jusqu'au 3 mars | until March 3
vernissage 7 fév 17h30 | Feb 7 ~ 5:30PM
Maison de la culture Frontenac
SÉBASTIEN PESOT
« CRASH »
© Sébastien Pesot, Crash 1, 2010, impression jet d’encre sur polypropylène,
250 x 250 cm
Crash est la première série d’impressions sur papier présentée par Sébastien Pesot. Le type de cymbale numérisé pour cette série fait le pont entre le passé de percussionniste de l’artiste et sa pratique actuelle. Les images représentent ici le passage du son et du temps, mais aussi celui d’une pratique à une autre. Dans cette série, l'artiste nous fait découvrir la matérialité des cymbales. Ainsi, il est possible de voir les aspérités formées dans cette matière, les surfaces frappées par les baguettes, les fissures, les sillons sur certaines, etc. Sans entendre le son que les cymbales émettent, il est possible d'imaginer que ces changements dans leur aspect affectent leur sonorité.
ALAIN PRATTE
« DES MORTS EXEMPLAIRES »
© Alain Pratte, Des morts exemplaires, 2012, photographie, 40 po x 35 po
Tous les ans, des Québécois disparaissent. Nous ne les reverrons jamais plus. Ils sont morts. Oui, ils sont plus de 50 000 à se volatiliser ainsi chaque année et, la plupart du temps, sans que nous en fassions grand cas. Bien souvent, ces disparitions passent inaperçues. Comment s’inquiéter de tout ce monde aussi; sitôt qu’une place se libère, voilà qu’elle se comble. Et puis le temps se charge de faire oublier. Or, avant de s’effacer complètement de la mémoire des autres, le défunt compte sur ses proches pour annoncer son décès ; une mission posthume qui se résume généralement à la publication dans les journaux d’une notice nécrologique. Et c’est ainsi qu’une vie tout entière se voit réduite à un petit encadré où figurent un portrait, quelques dates, des propos convenus et une généalogie de proximité.
SÉBASTIEN PESOT
Ce rapprochement, qui met l'accent aussi sur la rondeur, évoque tout à la fois l'œil, une planète. Les trous, décontextualisés, peuvent être interprétés comme le crash d’une masse dans cette matière organique composée de métal. L’artiste y voit également dans ces ouvertures sombres le creuset d’une intrigue métaphysique. Il est aussi question du passage du temps, celui-ci marquant le tempo lors de l'utilisation en temps réel, mais dans ce contexte, il fixe les instruments dans un moment précis, il les matérialise. Si jadis, les coups portés sur les cymbales pouvaient sembler violents, leurs images ainsi immortalisées deviennent poétiques.
La démarche artistique de Sébastien Pesot se concentre sur l’exploration de la plasticité de l’image et du sens. Après avoir principalement réalisé des monobandes, il s'applique maintenant à sortir l’image du cadre de l'écran en la réinjectant dans le monde matériel, par son déploiement dans l’espace physique. L’utilisation de l’autoreprésentation et du corps performatif lui permet d’effectuer un passage vers la corporéité. Influencé par le travail de l’artiste Bruce Nauman qui traite du corps et de ses déplacements dans l’image vidéo, il retourne la caméra contre lui au sein de ses
performances et de ses installations audiovidéo. Se définissant en partie comme un plasticien, il s’intéresse autant à la forme des objets qu’il crée qu’à leurs portées conceptuelles. Attiré par la philosophie postpunk de Philippe Nassif, il tente d'adopter « la posture du Grand joueur, celui qui articule simulacre et authenticité ».
Né à Rimouski en 1971, Sébastien Pesot a obtenu un baccalauréat en histoire de l'art à l'Université de Montréal en 1996 et une maîtrise de l’École des arts visuels de Montréal (UQÀM) en 2000. Son travail solo a entre autres été présenté à la Galerie Joyce Yahouda (2012), à la Foreman Art Gallery à Sherbrooke (2011), à Slash-tmp à Berlin (2010), au Musée d’art contemporain des Laurentides (2010), au Lieu à Québec (2009), à la Maison de la culture Côte-des-Neiges à Montréal (2008). Pesot travaille principalement à des installations audio-vidéo tout en investissant le champ de la performance et de la photographie. Auparavant, son univers était partagé entre le punk rock et la réalisation de monobandes expérimentales. Il vit en Estrie et enseigne à l’Université de Sherbrooke.
sebastienpesot.com
ALAIN PRATTE
Dans l’exposition Des morts exemplaires, l’artiste Alain Pratte nous invite à examiner ces portraits de plus près pour s’apercevoir qu’une fois réunis ils constituent une sorte de représentation générique des vivants de notre temps. Nous avons là un vibrant étalage d’humanité locale. Tous ces êtres que nous avons peut-être croisés et même côtoyés semblent si réels qu’on a peine à s’imaginer que plus jamais on n’aura la possibilité de les rencontrer, qu’ils sont pour toujours devenus indisponibles. Et puis cette représentation de soi, qui donc l’a décidée? Pour quels motifs a-t-on choisi tel portrait plutôt qu’un autre? Quel tribunal familial a ordonné de montrer le mort sous des airs aussi maussades ou, au contraire, aussi hilares? Le mort lui-même est-il intervenu dans le choix de sa représentation définitive ou bien a-t-il laissé cette responsabilité à ses héritiers? Et qui était-il au juste, ce mort qui ne peut plus rien ajouter à sa cause? La photo lui rend-elle justice? D’ailleurs, a-t-il jamais vraiment existé? Les portraits figurant dans l’exposition Des morts exemplaires ont été publiés dans divers journaux du Québec entre 2008 et 2012.
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