jusqu'au 21 nov | until Nov 21
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GRIER EDMUNDSON
« UN SERPENT DANS LA PELOUSE »
Grier Edmundson, Un serpent dans la pelouse, installation (peintures à l'huile, sculptures de plâtre, papier peint, néon et objets divers). Photo: Paul Litherland
Chaque projet d’exposition de Grier Edmunson devient un nouveau chapitre dans le parcours de l’artiste grâce, entre autres, à la réintroduction d’éléments qu’il recontextualise. C’est le cas, par exemple, des boîtes de savon Brillo d’Andy Warhol. Cette référence a été utilisée par Edmunson dans l’exposition Le texte est pluriel, présentée à la galerie Battat Contemporary en 2013. Pour CLARK, ce sont des boîtes en plâtre aux surfaces blanches et lisses qui évoquent l’œuvre emblématique de l’artiste américain. Ce qui traverse le travail d’Edmunson est sans aucun doute la remise en question des notions d’auteur et de propriété intellectuelle dans un contexte de marchandisation de l’art, mais il souligne aussi la frontière étroite qui sépare l’original de la copie.
Each of Grier Edmunson’s exhibition projects becomes a new chapter in the artist’s practice, thanks in part to the reintroduction of elements he re-contextualizes. Such is the case, for example, with Andy Warhol’s Brillo soap boxes, a reference used by Edmunson in his exhibition The Text is Plural, presented at Battat Contemporary in 2013. This time at CLARK, plaster boxes with smooth white surfaces evoke Warhol’s emblematic piece. The common thread within Edmunson’s work is undoubtedly his questioning of copyright and intellectual property in the context of the commodification of art, but he also points to the narrow line that separates the original and the copy.
JULIE CHAFFORT « JOUR BLANC »
Julie Chaffort, Jour blanc, installation vidéo. Photo: Paul Litherland
Jour blanc est le résultat d’une résidence réalisée en partenariat avec l’organisme Zebra3/Buysellf de Bordeaux. Cette période de recherche a permis à l’artiste de réfléchir à la mise en espace de ses œuvres dans le contexte d’une galerie alors qu’elle présente généralement ses films lors de festivals. Au cœur de sa démarche, il y a un intérêt soutenu pour l’enfance et les souvenirs qui reviennent par bribes, qui perdent de leur exactitude ou qui disparaissent avec l’âge. Pour l’artiste, un « jour blanc » – une référence au poème du même titre d’Arseni Tarkovski – est ce qui permet de repartir à zéro, d’effacer tout pour revenir à la page blanche.
Jour Blanc is the result of a residency created in partnership with the Zebra3/Buyselff organization in Bordeaux. This research period allowed the artist to reflect on the installation of her work within a gallery context, whereas previously, her work has been primarily shown in film festivals. At the heart of her practice is a continued interest in childhood and the memories that surface bit by bit, lose their accuracy, or disappear with time. For the artist, a “jour blanc” (a white day) – referencing a poem of the same name by Arseni Tarkovski – is a time when one is allowed to start over from scratch, to erase everything and return to a blank page.
GRIER EDMUNDSON
Avec Un serpent dans la pelouse, traduction littérale de l’expression anglaise « a snake in the grass », une métaphore qui sert à désigner une personne qui prétend être votre ami mais qui fait secrètement des choses pour vous nuire, Edmunson se penche sur l’économie en tant qu’élément qui s’immisce dans différentes sphères de nos vies et, intrinsèquement, dans celle de l’artiste. En tant que producteur d’œuvres, donc d’objets ayant une valeur marchande, comment l’artiste se positionne-t-il dans ce système? Comment attribuer une valeur économique à une œuvre? Qui a le pouvoir de le faire?
Pour illustrer son propos, Edmunson a réalisé une série de sept toiles reproduisant des cartes de Monopoly, jeu de société portant sur la spéculation immobilière. Ces tableaux lui permettentde faire un contrepoint à la reproduction mécanique des cartes en misant sur la matérialité de la peinture. L’artiste propose également une contrefaçon du bonhomme Monopoly, les poches vides. Cette image est répétée sur un des murs de la galerie de sorte à créer une tapisserie. L’artiste rendra ce motif disponible sur son site Internet, détournant ainsi l’idée de profit par une libre utilisation par le public. L’artiste a aussi reproduit le portrait de Thomas Malthus (1766-1834), économiste anglais connu pour ses écrits sur le contrôle des populations dans un contexte de plein développement économique. C’est ce dernier qui a mis de l’avant le principe que toute activité économique eststimulée par la demande et non par l’offre.
