Valérie Blass présentait cet automne à The Hole à New York une exposition organisée hors les murs par la galerie Parisian Laundry. L’exposition donne un éclairage nouveau sur cette artiste prolifique avec une efficacité simple.
Valérie Blass, La chose pour la partie, 2013, digital print on matte paper, edition of 5
photos : avec l'aimable permission de Parisian Laundry
L’exposition est placée a contrario de l’esprit du lieu : son espace blanc épuré contraste avec les salles attenantes où les artistes ont envahi murs et sol à grand renfort de couleurs vives et de motifs exubérants. Ce cadre clinique donne aux œuvres de Valérie Blass une connotation minimale qui, si elle peut surprendre à première vue, trouve aussi sa force à pointer la fragilité de sculptures aux formes effilées et à accentuer les détails de quatre photographies.
vue d'installation
La sculpture de granit noir I See Your Nose Now sert de point d’entrée dans l’exposition, avec sa forme massive placée à même le sol. Elle s’oppose à l’ensemble de cinq sculptures dispersées dans la salle sur des socles blancs. Au centre, deux sculptures composées de branches et de mousse déclinent un motif identique d’une silhouette humaine désarticulée, mais recomposée sous un angle différent. Connue pour ses jeux de matières et d’hybridation des formes, Valérie Blass ne s’appuie plus ici sur des artefacts ou des objets courants mais sur les formes végétales de la nature qu’elle manipule avec des petites touches de peinture ou de pâte à modeler. La branche peinte qui forme le squelette de Dans la forêt élevée par des hérissons, relève elle encore de cette esthétique du presque-rien et du geste d’assemblage délicat, que l’on retrouve plus loin dans la sculpture Reste comme çà non comme çà !, composée d’une corde déroulée sur une structure métallique. Combinaisons minimales, ces sculptures produisent une grâce précaire à l’aide d’une habile géométrie du creux et du vide.
Valérie Blass, Prête pour le pire, 2013, wood, wood shavings, glue, acrylic paint, epoxy, lacquer
Aux murs, les photographies de petit format produisent – littéralement – un théâtre d’objets qui présente une esthétique nouvelle pour Valérie Blass, opérant ici en deux dimensions. On y retrouve son goût pour les formes ambiguës et hybrides, molles et rigides, douce et géométriques, mais désormais mises en scène entre les mains de marionnettistes. Sur le fond noir, leurs silhouettes noires cagoulées manipulent des objets surréalistes relevés ensuite à l’aquarelle. Ces photographies composent une mise en scène muette et hors du temps. Images maniérées et figées où l’objet est le centre névralgique de la composition, elles trouvent une résonance avec les sculptures. Pour la première fois, Valérie Blass se tourne vers l’image photographique, pour mieux la replacer face à son regard de sculpteure. Entre ces deux esthétiques, des échos se forment, le geste des marionnetistes évoquant malgré lui celui du sculpteur manipulant des artefacts.
Valérie Blass, Se tirer dans le pied, 2013, wood, wood shavings, glue, acrylic paint, epoxy, lacquer
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