dans le cadre de / as part of PEINTURE EXTRÊME
jusqu'au 31 août | until August 31
larochejoncas.com
Manuel Ocampo, Sans titre, 2011, huile sur canevas, 20"x 16"
SEAN MONTGOMERY - JAYSON OLIVERIA - JEAN-PHILIPPE HARVEY - ADAM BERGERON - MANUEL OCAMPO
Maintenant dans sa deuxième mouture, Peinture Extrême reflète et nourrit l'intérêt marqué pour la peinture contemporaine au Canada ainsi que dans le reste du monde depuis quelques années. Montréal, est un terrain particulièrement fertile pour cette forme d'expression ayant un riche historique de peintres d'avant-garde tels Paul-Émile Borduas, Jean-Paul Riopelle, Claude Tousignant et Yves Gaucher parmi plusieurs autres. Dans les récentes décennies, on a à plusieurs reprises annoncé en grande pompe la fin de la peinture. En fait, la peinture aujourd'hui compose à la fois avec le souvenir de la période moderniste et les récentes annonces de la fin de l'art et de l'histoire, ainsi que de l'impact du présent digitalisé sur les arts visuels.
Now in its second incarnation Extreme Painting, the multiplicity of the exhibition venues both reflects and fuels the marked resurgence of contemporary painting in Canada and internationally in the last few years. Montreal is a particularly germane site for such investigations, as it conveys its own rich history of avant-garde painters such as Paul-Émile Borduas, Jean-Paul Riopelle, Claude Tousignant and Yves Gaucher, among many others. In the intervening decades, moreover, there have been plenty of laments over the end of painting. Indeed today’s work contends with modernist art history, more recent claims of the end of both art and history, as well as the impact of the digital present on visual art.
Les œuvres présentées à Laroche/Joncas appartiennent à cette force émergeante dans la peinture pour laquelle un excès combiné de matériel et de gestuelle corporelle, construite avec une architecture brute, une approche évoquant la sensibilité punk et signalant une rébellion contre la distanciation froide, la précision méticuleuse de la tradition moderniste ainsi que l'hégémonie de l'image photoshop disséminée sur la planète par les médias.
Ce travail est résolument et énergiquement fait à la main et conceptuel. Il absorbe et mélange les cycles historiques de la peinture, démontrant par le processus que le médium est définitivement en vie et se déplace dans de nouvelles directions. Cette exposition, comme le projet plus large qui la chapeaute, est une belle occasion de prendre une lecture barométrique de la peinture actuelle et peut-être d'y détecter des indices de directions futures pour cette pratique historique et constamment repensée.
Né à Edmonton, Sean Montgomery a étudié à l'Université Concordia à Montréal où il a complété une maîtrise en peinture, mais il est basé à Ithaca dans l'état de New-York. Avec un habile et humoristique déploiement de l'abstraction et ce qui peut l'inspirer- les hiérarchies artistiques et les suffisances de la pureté moderniste, questionnant par la même occasion les concepts de masculinité et d'identité. Son travail demeure à dessein imparfait, provisoire et imaginatif. Sa série de tableaux de motifs écossais, les plaids par exemple, accomplissent la double fonction de satiriser la grille moderniste, tout en évoquant un cliché riche et bien aimé de la culture Canadienne, le fameux Canadiana, lui même un clin d'oeil à notre passé colonisé ? La connotation masculine de ce motif est un autre élément qui fascine l'artiste et son exploration de la construction de l'identité masculine.
Jayson Oliveria vit et travaille à Manille aux Philippines. Il présente Again, 2011, 30 petits tableaux présentés en forme de grille, (une fraction des 100 tableaux qui composent la série). Chacun représente un style ou un mouvement de la peinture moderne ou post-moderniste et porte l'inscription 'again'. En contraste avec la déconstruction nihiliste qui teinte souvent une reconnaissance directe de la nature répétitive de la peinture, Oliveria a créé une archive visuelle ainsi qu'un inventaire de la pratique. En conséquence au lieu d'invalider l'histoire de la peinture (et son futur), il a démocratiquement réduit chaque représentation aux mêmes dimensions et assigné chacune à sa place sur le mur et dans l'histoire.
Le travail de Jean-Philippe Harvey, résidant à Québec, démontre une forte affiliation avec l'éthos punk qui tente de pousser la peinture à ses limites de légitimité en tant qu'œuvre d'art. Son travail est rapide, gestuel et délibérément anti-esthétique, en contraste frappant et ironique avec les images qu'il tire de la culture populaire, tel la figure instantanément reconnaissable de la star et top modèle Kate Moss. Les grands canevas de Harvey, réalisés lors d'un séjour à Brooklyn en 2012, sont à la limite de la figuration et du chaos. L'énergie et la vitesse sont presque palpables et ils nous amènent aussi loin de la grille géométrique moderniste que possible à l'intérieur des paramètres du canevas.