L’usage de l’installation, dispositif employé de façon récurrente par l’artiste, permet à Grier Edmunson d’aborder différentes questions à propos du rôle de l’économie dans la société. L’artiste parle de sa propre condition et de ce que tout cela représente en matière d’investissement (en argent, en temps, etc.) par rapport à ce que cela rapporte. L’artiste critique ainsi toute forme de spéculation, en particulier artistique et immobilière.
- Manon Tourigny
Né à Memphis, au Tennessee, Grier Edmundson est diplômé du Maryland Institute College of Art à Baltimore, et détient une maîtrise du Glasgow School of Art. Ses expositions personnelles récentes ont été présentés à Kendall Koppe Gallery (Glasgow), Fourteen30 Contemporary (Portland), Battat Contemporary (Montréal), et PowerHouse (Memphis). Son travail a également été présenté dans de nombreuses expositions de groupe, y compris la Triennale du Québec 2011 (Montréal), I’m Not Here: An Exhibition without Francis Alÿs, à de Appel Arts Centre (Amsterdam), Samedi, Samedi, à la Galerie Art Concept (Paris), The State avec A. Vermin, à Glasgow International 2008, ainsi qu’une exposition duo avec Julie Favreau à Erin Stump Projects (Toronto). Il vit et travaille à Montréal.
With Un serpent dans la pelouse, a literal translation of the expression “a snake in the grass”, an idiom that refers to a deceitful person who at first seems harmless, Edmunson looks at how business interests interfere with various aspects of our lives and, intrinsically, the artist’s own life. As a producer of artworks, that is, of objects that have commercial value, how does the artist position himself within this system? How does one attribute economic value to an artwork? Who has the power to do so?
To illustrate his point, Edmunson has created a series of seven paintings that reproduce cards from the property-trading board game Monopoly. With these paintings, the artist creates a counterpoint to the mechanical reproduction of the cards by focusing on the materiality of the paint. Edmunson also presents a sort of counterfeit version of Mr. Monopoly, with empty pockets. This motif is repeated on the gallery walls in a kind of wallpaper pattern, and will be available for download on the artist’s website, thereby subverting the idea of profit in favour of open access. The artist has also reproduced a portrait of Thomas Malthus (1766-1834), an English economist known for his writings on the control of population growth in times of full economic development. Malthus put forward the idea that all economic activity is driven by demand, not supply.
Through installation, a method regularly favoured by the artist, Grier Edmunson addresses various questions about the role of business within society. Using his own condition as an example, he demonstrates what it represents in terms of investment (in money, time, etc.) compared to what it returns, therefore critiquing all forms of speculation, but particularly as it relates to art and property.
- Manon Tourigny / translation : Jo-Anne Balcaen
Born in Memphis, TN, Grier Edmundson holds a BFA from the Maryland Institute College of Art in Baltimore and a MFA from the Glasgow School of Art. He has had recent solo exhibitions at Kendall Koppe Gallery (Glasgow), Fourteen30 Contemporary (Portland), Battat Contemporary (Montreal) and PowerHouse (Memphis). His work has been featured in numerous group exhibitions including the 2011 Quebec Triennial (Montreal), I’m Not Here:An Exhibition without Francis Alÿs at the de Appel Arts Centre (Amsterdam), Samedi, Samedi at Galerie Art Concept (Paris), The State with A. Vermin at Glasgow International 2008 as well as a two-person exhibition with Julie Favreau at Erin Stump Project(Toronto). He lives and works in Montreal.
JULIE CHAFFORT
C’est par le paysage que tout prend forme. C’est dans un décor naturel que l’artiste met en scène ses tableaux surréalistes. Le court-métrage de fiction Pas un bruit, réalisé en 2014, est une œuvre qui oscille entre réalité et onirisme. Présenté sur un moniteur, ce film permettra au visiteur de découvrir le travail antérieur de l’artiste, qui, dans ce cas-ci, est empreint de nostalgie. Au cœur de l’installation, il y a aussi les images tournées par Chaffort lors de sa résidence et qui peuvent être considérées comme des tableaux qui se répondent. Une des projections montre la disparition du paysage derrière une fumée noire et dense. Les effets de la lumière sur celui-ci le transforment, et le mouvement de la fumée agit comme une sorte de respiration. Un autre tableau montre une table-tournante déposée dans différents paysages. L’appareil diffuse des hurlements de loups, ce qui rend la scène incongrue mais tout de même amusante puisque l’artiste semble vouloir faire écouter la musique au paysage. Enfin, l’artiste met en scène le vent dans toute sa puissance, et les acteurs, dont le corps est mis à l’épreuve, doivent lutter contre cette force invisible.
