« LES FONDATIONS DE MERCURE »
23 avril au 20 mai | April 23 to May 20
vernissage 23 avril 17h00 | April 23 ~ 5:00PM
galerielacerte.com
Quelles images peuvent se targuer de représenter toute une époque, voire un siècle? Quels motifs permettent d'en élire certaines au détriment des autres? Que retiendra l'Histoire comme témoignage de vérité dans cette représentation élitiste? Laquelle des deux images s'imposera comme le vrai cheval : le cheval de course ou le cheval de manège? Autant d'interrogations qui suivent le coup de dé lancé dans cette exposition, 11e solo de Pierre Durette intitulé Les fondations de Mercure.
Poursuivant cette lancée amorcée avec l'exposition Le Quartz des Pygmées présentée à l’Œil de Poisson et sa participation au 31e Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul en 2013, Pierre Durette délaisse l'amas d'images composites au sein d'un même tableau au profit de l'accumulation de tableaux minimalistes. L'imagerie encyclopédique caractéristique de l'œuvre de Durette se dévoile dans cette exposition sous forme de pièces détachées, basées sur le principe de deux courants de pensée opposés : le préservationnisme (J. Muir) et le conservationnisme (G. Pinchot).
Faut-il préserver une vision romantique entre l'homme et la nature ou miser sur une perspective utilitariste de la conservation des ressources naturelles? Le bouquet de fleurs sauvages ou la brebis clonée Dolly? Un paysage de carte postale ou une réserve mondiale de semences? Laissant planer le mystère, ludique, coloré, méticuleux, le travail de Durette emprunte la voie royale de la matière, dont la présence manifeste assure l'équilibre entre rareté et surenchère. L'image, ici, est une source à la fois menacée et intarissable.
Homme-orchestre maniant avec aisance une étonnante diversité de techniques plastiques, apprenti discipliné et curieux, Pierre Durette s'invite dans les disciplines élues pour servir son propos et sa démarche artistique, évitant habilement le piège sournois du chant des matériaux. Ce qui intéresse l'artiste échappe à la simple logique des disciplines, qu'il maîtrise par ailleurs. Ainsi, le carrousel tourne incessamment en faveur du jeu conceptuel qui se cache derrière le dessin, la gravure, la porcelaine, l'huile, l'acrylique, l'émail, la photo.
Durette idéalise un lieu capable d'accueillir une bibliothèque visuelle du savoir universel, laquelle survivrait au déclin de l'humanité. Une sorte de capsule temporelle pourrait ainsi être lancée sur Mercure, prochaine conquête spatiale hypothétique après Mars en 2025. Cette idée est incarnée pour l'occasion par l'élaboration d'un immense autel en argile voué au culte de la civilisation, lequel sera installé dans la petite salle d'exposition de la galerie. Syncrétisme religieux ou pure orgie d'images, toutes choses s'y côtoieront dans un chaos simulé, sourire en coin.
- Annie Lafleur, auteure et critique d'art
Originaire de Causapscal dans la vallée de la Matapédia. Pierre Durette vit et travaille à Montréal depuis 2002. En 2006, il obtient un Baccalauréat en arts visuels et médiatiques à l’Université du Québec à Montréal. En 2004, il remporte le Grand Prix Albert-Dumouchel et en 2007, il reçoit la bourse d’excellence Marcel Bellerive. Ses œuvres ont été exposées au Musée d’art contemporain de Montréal, à la galerie Lacerte art contemporain à Montréal, à la galerie The Power Plant et à LE gallery à Toronto, ainsi que dans plusieurs centres d’artistes au Québec. Ses œuvres font partie des collections Colart, Loto-Québec, Conseil québécois de l’estampe, Collect’Art et Prêt d’œuvres d’art du Musée national des beaux-arts du Québec, Encana, BMO et la Banque Nationale. Pierre Durette est boursier du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts et des lettres du Québec depuis 2009. Il reçoit la prestigieuse bourse de la Fondation Elizabeth Greenshields en 2013.
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