Chroniques d’une disparition : exposition sur grand écran
Philippe Parreno, June 8, 1968 (2009), 70 mm film. 7, 11 min., Photograph: Philippe Parreno/Courtesy of Pilar Corrias Ltd.
Reconnue pour ses expositions à visée internationale, DHC propose depuis janvier une exposition collective où sont associés noms vedettes et figures moins reconnues de l’art contemporain. Orchestrée par le commissaire John Zeppetelli, l’exposition joue sur les formats spectaculaires de plusieurs œuvres, allant jusqu’à provoquer un certain déséquilibre de l’ensemble.
Chroniques d’une disparition est fidèle à ce calibre d’exposition d’envergure que DHC promeut depuis sa création en 2008. Les deux espaces – divisés géographiquement dans la rue en deux adresses civiles – ont entièrement été mis à contribution pour présenter des œuvres aussi diverses dans leur taille que dans leur médium. L’espace de DHC est un espace complexe voire difficile pour y développer un parcours d’exposition cohérent. Le spectateur se voit régulièrement contraint de scander sa visite par des franchissements d’escaliers et de portes qui séparent hermétiquement chaque espace. La subdivision en étage et la forte contrainte de cette architecture isolent souvent des œuvres sans que cela soit nécessaire.
Jose Toirac, Opus (2005), Courtesy of the artist
L’exposition Chroniques d’une disparition a su tirer profit de ces séparations physiques. Familier des lieux, John Zeppetelli a choisi de dédier un étage différent à chaque artiste. Même le second espace, qui se déploie sur un seul niveau, vient démarquer chacun des trois artistes qui y sont présentés en leur attribuant une pièce bien distincte.
Concordance du lieu et de l’exposition
L’exposition semble trouver son juste rythme dans cette alternance soutenue, évoluant d’un corpus d’œuvre à l’autre sans transition immédiate. La discrète œuvre vidéo de José Toirac succède aux nombreux tirages photographiques extraits du projet de Taryn Simon An American Index of the Hidden and Unfamiliar ; elle sera relayée à l’étage suivant par un film sans commune mesure, 5000 Feet is the Best d’Omer Fast. Pendant près de 40 minutes, le spectateur est happé par ce récit conçu comme une spirale cinématographique. Omer Fast y entrecroise fiction et réalité pour mieux les amalgamer en une expérience confuse de la guerre. Cette œuvre vient couronner le premier parcours et en faire sans doute la pièce maîtresse.
Presque en miroir, le film de Philippe Parreno vient ouvrir ou fermer le second espace, selon le parcours que le spectateur aura choisi d’adopter. À l’origine, June 8, 1968, fut tourné en 70 mm pour être ensuite transféré sur support numérique et projeté sur un vaste écran s’élevant depuis le sol. Efficaces et saisissantes jusqu’à l’hypnose, les deux œuvres vidéo d’Omer Fast et Philippe Parreno jouent pleinement du spectaculaire, allant jusqu’à confondre l’expérience usuelle d’un visiteur d’exposition avec l’expérience de la salle noire du cinéma.
Omer Fast, 5000 Feet is the Best (2011), Digital Film, 30 minute loop (Still by Yon Thomas), Courtesy gb agency Paris and Arratia Beer Berlin
Images-spectacle
On retrouve dans June 8, 1968 ce goût pour la projection monumentale qui est sans doute la signature affirmée de cette exposition. Ces grands formats, leur durée et leurs techniques directement issues du cinéma viennent éclipser les œuvres plus modestes sur lesquelles, nécessairement, l’attention sera plus difficilement captée.
La prédilection avérée du commissaire pour les supports vidéo donne le ton de l’exposition Chroniques d’une disparition. Si la photographie ou la sculpture sont aussi présentes, l’expérience sensible du spectateur sera résolument marquée par ces images-spectacle, vision hautement sophistiquée qui font résonner les traumas collectifs ou individuels de l’histoire actuelle.
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