy and interrelationship of spontaneous thought and action. I have often viewed the act of making art as an act of trust in intuition, discarding deliberate rationality. It is not that 'thinking' is not occurring since a multitude of decisions are being made continually, but they are being made in reliance on the intuitive faculty to direct the decision making process.”
This mindfulness - “being in the moment” - creates a Zen-like quality that is intelligible and particularly satisfying in the fast-paced digitally-overloaded environment which we now inhabit. It is a reminder that we must, from time to time, turn it all off and listen to our inner voice.
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