29 mai au 12 juillet | May 29 to July 12
vernissage 29 mai 20h00 | May 29 ~ 8:00PM
dazibao-photo.org
LORNA BAUER & JON KNOWLES
« ROTATIONS »
© Lorna Bauer & Jon Knowles, Rotations (2013)
Artistes individuels aux démarches distinctes mais complémentaires, Jon Knowles et Lorna Bauer ont réalisé, en collaboration, une exposition où sont examinées les pratiques recourant à un objectif – aujourd’hui devenues des institutions – ainsi que leurs qualités illustratives comme véhicules des données visuelles d’autres médias.
As individual artists with distinct but complementary approaches, Jon Knowles and Lorna Bauer have produced a collaborative exhibition that investigates the institutions of lens-based practices and their depictive qualities as carriers of visual information about other media.
JACINTHE LESSARD-L.
« LA CHAMBRE INVERSÉE »
© Jacinthe Lessard-L., La chambre inversée (2013)
Très souvent le travail de Jacinthe Lessard-L prend la forme d’un jeu, d’une opération subtilement ludique, régie par des règles rigoureuses encadrant conceptuellement une série d’œuvres. Il y aurait dans l’œuvre de Jacinthe Lessard une forme de Discours de la méthode, puisque pour bien conduire sa raison, il faut chercher la vérité dans du vérifiable… Ainsi, l’ambiguïté entre l’objet et sa reproduction, les renversements d’échelle, le volume qui s’inscrit en vide et vice versa, servirait à révéler tout autant les mécanismes de la mise en images qu’à rendre visible ce qui ne l’est pas.
Quite often the work of Jacinthe Lessard-L. takes the form of a game, of a subtly playful operation governed by rigorous rules which frame conceptually a series of works. In her work, there is a kind of Discourse on Method, because in order to direct her reasoning to its desired end, truth must be sought in the verifiable. The ambiguity between the object and its reproduction, the reversals of scale, the volumes inscribed in a void and vice versa thus serve both to reveal the mechanisms through which the images are created and to make visible what is not.
ISABELLE PAUWELS
« IT’S LIKE ANOTHER PLANET PUT TOGETHER IN A VERY SIMPLE, EASY TO UNDERSTAND LANGUAGE »
© Isabelle Pauwels, It’s like another planet - In it for the lifestyle (2013)
Il y a des systèmes de pensée tout faits, prêts à l’emploi, dont on connaît les rouages avant même qu’ils se soient mis en marche. De tels systèmes, à la structure archiconnue, réitère sans cesse les mêmes vérités, confinent aux mêmes rôles, favorisent la répétition des mêmes sempiternels clichés. Ces schèmes plus ou moins figés sont en quelque sorte la matière première d’Isabelle Pauwels. En les soumettant à un examen, un découpage et un montage extrêmement élaborés, elle cherche à les briser tout en s’assurant qu’on peut encore les reconnaître.
Some intellectual systems exist ready-made, just plug and play. We know how they work before we even set them in motion. These systems, with their well-known structures, endlessly repeat the same truths, confine us to the same roles, encourage the repetition of the same never-ending clichés. These more or less frozen schemas are something like Isabelle Pauwels’ raw materials. By submitting them to examination, then cutting them up and putting them back together in a very elaborate manner, she seeks to break them while at the same time ensuring that we are still able to recognise them.
LORNA BAUER & JON KNOWLES
Comme artistes individuels aux démarches distinctes mais complémentaires, Jon Knowles et Lorna Bauer ont réalisé, en collaboration, une exposition où sont examinées les pratiques recourant à un objectif — aujourd’hui devenues des institutions — ainsi que leurs qualités illustratives comme véhicules des données visuelles d’autres médias.
Le projet — un film très scénographié accompagné, en contrepartie, de photographies et de diapos — est une étude sur l’objet prenant la forme d’une mise en scène des gestes et des topologies de deux pratiques nettement délimitées : le cinéma et la poterie.
