« LES DERNIÈRES CHOSES »
19 juin au 25 août | June 19 to August 25
vernissage 19 juin 17h00 | June 19 ~ 5:00PM
Maison de la culture Frontenac : 2550 Ontario Est
Découpe (4) / Parade, 2011, huile sur toile
Les Dernières Choses apparaissent sur les planchers et dans le ciel. Elles découpent leurs propres lieux, se pendent sur leurs pans colorés et disparaissent sous leurs matières. Leurs univers se morcellent en ballons de plage, surfaces peintes, têtes de mort, arcs-en-ciel et souvenirs empaillés sur les murs. Ici, des jeux de Twister et des chapiteaux multicolores sont environnés de peaux mortes, de sourires d’enfants ainsi que de carcasses d’hommes et de porcs recouvertes de confettis.
Les Dernières Choses se brouillent dans l’espace, le temps et le sens. Ces portraits et paysages psychologiques, tous ces lieux ambigus, contiennent des drames latents et des traces d'évènements traumatiques. Ces zones d’incertitudes contiennent des flashs et des bribes d'informations intemporelles liées à ces traumas.
Parmi ces aires incertaines, les tableaux de la série ''En Pièces'' représentent des espaces claustrophobiques aux constructions schématisées. À l’intérieur des couloirs, pièces et cours intérieures représentés, il semble s'être passé quelque chose dont la nature nous échappe. Pour sa part, la série ''Découpe'' dévoile des ciels bleus et des paysages d'un vert éclatant formant des décors où se déroulent d'étranges spectacles. Dans une ambiance se situant quelque part entre l'orgie, la fête et le massacre, des corps nus de toutes sortes s'accumulent dans des poses et des actions inexpliquées.
Mes tableaux se construisent par analogies et associations d'images ponctuées de moments narratifs. Souvent énigmatique, parfois inquiétant, mon travail confronte le spectateur à des sujets problématiques; il révèle une prise en compte du monde actuel et tente de faire le nuancier de ses contradictions. Au moyen de la peinture, je m'intéresse à la psychologie et à des aspects de la nature humaine difficiles à confronter. Dans l'acte de peindre, je cherche une saisie intuitive et critique de ce qui m'entoure. Mes œuvres témoignent d'expériences humaines que l'on devine traumatiques et angoissantes. Elles suggèrent une représentation d'ordre psychologique découlant de ces expériences. L'isolement, la solitude, le manque, l'artificialité, l’abus, l’exploitation, la mort, l’amour, la violence, la menace, l'enfance, la fin de l’espèce et la quête du bonheur sont des thèmes perceptibles et récurrents dans le travail. Toutefois, plutôt que de représenter des événements concrets, je choisis de dépeindre les atmosphères dans le cadre desquelles diverses narrations pourraient avoir cours.
Ensemble, la matière peinture et la couleur, triturent, manipulent, ouvrent le sens des représentations clichées de la réalité; elles tentent de révéler l'ambiguïté, la complexité, voir le danger, inhérents au réel. Ces aspects inévitables de toutes expériences humaines sont concrètement mis à profit dans la pratique elle-même, notamment en laissant libre cours à l’imprévisibilité de la matière. À la fois le résultat d'une fragmentation et d'une tension entre plusieurs univers, ces tableaux cherchent à susciter une impression trouble. Au moyen de la matière et de la couleur, je cherche à faire éclater la beauté et la laideur sur une même surface. La quête d’un idéal de beauté, de sublime et de séduction par le travail pictural se double ainsi d'un trouble créé par un reste traumatique, peut-être est-ce le narratif de la violence dans toute sa laideur?
À la Maison de la culture Frontenac, l’exposition Les Dernières Choses d’Alexis Lavoie regroupe des œuvres récentes appartenant principalement à deux séries de peintures à l’huile. Le corpus d’œuvres présenté est formé d’une vingtaine de tableaux et est accompagné d’un catalogue comprenant un texte de la commissaire et historienne de l’art Marie-Ève Beaupré.
-Alexis Lavoie
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