18 jan au 1 mars | Jan 18 to March 1
vernissage 18 jan 15h00 | Jan 18 ~ 3:00PM
artmur.com
« À LA FRONTIÈRE DU MONOCHROME »
YVES GAUCHER - NEIL HARRISON - BRADEN LABONTE - MICHELLE LUNDQVIST - GUIDO MOLINARI - BARBARA TODD - CLAUDE TOUSIGNANT - HENRI VENNE - JINNY YU
« La couleur est l’essence de la peinture, ce que le sujet ne manque jamais d’anéantir » – Kasimir Malevitch
Le monochrome apparait dans l’histoire de la peinture d’abord dans le travail des peintres russes Kasimir Malevitch et Aleksandr Rodchenko. Il s’agit avant tout d’une proposition esthétique radicale dont le but est de révéler à travers la pureté de la couleur et la simplicité de la forme des vérités mystique et spirituelle, dites suprêmes (ce qui donna le nom de Suprématisme à cette peinture). Mais il s’agit aussi d’une affirmation révolutionnaire ayant une résonnance fortement politique qui souhaite remplacer la peinture traditionnelle par un nouveau paradigme pictural. La résurgence du monochrome dans les décennies qui suivirent dans diverses parties du monde (en Italie, en France, aux États-Unis et au Japon, notamment), soulève plusieurs questions sur ce que l’abolition de la figuration suggère, sur le potentiel quasi-inexhaustible que les artistes trouvent dans la simplicité de la couleur et de la forme et de façon peut-être plus significative, ce qui est et ce qui a été en jeu dans la stratégie du monochrome.
“Colour is the essence of painting, which the subject always killed.” – Kasimir Malevitch
The monochrome first made an appearance in the history of painting in the work of Russian artists Kasimir Malevitch and Aleksandr Rodchenko. It was certainly a radical aesthetic declaration purposefully aiming to reveal mystical and spiritual truths through pure form and colour. But it was also a revolutionary affirmation with strong political ramifications that aimed to cancel and destroy what traditional painting was, all the while establishing a new art paradigm. Its resurgence in subsequent decades in various parts of the world (in Italy, France, the USA and Japan, notably) invites to question what the abolishing of figuration asserts, what seeming inexhaustible potential artists find in the properties of simple colour and form and perhaps more significantly, what is, and has been at stake in the strategy of single-colour squares.
SHAYNE DARK & DANIEL HUGHES
« FORCED NATURE »
Au tournant des années 1960, le peintre américain Ad Reinhardt décrivait la sculpture comme « quelque chose contre quoi on se cogne en regardant une peinture »1. Plutôt qu’un simple jugement de valeur, Reinhardt avait certainement en tête l’idée que la sculpture est fondamentalement un objet et que, à ce titre, elle attire l’attention sur sa présence physique et matérielle, sur le fait qu’elle est simplement là, devant son spectateur.
Kingston, Ontario based artists Shayne Dark and Daniel Hughes have never previously collaborated. Long time admirers of each other’s art, Dark – a sculptor and woodworker making fantastical objects reflecting nature – and Hughes – a painter with a background in realist portraiture and an interest in more painterly and abstracted motifs – collaborated for this exhibition at Art Mûr as a means of expanding and complicating their work. Adding an extra dimension to each of their long established practices, the collaborative exhibit grew out of both a residency (for Dark) at MacLachlan Woodworking Museum in Kingston and a shared workshop over the course of six months last year.
PATRICK BÉRUBÉ
« VALSE À 5 TEMPS »
Valse à 5 temps de Patrick Bérubé souligne le retour de l’artiste à l’installation in situ. En effet, l’artiste s’est fait connaître ces dernières années pour sa production de petites sculptures et objets qui empruntaient à l’univers de la maquette et de la miniature. Plusieurs de ceux-ci furent réalisés en contexte de résidence d’artiste où les moyens de production et l’espace s’avèrent souvent réduits. Toutefois, pour la galerie de la rue Saint-Hubert, le praticien investie la totalité de l’espace qu’on lui a offert. Il y déploie une laborieuse mise en scène composée de cinq lieux aux ambiances et aux sonorités distinctes. Chaque salle se veut aussi un présentoir pour multiples objets, bibelots et images imprimées. Plus que de simples décorations pour accompagner le parcours, chaque élément s’avère être des pistes de lecture pour ce complexe récit que propose l’artiste.
