17 mai au 28 juin | May 17 to June 28
vernissage 17 mai 15h00 | May 17 ~ 3:00PM
optica.ca
MATHIEU LATULIPPE
« RETOUR À PARADISE LOST »
© Mathieu Latulippe, La chute, 2013, impression jet d’encre, 48 x 68 cm, Gracieuseté de l’artiste
On a tous rêvé, à un moment ou à un autre, d’avoir accès à un coin de Paradis. On n’est pas toujours conscient que l’on se réfère à une conception chrétienne du monde, mais c’est bien là la preuve que ce lieu fait maintenant partie de notre imaginaire collectif, au même titre par exemple que l’Arcadie des Grecs. Mais lorsqu’on y pense sérieusement, on parvient difficilement à une vision totalement positive de ce lieu idyllique, tant l’idée de la catastrophe et de la chute lui est intimement associée. Il s’agit là d’une des manifestations de notre difficulté à concevoir une utopie incarnée. Difficile aujourd’hui de croire que ce Paradis ne serait pas menacé par le progrès industriel, que ce soit sous la forme de la pollution ou de la contamination nucléaire. Mais notre véritable empêchement à imaginer positivement ce lieu de nos origines tient certainement à notre rapport ambigu à la nature. Si nous sommes enclins à croire que dans ce jardin la nature se montrerait bienveillante, féconde et nourricière, nous sommes aussi conscients qu’il s’agit d’un environnement sauvage, non domestiqué, camouflant des bêtes féroces prêtes à bondir pour nous anéantir.
At one time or another, we have all dreamt of gaining access to a little piece of Paradise. In doing so, we are not always aware of referring to a Christian conception of the world, which is in itself proof that the place is now as much a part of our collective imagination as is, for instance, the Grecian Arcadia. However, when thinking seriously about it, we have difficulty envisioning the idyllic location in an entirely positive light, so closely is it associated with catastrophe and the fall. This is but one manifestation of our difficulty in conceiving an embodied utopia. Today, it would be hard not to imagine this Paradise threatened by industrial progress, whether in the form of pollution or of nuclear contamination. But the true impediment to positively imagining this locus of our origins is surely tied to our ambiguous relationship with nature. While we are inclined to envision this nature garden as benign, fecund, and wholesome, we are also aware that it is a wild environment, untamed, harbouring fierce creatures that are ready to pounce and annihilated us.
JENNIFER LEFORT & DOMINIQUE PETRIN
« FULL SPECTRUM »
© Jennifer Lefort + Dominique Pétrin
Jennifer Lefort et Dominique Pétrin se partagent la salle d’exposition pour y réaliser une œuvre exploratoire en tandem. Constatant leurs affinités pour le motif et la couleur dans leurs pratiques respectives, elles décident d’œuvrer à un projet in situ, un processus «ouvert» instaurant un dialogue entre elles.
L’art pictural de Lefort s’inscrit dans le registre de l’abstraction. Ses toiles imposantes deviennent le réceptacle de traitements multiples, souvent antinomiques sur la surface. Dirigeant le regard au gré des variations de textures, des empâtements et des couleurs, les lignes sinueuses et brisées se déploient dans un espace d’une grande intensité chromatique, rythmé de motifs ancrés dans la vie contemporaine. Pétrin confectionne des environnements immersifs de facture vibrante, grinçante et all over. Par l’entremise d’un répertoire iconographique réalisé à grande échelle grâce à la sérigraphie, la répétition de motifs imprimés devient le déclencheur d’effets perceptifs psychédéliques. Investissant l’espace d’exposition tout comme la sphère publique avec exubérance et humour, Pétrin puise son imagerie à même la diversité de la culture visuelle mondiale.
Jennifer Lefort and Dominique Pétrin are sharing the exhibition space to produce a collaborative exploratory work. Taking into account their respective affinities for motif and colour, they decided to work together on a site-specific project, an “open” process in which they would establish a dialogue.
Lefort’s pictorial art reverberates in an abstract register. Her large canvases become receptacles for varied, often antinomic surface treatments. Directing the gaze through variations in texture, impasto, and colour, broken, sinuous lines spread out into a space of great chromatic intensity, punctuated by motifs emanating from contemporary life. Dominique Pétrin puts together immersive, vibrant, aggressive, all-over environments, whose repeated motifs and large-scale iconographic repertoire created through silkscreen printing trigger psychedelic perceptual effects. Drawing her varied imagery from world visual culture, Pétrin invests both the exhibition space and public space with vitality and humour.
MATHIEU LATULIPPE
Au fond, notre rêve le plus secret est probablement de pouvoir remettre les pieds dans ce Paradis, mais sous la forme d’un parc thématique, où tout est contrôlé. Mathieu Latulippe a eu l’excellente idée de nous convier à une telle excursion. Bien entendu, il ne s’agit pas d’une reconstitution du Paradis originel, mais bien du développement d’un paradis artificiel contemporain, dont l’apparence le rapproche à certains égards de notre imaginaire de la banlieue. À travers une série de scénettes, dans certaines desquelles la nature reprend ses droits et qui n’ont rien à envier aux images des films catastrophes, l’artiste nous donne la possibilité de vivre un succédané de l’expérience de l’incommensurabilité sidérante. Mais ce jardin des merveilles réhabilité dispose aussi d’une dimension affabulatoire qui nous enjoint de jouir, ne serait-ce que l’espace d’un instant, de notre innocence retrouvée, ce qui nous permettra peut être de nous affranchir collectivement de nos peurs millénaires.
