8 mars au 26 avril | March 8 to April 26
vernissage 13 mars 17h00 | March 8 ~ 5:00PM
artmur.com
MELVIN CHARNEY
« LA VILLE EN MOUVEMENT »
Melvin Charney atteignit la maturité à un moment où l’Amérique du Nord explosait, non pas sous les bombes ennemies, mais sous le réaménagement urbain des années soixante guidé par les chefs d’État et les politiciens de l’époque. De hauts édifices étaient remplacés par de plus hauts bâtiments encore. Des pâtés de maisons entiers disparaissaient sans être jamais reconstruits puisque les fonctionnaires ne semblaient jamais s’entendre ou changeaient constamment d’idée. La monotonie laissait place à plus de monotonie à travers des projets architecturaux tous aussi ennuyeux et stériles.
Melvin Charney came of age at the moment when North American cities were being blown apart, not by enemy bombs, but by their own leaders and politicians in the urban renewal of the 1960s. Tall buildings were replaced by taller ones. Blocks of housing became blocks of voids as buildings were destroyed and replaced by nothing as shifting priorities and preoccupations distracted city officials. Sameness begot more sameness in boring, uncreative architectural projects.
GUILLAUME LACHAPELLE
« VISIONS »
Reconnu pour ses sculptures miniatures, prenant l’allure de maquettes ou de prototypes architecturaux, Guillaume Lachapelle poursuit avec sa production plus récente la quête du détail et de la minutie à la même échelle. Depuis déjà quelques années, sa pratique se démarque par le recourt à la modélisation numérique et l’impression 3D. Ces procédés technologiques contribuent au développement d’un langage sur le désenchantement, mais dont le prolongement actuel semble bifurquer du côté de la déshumanisation du monde. En effet, les individus et les créatures animales étranges, engagés dans des lieux complexes, ont disparus au profit d’espaces intérieurs et extérieurs inhabités où l’absence est devenue le protagoniste.
Jorge Luis Borges imagined the universe as a library, one “composed of an indefinite and perhaps infinite number of hexagonal galleries.”1 The bookshelves in Guillaume Lachapelle’s rigorously detailed, architectural miniatures are similar imaginings of knowledge, infinity, and the meaning of books.
DAVID SPRIGGS
« TRANSPARENCY REPORT »
Avec l’exposition Transparency Report, David Spriggs poursuit sa réflexion sur le pouvoir et ses stratégies, en remettant en doute le mythe de la transparence de nos sociétés contemporaines. Interrogeant le seuil entre le visible et le caché, Spriggs travaille, comme à son habitude, la métaphore et le matériau du thème central de son exposition. Littéralement, le titre renvoie à des procédés légaux selon lesquels une compagnie doit divulguer certaines informations relatives à ses activités. Il va sans dire que l’œuvre dépasse largement la simple signification littérale, mais c’est cet imaginaire de lois qui l’inscrit dans un ensemble de considérations politiques.
“Think Foucault when he talks about the Panopticon,” writes the Canadian artist David Spriggs as he describes his series Transparency Report. Designed by the British philosopher Jeremy Bentham towards the end of the 18th century, the Panopticon was a model for a new kind of penitentiary. Conceived as a circular structure organized around a central inspection tower, it was supposed to enable all inmates of the institution to be observed by one or more watchmen.
MELVIN CHARNEY
Bien que Charney ait étudié l’architecture, il ne dessinait pas des gratte-ciels ou des maisons, mais souhaitait mettre sa compréhension de l’architecture au profit de l’art afin d’offrir un nouveau regard sur l’architecture urbaine et la ville. À travers un large corpus d’œuvres comprenant tout aussi bien des installations temporaires que des sculptures permanentes in situ, certaines ayant été construites et d’autres étant restées au stade de projets, ainsi que d’extraordinaires œuvres bidimensionnelles, il entreprit de critiquer son environnement urbain. Il utilisait ce qu’il apprenait lors de ses voyages, photographiant tout ce qu’il voyait, et puisait dans la panoplie de sujets sur lesquels il lisait afin de toujours approfondir son travail, multipliant la variété de thèmes qu’il abordait, mais également l’étendue de ces références à des artistes et des endroits tout aussi proches que lointains. Il voyait la beauté tout autant dans les temples de Turquie que dans les habitations modestes de Trois-Rivières.
Although Charney studied architecture, he designed no skyscrapers or houses. Instead, he was destined to use his knowledge of architecture to make art to make us see buildings and the city differently. In artworks ranging from temporary installations to permanent site-specific sculptures—some that were built, some only proposals—and extraordinary two-dimensional works of art, he took on the challenge of critiquing the new urban order. He used what he learned travelling—photographing what he saw—and reading broadly across many subjects, to add depth to his work: not just depth of form but depth of meaning in references to artists and places, both near and far away. He saw beauty in temples in Turkey and beauty in working class housing in Trois-Rivières.
GUILLAUME LACHAPELLE
Tirant son inspiration de la ville et, plus particulièrement de l’architecture urbaine, Lachapelle recrée des wagons de métro ou de train, des bibliothèques, des stationnements et des structures industrielles qu’il dispose pour la plupart en boîte. À la fois familiers et étrangers, ces environnements « encadrés » engagent une double dynamique. Tel un microscope ou un télescope, ces récipients ouvrent sur soit une réalité « micro », intime et intérieure ou distinctement contraire, c’est-à-dire sur la grandeur cosmique et l’extérieur. L’observation de ces structures permet de réaliser qu’elles ont en commun la fonction d’accommoder les besoins humains comme ceux de se mouvoir et de connaître, mais aussi d’accroître l’efficacité. Par l’acte de la représentation, Lachapelle semble vouloir prélever des éléments qui meublent le monde afin d’en exposer la vacuité et même l’abstraction.
When Lachapelle predominantly sculpted with wood, the library was already present in his work. Take for instance the delicate shelves in Maneges (2004-2006). In 2009, he began to employ 3D printing and since, he has drafted bookshelves as white, intricately printed sculptures. Fissure, 2009, a bookshelf whose centre collapses, like quicksand, into a void; Le piège, 2009, an isolated balcony that protrudes from a bookshelf; Évasion 2, 2011, a fragile staircase that leads to a corridor library. Despite their sculptural form, these pieces never feel static. They suggest something beyond the shelves. Books are often described as gateways to other worlds and the artist Dominique Gonzalez-Foerster exemplifies this literally. In her 2013 La Bibliothèque clandestine at Palais de Tokyo what at first appears to be a bookshelf is actually a rotating door that opens into a secret gallery.
DAVID SPRIGGS
Utilisant une série de pièces de verre montrant divers sacs de voyage représentés à la façon de l’imagerie aux rayons X, l’exposition met en scène une suite d’objets mis à nu. Les couleurs employées rappellent celles des scans de sécurité dans les aéroports, investissant par le fait même la valeur répressive d’un spectre de couleurs. L’exposition utilise des images de bagages aux éléments culturellement chargés de sens : ce qui est caché, ce que l’on transporte, exposé ainsi, offre l’illusion de donner à lire des informations sur soi, de donner un accès direct à son identité.
Two centuries later, in Discipline and Punish, Michel Foucault picked up on Bentham’s model to illustrate his conception of discipline as a power mechanism. Foucault underlined the fact that, whereas the point of view of the Panopticon watchman is fully transparent, the inmates never know whether or not they are being watched. Therefore, within such an architectural model, the inmates assume both their subjected position and the regulating role of the watchman. Inmates, in this sense, become self-disciplined subjects.
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