« LE LAPIN BLEU »
jusqu'au 26 avril | until April 26
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L’anthropomorphisme et la personnification sont des procédés souvent utilisés par les artistes des arts visuels et les écrivains afin d’inciter les spectateurs et les lecteurs à adopter une nouvelle approche d’un sujet. Ainsi, une entité non humaine peut incarner certaines caractéristiques ou facultés humaines. Ce type de mécanisme est plus fréquent dans la littérature jeunesse; pensons notamment à Peter Rabbit de Beatrix Potter, aux fables d’Ésope, à Sesame Street. Sous cette forme, cet artifice permet de transmettre certaines valeurs morales importantes et, par conséquent, aide les créateurs à mieux cerner les émotions et les sentiments communs aux humains, sans égard pour leur provenance ou leurs antécédents. L’exemple le plus connu est sans doute le cas de Mickey Mouse, dont la popularité a permis à son concepteur, Walt Disney, d’édifier une entreprise commerciale et un univers connu partout dans le monde.
Anthropomorphism and personification are devices frequently used by visual artists and writers to encourage their audience to think about a given subject in a different way. Thus, a non-human entity can fully embody human characteristics and abilities. These methods are most evident in children’s literature - Beatrix Potter’s The Tales of Peter Rabbit, Aesop’s Fables, Sesame Street - to teach important moral lessons or to help us understand the emotions and feelings that are common to people no matter where or who they are. The most famous example of this phenomenon is probably Mickey Mouse whose popularity enabled his creator, Walt Disney, to build a corporate empire known throughout the world.
Ainsi, la littérature et le cinéma ont engendré plusieurs lapins. Mentionnons, par exemple, le Lapin blanc et le Lièvre de mars, les personnages d’Alice au pays des merveilles; pensons également aux lapins de Watership Down, le roman de Richard Adams porté à l'écran sous le même titre. Par contre, Bibi lapin (Br’er Rabbit) et Bugs Bunny n’ont rien du petit lapin adorable et jouent plutôt le rôle du fripon dans la culture populaire américaine. Quant aux cerfs, grands ou petits… Qui pouvait nous attendrir davantage que Bambi? Qui aurait pu susciter autant d’affection que Rudolph? Les enfants de la génération de Jean-Guy Meister ont grandi avec ces personnages, parce que la télévision les a transportés jusque dans la salle de séjour familiale. C’est justement au début des années soixante-dix que l’émission Sesame Street et ses marionnettes commencèrent à égayer les matins de toute une génération de tout-petits d'âge préscolaire.
Il n’est donc guère surprenant que Jean-Guy Meister use de ce stratagème familier pour véhiculer certaines prises de position relatives à l’identité, aux conflits, au sentiment d’isolement et à la violence. Dans son œuvre, les personnages jouent leurs propres rôles et sont tour à tour prédateurs et proies – dupes et réduits à un rôle passif. Par ailleurs, les matériaux utilisés par Jean-Guy Meister sont bruts, industriels et non raffinés; ils offrent un contraste avec l’éclat et le prestige généralement associés aux « héros » de la culture populaire. L’œuvre se présente donc comme une métaphore de notre époque – ce que l’artiste définit comme un point de rencontre entre la frivolité et l’anxiété, entre le sentiment d’euphorie et de vulnérabilité, entre le dérisoire et le terrifiant.
Rabbits have appeared frequently in literature and in film. There are the White Rabbit and the March Hare in Lewis Carroll’s Alice’s Adventures in Wonderland. Rabbits appear in Watership Down, the novel by Richard Adams, which was made into a film of the same name. Br’er Rabbit and Bugs Bunny are not adorable bunnies; they appear as tricksters in American popular culture. As for deer, who could have touched our hearts more than Bambi; been more beloved than Rudolph? Meister’s generation grew up with these characters because television brought them into everyone’s living room. In the early 1970s Sesame Street and the Muppets began to entertain a whole generation of pre-school toddlers every morning.
It is no surprise then that Jean-Guy Meister used these familiar devices to make important social statements about identity, conflict, isolation, and violence. In his work, the characters play out their roles as both hunted and hunter - inert dupes who have no active participation in their circumstances. Meister’s materials are rough, industrial, and unrefined in contrast to the glitz and glamour that is personified by the “celebrity as hero” in popular culture. The work is, therefore, a metaphor of our time – what the artist characterizes as the nexus of frivolity and anxiety, of euphoria and vulnerability, of the ludicrous and the horrific.
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