4 déc au 7 fév | Dec 4 to Feb
vernissage 6 déc 19h00 | Dec 6 ~ 7:00PM
dazibao-photo.org
SCOTT MASSEY
« LIGHT ADJUSTMENTS »
© Scott Massey, Spectrum Study, 2013
À travers une série d'œuvres qui, en apparence, empruntent aux mécanismes de l'observation et de la démonstration scientifique, Scott Massey joue avec les limites de notre perception visuelle, nous forçant à moduler – si ce n'est carrément corriger – la lecture intuitive de ce qui est donné à voir. Chacune de ses œuvres est soigneusement écrite, autant pour le choix du sujet que pour le processus même de sa mise en image, comme cherchant à atteindre non pas l'objectivité de la représentation (du paysage, de la lumière, du temps, des forces de l'univers) mais une sorte d'absolu. En idéalisant les mécanismes de la représentation, le travail de Scott Massey creuse notre désir de « voir pour connaitre. »
Through a series of works which, in appearance, borrow the mechanisms of scientific observation and demonstration, Scott Massey plays with the limits of visual perception, forcing us to modify, or sometimes to correct outright, our intuitive reading of what we see. Each of his works is carefully written, both in its choice of subject and in the very means by which the image is created, as if he were seeking to achieve not an objective representation (of landscape, light, time, the forces of the universe) but rather a kind of absolute. By idealising the mechanisms of representation, Massey’s work examines our desire to “see as a means of knowing”.
« FUTURE PERFECT »
Commissaire : Boshko Bosković
© Nita Deda & Yll Citaku, Our Bride, 2011
ANA BILANKOV - GORANA BOSNIĆ - SANDRA DUKIĆ & GORDANA MACANOVIĆ - MLADEN MILJANOVIĆ - NITA DEDA & YLL CITAKU - RENATA POLJAK - KAMER ŞIMŞEK
Les Balkans sont une construction intellectuelle, elle-même chargée de significations idéologiques polyvalentes; depuis Byzance, sa position « d’entre-deux » a jeté dans la perplexité l’Occident, dont le point de vue sur la région est souvent singulier, externe et statique. Le démantèlement de la Yougoslavie dans les années 1990 a donné lieu à un nouvel objet de fascination balkanique : le conflit ethnique et le nationalisme. Dans la foulée, de nombreuses expositions internationales ont perpétué certains stéréotypes du « Far East ». Une bonne part de ce qu’on attribue à cette région émane d’un imaginaire populaire occidental qui ignore les spécificités des histoires et des cultures locales et qui en réduit la description au langage du sang et du miel. Dans son important ouvrage intitulé Imaginary Balkans, Maria Todorova écrit ce qui suit : « La difficulté de s’identifier à la région des Balkans est un sous-groupe d’un problème plus vaste d’identification avec les nations périphériques.1 »
The Balkans are an intellectual construct, loaded with multivalent ideological meanings; since the Byzantium its ‘in-between’ position has confused the West, whose perspective of the region is often singular, external and static. The dismemberment of Yugoslavia in the 1990’s introduced a new object of fascination with the Balkans: ethnic conflict and nationalism. Following this, a number of international exhibitions perpetuated certain stereotypes of the wild east. Much of what is attributed to this region emerges from a popular Western imagination that ignores the specificities of local histories and cultures, reducing descriptions to the language of blood and honey. In her seminal book, Imaginary Balkans, Maria Todorova states the following: “The problem of identifying with the region of the Balkans is a sub variety of a wider identity problem of peripheral nations.”1
SCOTT MASSEY
L’exposition présente d’abord les résultats de l’observation de la Lune et du Soleil à l’aide d’instruments et de techniques variés, autant surannés que sophistiqués. Suivent ensuite diverses manipulations qui, dans leur transposition visuelle, mettent l’accent sur le rôle même de l’optique dans la captation et le décodage des phénomènes. Puis, comme dans un retournement de son propre discours, l’exposition se clos sur la « mise en scène » et la répétition d’une expérience, étapes indispensables mais habituellement invisibles d’une démonstration probante.
Avec Light Adjustments, Dazibao présente pour la première fois à Montréal le travail de Scott Massey, récipiendaire de la huitième résidence de production-diffusion offerte annuellement par PRIM et Dazibao.
