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Le mythe – ou le fantasme – rousseauiste de la bonté et de la pureté de l’état de nature a la vie dure. Il se situe, en ces temps hypermodernes dans l’âme de l’artiste.
Charles Bird King, Petalesharro (Generous Chief), Pawnee, huile sur bois, circa 1822, 17,5 x 13,81 pouces
Le collectionneur, en faisant l’acquisition d’une œuvre, croit souvent s’approprier une portion d’éternité et d’authenticité au cœur du processus de création auquel il n’aurait pas accès. En l’âme de l’artiste se trouverait une énergie sauvage, immuable et pure qui se « suffit à elle-même » comme l’illustre l’homme sauvage de Rousseau, dans le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes :
errant dans les forêts sans industrie, sans parole, sans domicile, sans guerre, et sans liaisons, sans nul besoin de ses semblables, comme sans nul désir de leur nuire, peut-être même sans jamais en reconnaître aucun individuellement, l’homme sauvage sujet à peu de passions, et se suffisant à lui-même, n’avait que les sentiments et les lumières propres à cet état, qu’il ne sentait que ses vrais besoins, ne regardait que ce qu’il croyait avoir intérêt de voir, et que son intelligence ne faisait pas plus de progrès que sa vanité. Si par hasard il faisait quelque découverte, il pouvait d’autant moins la communiquer qu’il ne reconnaissait pas même ses enfants. L’art périssait avec l’inventeur; il n’y avait ni éducation ni progrès, les générations se multipliaient inutilement; et chacune partant toujours du même point, les siècles s’écoulaient dans toute la grossièreté des premiers âges, l’espèce était déjà vieille, et l’homme restait toujours enfant1
Ce fantasme est très vivant dans le discours sur la « consommation » culturelle. La culture constituerait un rempart ultime contre la violence omniprésente dans notre société, contre la pauvreté et l’exclusion, contre la perte de sens – contre tous les maux de notre société. Au lendemain de l’attentat contre la première ministre le soir des élections, Culture Montréal publiait un communiqué affirmant que « nous devons miser plus que jamais sur la culture pour générer le dialogue et la confiance sociale » :
la culture est un espace ouvert à tous qui peut devenir un point de rencontre entre les citoyens de toutes tendances et de toutes appartenances linguistiques et autres, parce qu’elle a la capacité de générer le dialogue et d’accroître le sentiment de partager une trajectoire commune
09:20 dans COLLECTION, IANIK MARCIL, MOTS | WORDS, POLITIQUE | POLITICS | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
« MOMENTS MAGIQUES »
jusqu'au 6 fév | until Feb 6
dare-dare.org
photo : Dare-Dare
Pour le projet de littérature urbaine, Marc-Antoine K. Phaneuf nous propose une sélection de phrases qu’il rédige et accumule depuis quelques temps. Il s’agit de phrases affirmatives dont le propos est questionnable et farfelu. Le mode affirmatif tend à faire de ces phrases des réalités normales, alors que leur nature (l’anticipation fabulée) ne fait pas de sens, ce qui laisse entendre une conception du monde bien étrange chez celui qui énonce une telle phrase. Toutes reliées de près ou de loin au spectacle (allant du cinéma et des arts du cirque au spectacle grotesque et à la monstration insensée), ces phrases ont pour but de prendre un élément connu du lecteur et de l’amener ailleurs, pour déjouer ses attentes. La phrase lue deviendra une amorce pour que le lecteur puisse imaginer une micro-fiction et partager ainsi l’étrange conception du monde du narrateur invisible.
« SOUS LES PROJECTEURS »
4 déc au 20 jan | Dec 4 to Jan 20
Maison de la culture Frontenac
Célébrant la créativité et le savoir-faire montréalais en arts visuels, cette exposition regroupe les œuvres des six artistes finalistes du Prix Pierre-Ayot et du Prix Louis-Comtois 2012. Pour le Prix Pierre-Ayot, les finalistes sont Jacynthe Carrier, Guillaume Labrie et Seripop (Yannick Desranleau et Chloe Lum). Les finalistes du Prix Louis-Comtois sont Mathieu Beauséjour, Jean-Pierre Gauthier et Stéphane La Rue.
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08:42 dans art actuel, art de la relève | émerging art, ART SUR PAPIER | ART ON PAPER, arts visuels | news, COLLAGE, collectif d'art | art collective, DESSIN | DRAWING, INSPIRATION, INSTALLATION, INTER-DISCIPLINES, maisons de la culture | cultural centers, PARTENAIRES | PARTNERS, PEINTURE | PAINTING, PHOTOGRAPHIE | PHOTOGRAPHY, PRIX | PRIZE | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
5 déc au 13 jan | Dec 5 to Jan 13
vernissage 8 déc 17h00 | Dec 8 ~ 5:00PM
galeriedentaire.com
Dans sa dernière collection d'oeuvres, Cedric Taillon marie son amour de l'imaginaire avec la réalité d'un portrait peint avec modèle. Mettant en vedette les femmes de sa vie placées dans un univers loufoque peuplé de cartoons et de bebittes, ses toiles nous donnent un avant-goût de la délicieuse vie inventée de l'artiste !