If you were to write a recipe for Patrick Bérubé’s practice, the ingredients would range from the ordinary to the slightly grotesque – wood, bird food and florescent lights, glass, pedestals and lint rollers, piles of National Geographic, cigarettes and taxidermy. However, even his use of the grotesque preys on the familiar and everyday.
PIERRE&MARIE
« GRENADE, BALLON ET ARTIFICES »
Ce n’est pas d’hier que les enfants jouent à la guerre. Longtemps, ils reproduisaient les histoires de cowboys et d’indiens qui leur étaient racontées, utilisant leurs mains comme des armes à feu imaginaires. Ces jeux ont évolués en même temps que la société, influencés par les récits bellicistes imposés par le petit et grand écran. Dans cette société de consommation dans laquelle nous vivons, ces jeux se sont aussi accessoirisés. Le duo d’artistes Pierre&Marie ont découvert une grenade jouet tout près de l’étalage de bonbons d’un dépanneur américain. Cet objet absurde, qui combine l’acte de jouer et de tuer, fut le point de départ d’une recherche artistique confrontant le ludique et le violent, le merveilleux et le tragique.
Artist duo Marie-Pier Lebeau and Pierre Brassard are no strangers to artistic collaboration. Since coming together in 2006 as Pierre & Marie, the pair have founded À gogo!, an eight-person collective formed in 2008, and Acapulco, which has remained active since 2009. Luminous and lustrous, Pierre & Marie’s work shimmers with metallics, glass, and glitter. Their installation, multimedia, and sculptural works playfully engage with the materiality of objects and with the “thingness” of things, forging connections between the pleasures of disaster and the politics of play.
À LA FRONTIÈRE DU MONOCHROME
Dans le Québec de l’après-guerre, le monochrome et plus exactement l’art abstrait en général, est apparu avec un programme similaire à celui des artistes russes un demi-siècle plus tôt. Il s’est avéré être le cheval de bataille d’un groupe d’artistes, connu pour avoir signé le Refus Global et dont l’héritage culturel dans la Belle province est prisé pour avoir préparé le terrain de la révolution tranquille ayant débuté approximativement 10 ans plus tard.
L’exposition chez Art Mûr rassemble trois générations d’artistes dont le travail échappe de justesse à la peinture monochromatique. La première génération réunit les figures de proue de l’avant-garde québécoise, mieux connus sous le nom collectif des Plasticiens : Claude Tousignant, Guido Molinari et Yves Gaucher. La deuxième génération comprend Jinny Yu, Henri Venne et Barbara Todd, trois artistes dont la pratique prend racine dans la peinture monochromatique, mais avec une tournure contemporaine. La référence à la première génération de peintres est la plus délibérée dans le travail d’Henri Venne. À la croisée entre la peinture et la photographie, ses œuvres partagent la même esthétique formaliste que la génération qui le précède. L’utilisation de d’aluminium réfléchissante de Jinny Yu permet au regardant de se confronter à l’acte de regarder, de voir. Son travail apparait constamment en changement selon la lumière, selon la position dans l’espace de celui ou celle qui le regarde. Barbara Todd utilise du textile plutôt que des pinceaux pour se réapproprier une esthétique trop souvent à tort associée à la masculinité (à l’exception de Françoise Sullivan, dont la contribution ne devrait pas manquer d’être rappelé).
Le travail de Neil Harrison, de Braden Labonté et de Michelle Lundqvist, la plus jeune génération, révèle les mêmes soucis esthétiques à travers des formes géométriques simples et un contrôle de la couleur qui caractérisent les générations avant eux. Ils ne se contentent pas de simplement recopier ce qui a déjà été fait auparavant. Étant de leur temps, ils trouvent par des moyens contemporains des façons de réintégrer le monochrome dans le paysage artistique contemporain. Ils semblent avoir compris un langage de formes et de couleur persistant et continuent d’explorer ses possibilités en de surprenantes compositions. - Anaïs Castro
SHAYNE DARK & DANIEL HUGHES
C’est cet aspect de l’expérience sculpturale que l’historien de l’art Alex Potts juxtapose à une autre, toute aussi présente et immédiate de ses facettes : son intervention dans l’espace phénoménal du spectateur, et sa capacité à exciter notre imagination. Pour un instant, l’œuvre « devient quelque peu étrange et insaisissable tout en insistant sur sa présence, contrairement aux objets que l’on rencontre, en passant, au cours de notre vie quotidienne »2.
