English follows ~ Le concept de réussite chez les artistes en arts visuels peut s’avérer plutôt paradoxal. Dernièrement, j’apprenais sur Facebook qu’un jeune artiste bien en vue avait décidé d’arrêter complètement sa pratique de photographe, pratique pour laquelle il avait gagné une certaine notoriété. Il expliquait d’une part comment on pouvait considérer son parcours de réussite, il avait exposé autour du monde, avait rencontré puis collaboré avec de grands noms, ses œuvres avaient été publiées dans des revues spécialisées, etc. D’autre part, il questionnait les sacrifices et la précarité auxquels il avait dû faire face, l’incapacité de payer son loyer à temps ou même de manger à sa faim pendant les pires périodes. Le peu d’argent que rapportait la vente d’œuvres étant réinvestit dans sa production, il s’avérait impossible de poursuivre dans cette voie. Aussi, il avait l’impression d’avoir dit ce qu’il avait à dire avec ce médium et était impliqué dans d’autres projets artistiques.
Stuart Sandford, Jeff, 2011
Success in the field of visual arts can prove to be quite paradoxical. Recently, I learned on Facebook about a well-known young artist who decided to completely stop his photography practice. He explained that one the one hand, he could consider that he had achieved his goal: he had exhibited around the world, he had collaborated with many well-known artists, and his work had been published in a number of journals. On the other hand he questioned the precariousness he had to face - the inability to pay for his rent at times or even to eat during the worst periods. The small amounts he earned from sales were reinvested into production, and he didn't think that he could continue in this same manner. Also, he believed that he had said everything that he had to say in that particular medium, and was involved in other artistic projects.
Être connu et reconnu, valorisé, avoir l’impression de progresser dans ce « monde » de l’art, sont des états auxquels nous artistes aspirons naturellement. Comment gérons-nous cet appel de notoriété, de gloire ? Quelles sont nos véritables attentes face à notre réussite dans nos yeux comme dans ceux de l’autre ? Avons-nous des objectifs précis concernant notre éventuelle réussite ? Quels sont les stratégies que nous mettons en place pour les atteindre ? Questionnons à la fois notre besoin de validation et ses impacts sur notre pratique et notre bonheur. Les artistes sont peut-être les derniers à pouvoir réclamer une certaine forme de liberté, dans le faire (pratique plastique) et le devenir (le style de vie). Nous pouvons nous approprier le statut d’artiste de la manière qui nous convient le mieux. Certains choisissent de garder un emploi « alimentaire » quelques jours par semaine. D’autres arrivent à se concentrer exclusivement sur leur production artistique. D’autres encore ne se définissent par exclusivement comme artiste, tout en se considérant artiste à part entière. À chacun de trouver la manière de concilier art et quotidien.
- Éric Bolduc
To be recognised, acknowledged and appreciated, to have the impression that one has advanced in the domain of art, is something to which all artists naturally aspire. How do we manage this call to notoriety and glory? What are we really waiting for in our desire to be recognised in the way that we may feel that we merit? Do we have precise objectives in terms of what we consider to be success? What strategies are we using to get there? Do we question our need for this kind of validation and its impact on our practice or even upon our happiness? Artists are perhaps the last to maintain a certain kind of liberty: in the making (a practice) and the becoming (a life style). We can exercise this power by adopting a process that is most tailored to our own needs. Some choose to have a job that offers a subsistence-level income. Others choose to concentrate exclusively on their practice. Others still do not define themselves exclusively as artists, but still maintain a practice. Each finds his or her own resolution to reconcile the practice of art and the daily grind.
- translated by Judith Brisson
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