Cette enquête matérialiste s’opère par le déploiement de divers langages visuels et conventions filmiques : la vidéo d’art haute résolution (précisément comprise ici comme une méditation sur la « persistance de la vision »), le cinéma structuraliste des années 1970 et le cinéma-vérité apparu vers le milieu du siècle dernier. Finalement, l’intention derrière cette collusion réfractaire de stratégies et de méthodes est de secouer et d’embrouiller la distinction entre sujet et objet.
En substance, l’exposition est constituée d’un film 16 mm créé dans l’esprit de l’école structuraliste du cinéma expérimental. Les praticiens de ce genre ont retiré le contenu expressif de l’œuvre et ont employé des mécanismes et techniques prédéterminés pour démystifier le processus cinématographique. Le présent film est un enregistrement en temps réel du mouvement d’un tour de potier et du tournage rythmique d’un récipient sur l’appareil. La caméra fait un lent zoom arrière pour révéler le façonnage d’un gros bol. Cette action souligne la relation entre deux mouvements circulaires simultanés lors de la présentation-exposition actuelle du film : l’un est issu du tour de potier (sur un axe horizontal mais saisi en contre-plongée par la caméra) et l’autre provient du passage du film dans la caméra comme telle puis dans le projecteur (tous deux sur un axe vertical). Incidemment, le temps requis par un céramiste d’expérience pour tourner un simple récipient équivaut à la durée d’une bobine de film de 100 pieds.
Bien que l’argile et ses variations artisanales semblent faire partie aujourd’hui d’un renouveau en art contemporain — et d’une dichotomie souvent reprise entre qualification (skilling) et déqualification (deskilling) —, les artistes situent fermement leur exposition comme un refus de faire un choix, qui n’en serait pas un, entre qualification et déqualification. Bauer et Knowles affirment plutôt ici la nécessité d’avoir un point de vue sur le monde qui soit à la fois oblique et rapproché.
Lorna Bauer & Jon Knowles sont les récipiendaires de la bourse de production-diffusion offerte conjointement par PRIM et Dazibao. La bourse PRIM-Dazibao est remise chaque année à un artiste dont le travail, tout en soulevant des problématiques propres aux pratiques de l’image, n’a crainte de confronter celle-ci à l’audio, la vidéo ou le traitement numérique. Chih-Chien Wang (2005), Romeo Gongora (2006), Charles Stankievech (2007), Sophie Bélair Clément (2008), Benny Nemerofsky-Ramsay (2009), Michel Campeau (2010), Frédéric Lavoie (2010) et Steve Bates (2011) ont également bénéficié de la bourse.
As individual artists with distinct but complementary approaches, Jon Knowles and Lorna Bauer have produced a collaborative exhibition that investigates the institutions of lens-based practices and their depictive qualities as carriers of visual information about other media.
The project — a highly staged film with a counterpart series of photographs and slides — is an object study through a mise-en-scène of the gestures and topologies involved in two clearly delineated practices: filmmaking and pottery.
This materialist investigation occurs through the deployment of various visual languages and filmic conventions: high-resolution art video (understood more precisely here as a meditation on the “persistence of vision”), 1970s-era structural filmmaking and mid-century cinéma-vérité. Ultimately the intention behind this refractory collision of strategies and methods is to re-shuffle and obscure the distinction between subject and object.
The tenor of the exhibition is a 16mm film made according to the structural school of experimental cinema. The practitioners of this genre removed expressive content and used predetermined devices and techniques to demystify the film process. This film consists of a recording in real time of the movement of a potter’s wheel and the rhythmic throwing of a vessel on the pottery wheel. The camera slowly zooms out while revealing the modeling process of a large bowl. This emphasizes the relationship between the two co-existing circular movements present upon the current presentation/exhibition of the film, one from the spinning of the potter’s wheel (at a horizontal axis but captured on film from the vantage point of a “bird’s-eye view”) and the second from the spinning of the film through the film camera and, in turn, the projector (both at a vertical axis). Incidentally, the amount of time it takes for an experienced ceramicist to throw a modest vessel nearly equals the duration of a single film reel of 100 feet.