In his latest collection, Cedric Taillon maries his love of the imaginary with the reality of portraits painted with live models. Set in a weird googly-eyed cartoon universe with the women of his life as the heroes of each piece, his paintings offer a taste of the artist's delicious invented life!
« L'ÉTENDUE DE MES CONNAISSANCES »
1 au 22 déc | Dec 1 to 22
vernissage 1 déc 15h00 | Dec 1 ~ 3:00PM
lesterritoires.org
Dans l’étendue de mes connaissances, Jacinthe Robillard étudie les questions d’identité et d’individualisation par le langage corporel. Au sein d’un environnement neutre, famille, amis et collègues de l’artiste sont invités à effectuer une tâche inconnue à l’aide d’un protocole défini. L’artiste leur demande de réaliser la figure la plus commune de l’origami, la grue, qui est également l’une des plus difficiles à effectuer pour des néophytes. À la manière des expériences de psychologie sociale, la réalisation de cette tâche permet à l’artiste d’observer avec précision les différentes facultés des participants : concentration, patience, détermination, appréhension. Oubliant peu à peu la présence de la caméra, les comportements de chaque individu se révèlent progressivement, dévoilant une partie de leur personnalité, que l’artiste met en exergue par l’utilisation du portrait. En tentant d’uniformiser la gestuelle des participants par des instructions similaires, elle cherche à faire ressurgir les signes distinctifs de chacun d’entre eux dans un moment de solitude et d’intimité.
In l’étendue de mes connaissances (the scope of my knowledge), Jacinthe Robillard studies the concept of identity and individualization that is achieved through body language. Set in a neutral environment, family members, friends and colleges of the artist are asked to accomplish an unknown task using guidelines provided by the artist. She asks them to create an origami crane, the perhaps best-known origami figure, but also the most difficult figure to carry out for novices. Much as in social psychology studies, the performance of this specific task allows the artist to observe with precision the various abilities of her subjects: concentration, patience, determination and apprehension. As the filmed subjects progressively forget the presence of the camera, their actions come to reveal aspects of their personality. The artist underlines these aspects through the use of portraiture. By providing a set of uniformed tasks and gestures to be performed by her participants, the artist seeks to capture the distinctive traits which arise from the requested performance and becomes, before her camera, an intimate moment of solitude.
« GREY IS A COLOUR »
jusqu'au 19 jan | until Jan 19
galerienicolasrobert.com
L’exposition Grey is a Colour, Gray is a Color rassemble un échantillon d’œuvres tiré d’un plus vaste corpus d’images et constitue l’amorce d’un projet de longue haleine sur l’industrie textile en Amérique du Nord. Les photographies ont été prises lors d’un séjour de Lorna Bauer à New York au printemps de l’année 2012. Dans son travail antérieur, Bauer a investi les tensions entre la perception d’images – fixes ou en mouvement – et la contingence d’une situation que celles-ci enregistraient. Au premier abord, les œuvres réunies à la galerie Nicolas Robert pourraient signaler une rupture de ton et de facture, en rendant manifeste un intérêt de Bauer à l’égard des conventions stylistiques de la photographie de rue. Or, pour l’instant, l’artiste ne tente pas de tisser un écheveau de références précises, ni de convoquer les reliquats d’une phénoménologie de l’expérience urbaine du 19e et du début du 20e siècle (la figure surannée du flâneur, entre autres). En se penchant sur les vitrines de magasins partiellement désaffectés du quartier des textiles de New York, elle isole plutôt de nouveaux motifs afin d’examiner une fois de plus les paramètres de la construction de l’image et de sa perception. Ainsi, Bauer se préoccupe surtout de la logique formelle des objets et des configurations architecturales qu’elle a photographiées. De ce fait, la vitrine est privilégiée comme dispositif, car elle duplique le cadre de la découpe photographique. Bauer multiplie également les allusions au tableau, et dans une certaine mesure, elle évoque l’effet d’aplat produit par le numériseur. Ajoutons que l’artiste accorde une attention particulière à la disposition des œuvres afin d’exacerber l’homologie entre l’enceinte de la galerie et les espaces de monstration des marchandises dans le quartier des textiles.
The photographs presented in Grey is a Colour, Gray is a Color were produced in the framework of a residency in New York during the winter/spring of 2012. The exhibition could be described as an anchoring point within a larger body of works devoted to the obsolescence of the North American textile industry. In Bauer’s previous work, she has investigated the tension between the perception of images - still or moving - and the contingency of an event that these (or those) images attempted to record. At first glance, the present body of photographs could signal a break in her way of working, manifesting a newfound interest in the stylistic conventions of street photography. However, Bauer does not attempt to foreground a particular thematic cluster, nor tap into the phenomenology of nineteenth or early twentieth century urban experience such as the overused and melancholic (and invariably male-dominated) trope of the Flaneur. Conversely, she avoids the historical trope of topographical imaging that follows the representation of industrial decay. Aiming the lens on the partially disused storefronts in the textile district of New York, she sets forward to renew ground to investigate once again the tension between the construction of the image and its often pieced-together perception. Formal attributes of the subject at hand (the way things are put together for the viewer or passerby) are the main concern in this exhibition. Thus the display window is chosen because it itself duplicates the photographic picture frame. In these photographs, Bauer also multiplies analogies between the fabric pattern flattened on a pane of glass and the painterly surfaces of say a canvas while simultaneously highlighting the ubiquitous use of digital flatbed scanners in image production. Adding to this, a great attention has been invested in the placement of the images to foreground the relationship between the architectural enclosure of the gallery and its counterpart of the retail-shopping district.
