Une question de passion
16 février 2013 – Nous poursuivons l'enquête, cette série d’entrevues sur les dessous de l’art contemporain, avec un nouveau venu, la galerie Nicolas Robert. Nicolas nous accueille dans un espace modeste et rectiligne, qui laisse toute la place aux œuvres. Nous lui avons posé quelques questions afin de connaitre son point de vue sur le milieu.
photo : ARH Photo
RDV : Tu as ouvert ta galerie depuis moins de 2 ans, comment en es-tu arrivé là ?
Nicolas : Au départ, je dois dire que je suis collectionneur. Je passais énormément de temps dans les galeries, les musées et les ateliers d’artistes. J'avais le rêve d'avoir un jour ma propre galerie, c'était mon plan A. Un an avant d’ouvrir, je devais déménager en Belgique mais un incident a fait que je suis resté à Montréal. Le projet s’est donc concrétisé plus rapidement.
RDV : Comment trouves-tu la vie de galeriste ?
Nicolas : La vie de galeriste est passionnante et très diversifiée. C’est un milieu en constante ébullition. Depuis le départ, mon plan est d’y aller étape par étape. Mon projet de galerie en est un à long terme. J’ai ouvert avec 5 artistes et j’ai l’intention d’y aller très tranquillement. Je trouve que ça implique plus d'administration que ce à quoi je m'attendais. La préparation des dossiers, l'inventaire, etc., ça prend beaucoup de temps.
RDV : Quels autres aspects te préoccupent ?
Nicolas : Il faut mettre la galerie de l'avant, garder des liens avec les gens qui s'intéressent aux artistes que je représente, comme les conservateurs, les commissaires, les collectionneurs et les amateurs.
RDV : Qu'en est-il de la « compétition » dans ce milieu ?
Nicolas : Je ne crois pas à la compétition. Je crois que chaque bonne galerie a une ligne directrice ainsi qu’une personnalité propre. Je crois que les gens savent à quoi s’attendre lorsqu’ils viennent chez moi comme ils le savent lorsqu’ils vont chez mes confrères. Ce qui m'allume c'est la passion pour l'art.
RDV : Tu arrives à garder la cadence … ça doit être exigeant.
Nicolas : Je dois avouer que je n’ai toujours pas droit aux subventions (il faut 3 ans) et que je n’ai pas d’investisseur comme d’autres confrères. J’ai un travail qui me donne énormément de liberté pour présenter mes artistes. Je n’ai pas à me soucier des ventes pour l’instant. C’est beaucoup d’heures avec la galerie mais je ne changerais rien pour l’instant.
RDV : Qu'est-ce qui guide tes choix pour représenter les artistes ?
Nicolas : Une direction artistique, c'est très important. Je ne présenterai pas du travail en étant sûr de vendre. Je présente du travail que j’aime. J'aime avoir la liberté de choisir, utiliser mon intuition pour ça. Je peux me fier à mon intuition, qui est nourrie par mon expérience de l'art en tant que collectionneur. Dès mes débuts, je me suis donné comme mandat de présenter des artistes méconnus. Le travail qui me parle est minimaliste et formaliste. J’adore la peinture et j’introduis de plus en plus de photographie à la galerie.
RDV : Comment perçois-tu le milieu de l'art à Montréal ?
Nicolas : J’ai l’impression que c’est un petit milieu fermé. Il y a certainement un jeu politique. Il y a un grand nombre d’acteurs dans le milieu. C’est aussi un milieu très discret. Les gens parlent et observent avant de faire confiance.
RDV : Comment fais-tu du « PR » pour la galerie ?
Nicolas : Disons que les débuts se sont surtout fait par bouche à oreille. Le fait que la galerie soit située au 5ième du Belgo a grandement aidé aussi. Il y a déjà un roulement de gens intéressés. La galerie a participé à la foire de Toronto dès ses débuts ainsi qu’à la très belle foire Papier. Je parle à des amis qui m’ouvrent aussi leur réseau.
RDV : As-tu des modèles d’affaires ?
Nicolas : Mes modèles de galerie sont Pierre-François Ouellet ainsi que Roger Bellemare, mais je crois que chaque galerie a son identité propre et que chacune à quelque chose d’intéressant.
RDV : Quels sont tes défis présentement ?
Nicolas : Il faut est rigoureux dans tout ce qu'on fait dans ce milieu. La barre est haute pour se démarquer. Mes plus grands défis sont de faire connaitre mes artistes et de développer la réputation de la galerie.
L'enquête est une série d'entrevues co-dirigée par Éric Bolduc et Myldred Alphonse.
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