« EVERYTHING HELD TOGETHER (POUR L'INSTANT) »
jusqu'au 11 mai | until May 11
pfoac.com
Un regard intime sur le travail exploratoire de Karilee Fuglem, dont l'atelier à été transporté et re-créé en galerie. Plutôt que d'offrir une représentation clinique de sa pratique artistique, Fuglem invite les visiteurs à découvrir des liens possibles entre différents matériaux, formes, ombres et jeux de lumière, qui sont eux-mêmes le fruit de découvertes impromptues résultant d'un travail d'observation attentive; un engagement artistique qui met en lumière un autre visage de cette importante artiste canadienne.
"Depuis l’automne 2012, j’ai le luxe de pouvoir me perdre en « mode atelier », revisitant des explorations amorcées à temps volé au cours des dernières années alors que je travaillais sur des projets de grande envergure.
An intimate look at the constant exploration of Karilee Fuglem; wherein her studio is transported and re-created in the gallery. Rather than a clinical demonstration of the artist's practice, Fuglem invites visitors to discover links between materials, shapes, shadows and light play which are unplanned discoveries resulting from her thoughtful observance - an "artists' engagement" that highlights another side of this celebrated Canadian artist.
"Since last fall, I've had the luxury to lose myself in "studio mode," returning to explorations begun in stolen moments while preparing other projects the past few years.
Au début, sans aucun but spécifique en tête, je lisais plusieurs livres à la fois, chacun me faisant penser à un autre – de la phénoménologie et de l’histoire, de l’astronomie et de la poésie. Je regardais distraitement par la fenêtre, ou je déplaçais des matériaux transparents, pour tranquillement les observer réfléchir de la lumière aux murs. Je m’inquiétais (mais que suis-je en train de faire !?) ou je rêvassais. Puis les livres que je lisais retenaient également mon attention – comment pouvais-je en tirer les choses qui m’importent de façon subtile et pourtant précise, comme ces taches de lumière aux murs ? Certains objets et photographies que j’avais réalisés rapidement, un peu à la manière de notes, ont refait surface et m’ont interpellée.
C’est comme ça que je travaille – sans plan méthodique, mais engagée envers ma propre présence. Il s’agit d’un processus [de réceptivité active,] où je réfléchis en faisant, où j’observe ce que je fais, où je défais ce que je viens de faire, ou alors, où j’ajoute des éléments ou les déplace, afin de voir ce que je fais autrement. Pour cette exposition, je poursuivrai ce même processus, occupant l’espace de la galerie à la manière d’un atelier. C’est une façon de travailler qui souligne le fait que, comme toute chose, le visuel est sans cesse changeant : deux yeux tentent de faire la mise au point de leur propre vision, l’ombre et la lumière se bousculent, et des déclencheurs psychiques ou émotionnels altèrent ce que nous voyons, tels des nuages voilant de façon intermittente le soleil.
Certains paramètres persistent. Je travaille avec des techniques inventées, dessinant dans l’espace ou imitant des insectes pour m’aider à exprimer des notions difficilement saisissables, mieux abordées par une approche intimiste. Je tente de préserver le caractère ouvert du processus, cultivant les questions plutôt que les réponses. Mes matériaux sont façonnés par des systèmes de boucles (des fils passant à travers les uns les autres, créant des boucles; des bandelettes de ruban adhésif formant des boucles autour de mon doigt; du matériel historique remontant le temps pour figurer aux côtés de préoccupations actuelles). Pour des raisons d’échelle, mon corps constitue le dispositif de mesure – il me permet de comprendre où je suis/me trouve ici. Ayant touché à des mètres et des mètres de matériaux, je mesure les distances « à la main », et mes mesures deviennent les vôtres, des repères sensitifs visuels.
Le matériel que je choisis est quelque fois encore presque aussi invisible que l’espace qu’il définit, et parfois bête et omniprésent, comme le ruban adhésif, que j’aime encore beaucoup, en raison de la facilité avec laquelle il peut se transformer en architectures de trous – toujours avec le côté collant à l’extérieur, invitant le désastre. Il y a une futilité libératrice dans l’acte de construire quelque chose sur une période significative de temps, avec des matériaux qui sont voués à la décomposition, et qui en manifesteront les premiers signes de façon presque immédiate.