« PARCOURS »
1 déc au 12 jan | Dec 1 to Jan 12
vernissage 30 nov 18h00 | Nov 30 ~ 6:00PM
occurrence.ca
Dans la Sablière, on entend le galop d’un groupe. L’heure est grise et l’air rempli de pluie. Ils suivent un parcours en boucle, ponctué d’espaces de souffle. La raison de leur déplacement demeure énigmatique. Leur manière d’occuper le site relève à la fois de la quête et de la fuite. Leur présence est un flot, leur mouvement un récit. Dans la carrière de sable, chacun des corps est un grain de temps permettant de mesurer celui qui s’écoule. Chaque rodeur s’approprie une règle qui, l’espace d’un moment, devient rituel.
Courir.
- Marie-Ève Beaupré
« INTERIEURS »
30 nov au 26 jan | Nov 30 to Jan 26
art45.ca
« UNDER WATER »
jusqu'au 26 jan | until Jan 26
pfoac.com
Bloom, 2012, ink on 3M reflector and shoji paper cut, 213 x 275 cm. (84" x 108")
À dessein d'explorer, à mille lieues sous les mers, la diversité culturelle, inspirée de la flore et de la faune sous-marine, l'exposition Under Water de l'artiste torontois Ed Pien, plonge au cœur d'une esthétique des profondeurs abyssales. À la rencontre d'un imaginaire oscillant entre l'aspect décoratif et ornemental de créatures calligraphiées à la maniera de chinoiseries1 de planches d'illustrations de la biologie marine d'Ernst Haeckel2 et d'univers fantasmagoriques, elle exemplifie deux horizons susceptibles de réhabiliter un sentiment de continuité entre deux cultures : l'Orient et l'Occident. L'un culbutant dans l'exotisme de l'Autre, pour mieux se reconnaître mutuellement, compose une collection de dessins intitulée Two Worlds, l'autre cultivant une fascination pour le grotesque, l'enclose pour mieux l'apprivoiser dans l'examen de quatre papiers découpés enchevêtrés de rêveries et de mystères aquatiques.
Ces représentations, tant graphiques que découpées, rappellent ainsi que la biodiversité marine établit une métaphore qui induit une correspondance avec le métissage culturel et que, bien au-delà des apparences, elle confronte la part d'altérité en soi – l'interculturalisme émergeant des profondeurs de la page blanche foisonne d'écosystèmes angoissants. Cherchant à comprendre comment le processus d'enculturation complexifie notre rapport à l'espace/lieu et avec notre voisinage, Pien rabat ainsi la construction identitaire au centre de l'œuvre. Il ne convoque pas l'Autre, il va à sa rencontre. Plutôt que de le tenir à distance, il explore diverses possibilités d'engager un dialogue qui, basé sur un langage visuel fantaisiste, lui permet de créer une zone intermédiaire : libre, où tout un chacun, peut aisément se situer dans le monde et s'acclimater de l'exotisme de l'Autre.3
Designed as an exploration of cultural diversity inspired by underwater flora and fauna a thousand leagues beneath the seas, the exhibition Under Water by Toronto artist Ed Pien dives into the heart of an unfathomably profound aesthetic. A meeting of the imaginary that swings between the decorative, ornamental aspect of calligraphed creatures rendered in the chinoiserie1 style, Ernst Haeckel's2 plates depicting sea life forms and phantasmagorical worlds, the exhibition illuminates two horizons that evoke a feeling of continuity between two cultures: the East and the West. One horizon, pinwheeling into the exoticism of the Other towards a better mutual understanding, is comprised of a collection of drawings entitled Two Worlds. The other, four paper-cuts of interwoven water dreams and mysteries, cultivates a fascination for the grotesque and constrains the aberrant to better tame it.
Thus, these graphic and cut out representations serve as a reminder that marine biodiversity provides a metaphor that, as interculturalism emerges from the depths of the white page swarming with anguished ecosystems, describes a relationship between cultural metissage and, well beyond appearances, collides with our essential "otherness". Trying to understand how the process of enculturation complicates our relationship to space/place and with our surroundings, Pien reveals the identity construct at the centre of the work. He does not summon the Other; he goes to meet it. Rather than keeping it at a distance, he explores various possibilities of engaging in a dialogue rooted in a fantastical visual language that allows him to create a middle ground, a liberating space where each and every one might easily situate him or herself in the world and adapt to the exoticism of the Other.3