Détenteur d’un baccalauréat en photographie de la Emily Carr University of Art + Design, Scott Massey vit à Vancouver. Ses œuvres se situent au confluent de l’art et de la science, tandis qu’il accentue et amplifie les phénomènes naturels à l’aide d’instruments ou de légères manipulations. La lumière comme médium occupe une place importante dans son travail, lequel découle de recherches dans les domaines de la physique quantique, de la cosmologie, de l’astronomie et d’autres disciplines scientifiques. Ses œuvres ont fait l’objet d’expositions individuelles, par exemple, Let’s Reach c Together (Charles H. Scott Gallery, Vancouver, 2013); Topologies and Limits (CSA Space, Vancouver, 2011); Swan Song (Luminato Box, Toronto, 2009). En 2015, il présentera également Unstable Ground (Burnaby Art Gallery, Colombie-Britannique) et The Day Breaks (Gallery 44 Centre for Contemporary Photography, Toronto). Ses œuvres ont fait partie d’expositions collectives au Canada et à l’étranger à la Kunsthal Charlottenborg (Danemark, 2013); à la Contemporary Art Gallery (Vancouver, 2012); au Columbus College of Art and Design (Ohio, 2007); de même qu’au CONTACT Photography Festival (Toronto, 2007).
This exhibition presents, first of all, the results of Massey’s observations of the moon and the sun using a variety of instruments, both out of date and sophisticated. There then follow various manipulations which, in their visual transposition, highlight the role of the optical in capturing and decoding phenomena. The exhibition closes, in a sort of reversal of its own discourse, on the “staging” and repetition of an experiment, the indispensable yet usually invisible steps of a conclusive demonstration.
With Light Adjustments, Dazibao presents for the first time in Montreal the work of Scott Massey, recipient of the eighth annual production-dissemination residency offered by PRIM and Dazibao.
Scott Massey lives and works in Vancouver. He graduated from the photography program at the Emily Carr University of Art + Design. Massey’s work typically explores the confluence of art and science whereby he accentuates and amplifies natural phenomena, often heightened through artificial means or via slight manipulations. Light as a medium figures heavily in his work, which derives out of research into areas of quantum physics, cosmology, astronomy, and other scientific disciplines. Upcoming and recent solo exhibitions include Unstable Ground (Burnaby Art Gallery, Burnaby, 2015); The Day Breaks (Gallery 44 Centre for Contemporary Photography, Toronto, 2015); Let’s Reach c Together (Charles H. Scott Gallery, Vancouver, 2013); Topologies and Limits (CSA Space, Vancouver, 2011); Swan Song (Luminato Box, Toronto, 2009). His work has also been included in group shows in Canada and abroad at Kunsthal Charlottenborg (Denmark, 2013); Contemporary Art Gallery (Vancouver, 2012); the Columbus College of Art & Design (Ohio, 2007); and the CONTACT Photography Festival (Toronto, 2007).
« FUTURE PERFECT »
Future Perfect [Le parfait du futur] réunit des courts métrages et des vidéos reproduisant consciemment ou inconsciemment une forme de nostalgie, archétype qui, grammaticalement parlant, ne s’exprime pas seulement au passé composé, mais qui s’immisce dans le futur. La géographie prédétermine, cadre et inspire le sujet de chacun des artistes, produisant un récit dans lequel le passé est lové dans la texture de chaque image en mouvement. Les six œuvres renforcent la manière dont notre esprit fait l’expérience du temps, souvent dans deux sites à la fois : dans l’ici et le maintenant, mais aussi dans ce temps-là. Chacune contient sa part d’évocation mélancolique, surtout pour ce qui est sur le point de s’interrompre ou n’existe plus, faisant de ces œuvres en quelque sorte des observateurs de réalités constamment en évolution.
Dans sa vidéo documentaire expérimentale In War and Revolution (2011), Ana Bilankov étudie l’amnésie personnelle et collective liée aux changements politiques du début des années 1990 en Croatie. Bilankov emploie une structure de montage en parallèle. D’une part, tout en feuilletant un livre intitulé The School in War and Revolution, sa grand-mère de 97 ans tente de se rappeler sa jeunesse quand elle était enseignante, évoquant en particulier le mouvement antifasciste durant la Seconde Guerre mondiale. D’autre part, l’artiste interviewe des intellectuels croates au sujet des livres qui ont été retirés des librairies et des bibliothèques par le nouveau gouvernement croate, au début des années 1990, parce que jugés idéologiquement inappropriés.
