« VERTIGE » @ clark
jusqu'au 22 fév | until Feb 22
clarkplaza.org
photo Caroline Cloutier
L’effet d’instabilité et d’étrangeté qui se dégage des objets cinétiques créés par LaBrecque trouve un écho sur un tout autre registre dans l’installation Vertige, de l’artiste Caroline Cloutier. C’est à partir de l’espace même dans lequel s’inscrit le corps du spectateur que l’œuvre de Cloutier provoque une sensation d’instabilité et de désorientation. En entrant dans la petite salle de CLARK, le visiteur se trouve confronté à un espace apparemment vide, mais qui semble avoir subi une étonnante expansion tout en demeurant égal à lui-même. Des trompe-l’œil, qui simulent et prolongent l’espace, sont disposés à des endroits stratégiques à même les quatre murs de la salle. Composée de sept bandes de vinyle autocollant simulant photographiquement un dégradé de lumière sur une cimaise blanche et de quatorze miroirs installés par paires à la jonction de chaque bande avec le plancher et le plafond, l’installation transforme le volume architectural du lieu au moyen d’une illusion d’optique.
The effect of instability and strangeness found in Labrecque’s kinetic objects resonates on another level in Vertige, an installation by the artist Caroline Cloutier. Cloutier seeks to provoke a sense of imbalance and disorientation within the viewer’s body. Upon entering Clark’s small gallery, the viewer finds him/herself confronted by an apparently empty space, void of any objects, but which seems to have undergone an astonishing expansion while maintaining its original form. A series of trompe-l’oeil images that replicate and elongate the space are strategically placed on the room’s four walls. Made from seven bands of adhesive vinyl that photographically simulate the degradation of light on a white wall, along with 14 mirrors installed in pairs at the top and base of each band, the installation transforms the architectural volume of the room through optical illusion, and the exhibition space is multiplied by seven perpendicular corridors, with no discernable exit.
« VERTIGE : LES MIROIRS » @ nicolas robert
1 fév au 1 mars | Feb 1 to March 1
vernissage 1 fév 15h00 | Feb 1 ~ 3:00PM
galerienicolasrobert.com
Caroline Cloutier - Miroir 6, 2014, photomontage, impression numérique sur papier photo, 40x40" / 100x100 cm
Le projet Vertige, dans son ensemble, en est un d’exploration des possibles qui se déploie en divers moments : tantôt imposante installation photographique montée au mur (Clark, 2014), ici une série de photomontages cerclés puis encadrés, avoisinant un passage mystérieux, trompe-l’oeil donnant l’impression d’une ouverture dans la cimaise.Vertige : les miroirs agit comme une extension, ou plutôt une démultiplication des espaces fictionnels visibles au Centre Clark. L’artiste arrive par le fait même à ouvrir un canal de communication entre deux espaces, donnant ici à voir chaque image comme autant de cadres d’un film, fragments narratifs d’un parcours.
Vertige project, as a whole, is an exploration of possibilities unfolding in various points: in one hand, an imposing wall-mounted photographic installation (Clark, 2014), and on the other hand a series of circled and framed photomontages, surrounding to a mysterious passage, a trompe-l’oeil projecting a false impression of an opening in the picture rail. Vertige: les miroirs acts as an extension, multiplying the fictional spaces displayed at Clark Center. The artist opens a communication channel between the two spaces, giving here to see each image as multiple frameworks from a movie, narrative fragments of a course.
« VERTIGE » @ clark
La salle d’exposition est ainsi démultipliée par sept corridors perpendiculaires dont on ne peut repérer l’issue. Comme on doit se déplacer pour trouver le bon angle pour chaque corridor, et puisqu’il est impossible d’embrasser le tout d’un seul coup d’œil, la perception de l’espace est susceptible de devenir instable et vertigineuse. Avec ses passages fictifs mais vraisemblables, Vertige met le cube blanc en abyme en jouant sur les propriétés mêmes de ce lieu surcodé. La fonction réfléchissante inhérente à l’image spéculaire et photographique est ici inversée pour en faire le vecteur d’un éclatement de l’espace, qui n’est plus l’objet d’une réflexion ou d’une représentation. Cloutier déplie l’espace selon des codes minimalistes pour le replier dans un prolongement optique ; une opération qui n’est pas étrangère à l’esthétique baroque dans laquelle des plis et replis font déborder l’espace matériel dans des cavités illusoires d’une étendue incommensurable. C’est aussi dans cette perspective que l’installation Vertige constitue une sorte d’hétérotopie : un espace autre qui, tout en renvoyant à la présence réelle du lieu, le rend du même coup irréel en l’ouvrant sur des passages fuyants où l’imaginaire est appelé à déambuler dans un ailleurs sept fois multiplié. - Bernard Schütze
Caroline Cloutier tient à remercier le CALQ, le Centre Sagamie, Circa, Nicolas Robert, Lisa Charpentier et Louise Viger.
