« DÉCHARGES »
jusqu'au 19 avril | until April 19
graff.ca
Hugo Bergeron, Décharge 3, 2013, acrylique sur toile, 122 x 107 cm
De tous les arts, la peinture est sans doute le seul qui intègre nécessairement, «hystériquement», sa propre catastrophe, et se constitue dès lors comme une fuite en avant. Dans les autres arts la catastrophe n’est qu’associée. Mais le peintre, lui, passe par la catastrophe, étreint le chaos, et essaie de s’en sortir. - Gilles Deleuze, Francis Bacon, logique de la sensation, éditions du Seuil, Paris, 2002, page 96.
Chaque œuvre de la série Décharges commence par un dessin sculpté dans un pochoir : des fragments d’immeubles, des édifices en ruine qui surprennent par leur symétrie, par l’inversion presque eschérienne de leurs plans. Sur ces caches provisoires sont projetées des giclées de couleurs qui abîment et modulent la surface du support placé à la verticale. Dans un élan et à distance, les Décharges sont ces tirs francs sur la toile d’eaux colorées qui, en s’abattant sur le dessin, le font basculer dans le champ de la peinture; une action désinvolte, sans retenue, où la limite entre l’achevé et l’inachevé est difficile à maintenir.
Of all the arts, painting is undoubtedly the only one that necessarily, "hysterically," integrates its own catastrophe, and consequently is constituted as a flight in advance. In the other arts, the catastrophe is only associated. But painters pass through the catastrophe themselves, embrace the chaos, and attempt to emerge from it. - Gilles Deleuze, Francis Bacon: The Logic of Sensation, Bloomsbury Academic, 2003, pages 102-103
Each work from the Décharges series starts with a drawing sculpted in a stencil: fragments of buildings and dilapidated skyscrapers that surprise by their symmetry, by the Escher-like inversion of their façades. On these temporarily masked off areas, splashes of colors are thrown that damage and alter the surface of the vertically placed canvas. With momentum, and at a distance, these Décharges – shots of colorful liquids fired on the canvas – beat down on the drawn lines to nudge them into the sphere of painting; they are an off-hand, unrestrained action, in which the boundary between what is finished and what is unfinished becomes harder to sustain.
Dans son apparente simplicité, ce projet tente une mise à distance de l’acte de peindre. L’ensemble des tableaux de cette série constitue une digression sur l’idée d’un système qui réclame simultanément l’accident et le contrôle, qui confronte la matière au dessin, qui repense frontalité et profondeur, qui nie l’horizon et le ciel, mais qui en préserve une lumière. Derrière le déferlement de la matière, Hugo Bergeron retarde l’aseptisation de sa pratique et prolonge une réflexion sur le lieu, l’isolation et le fragment. Dans cette représentation d’un espace à la fois déserté et envahi, l’influence de nos choix structure l’aménagement de chacun de nos territoires.
Né en 1981, Hugo Bergeron est détenteur d’un baccalauréat en arts visuels de l’École des arts visuels et médiatiques de l’UQAM. Finaliste au Concours de peintures canadiennes RBC en 2010, son travail a été exposé au Canada, en France, au Liban et bientôt au Brésil. En 2013 il a entre autres participé à l’exposition «Le projet peinture/The Painting Project» à la Galerie de l’UQAM, Montréal. Ses œuvres font partie de plusieurs collections publiques et corporatives dont Prêt d’œuvres d’art, Musée national des beaux-arts du Québec, Banque nationale, Banque TD, Ministère des affaires extérieures et du Commerce international du Canada, Mouvement Desjardins, Loto-Québec. Hugo Bergeron est représenté par la galerie Graff depuis 2008; il vit et travaille à Montréal.
In its apparent simplicity, this project attempts to distance itself from the act of painting. This entire series of paintings constitutes a digression around the idea of a system that simultaneously seeks control and lack thereof, that confronts matter and form, that rethinks frontality and depth; a system that negates the horizon and the sky, while still preserving their light. With this powerful flood of matter, Hugo Bergeron wards off the tameness in his work, and prolongs his reflection on space, isolation and the fragmentary form. In these depictions of spaces both swarmed and desolate, the spectator is made conscious of how the structure of each landscape stems from our various choices.
Born in 1981, Hugo Bergeron completed a Bachelor degree in visual arts at l'École des arts visuels et médiatiques of UQAM in 2008. Semi-finalist in the 2010 Canadian Painting Competition, his works have been exhibited in Canada, France, Lebanon and soon Brazil. In 2013, he participated in “Le projet peinture/The Painting Project” at la Galerie de l’UQAM, in Montreal. His paintings are part of many public and corporate collections as Prêt d’œuvres d’art, Musée national des beaux-arts du Québec, National Bank, TD Bank, Foreign Affairs and International Trade Canada, Mouvement Desjardins, Loto-Québec. Galerie Graff represents Hugo Bergeron since 2008; he lives and works in Montreal.
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