« RÉÉCRIRE L’HISTOIRE »
jusqu'au 14 juillet | until July 14
galeriefabiennerhein.wordpress.com
En collaboration avec Lucie Giraud. L'exposition est conçue comme un jeu sur les apparences, la démultiplication de l'individu ou encore sa place dans la société. Elle utilise plusieurs médiums tels que le dessin, la peinture, la photographie ou encore la vidéo dans un ensemble cohérent.
La première œuvre est intitulée « Masque social ». D’une dimension de 27 x 21’’, elle est réalisée avec de la pierre noire, de l’acrylique et du miroir sur bois. Cette œuvre interroge l’individu et la perception qu’il peut avoir de lui-même dans un contexte social. Les quatre photographies et les esquisses préparatoires interrogent le statut de l’artiste dans l’art contemporain. À l’époque où l’achat d’un Picasso ou d’un Koons apparait comme un investissement dans une valeur sûre, que le créateur ne conçoit plus mais est, son nom devenant une marque et son œuvre un produit. Il semble intéressant de se demander si l’artiste peut se substituer à son œuvre. La présence de celui-ci, de son nom ou de son image parfois, ne minimise-t-elle pas l’impact de sa production artistique?
Pour cela, un pont entre art moderne et art contemporain est crée, proposant une réécriture et de facto une relecture de peintures de la Renaissance. Leur choix n’est pas anodin : elles apparaissent comme majeures dans l’Histoire de l’art occidental et sont ancrées dans l’inconscient collectif par leur reconnaissance par un grand nombre d’individus. De plus, ces œuvres s’inscrivent dans le contexte du début de l’émancipation de l’artisan, devenant artiste1.
Le basculement de la peinture à la photographie est une réflexion intéressante sur ce médium et sa place dans l’art actuel ainsi que sur les modes de représentation du passé et du présent. De plus, le choix de la photographie permet de matérialiser des peintures et de les ancrer dans une distorsion du réel.
Ces photographies présentent une image démultipliée de l’individu. Néanmoins, cela dépasse le cadre de l’autoportrait, car, c’est moins « moi-même » qu’une représentation de la figure de l’artiste ou encore des personnages des tableaux originaux. Cette mise en scène fait basculer l’individualité dans un no man’s land allégorique.
Ceci permet alors d’amorcer une interrogation sur le narcissisme de notre époque et le sentiment de démultiplication de la personne par le biais des réseaux sociaux notamment, qui enrichit le sens de cette initiative.
Enfin, la vidéo intitulée « Miroirs » est une expérimentation au croisement entre cinéma et art vidéo. Ce projet questionne l’aliénation narcissique de notre société contemporaine. Il met en avant le mythe de Narcisse comme incarnation d’un idéal obsédant. Le personnage principal part en quête de cette perfection mais quel en est le prix? Au final, ce rapport à l’idéal interroge la conception individuelle de notre existence : Et si tout ceci n’était qu’une illusion? De quel côté du miroir se situe-t-on?
Artiste autodidacte pluridisciplinaire, ma démarche s'articule autour de questionnements sur le monde qui nous entoure et notre perception de la réalité. La trace, la mémoire et le temps sont trois de mes thèmes de prédilections. Dans mon travail se retrouve aussi les thèmes du masque et du miroir exprimant en raccourci ma vision des rapports sociaux.
Je m’interroge aussi sur le statut de l’artiste, son impact social et le rapport entre le créateur et la mise en scène de celui-ci dans son œuvre. Quelle image renvoyer et transmettre?
bsolbes.tumblr.com
- Rudolf Wittkower et Margot Wittkower, Les Enfants de Saturne : psychologie et comportement des artistes, de l'Antiquité à la Révolution française, Macula, Paris, 1985.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.