Since the viewer has to move through the room in order to find the right angle for each corridor, and because it is impossible to perceive the entire installation at once, ones’ perception of space becomes destabilized and vertiginous. Through its fake but realistic passageways, Vertige places the white cube in a mise en abyme by playing with the specific characteristics of this over-encoded space. The reflective function inherent to this spectacular photographic image is inverted so that it becomes the vector for an expanded site that is no longer the object of contemplation or representation. Cloutier unfolds the site according to minimalist codes, and refolds it as an optical expansion of space; an operation that is familiar to the baroque aesthetic in which folding and unfolding make material space spill out into these illusory cavities of unknowable depths. It’s also through this lens that the installation constitutes a kind of heterotopia: a space that is ‘other’, that while referring to the actual presence of a place, makes the same place unreal by opening it up to furtive passageways where our imagination is invited to roam into another world, multiplied seven times over.
Caroline Cloutier would like to thank the CALQ, Centre Sagamie, Circa, Nicolas Robert, Lisa Charpentier and Louise Viger.
« VERTIGE : LES MIROIRS » @ nicolas robert
Les volets du projet se déployant à différentes échelles, l’expérience s’ancre dans une dynamique changeante avec l’espace. En effet, si le format installatif de Vertige (Clark) nous plonge dans un corps à corps avec l’oeuvre et l’espace qu’elle ouvre, les photomontages eux, témoignent d’un ailleurs, sorte de maquette d’un possible site inaccessible. Images d’un lieu d’une neutralité angoissante, à l’architecture labyrinthique, c’est cette fois par le truchement de la projection mentale que notre corps est appelé à s’inscrire dans cet ailleurs. C’est aussi au titre qu’il faut se référer pour saisir toute la portée intrinsèque de la proposition. Le miroir, à la fois reflet impénétrable et symbole d’un monde dans lequel on voudrait basculer.
S’il est vrai que le projet Vertige revêt un caractère hétérotopique1, c’est parce qu’il est à la fois projection d’un espace virtuel et création d’un lieu localisé qui s’expérimente dans un dispositif autoréférentiel. Il en va de même pour la version miroir. Ces miroirs, qui n’en sont pas, renvoient à la notion même de l’espace utopique, lieu hors de tous les lieux, lieu où le corps est sans corps2. Car c’est bien avec cela que ces miroirs jouent, l’absence de reflet, l’absence du corps dans l’espace. Il s’agit peut-être plutôt de l’évocation d’un corps projeté, fuyant, rendu invisible par le médium photographique ; un corps lumière.
Vertige : les miroirs ne manque donc pas de produire son effet; le vertige de ne pas pouvoir apercevoir son reflet dans ce miroir. - Emmanuelle Choquette
- L’on peut ici se référer au texte accompagnant le volet au centre Clark où Bernard Schütze introduit cette idée.
- Sur les notions d’utopie et d’hétérotopie ; Michel Foucault, Le corps utopique suivi de Les hétérotopies, Paris, Lignes, 2009, p. 10
The project unfolding in different scales and spaces, the experience follows a parallel dynamic. As we plunge in Vertige (Clarke) where its installation format confronts us to the work and the space it opens, the photomontages unveil another dimension, an unreachable site. Within the agonizing neutrality of the architectural labyrinthine images, our mental projection guides our body through this outer space. The title plays a key role in understanding the full meaning of the intrinsic scheme. The mirror: both an impenetrable reflection and the symbol of another dimension we want to dive in.
The heterotopic1 character of Vertige project is defined by the projection of a virtual space and the creation of a localized place experienced in a self-referential structure, applied also to the mirror version. These mirrors portray the very notion of utopian space, a place juxtaposing multiple spaces, a place of an unbodied body2, as they act with the absence of reflection, the absence of the body in space. It may refer to a projected body, escaping, made invisible by the photographic medium; a body light.
Vertige: les miroirs successfully produces the vertigo effect of disabling our reflection in the mirror. - Emmanuelle Choquette
- Bernard Schütze introduces this topic on his text covering the project at the Clarke Center.
- On the notion of utopia and heterotopia; Michel Foucault, Le corps utopique suivi de Les hétérotopies, Paris, Lignes, 2009, p. 10
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