jusqu'au 4 fév | until Feb 4
sous la direction de Rodrigue Jean
dazibao-photo.org
Il existe à Montréal un quadrilatère, une zone délimitée par les rues Saint-Denis, De Lorimier, Viger et Sherbrooke, une sorte d’épicentre de la prostitution, de la drogue, de l’itinérance et de toutes les activités qui y sont liées. C’est dans cette zone qu’ Épopée prend source. Bouleversant projet collectif initié par le cinéaste Rodrigue Jean, Épopée est constitué d’une série de courts métrages écrits et réalisés en collaboration avec des toxicomanes et des travailleurs du sexe.
There exists in Montreal a district bounded by the streets St. Denis, De Lorimier, Viger and Sherbrooke, a kind of epicentre of prostitution, drugs, homelessness and every activity tied up with these. This is where Épopée is rooted. A staggering group project initiated by the filmmaker Rodrigue Jean, Épopée consists of a series of short films written and made in collaboration with drug addicts and sex trade workers.
L’idée naît pendant le tournage d’ Hommes à louer (2008), alors que des participants expriment le désir de créer, en plus du documentaire, des fictions. Composé de récits, les Fictions et les Trajets, Épopée revendique et pose le cinéma – écriture, tournage, montage, diffusion – comme un geste, un instrument de liberté et de communauté, une affirmation ouverte d’un radicalisme existentiel. Dans ces courts métrages, les frontières départageant communément fiction et documentaire cessent d’être, alors que ces genres se relaient l’un l’autre pour livrer à l’écran une vérité toute crue, sans ambages, mais dont la force symbolique donne sens aux événements particuliers qui sont relatés. Épopée ne brosse pas de portraits des protagonistes, qu’ils soient fictifs ou réels. Ces films réunis nous renvoient plutôt une image de notre société, de sa structure et de ses instances trop souvent insaisissables et gouvernées par l’exclusion. L’anonymat du collectif est ici une revendication, voire une subversion, loin de l’esquive et d’aucune manière la conséquence du refus d’assumer le propos. L’anonymat s’inscrit ici tel un geste de résistance, poétique et politique.
Par l’écriture puis le jeu, ou comme sujet des trajets, les membres d’ Épopée prennent parole, s’approprient leur propre histoire. Ce faisant, ils opèrent un renversement de l’autorité à laquelle se soumet d’ordinaire tout sujet. Leur parole est action.
Épopée est diffusé sur le web à epopee.me
This idea was born during the shooting of the film Men for Sale (2008), whose participants expressed the desire to create fictional work in addition to the documentary film. Made up of stories, the Fictions and Trajets [traces], Épopée claims for cinema —the writing, shooting, editing and distribution of films— the status of gesture and instrument of freedom and community, an open call for an existential radicalism. In these short films the boundaries commonly used to distinguish between documentary and fiction cease to exist; the two genres merge to yield a raw on-screen truth that doesn’t beat around the bush but whose symbolic power gives meaning to the individual events they relate. Épopée does not offer a portrait of its protagonists, be they fictive or real. The films provide us instead with a picture of our society, its structure and the way it works, too often impossible to grasp and ruled by exclusion. Here the anonymity of the collective is a statement, even a subversion; it is far from an evasion and in no way the consequence of a refusal to assume responsibility for what is being said. Anonymity in this case is a poetic and political gesture of resistance.
Through the writing and acting of the films, the members of Épopée, the subjects of these Traces and Fictions appropriate their own stories. By speaking they are engaging in action. In so doing, they overturn the authority to which any subject usually submits.
All episodes can be viewed on the Internet as they are completed at epopee.me
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