Les sculptures de l’artiste Shayne Dark font écho à ces tensions. Heroes et Windfall, par exemple, attirent le regard sur la matérialité du bois qui les constituent et sur les modifications physiques qui y ont été apportées. En même temps, Dark reconnaît que ses sculptures interagissent avec l’espace qui les contient, que leurs compositions particulières résistent à ce qu’on les voit comme simples produits finis. Situées à la croisée de plusieurs chemins – ceux du naturel et du culturel, de la création et de la destruction, du mouvement et de l’inertie – les sculptures de Dark cherchent à « favoriser la contemplation et encourager le spectateur à reconsidérer les valeurs auxquelles notre culture adhère »3.
Ce sont ces tensions, entre autres choses, que le peintre Daniel Hughes tente de représenter. D’un côté, se qualifiant lui-même de peintre figuratif, Hughes cherche à traduire les caractéristiques formelles des œuvres en question qui attirent l’attention sur la matérialité de ces dernières. D’un autre côté, inspirées « par la nature abstraite des œuvres de Dark », les peintures de Hughes demeurent sensibles à leur caractère insaisissable tantôt en les positionnant devant des arrière-plans neutres, tantôt en brouillant ou en diluant leurs contours4.
Mais au-delà de la représentation, l’une des forces des œuvres de Hughes est de créer un dialogue entre elles et les sculptures de Dark. Le spectateur passe des unes aux autres, contemplant leur réciprocité, puis leur interdépendance. Au final, le rapport entre peinture et sculpture observé par Reinhardt se brise, ouvrant la porte à une interaction productive entre elles. - Vincent Marquis
1. Dans Alex Potts, The Sculptural Imagination: Figurative, Modernist, Minimalist (New Haven : Yale University Press, 2001), 1. Ma traduction.
2. Idem. Ma traduction.
3. Shayne Dark, courriel de l’artiste, 13 novembre 2013.
4. Daniel Hughes, courriel de l’artiste, 14 novembre 2013.
PATRICK BÉRUBÉ
Le titre, la valse, fait référence à une danse qui a obtenu ses lettres de noblesse dans la société aristocratique viennoise du XVIIIe siècle. Pour l’artiste, ce divertissement mondain joue le rôle d’une métaphore des cercles vicieux de nos systèmes politiques qui semblent tourner en rond. C’est aussi une allégorie des vices de notre société contemporaine; sexe, argent, jeu et alcool traversent cette œuvre de Bérubé.
À cet effet, il est amusant de remettre en contexte historique le phénomène des danses sociales. Celles-ci furent longtemps prohibées par l’Église catholique; elles menaient à la tentation de la chair. Parallèlement, en période de contre-réforme chez les protestants on retrouve la danse comme motif récurrent dans la peinture de genre. En effet, dans les scènes d’intérieur chez les peintres du Nord, on y voit souvent représentées des soirées mondaines de la bourgeoisie de l’époque. La danse, la musique, l’alcool et le jeu y sont des figures communes. Ces tableaux se veulent une forme de mise en garde face aux dangers du vice.
Sans être véritablement un grand moralisateur, la comédie s’avère être un élément important de la pratique de Bérubé. Sans avoir l’ambition des pièces de théâtre du grand Molière, notre artiste souhaite dépeindre les travers et le ridicule des caractères et des mœurs d’une société. Son travail, à l’attitude humoristique et cynique, déstabilise le visiteur; il permet aussi un commentaire critique, mais bien personnel. À cet effet, l’artiste affirme s’intéresser aux petites détresses qui ponctuent notre quotidien. Celles-ci témoignent de notre vulnérabilité devant la perte de contrôle.
Devant une œuvre de Bérubé, on pourrait croire assister aux aboutissements d’un accident ou d’un incident. Les causes de ladite fatalité semblent nous échapper. Ces irrésolutions soulèvent l’incertitude avec laquelle l’artiste s’amuse à construire ses récits. - Eloi Desjardins
PIERRE&MARIE
Les œuvres de la série Grenade, ballon et artifices créent une tension entre ces deux pôles. Des objets festifs sont mis en situation de façon à créer un je-ne-sais-quoi inconfortable, comme si la fête avait mal tourné. Un unique ballon gonflable est prisonnier des pales d’un ventilateur. Un chapeau de fête abandonné devient l’abri d’un rongeur. De petits animaux sont taxidermisés dans une position qui laisse présager que le jeu est en train de dégénérer en bataille. L’amusant prend un air grave.