- Pierre Rannou
Mathieu Latulippe vit et travaille à Montréal. Il a exposé au Canada et à l’étranger, notamment au FIFA, à la Manif d’art 4 de Québec, au Centre de diffusion Clark, à la Fonderie Darling, à la Triennale 2011 du Musée d’art contemporain de Montréal et au Netwerk, centre d’art contemporain (Belgique).
In the end, our most cherished dream may likely be to step back into this Paradise, but in the form of a well-controled theme park. Mathieu Latulippe has had the enlightening idea of inviting us on just such an expedition. Of course, it is not a matter here of reconstructing the original Paradise, but of developing a contemporary artificial paradise that resembles, in some respects, our vision of suburbia. Through a series of little scenes—in some of which nature reclaims its rights with a vengeance that can rival disaster movies—the artist affords us a surrogate experience of staggering incommensurability. But this rehabilitated garden of marvels also has a fabular dimension that enjoins us to relish, if only for a moment, in new-found innocence, which may allow us to collectively free ourselves of our millennial fears.
- Pierre Rannou
Mathieu Latulippe lives and works in Montreal. He has exhibited in Canada and abroad, at such venues and events as the FIFA, Manif d’Art 4 in Quebec City, Centre de diffusion Clark, the Darling Foundry, the 2011 Québec Triennial at the Musée d’art contemporain de Montréal, and Netwerk, centre d’art contemporain (Belgium).
JENNIFER LEFORT & DOMINIQUE PETRIN
Habitant respectivement les villes de Gatineau et de Montréal, Pétrin et Lefort ont préparé à distance une partie du matériel destiné à l’installation qu’elles utiliseront en galerie. Réceptives à l’échange par l’entremise du jeu, elles se dotent d’un protocole de création pour sortir de leur zone de confort et défier les attentes du public. Ponctuant l’espace d’interventions à la fois individuelle et commune, les deux artistes optent pour une approche collaborative faisant écho à celle de Team Macho. Le collectif torontois a choisi d’intégrer des perspectives personnelles à leurs œuvres pop éclectiques afin d’éviter le piège d’une voie unique. À l’écoute des aléas du moment, l’œuvre de Pétrin et de Lefort prendra toutefois des directions inattendues et mettra au défi ce qui caractérise l’éthique des graffiteurs, c’est-à-dire intervenir sans empiéter sur le travail et le territoire de l’autre.
- Julie Alary Lavallée
Récipiendaire du prix de la Fondation Joe Plaskett (2005) et détentrice d’une maîtrise en arts visuels de la York University de Toronto (2006), Jennifer Lefort est finaliste au concours de Peinture canadienne de la Banque royale du Canada (2007). Présentes dans plusieurs collections publiques et privées, ses œuvres ont fait l’objet d’expositions individuelles et collectives en Amérique du Nord. Représentée par la galerie Patrick Mikhail, elle vit et travaille à Gatineau.
Dominique Pétrin est une artiste multidisciplinaire dont la carrière est traversée à la fois par les arts visuels et la musique. Son travail de l’art imprimé a fait l’objet de nombreuses expositions individuelles au Canada et en Europe. Reconnue pour ses performances, Pétrin a pris part à de nombreuses manifestations d’envergure, dont la Frieze Art Fair (Londres), le festival Désordres (Lille en France), et la Triennale québécoise. En nomination pour le prestigieux Prix Sobey 2014, elle vit et travaille à Montréal.
Pétrin and Lefort have prepared a part of the material for the gallery installation remotely from their respective homes in Gatineau and Montreal. Receptive to game-based exchange, they worked out a protocol for a creative process to take them out of their comfort zones and challenge audience expectations. Punctuating the space with both individual and shared interventions, the collaborative approach the artists have opted for recalls Team Macho, the Toronto collective that avoids falling into a single mold by integrating personal perspectives into their electronic pop works. In tune with the ups and downs of the moment, the work of Pétrin and Lefort takes unexpected turns and will put the graffitist’s modus operandi to the test, that is, intervening without encroaching on the other’s work and territory.
- Julie Alary Lavallée
With an MFA from Toronto’s York University (2006) and the recipient of the Joseph Plaskett Foundation Award (2005), Jennifer Lefort was a finalist in the RBC Canadian Painting Competition (2007). Her works have been shown in solo and group shows in North America, and can be found in many public and private collections. Represented by the Patrick Mikhail Gallery, she lives and works in Gatineau.
Dominique Pétrin is a multidisciplinary artist whose career has drawn from both music and the visual arts. Her print work has been the subject of numerous solo exhibitions in Canada and Europe. Known for her performances, Pétrin has taken part in many major events, including the Frieze Art Fair (London), Festival Désordres (Lille, France), and the Québec Triennial. Nominated for the prestigious 2014 Sobey Art Award, she lives and works in Montreal.
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