Though clay and its craft variants seem at the moment to be partaking in a renaissance within the contemporary art field — as well as the frequently rehearsed dichotomy of skilling vs de-skilling — the artists firmly situate their exhibit as a refusal to make the false choice between skill and de-skill. Here, Bauer and Knowles assert the necessity of both an oblique and close-up view of the world.
JACINTHE LESSARD-L.
À l’origine de La chambre inversée, il y a l’étude par la sculpture de l’une des composantes de la mécanique optique de la photographie analogique, technologie maintenant désuète. L’artiste a moulé en silicone une série de chambres noires d’appareils photo, donnant forme à des vides, rendant visibles et palpables des cavités conçues pour ne fonctionner que par l’obscurité, donc dans l’invisible. Ainsi, dans La chambre inversée ce qui paradoxalement servirait à voir demande à être vu.
Avec l’installation, le spectateur pénètre dans un lieu clos et sombre. Un point lumineux se déplace le long des parois, laissant espérer des bribes de détails. Rien de ce qui se trouve hors du cercle de la lumière n’est donné à voir. La lumière s’allume, s’éteint, effectue de lents travellings. Dans cette animation image par image tout ce qui est sur le point d’être révélé retourne rapidement au noir. Le spectateur doit se plier au tracé de la lumière, celle-ci déterminant le parcours du regard, ainsi que le rythme et l’axe temporel de l’œuvre. De même, la bande sonore, soigneusement travaillée par le compositeur Julien Bilodeau, oriente le regard du spectateur vers la lumière. Jacinthe Lessard-L. nous invite à l’intérieur d’une chambre noire à échelle humaine.
Jacinthe Lessard-L. détient une maîtrise en arts visuels de l’Université Concordia. Ses recherches portent notamment sur la nature de la photographie, son rôle historique, sa transparence, son rapport au référent. Elle collabore régulièrement avec d’autres artistes : Eduardo Ralickas, Erika Kierulf, ou Yusuke Nishimura, Frederick Vidal et Sylvia Doebelt pour l’élaboration de l’exposition à géométrie variable Blue Skies and Cats (Galerie B-312, 2014). Ses œuvres ont fait l’objet d’expositions au Québec, notamment à Occurrence (2005) et à Optica (2009), ainsi qu’au Canada et à l’étranger. Elle a été de reGénération2 : photographes de demain, au Musée de l’Élysée à Lausanne, une exposition qui poursuit en 2013-2014 une tournée internationale et qui a fait l’objet d’une publication chez Thames and Hudson. Son travail est actuellement présenté à la galerie TRUCK (Calgary, jusqu’au 14 juin 2014) et elle travaille à la publication d’un livre pour l’automne 2014.
Lauréat de deux premiers prix du Conservatoire de musique et d’art dramatique de Montréal (classe de Serge Provost), formé à Paris et à Francfort notamment auprès de Karlheinz Stockhausen, Julien Bilodeau est un des compositeurs les plus en vue de sa génération. Il a reçu en 2006 le prix Robert-Flemming du Conseil des arts du Canada et en 2011 la commande par l’Orchestre symphonique de Montréal d’une oeuvre pour la soirée inaugurale de la Maison symphonique. Ses créations musicales sont interprétées régulièrement par les plus grands ensembles. Il complète actuellement un doctorat en composition à l’Université McGill.
La chambre inversée began with a sculptural study of one of the elements of the optical mechanics of analogue photography, a now antiquated technology. Moulding a series of camera interiors in silicone, she created voids which make visible and tangible the cavities designed to function only in the dark and hence invisibly. Paradoxically, in La chambre inversée that which is used for seeing demands to be seen.
In this installation, the viewer penetrates a dark, enclosed space. A point of light moves along the walls, providing hope of catching bits of detail. Nothing outside the circle of light is visible. The light turns on and off and moves slowly across the surface. In this image-by-image animation everything that is on the verge of being revealed quickly returns to darkness. The viewer must bend to the path of the light, which determines the path of our gaze along with the rhythm and temporality of the work. At the same time, the soundtrack, carefully constructed by the composer Julien Bilodeau, guides our vision towards the light. Jacinthe Lessard-L. invites us inside the inner chamber of a camera on a human scale.