Quelques-unes des photographies présentées ici furent d’abord conçues en tant qu’efforts préventifs contre cette inévitable perte. Les regarder est un peu comme feuilleter un album de famille – voyez comme ils ont grandi ! Mais les photographies en elles-mêmes, seules, requièrent un autre type de considération, un isolement pictural contre lequel je lutte, découpant des trous dans les photos, ou les perçant, afin de les restituer à la vie spatiale qu’elles reflètent. Lorsque des photographies personnelles s’introduisent en douce, je tente de prolonger leur vie avec des fils métalliques, ou de troubler leurs surfaces séductrices avec un éclairage changeant constamment.
Un cycle de désir et d’apprentissage agit également sur mon choix de lectures. Ces journaux personnels d’explorateurs dont les noms marquent les rivières de mon enfance, dans le centre-sud de la Colombie-Britannique, sont des récits racontés à la première personne des tout premiers contacts entre des non-autochtones et des membres des Premières Nations de la Colombie-Britannique, où les deux points de vue filtrent à travers des couches de sous-texte. Je photographie des pages de ces livres tournés à l’envers, à la lumière du jour, afin de préserver un sens du paysage et de voir les « rivières » dans la typographie, que je surligne à l’acrylique translucide, et qui se perçoivent mieux en angle oblique. Des photographies de mes mains, avec leurs veines proéminentes semblables à des ruisseaux, me rappellent que je suis le paysage."
- Karilee Fuglem
At first, with no specific goal in mind, I was reading several books at once, each one reminding me of another --phenomenology and history, astronomy and poetry. I'd gaze out the window, or move transparent materials around to watch them quietly reflecting light on the walls. I'd worry (what am I doing?!), or daydream. Then the books I was reading became a focus too -- how could I pull from them the things I cared about in a more subtly articulate way, like these spots of light on the walls? Some objects and photographs I'd made quickly, as notes, resurfaced and also came into play.
I've been working like this without an orderly plan, but a strong sense of commitment to thinking by doing, looking at what I make, tearing it down, or adding to it or moving it to see it afresh. In this exhibition I will continue this process, occupying the gallery as a working space. It's a way of working that embraces the fact that like everything else, the visual is always shifting: two eyes try to focus, light and shadow battle it out, and psychic/ emotional triggers alter what we see like clouds intermittently blocking the sun.
Certain parameters persist. I work with invented techniques, drawing in space or mimicking insects to help me articulate notions that are beyond grasp, and best approached intimately. I try to keep the process open and questioning, using looping systems in material (threads looped in and out of each other, bits of tape looped around my finger, historical material scooped up next to current concerns). My body is the measuring device, for reasons of scale - how to understand where I am here. Having touched lengths of material, I measure distances "by hand," so they also stand in for yours, visual touch markers.
The material I choose is still sometimes nearly as invisible as the space it articulates, and sometimes dumb and ever-present, like tape, which I still love for its readiness to become architectures of holes, always with the sticky side out, inviting disaster. There's a liberating futiilty in building something up over a significant length of time with materials that are doomed to manifest decay almost immediately.
Some photographs here started as preemptive efforts against this inevitable loss. Looking at them is like flipping through a family album -- see how they've grown! But photographs on their own demand a different kind of consideration, a pictorial isolation, that I struggle against, cutting holes or piercing them to return them to the spatial life they mirror. When personal photos sneak into the action I try to draw out their life with wires, or disturb their seductive surfaces with constantly shifting light.
A cycle of yearning and learning stirs my choice of reading material, too, like journals of explorers whose names mark rivers near my childhood home in south-central BC, first-person accounts of early contact between non-natives and BC First Nations, where both viewpoints filter through layers of subtext. I've been photographing pages from these books upside down, in daylight, to keep a sense of the landscape and to see the "rivers" in the typesetting which I trace with clear acrylic, best seen at oblique angles. Photos of my hands with their prominent stream-like veins remind me that I am the landscape. "
- Karilee Fuglem
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