De pair avec les armes jouets utilisées par les artistes, une pile de réelles balles de fusils est gélifiée, lui donnant à la fois des airs de bonbons de gelée rouge et de balles maculées de sang. L’enrobage polysémique des munitions parvient à rendre ambigus des jouets qui semblent au premier abord inoffensifs, anéantissant au passage leur menace pour séduire le regard des enfants.
Les œuvres de Pierre&Marie interpellent l’imaginaire collectif dans une société où les médias nous rapportent trop souvent des faits divers tragiques impliquant des enfants et des armes à feu, quelques fois même conçus pour eux par leur taille et leurs couleurs pastelles attirantes. En plein débat sur l’accessibilité des armes à feu, les images que crée le duo explicitent mieux que de nombreux arguments factuels la dangerosité potentielle de cette culture des armes, même sous forme de jouets en plastique. Mais surtout, les œuvres du collectif évoquent cette magie et cette naïveté propre aux enfants qui s’envolent graduellement en raison d’une réalité parfois très dure, un peu comme un ballon qui nous échappe et qu’on ne peut que regarder avec regret s’emmêler dans un ventilateur sans espoir de le récupérer. - Nadège Fortier
À LA FRONTIÈRE DU MONOCHROME
This exhibition looks at three generations of artists whose works merely escape monochromatic painting. The first generation rally the hallmark of Canadian avant-garde artists, better known as Les Plasticiens: Claude Tousignant, Guido Molinari and Yves Gaucher. The second generation, comprised of Jinny Yu, Henri Venne and Barbara Todd owe their practice to the cultural significance of single-colour painting with a twist. Henri Venne’s reference to previous generations of painters is perhaps the most deliberate of the three. At the crossroad between painting and photography, his works share the same formalist aesthetic as the generation that precedes him. Jinny Yu’s use of reflective aluminium allows the viewer to be confronted to the act of viewing, of looking. Her works appear always changing according to light and to viewers’ relative position in space. Barbara Todd uses textile rather than brushes and paint to reinvests an aesthetic often associated with masculinity (with the geographic-specific exception of Françoise Sullivan, whose artistic legacy should not miss to be mentioned).
The work of Neil Harrison, Braden Labonté and Michelle Lundqvist, the youngest generation, reveal the same aesthetic concerns delivered through simplified geometric forms and a controlled use of colour that defines both generations before them. Being of their time, they have not merely copied what had already been done before them, but found contemporary ways of reinstating monochromes. They seem to have learned a persisting language of forms and colour and continue to investigate its possibilities in surprising manners. - Anaïs Castro
SHAYNE DARK & DANIEL HUGHES
Hughes’s drawings and paintings are reflections on Dark’s sculptures. They don’t so much as illustrate the work as they do present an alternate vantage point. Dark creates sculptures intended to be observed from multiple perspectives. Viewers are invited to walk around, and often through, the pieces. In Hughes’s work, however, a single angle is visible and deeply explored. This micro/macro viewing allows us, the viewer, to experience Dark’s art through a new lens. Hughes is not just redrawing Dark’s sculptures, or re-presenting the obvious. His drawings illustrate the feeling that the sculptures emit. Transforming a three-dimensional object into a two-dimensional drawing, Hughes captures the complicated emotions that Dark conjures – at once dark and unfamiliar, yet strangely human and alive.
Dark presents a variety of large-scale work in this exhibition. Heroes are a series of large-scale, painted black wood forms. Each appears as a column, trunk or body, standing guard in the museum. Force of Nature is a blue wall work. It appears as an organic growth on the gallery wall and is created with the branches of dying trees. While the material itself is dead, the work appears very much alive. Windfall is an installation piece made up of several apple tree root balls, mounted to the ceiling or placed on the floor. The shapes are reminiscent of human organs and are very warm. Finally, Dark is exhibiting the MacLachlan Woodworking Museum Series #1 & #6, created from a single urban maple tree which the artist burnt and altered in front of a live audience at the museum over six weeks. Hughes responds directly to Heroes and Windfall. Exhibited together, the sculptures come together as pieces of bodies – unanimated but strangely living, a mass of forms reminiscent less of branches than of humans.
