« LA SOCIÉTÉ DE LA PLACE DES SPECTACLES »
4 au 13 déc | Dec 4 to 13
vernissage 6 déc 14h00 | Dec 6 ~ 2:00PM
circa-art.com/location
« [...] par le fait même d’endommager ces moniteurs via un contexte performatif, les marques laissées donneront un rendu exclusif à chacun: ces produits de consommation de masse seront alors transformés en objets uniques...» - O. Sorenson
C'est logée à l'enseigne du paradoxe que se tient la performance intitulée La Société de la Place des Spectacles. Droit au cœur de la ferveur spectaculaire et investi de la singulière ironie qui consiste à nier sa propre représentation, Oli Sorenson y poursuit sa série d'«œuvres revisitées».
Amorcé à partir du travail déjà existant d'autres créateurs et d'objets produits en série desquels Sorenson détourne et retourne la logique, ce nouveau corpus est ici exploré par la destruction. La démarche consiste à marquer les œuvres ou produits du sceau de l'unicité en les transfigurant en de nouvelles pièces originales.
Pour l'occasion de la performance, un moniteur vidéo neuf de grand format se voit d'abord pris d'assaut dans une performance filmée. Un deuxième moniteur est ensuite démoli par l'artiste, alors que celui-ci diffuse (en différé) la première performance filmée. Ainsi de suite, le second enregistrement de la deuxième performance est lui aussi rediffusé – sur le premier moniteur brisé – de sorte à engendrer un effet de mise en abîme. «Ainsi les moniteurs deviendront simultanément artefacts et outils d’archivage de la performance.» (O.S.).
Cette mise en scène, dont l'inspiration découle du travail performatif de l'artiste italien Michelangelo Pistoletto (1933- ) veillant au minutieux saccage de grands miroirs, réactualise dans un matériau nouveau à la fois les traditions classiques de la vanitas et l’un des exploits notables de l’Arte Povera.
Sorenson nous invite-t-il dès lors à réévaluer la matérialité de l'œuvre si le principe qui l'engendre réside dans la destruction de ses composantes, et ainsi est-elle vouée, inévitablement, à l'effacement? La menace de la disparition, jusqu’ici hostile à la logique marchande et au fétichisme de l'œuvre d'art peut-elle, elle aussi, être cooptée si sa disparition est déjà planifiée au sein des cités numériques à venir?
C'est précisément pour ne pas répondre à ces questions que Sorenson et La Société de la Place des Spectacles nous confrontent à ce volte-face paradoxal, une action à prime abord absurde forgée à même l'incessante obsolescence des supports de diffusion et au gaspillage lié à notre actuelle surconsommation médiatique.
Oli Sorenson est né à Los Angeles et est détenteur d’une Maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’UQÀM, il poursuit actuellement un Doctorat en Sciences Humaines Interdisciplinaires à l’Université Concordia Il a vécu et travaillé à Londres entre 1999 et 2010, a entre autres exposé au Millenium Museum (Beijing), à l'Institut Media Art (Amsterdam), au ZKM (Karlsruhe), au Dokfest (Kassel), à ISEA (Helsinki et Nagoya) et au MAF (Bangkok). Son solo Antimap était présenté à Optica en 2012. Il est basé à Montréal depuis 2010.
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