La vidéo Staging Actors/Staging Beliefs (2011) de Renata Poljak gravite autour du personnage de Boško Buha, une icône de l’idéologie communiste à l’époque de la Yougoslavie socialiste. Au moyen d’entrevues avec Ivan Kojunždić, l’acteur qui a joué Boško Buha enfant, Poljak explore comment les croyances sont brisées quand on perd les héros qui ont interprété le monde qu’on a connu. Pour examiner les transformations et les mutations des programmes politiques, sociaux et culturels de la Yougoslavie depuis la désintégration du pays au début des années 1990, Poljak se penche sur la vie actuelle d’acteurs ayant joué des rôles principaux dans des films populaires d’autrefois. Elle pose un regard sur la manière dont les idéologies et les programmes politiques se forment et se dissolvent en même temps que sur les mécanismes de construction et de documentation de l’histoire et de la mémoire qui, eux aussi, se transforment.
Mladen Miljanović, avec Do You Intend to Lie To Me? [Da li namjeravate] (2011), vise à révéler la vérité sur la brutalité de la vie, sur l’art et sur la responsabilité dans la Bosnie d’après-guerre. Cet hommage à la vie de son professeur en art et mentor Veso Sovilj donne l’image d’un milieu social stagnant. Sovilj, le principal protagoniste, participe au film dont il est le sujet mais sans le savoir, pendant que Miljanović met en scène et entremêle différents segments de la société de façon à créer un grand happening, devenant ainsi lui-même un animateur de la réalité. Pour marquer le 30e anniversaire de la carrière de Sovilj, Miljanović décide de lui faire un cadeau. Endossant la mission de donner forme à un concept inventé par son mentor mais jamais matérialisé, Miljanović réalise un film dans lequel son professeur passe un test polygraphique sur la véracité de l’art et de la vie.
Boogeyman On Call (2012) montre trois jeunes femmes, soit Gorana Bosnić, Sandra Dukić et Gordana Macanović, qui entreprennent un voyage dans un village de la Bosnie occidentale où leur pellicule saisit le phénomène du croque mitaine (ou bonhomme Sept-Heures). L’histoire commence sous la forme d’un reportage d’investigation proposant, entre autres, des interviews avec la police qui cherche à traquer la créature mythique. On réalise toutefois rapidement que le récit déplace son centre de gravité pour examiner plutôt les peurs personnelles, sociales et politiques de cette communauté précise.
Le court métrage Our Bride [Nusja Jonë] (2011) de Nita Deda et d’Yll Citaku documente le rite de mariage coloré et complexe dans la communauté des Torbeshi de Donje Ljubinje, un petit village situé sur le mont Shara, au Kosovo, où les futures mariées se font décorer méticuleusement et abondamment le visage, pendant que leurs corps se couvrent de couches de vêtements et d’accessoires traditionnels faits à la main. Important dans la vie de chaque femme, ce processus a également des connotations spirituelles. Le costume et le maquillage de la future mariée lui donnent l’apparence d’une poupée vivante, la protégeant du mauvais œil et décourageant commérage et spéculation. Le film saisit la polarité tradition/modernité dans le contexte précis d’une toute petite population qui dispose d’un ensemble d’us et de coutumes en voie de disparition au début du 21e siècle. À l’heure du virtuel et du numérique, il ne reste dans le village de Donje Ljubinje qu’une seule femme capable de parer les futures mariées et elle n’a personne à qui transmettre son art et son savoir-faire.
Night Ride [Gece Gezisi] (2013) de Kamer Şimşek aborde la réminiscence et la solitude. Un homme âgé prend un taxi pour parcourir les rues de sa propre ville. Pendant ce déplacement, il réfléchit à son existence, partageant avec le chauffeur les moments remarquables et déchirants de sa vie. À la fin de la course, les deux hommes reviennent aux souvenirs des sites qui leur sont chers dans cette ville qui les a formés en tant que personnes. - Boshko Bosković
- Maria Todorova, Imagining the Balkans, Londres, Oxford University Press, 2009, p. 9.
