« ALL SERIOUSNESS »
24 avril au 3 mai| April 24 to May 3
vernissage 24 avril 18h00 | April 24 ~ 6:00PM
galerielock.com
Rachel Shaw nous présente dans All Seriousness une série de toiles qui, comme une suite de conversations abandonnées par leurs interlocuteurs, révèlent un comique latent. Le terme juridique huis clos fait état des entretiens tenus à l’écart des oreilles indiscrètes. Les tableaux de Shaw nous amènent sur les lieux de ces échanges privés, soit bureaux de thérapeutes (How Do You Really Feel, 2014), salons (Happy Couple, 2014), cours clôturées (Retreat, 2014)... Les oeuvres, cependant, sont dépourvues de tout présence humaine: les fauteuils en grisaille, les sols corails et les escaliers carmins sont irrémédiablement vides. Un bref coup d’oeil au coeur de ces lieux cachés des regards est en quelque sorte plus frustrant que de ne rien voir du tout: c’est comme entendre une blague sans son dénouement. Les oeuvres sont pourtant pourvues d’un riche humour, leurs objets étant réduits à une linéarité fonctionnelle, dans des circonstances qui leur dérobent toute utilité et les vouent à une attente perpétuelle.
Rachel Shaw’s All Seriousness is a series of conversation pieces that have been abandoned by their participants, resulting in comic scenes of human inaction. The legal term in camera refers to a discussion that is off-limits to the public. The locations for such private exchanges - therapists’ offices (How Do You Really Feel, 2014), living rooms (Happy Couple, 2014), enclosed backyards (Retreat, 2014) - are the subject matter of Shaw’s paintings featured in All Seriousness. The works, however, are conspicuously bereft of human presence. The grey-scale armchairs, coral floors and carmine stairs are flagrantly empty. The half-glimpse into the hidden is in some way more frustrating than not seeing anything at all: it’s like hearing a joke without the punch line. There is, however, a rich humor to it, with the objects reduced to a utilitarian visual linearity in a setting where they do not seem to serve any function at all.
Le Huis clos de Sartre porte le spectateur à l’épicentre d’un enfer qui maintient les personnages dans d’interminables dialogues sans issue physique ni mentale. Une torture qui ne tient pas du plomb fondu, de la roue ni des pinces, mais d’une “souffrance de tête, ce fantôme de souffrance qui frôle, qui caresse et qui ne fait jamais assez mal". Les chambres et pièces peintes de All Seriousness n’ont ni entrées ni sorties visibles – que des fenêtres qui offrent des vues sur un néant obscur, ou encore sont réduites à de simples décalques apposés aux murs. Les lignes usuelles d’horizon et de perspective sont tordues; elles ne sont pas difformes au point de provoquer, chez le spectateur, un rejet total de l’espace représenté, mais elles suscitent un certain trouble. C’est comme si ces torsions discrètes ne détournaient pas suffisamment l’espace – comme un bruit sourd et constant plutôt qu’un grand éclat.
Les brefs coups d’oeil et les torsions inachevées sur l’espace des toiles de All Seriousness dévoilent un paysage mental morne et gris, où l’humour et l’aléatoire prennent le pas sur la valeur et le mérite des situations suggérées in absentia. L’impossible aboutissement de ces scenes inertes s’opère dans une pièce sans issue, et ses fauteuils, d’une inutilité risible, semblent se jauger en disant, “bon, alors on s’y met?”
The namesake play of the legal term - more commonly known as No Exit - details a hell that literally consists of endless dialogue with other people that one is incapable of leaving, physically or otherwise. Not molten lead, racks and prongs, but a “creeping pain that gnaws and fumbles and caresses on and never hurts quite enough”. The rooms depicted in the exhibition have no visible entrances or exits, and their windows provide a view of a bleak nothingness. Horizon lines and perspective are distorted; not to the point of provoking a rejection on the viewer’s part, but instead generating a dull unease. It’s as if the slight shifts do not disrupt enough - a low, constant hum versus a loud bang.
All Seriousness’s half-glimpses and half-disruptions detail a mental grey area, where value and worth are upended for the sake of humor and indeterminacy. Closure is not an option in a room with no exits, and its armchairs, useless to the point of being comedic, face each other and seem to say, “Well, well, let’s get on with it.”
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