Adam Bergeron a collaboré et partagé son studio avec Jean-Philippe Harvey. Ils partagent tous les deux un intérêt marqué pour la street culture et la jeunesse. Alors qu'il mélange judicieusement les médias incluant le collage, la peinture aérosol et la peinture à l'huile, il est également un tenant du monochrome, jouant avec son histoire ainsi qu'avec celle de l'abstraction géométrique 'hard edge' tout en essayant de la renouveler.
Le travail de Manuel Ocampo qui vit à Marinika City aux Philippines, a été présenté internationalement depuis plus de vingt ans. Conscient mais jamais redevable aux traditions de l'art, l'œuvre de Ocampo oscille entre l'histoire et l'invention, l'abstraction et la figuration et entre la sanctification de la peinture et sa profanation. Ses huiles, riches et texturées peuvent ressembler à des paysages fantastiques, souvent peuplées de personnages qui questionnent entre autres les dérapages du capitalisme, de la religion et de l'avidité du pouvoir caractéristique de nos sociétés. Ses œuvres sur papier sont moins structurées, plus libres mais également composées de plusieurs actions superposées, remplies d'une maîtrise et d'une précision rencontrées dans chaque trait rapidement esquissé.
Les œuvres dans Peinture Extrême témoignent que la peinture est pérenne mais doit être malmenée à l'occasion, afin de maintenir sa vitalité. Elles préconisent le concept, les matériaux et redéfinissent par la même occasion le potentiel de ce médium, pour le présent à tout au moins.
- Nathalie Zayne
Nous voudrions remercier la Galerie Zimmermann-Kratochwill, située à Graz en Autriche pour la présentation des œuvres de Manuel Ocampo et Jayson Oliveria.
The works on display at Laroche/Joncas belong to this emergent force in painting for which an excess of both materials and bodily gesture, a crudeness of fashioning and a punk-like provisionality signal a rebellion against the cool distance and careful precision of both the modernist tradition and the current hegemony of Photoshop in image production. This work is resolutely and energetically hand-made and also conceptual. It self-reflexively absorbs and spins the historical cycles of painting, demonstrating in the process that the medium is very much alive and moving in new directions. This exhibition, like the larger project that encompasses it, is an exciting opportunity to take a barometric reading of painting now, and perhaps glean an idea of which directions this seachange might take.
Edmonton-born Sean Montgomery earned his MFA at Condordia University and is now based in Ithaca, New York. With a deft and often humourous deployment of abstraction and all that attends it—artistic hierarchies, the conceits of modernist purity, even ideas of masculinity—his work remains purposefully imperfect, provisional and imaginative. His “plaid” paintings, for example, perform the double function of satirizing the modernist grid, evoking a rich and cherished trope of Canadiana (itself in turn a nod to our colonial past), which is tied together by plaid’s connotations of masculinity.
Jayson Oliveria, who lives and works in Manila, gives us Again (2011), which is comprised of 100 small paintings hung in a grid-like pattern. Each represents a style or movement in modern and post-modern painting and bears the inscription “again.” In contrast to the deconstructionist nihilism that often colours such a direct acknowledgment of painting’s repetitions, Oliveria has created a visual archive or inventory of them. Therefore, instead of nullifying painting’s history (and future), he has democratically reduced each representative to the same small size and assigned each to its own spot on the wall and in history.
The work of Quebec-based Jean-Philippe Harvey demonstrates a strong affiliation with a punk ethos that seeks to push painting to its limit of legibility as such. His work is fast, gestural and deliberately un-beautiful—in stark, ironic contrast to the images he culls from popular culture, such as the instantly-recognizable face of Kate Moss, for example. Harvey’s large canvas, made while in Brooklyn in 2012, hovers precariously between figuration and chaos. The energy and speed are almost palpable, and they bring us as far from a grid painting as one can be within the parameters of a canvas.
A studio mate and frequent collaborator of Harvey, Adam Bergeron’s work reflects a shared location within youth and street culture. While he playfully mixes media including spray paint and collage he is also a practicing recipient of the history of the monochrome and plays with the history of the monochrome and hard-edged abstraction.
Based in Marikina City, Philippines, Manuel Ocampo’s work has been internationally recognized for over twenty years. Cognizant of, yet not beholden to, the traditions of art, Ocampo’s work oscillates between history and invention, between abstraction and figuration, between sanctifying painting and defiling it. His highly textured oil paintings evoke dreamlike and fantastical landscapes; his works on paper are looser and layered, defying control and precision with each fast stroke.
The work of Extreme Painting operates from the understanding that painting is perennial but must be roughed up at times in order to maintain its vitality. This painting pushes concept, materials and frame to the outer edges of what painting can be, for now.
- Nathalie Zayne
We would like to thank Galerie Zimmermann-Kratochwill, Graz, Austria for the presentation of the works of Manuel Ocampo and Jayson Oliveria
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