Future Perfect is a selection of short films and videos featuring storytelling that consciously/unconsciously mimics the archetype of longing, which is not – grammatically speaking – expressed only in the past tense, but also permeates concurrently into the future. Geography predetermines, frames and inspires the subject matter for each artist, creating a narrative where the past is folded inside the texture of each moving image. The six works reinforce the way our minds experience time: often in two places at once – in the here and now, but also in the back then. Each piece contains a dose of melancholy evocation, particularly of that which ceases or no longer exists, transforming the artworks into observers of realities that are constantly changing.
Ana Bilankov’s experimental-documentary video In War and Revolution (2011) investigates the personal and collective amnesia that occurred during political changes of the early 1990’s in Croatia. Bilankov employs a structure of parallel editing and an interview with the author’s 97-year-old grandmother, who tries to remember her youth as a teacher during the anti-fascist movement in World War II by looking at a photograph from the book The School in War and Revolution. The artist interviews the local intellectuals on the subject of removal of inappropriate books on ideological grounds from bookstores and libraries by the new Croatian government of the early 1990’s.
Renata Poljak’s video Staging Actors/Staging Beliefs (2011) revolves around the character of Boško Buha, an icon of Communist ideology in socialist Yugoslavia. Through staged interviews with Ivan Kojunždić, the actor who portrayed Boško Buha as a child, Poljak explores how beliefs are broken when we loose the heroes that interpreted the world as we knew it. Poljak examines transformations and mutations in the Yugoslav political, social and cultural agendas since Yugoslavia’s disintegration in the early 1990’s by way of an investigation of the current lives of actors who played leading roles in once popular films. Poljak investigates how ideologies and political agendas form and dissolve together with the shifting mechanisms of constructing and recording history and memory.
Mladen Miljanović’s Do You Intend to Lie To Me? [Da li namjeravate] (2011) seeks to reveal the truth about the brutality of life, art and responsibility in post war Bosnia. This homage to the life of his art professor and mentor Veso Sovilj provides a picture of a stagnating social milieu. Sovilj, the main protagonist, participates in the movie about himself without even knowing, while Miljanović directs and interweaves different segments of society in order to create a grand happening, thus becoming a moderator of reality. On the 30th anniversary of the career of Sovilj, Miljanović decides to make him a gift. Embarking on a mission to realize a concept that his mentor conceived, yet never realized, Miljanović produces a film in which his professor is interrogated by polygraph about the truthfulness of art and life.
Boogeyman On Call (2012) features three young women, Gorana Bosnić, Sandra Dukić and Gordana Macanović, who embark on a journey to a village in Western Bosnia where they capture the phenomenon of the Boogeyman on film. The story begins as investigative reporting, including amongst others, interviews with the police who are trying to hunt down the mythical creature. We soon realize that the narrative shifts its focus on examining the personal, social and political fears of this particular community.
The short film Our Bride [Nusja Jonë] (2011) by Nita Deda & Yll Citaku documents the colorful and arduous bridal ritual within the Torbesh community of Donje Ljubinje, a small village, situated in the Shara mountain in Kosovo where brides have their faces meticulously and avidly decorated, while their bodies are covered with layers of traditional handmade clothing and accessories. The process is important in every woman’s life and has spiritual connotations as well. The bride’s costume and make-up give the appearance of a living doll, protecting her from the evil eye and discouraging gossip and speculation. The film captures the polarity of tradition and modernity within a specific context of a minute population with a set of practices and customs that are slowly disappearing at the dawn of the 21st century. In the world of the virtual and digital, the village of Donje Ljubinje has only one woman left to adorn the brides and no one to whom she can pass on the lineage of her knowledge and artistry.
Night Ride [Gece Gezisi] (2013), by Kamer Şimşek deals with the remembrance of things past and solitude. An elderly man calls a taxi to travel through the streets of his own city. During the journey he reflects upon his existence, sharing the remarkable and heartbreaking moments of his life. By the end of the ride both men turn back onto the memories of sites they hold dear in the city that formed them as individuals. - Boshko Bosković
- Maria Todorova, Imagining the Balkans, London: Oxford University Press, 2009, p.9
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.