Le visiteur sera fortement sollicité sur les plans non seulement visuel, mais aussi auditif grâce à une installation sonore. L’artiste fait intervenir un drone dont le bruit répétitif et aléatoire produit un effet physique chez le visiteur. Chaffort s’amuse à éprouver notre endurance, à l’image des acteurs qu’elle dirige et qui doivent se produire devant la caméra. Ici, le visiteur devient un acteur dans l’installation. Chaffort construit des scénarios qui se transforment au moment du tournage, selon la posture adoptée par ses acteurs ou par les hasards qui surgissent. L’artiste pose la question : comment peut-on faire durer un plan? Elle joue donc sur l’attente que quelque chose se passe dans des œuvres qui invitent à la contemplation, à la rêverie.
- Manon Tourigny
Diplômée de l’Ecole des Beaux-Arts de Bordeaux en 2006, Julie Chaffort s’est consacrée à la pratique cinématographique dès la fin de ses études. Elle a écrit, réalisé, produit, monté et diffusé Some Sunny Days et Wild is the Wind, deux longs-métrages de fiction, avant de suivre et d’obtenir en 2010 le Werner Herzog’s Rogue Film School Diploma à New York. Elle travaille ensuite avec le réalisateur Roy Andersson à Stockholm, puis est sélectionnée en tant que cinéaste au Centre International d’Art et du Paysage sur l’île de Vassivière où elle réalise son nouveau film Hot-Dog. Son travail, orienté vers le cinéma, comprend également une dimension plastique où se mêlent installations et performances. Sa dernière œuvre BANG !, est une installation monumentale composée d’une trentaine de pianos effondrés les uns sur les autres, scène de désolation spectaculaire, presque burlesque.
Everything takes shape through the landscape. Within a natural décor, the artist stages her surrealist paintings. The 2014 fictional short, titled Pas un bruit, is a piece that oscillates between reality and fantasy. Presented on a monitor, the film allows the viewer to discover the artist’s previous work, which in this case, is richly nostalgic. At the centre of the installation, other images by Chaffort, filmed during her residency, echo the other works. One of these projections shows a landscape disappearing beneath a dark and dense fog. The effects of light on the landscape transform it, and the movement of the fog acts as a kind of breath. Another piece shows a turntable shot in different locations. The turntable emits the sound of howling wolves, adding humour to the incongruous scene, as if the music was being played for the landscape. Finally, the artist displays the wind in all of its power, blowing against the subjects who struggle mightily against this invisible force.
Finally, a sound installation will strongly engage viewers aurally, as well as visually. Chafford employs a drone whose repetitive but unpredictable noise produces a physical effect on the audience. The viewer’s endurance is tested, much like the subjects in her films, whose actions she directs for the camera. Here, the viewer becomes an actor within the installation. Chaffort constructs scenarios that become transformed during the shooting process, based on the actors’ poses or by unforeseen actions that occur. The artist asks: how long can we make a shot last? Here, she plays with the notion of expectation and action within works that encourage contemplation and dreaming.
- Manon Tourigny / translation : Jo-Anne Balcaen
Since graduating from the École des Beaux-Arts de Bordeaux in 2006, Julie Chaffort has devoted herself to her film practice. She has written, directed, produced, edited and distributed two feature-length films, Some Sunny Days and Wild is the Wind, before completing her diploma at the Werner Herzog’s Rogue Film School in New York in 2010. Since then, she has worked with director Roy Anderson in Stockholm, and was a selected filmmaker at the Centre International d’art et du Paysage, on the island of Vassivière, where she directed her new film, Hot-Dog. While her practice is primarily based in cinema, it also incorporates the visual arts, including installation and performance. Her most recent work, BANG !, is a monumental installation composed of approximately thirty pianos piled on top of each other in a spectacular, almost burlesque scene.
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