Jacinthe Lessard-L. holds a master’s degree in visual arts from Concordia University. Her work explores themes such as the nature of photography, its historical role, its transparency and its relation to the referent. She collaborates regularly with other artists, including Eduardo Ralickas and Erika Kierulf, and with Yusuke Nishimura, Frederick Vidal and Sylvia Doebelt for the many-sided exhibition Blue Skies and Cats (B-312 gallery, 2014). Her work has been the subject of exhibitions in Quebec at venues such as Occurrence (2005) and Optica (2009), as well as in Canada and abroad. Her work was included in the event reGénération2: photographes de demain at the Musée de l’Élysée in Lausanne, an exhibition which is touring internationally in 2013-14 and was the subject of a volume published by Thames and Hudson. Her work is currently being shown at the TRUCK gallery (Calgary, until 14 June 2014) and she is working on a book for publication in the fall of 2014.
Julien Bilodeau, the winner of two first prizes at the Conservatoire de musique in Montreal (Serge Provost’s class), studied in Paris and Frankfurt with figures such as Karlheinz Stockhausen. He is one of the most prominent composers of his generation. In 2006 he received the Canada Council for the Arts Robert Flemming Prize and in 2011 he was commissioned by the Montreal Symphony Orchestra to compose a work for the inauguration of the Maison symphonique. His compositions are performed regularly by some of the leading musical ensembles. He is currently completing a doctoral degree in composition at McGill University.
ISABELLE PAUWELS
À travers une exploration pour le moins intense de la mise en scène, de la prise de vue et tout particulièrement du montage les œuvres vidéo d’Isabelle Pauwels reconfigurent des genres populaires comme les sitcoms, les films de famille ou le documentaire. Le mélange de performance et de réalisme documentaire met en lumière les relations tendues existant dans ses œuvres entre les conventions du récit et les interactions sociales quotidiennes.
Certaines des vidéos présentées ici ont d’abord existé sous forme d’installation. Le choix de les projeter dans une petite salle de cinéma souligne d’autant les liens profonds qu’elles entretiennent avec le cinéma. Cette succession dans le temps donne encore plus d’intensité à certaines des tropes qui contribuent d’une œuvre à l’autre à déconstruire le moule des genres. De l’écriture, au découpage, au tournage, au montage, c’est un exercice de désobéissance en règle.
L’exposition se présente en trois programmes. Le premier est articulé autour de la répétition qui, utilisée à la manière d’un motif musical, agit comme révélateur plutôt que comme redite. Le second programme est un défi lancé à tous les genres et à leur lot d’apparences par une grammaire cinématographique unique, un montage et une cadence effrénés. Le troisième programme met en scènes et détourne pêle-mêle la pornographie, l’histoire de la vidéo d’art à Vancouver, la comédie musicale, le documentaire et la téléréalité.
Through an intense exploration of mise en scène, filming and especially montage, Pauwels’ videos reconfigure popular genres such as sitcoms, home movies and documentaries. The blend of performance and documentary realism shines light on the tense relations that exist in her work between narrative convention and everyday social interaction.
Some of the videos presented here first existed as installations. Projecting them in a small movie theatre underscores the profound ties they have to cinema. This succession in time gives even more intensity to some of the tropes that contribute to deconstructing the genre mould from one work to the next. From their writing to their shot breakdown, filming and editing, these works are an exercise in out-and-out disregard for the rules.
The exhibition takes the form of three programs. The first is organised around repetition. Used like a musical motif, it serves to reveal rather than to repeat. The second program is a challenge to all genres and their lot of appearances by means of a unique cinematic grammar with an unbridled pace and editing. The third program shows and reworks, helter-skelter, pornography, the history of video art in Vancouver, musical comedy, documentary and television reality shows.
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