The collaborative process is as important to the two artists as is the finished work. Exploring the materials and letting them speak trumps pre-meditating a finished product. When Dark speaks about his process, he speaks as if the wood is an animal and he is a hunter. Nothing is wasted; everything is used – from the sawdust to the tiny bits of wood, which fall off the larger sculpture. In the same vein, Dark takes inspiration from the tree, letting it speak to him before taking action. The reverential attitude that both artists take to their work borders on obsessive. However, it is through this process that Hughes and Dark erase any preciousness from their process and give over to organic material development. - Amber Berson
PATRICK BÉRUBÉ
Bérubé works with photography, installation, sculpture and public-art, but no matter the medium, he employs humour and sagacity. He uses simplicity to point out complexity. His art straddles binaries and can trigger a hesitant laugh that is both amused and concerned. By appropriating daily references, he destabilizes reality. He renders the ordinary unique and transforms the familiar into the strange.
Take for instance, Incidence (2011, 2013). On an empty floor, a toy container ship appears to be beached. Up close a context emerges; the replaced wooden floor panels sway like the waves of the sea. Unlike how Hans Haacke drew our attention to the floor of the German pavilion at the Venice Biennale in 1993 when he fractured the marble floor and displayed it in chunks, Incidence quietly asks us to notice the floor. We expect the ground to be solid and stable and when it is not, we are unnerved. As Carole King sang on her 1971 album Tapestry, we feel the earth move under our feet. This is what Bérubé intends.
With La Valse à 5 Temps (2014) at Art Mûr, Bérubé references the rare waltz that is written in 5/4, rather than 3/4, time. Found sounds from the internet pulse through five gallery rooms. Old illustrations and prints hang on the walls, like pages of a worn encyclopedia. In the first room (the waiting room), Reissiger’s Weber’s Last Waltz plays. It evokes a dreamy state and we expect the music and the images to carry us along. Then, a harsh beep in the second room (the conference room) jolts our attention and a closer inspection of the wall hangings reveals that the images portray moments of lewd and excess.
In both works, Bérubé challenges the viewer’s ordinary expectations. His aim is to create waves; to jar, interrupt, and to gently scare. In the wake of a small and seemingly innocent toy ship, or in a chain of gallery rooms energized by conflicting sounds, we are left to wonder what’s next? Will the sky come tumbling down? - Sasha Gora
PIERRE&MARIE
Simultaneously whimsical and foreboding, the collective’s oeuvre mines popular and childhood cultures to explore how ‘nature’ and ‘culture’ can collide in unexpected ways. In the seven years that Pierre & Marie have been creating art together, the two have continually transgressed and (re-)invented spaces through employing a bricolage of art, architecture, and design. Whether they are building an igloo of twigs and mirrors beneath a canopy of leaves, as in Igloo/Maison (2010); transforming a library foyer into a space of carnival, as they did with their 2012 exhibition Bref et Scintillant; or installing one-legged benches that reference the bracketed shape of both diving boards and pistols, as in Tremplins (2011), Pierre&Marie treat space as another raw material – something to be molded, manipulated, and modified. In doing so, they create new affective and sensorial experiences that intervene in the conventions of the everyday, constituting a fantastical re-imagining of the relationships between people, objects, and their environments.
With their exhibition Grenade, Ballon et artifices, Pierre & Marie probe the connections between catastrophe, glamour, spectacle, and longing. Here, the gallery-goer is immersed into a series of tableaux, each more mystifying than the last: two taxidermied squirrels scuffle over a wooden crate, gnawed-through and leaking gelatin-encased bullets; a deflated lone red balloon whirls exasperatedly around a ceiling fan; and a mound of sparkly molten guns, grenades, and rubble rises up from the gallery floor. In each case, the viewer arrives late on the scene – the narrative has already unfolded, or, in some cases, is in medias res. Though, at first glance, this world appears to be one of fantasy and play, it cannot remain so for long. Like the balloon that collapses over the blade of the ceiling fan, the emotional weightiness of the exhibition is palpable. Redolent with childhood’s gleaming red confetti and adolescence’s charcoal grays, Pierre & Marie’s work both provokes and disturbs. A flirtation with the sublime, these works are at once seductive, effulgent, tragic, and dangerous, embodying the romanticization of violence and all of the dangerous potentiality that this entails.
Pierre&Marie are based out of Québec City. They have received the support of the Conseil des arts et des lettres du Québec (2008, 2010, 2012), Première Ovation (2010, 2012, 2013) and SODEC (2009). - Robin McDonald
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