jusqu'au 24 mai | until May 24
lacastiglione.ca
Dani Hausmann
GUY GLORIEUX - DANI HAUSMANN - MARCEL MUELLER - MARIE-JOSÉE ROUSSEAU
Photographier, c’est écrire avec la lumière. L'écriture photographique procède de la lumière afin de nous révéler non seulement les partis pris esthétiques et artistiques de l'artiste, mais surtout sa vision personnelle du monde.
Dans le cadre de cette exposition, quatre photographes abordent la lumière sous des angles différents : Guy Glorieux exploite la lumière en relation avec les possibilités expressives du sténopé, caractérisé par des rendus doux et poétiques, Dani Hausmann joue de la lumière comme élément structurel dans ses compositions, Marcel Mueller capte les aurores boréales en tant que sujet et enfin, Marie-Josée Rousseau privilégie une lumière diffuse afin de faire ressortir les qualités graphiques du paysage.
Depuis une quinzaine d’années, le travail artistique de Guy Glorieux porte essentiellement sur le paysage urbain, son esthétique et ses représentations. Sa réflexion renvoie à la symbolique de l'architecture verticale des grands centres urbains. Son travail cherche à transformer la perception du spectateur vis-à-vis de l’espace et de la réalité. Par choix délibéré, il garde ces images au stade du négatif. Le ciel apparaissant d’un noir opaque, crée l’illusion que nous sommes au cœur de la nuit et qu’une phosphorescence habite les édifices. Puis, l’image inversée de la ville génère un décalage déstabilisant alors même que l’on tente de reconnaître le panorama urbain familier où tout est permuté. L’angle de prise de vue surplombant la cité accentue ce décalage en donnant une perspective d’observation inhabituelle invite à la découverte des lieux. Le spectateur se voit ainsi impliqué dans l'interprétation et la compréhension de paysages connus, souvent parcourus, mais non plus remarqués. Dans ces œuvres, les certitudes et habitudes perceptives sont troublées par toutes les anomalies qu’on y retrouve, distanciant les points de repères, souvent tenus pour acquis. La technique du sténopé s’est imposée comme la meilleure façon d’atteindre une vision plus organique et poétique. Le sténopé, la « Camera Obscura », datant du 12iè siècle, une simple boite opaque avec un petit trou par où passent les rayons de lumière qui viennent former une image sur un papier photographique. Guy Glorieux transforme une chambre d'hôtel, un loft ou un bureau corporatif en une vaste caméra au sténopé dans laquelle on utilise des feuilles de papier argentique de très grand format pour en capter le paysage extérieur. Il se retrouve littéralement à l’intérieur d'une caméra géante, au cœur de la création de l'image photographique, maître d’intervenir sur chacune des étapes du processus et d’en contrôler les paramètres. Il n'en faut pas plus pour faire des photos empreintes d'une douceur qui laisse sa marque distinctive et affirme leur atmosphère singulière. Guy Glorieux est né en France, vit et travaille à Montréal. Cela fait plus de cinquante ans qu’il utilise divers processus photographiques. Il a participé à plusieurs expositions solos et collectives, ici et à l’étranger, au musée Mc Cord de Montréal et au musée des Beaux Arts du Mont St-Hilaire. Il a fait ses études universitaires à l’UDM en Sciences économiques et en photographie à l’université Concordia. Ses œuvres figurent dans plusieurs collections privées et publiques.
Au commencement est ce désir, de quelque chose de difficile à saisir, à localiser, souvenir vague d’un lieu enfoui quelque part depuis l’enfance – mais pourquoi se sentir interpellé par des lieux jusqu’alors jamais foulés : Redpath Sugar, Canada Malting, les rues Mill et Moreau ? Et puis cette caméra qui ne demande qu’à faire de la lumière sur ces sites poussiéreux et sombres. Dani Hausman, comme l’archéologue, nous dévoile ce qui se cache derrière ces ténèbres. C’est peut-être une mémoire archaïque reliée à l’enfance, à l’Amérique du sud ou même antérieure, à celle d’un désert, non pas physique, mais psychique. Des espaces hostiles et grandioses à la fois, entourés de silence, sans en être un véritablement puisqu’il nous est possible d’entendre les lamentations des pierres. C’est ainsi qu’ont débuté les séries d’autoportraits (Why not you) de Dani Hausmann. Une expérience onirique au travers de décombres, de ruines et d’artefacts prend forme. Fermée au tournant des années 1980, la Redpath Sugar s’enrobe de graffitis, lui attribuant cet aspect d’une grotte de Lascaux contemporaine. La caméra devient un outil d’exploration psychanalytique par excellence. La figure devient autonome et s’affirme dans ses propres dérivations avant de s’immortaliser : l’événement c’est Soi. Elle révèle de nouvelles possibilités au travers des distorsions de lentilles, d’expositions variables, mais plus que tout, autour de métamorphoses vraisemblablement aléatoires. Surgit l’apparition de cornes, de queues et autres membres surnuméraires. Les figures deviennent énormes, petites, grosses, monstrueuses, diaphanes. L’image s’édifie à la suite d’une collection d’accidents. La caméra est comme une boîte magique ou une machine à rayons X qui désassemble le Moi, structure de l’imaginaire. Dani Hausmann est né au Venezuela, vit et travaille à Montréal. Il détient un diplôme en architecture (Université Mc Gill) et a œuvré dans le milieu du cinéma pendant près de vingt ans. Il a à son actif plusieurs expositions collectives et individuelles. Ses œuvres sont dans des collections privées au Canada et aux États-Unis.
Marcel Mueller nous présente son dernier projet photographique réalisé sur le territoire du Nunavik. En 2014, il explore la dernière frontière, où la faune, la flore et les phénomènes météorologiques l’ont fascinés. Premier contact avec les aurores boréales, sujet qui se meut, se déploie et s’esquive dans le ciel à des vitesses désarmantes. Comment photographier la lumière même : un sujet toujours en mouvement avec très peu de luminosité environnante, puisqu’il fait nuit. Le phénomène se produit lorsque les particules émises par le soleil s'électromagnétisent au-dessus de la stratosphère. Elles recouvrent ainsi le ciel de draperies phosphorescentes pouvant furtivement reproduire sur leurs extrémités toutes les couleurs du spectre. Les aurores boréales surgissent dans le ciel avec des temps de décalage pouvant varier de l’une à l’autre, de quelques secondes à quelques minutes. Entre deux aurores, c’est l’attente. L’attente dans une noirceur ambiante sous un ciel incroyablement étoilé, donne envie d’explorer, d’essayer de capter tous les instants en balayant de sa caméra le paysage devant. Des images surprenantes s’enregistrent, résultats de phénomènes tellement puissants, énergétiquement et spirituellement parlant. C’est en parcourant la terre, à fouler le sol de plus de 75 pays, que Marcel Mueller nous invite à contempler des lieux d’où nous revenons souvent transformés. Il se spécialise dans le photoreportage et le voyage, avec cette idée d’établir une documentation sur les endroits et les gens rencontrés. Originaire de la Suisse, il travaille de part le monde et vit à Montréal. Marcel Mueller est photographe professionnel, guide expérimenté, conférencier et surtout, un grand voyageur. Il a participé à des expositions collectives et individuelles à Montréal, New York, Bangkok et Whistler.
Marie-Josée Rousseau propose dans ses photographies un regard novateur sur les paysages postindustriels. Elle cherche à révéler le dialogue qui s’établit dans ces non-lieux entre les territoires altérés par l'Homme et la résilience de la Nature. Elle s’intéresse aux motifs et aux textures du paysage en tant que surfaces en transformation mais également comme concepts créés par et pour l’Homme. Elle cherche le sublime là où la nature est entachée, manipulée ou carrément détruite.
Dans cette série de photographies, Marie-Josée nous montre deux sujets en voie de disparition : les grands glaciers de la Patagonie et le bison d’Amérique. Dans ses images se côtoient beauté et altération. Grâce à sa vision singulière, de nouveaux agencements prennent forme, devenant presque une abstraction et une poésie pour les yeux. Préoccupée surtout de rendre les qualités graphiques particulières du paysage, elle cherche à éviter les lumières trop intenses, privilégiant les ciels nuageux et ses lumières diffuses. Née à Chicoutimi, elle vit et travaille à Montréal. Titulaire d’un baccalauréat (UQTR) et d’une maîtrise rn psychologie (Université Paul Valéry en France), elle détient également un diplôme en histoire de l’art (UQAM). Photographe ayant œuvré dans le monde de l’édition et des communications, elle fonde en 2014 la Galerie La Castiglione.
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